Émile DURKHEIM (1888) “ Introduction à la sociologie de la famille” Un document
Émile DURKHEIM (1888) “ Introduction à la sociologie de la famille” Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Émile Durkheim (1888), “ Introduction à la sociologie de la famille.” 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Émile Durkheim (1888) “ Introduction à la sociologie de la famille ” Une édition électronique réalisée à partir d'un texte d’Émile Durkheim (1888), « Introduction à la sociologie de la famille. » Extrait des Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, 10, 1888, pp. 257 à 281. Leçon d’inauguration d’un cours de science sociale professé à la Faculté des lettres de Bordeaux en 1888. Texte reproduit in Émile Durkheim, Textes. 3. Fonctions sociales et institutions (pp. 9 à 34). Paris: Les Éditions de Minuit, 1975, 570 pages. Collection: Le sens commun. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée le 16 octobre 2002 à Chicoutimi, Québec. Émile Durkheim (1888), “ Introduction à la sociologie de la famille.” 3 Table des matières “ Introduction à la sociologie de la famille ” Section I Section II Section III Émile Durkheim (1888), “ Introduction à la sociologie de la famille.” 4 “ Introduction à la sociologie de la famille ” Émile Durkheim (1888) Une édition électronique réalisée à partir d'un texte d’Émile Durkheim (1888), « Introduction à la sociologie de la famille. » Extrait des Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, 10, 1888, pp. 257 à 281. Leçon d’inauguration d’un cours de science sociale professé à la Faculté des lettres de Bordeaux en 1888. Texte reproduit in Émile Durkheim, Textes. 3. Fonctions sociales et institutions (pp. 9 à 34). Paris: Les Éditions de Minuit, 1975, 570 pages. Collection: Le sens commun. Retour à la table des matières MESSIEURS, Je ne viens pas vous faire une nouvelle leçon d'ouverture. La sociologie n'est plus pour vous une étrangère qu'il faille vous présenter. Cependant, avant de commencer l'étude des questions qui vont nous retenir cette année, il m'a paru bon de vous y introduire par une première leçon où je vous exposerais les lignes générales de notre sujet, la méthode que nous suivrons pour le traiter et l'intérêt qu'il présente pour vos études. Émile Durkheim (1888), “ Introduction à la sociologie de la famille.” 5 I Retour à la table des matières Nous avons consacré toute l'année dernière au problème initial de la sociologie. Avant d'aller plus avant, il était en effet nécessaire de savoir quels sont les liens qui unissent les hommes entre eux, c'est-à-dire ce qui détermine la formation d'agrégats sociaux. C'est ce que nous nous sommes demandé. Pour résoudre cette question, la psychologie ne pouvait suffire ; car il était vraisemblable déjà par avance qu'il y a des espèces différentes de solidarité sociale comme il y a des espèces de sociétés. Il était donc nécessaire de procé- der à une classification de ces dernières. Si dans l'état actuel des renseigne- ments dont nous disposons une classification complète et détaillée ne pouvait être qu'arbitraire, comme l'ont démontré toutes les tentatives de ce genre, du moins il nous a été possible de constituer avec certitude deux grands types sociaux dont toutes les sociétés passées et présentes ne sont que des variétés. Nous avons distingué d'une part les sociétés inorganisées ou, comme nous avons dit, amorphes qui s'échelonnent de la horde de consanguins à la cité, et de l'autre, les États proprement dits qui commencent à la cité pour finir aux grandes nations contemporaines. Puis l'analyse de ces deux types sociaux nous a fait découvrir deux formes très différentes de solidarité sociale, l'une qui est due à la similarité des consciences, à la communauté des idées et des sentiments, l'autre qui est au contraire un produit de la différenciation des fonctions et de la division du travail. Sous l'effet de la première, les esprits s'unissent en se confondant, en se perdant pour ainsi dire les uns dans les autres, de manière à former une masse compacte qui n'est guère capable que de mouvements d'ensemble. Sous l'influence de la seconde, par suite de la mutuelle dépendance où se trouvent les fonctions spécialisées, chacun a sa sphère d'action propre, tout en étant inséparable des autres. Parce que cette dernière solidarité nous rappelle mieux celle qui relie entre elles les parties des animaux supérieurs, nous l'avons appelée organique et nous avons réservé pour la précédente la qualification de mécanique ; simple définition de mots, qui même ne nous a satisfait que médiocrement, mais dont nous sommes con- tenté faute de mieux. Quoiqu'à parler à la rigueur, il soit peutêtre possible de dire que ces deux espèces de solidarité n'ont jamais existé l'une sans l'autre, cependant nous avons trouve la solidarité mécanique à l'état de pureté presque absolue dans ces sociétés primitives où les consciences et même les organis- mes se ressemblent au point d'être indiscernables, où l'individu est tout entier absorbé par le groupe, où la tradition et la coutume règlent jusque dans le Émile Durkheim (1888), “ Introduction à la sociologie de la famille.” 6 détail les moindres démarches individuelles. Au contraire, c'est dans les grandes sociétés modernes que nous avons pu le mieux observer cette soli- darité supérieure, fille de la division du travail, qui laisse aux parties leur indépendance tout en renforçant l'unité du tout. Cette constatation nous a permis de déterminer les conditions en fonction desquelles varient l'une et l'autre de ces solidarités. Nous avons vu, en effet, que si là où les sociétés ont peu d'étendue, grâce au contact plus intime de leurs membres, à la commu- nauté plus complète de la vie, à l'identité presque absolue des objets de la pensée, les ressemblances l'emportent sur les différences et par conséquent le tout sur les parties ; au contraire, à mesure que les éléments du groupe devien- nent plus nombreux sans cesser d'être en relations suivies, sur ce champ de bataille agrandi où l'intensité de la lutte croît avec le nombre des combattants, les individus ne peuvent se main. tenir que s'ils se différencient, si chacun choisit une tâche et un genre de vie propre ; et la division du travail devient ainsi la condition primaire de l'équilibre social. L'accroissement simultané du volume et de la densité des sociétés, voilà en effet la grande nouveauté qui sépare les nations actuelles de celles d'autrefois ; voilà probablement un des principaux facteurs qui dominent toute l'histoire ; voilà, en tout cas, la cause qui explique les transformations par lesquelles a passé la solidarité sociale. Tels sont les résultats auxquels nous sommes arrivés dans le cours de l'an- née dernière. Munis de ces principes, nous sommes désormais en état d'abor- der des problèmes plus spéciaux. Maintenant que les formes générales de la sociabilité et leurs lois sont bien connues de nous, nous allons employer toute cette année à l'étude d'une espèce sociale en particulier. J'ai choisi pour cela le groupe qui est le plus simple de tous et dont l'histoire est la plus ancienne : j'ai nommé la famille. Avant de vous exposer comment nous traiterons ce sujet, laissez-moi vous dire comment j'aurais rêvé de le traiter avec vous. Aussi bien, ce que j'aurais voulu faire vous préparera à mieux comprendre ce que je ferai. De tous les groupes familiaux, celui qui nous intéresse par-dessus tout autre et qu'il importe surtout de connaître et de comprendre, c'est celui qui existe présentement sous nos yeux et au sein duquel nous vivons. Nous aurions donc pris pour point de départ et pour thème la famille telle qu'elle se présente aujourd'hui dans les grandes sociétés européennes. Nous en aurions fait la description et l'anatomie ; nous en aurions dissociés les éléments et voici quels eussent été en gros les résultats de cette analyse. Il y aurait eu lieu de distinguer tout d'abord les personnes et les biens ; puis, parmi les person- nes, il aurait fallu compter, outre les époux et des enfants, le groupe général des consanguins, des parents à tous les degrés ; ce qui reste en un mot de l'ancienne gens dont l'autorité était autrefois si puissante et qui, maintenant encore, a souvent à intervenir dans le cercle restreint de la famille proprement dite. Il y a enfin l'État qui, lui aussi, dans des cas déterminés, vient se mêler à Émile Durkheim (1888), “ Introduction à la sociologie de la famille.” 7 la vie domestique et en devient même tous les jours un facteur plus important. Cela fait, uploads/Science et Technologie/durkheim-socio-famille.pdf
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- Publié le Mar 18, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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