Les difficultés de passage de la terminologie linguistique du français vers l’a

Les difficultés de passage de la terminologie linguistique du français vers l’arabe Synergies Algérie n°20 - 2013 p. 93-107 93 Résumé : Dans la translation du français vers l’arabe de la terminologie des sciences du langage, on s’aperçoit dès le départ que le terme linguistique est caractérisé par la pluralité, la polysémie. La première n’est en aucun cas en faveur de la seconde qui dans sa tentative d’articulation au moderne, tend à reformuler les notions de base dans tous les domaines, notamment celui de la linguistique. Cet article se propose de mettre en évidence les difficultés que rencontre la terminologie linguistique lors de son passage du français vers l’arabe. Mots-clés : linguistique, terminologie, polysémie, traduction عند ترجمة المصطلحات اللسانية من الفرنسية إلى العربية نلحظ من الوهلة األولى:الملخص أن التعددية هي السمة الغالبة في ترجمة المصطلح اللساني. هذه التعددية في ترجمة المصطلح اللساني التي تؤدي حتما إلى تعددية المعاني أمر ال يخدم إطالقا اللغة العربية التي تحاول مواكبة ركب المعاصرة في كل المجاالت على غرار اللسانيات. يهدف هدا المقال إلي رصد الصعوبات .التي تعيق الترجمة السلسة للمصطلح اللساني من الفرنسية الى العربية . الترجمة- تعدد المعاني- علم االصطالح- اللسانيات:الكلمات المفتاحية Abstract: In linguistic terminology translation from French into Arabic, from the first sight, we notice that the linguistic term, in its shift from French to Arabic is charac­ terized by plurality, which might lead to polysemy, as an immediate result. The latter is in no way in favor of the Arabic language which tends, in an attempt of modernization, to reformulate basic notions in all domains, namely in the field of linguistics. This article is an attempt to point out the difficulties that linguistic terminology encounters in its shift from French to Arabic. Keywords: linguistic, terminology, polysemy, translation Introduction La diversité est souvent considérée comme une richesse, mais il n’en va pas de même pour la terminologie des sciences langage en langue arabe, du fait de la multitude des sources, des courants et écoles linguistiques que les linguistes et traducteurs adaptent et adoptent, et qui sont à l’origine de la dispersion et de l’anarchie qui caractérisent ce domaine et des différences constatées entre le Maghreb et le Proche Orient. Houari Meyahi Doctorant, Université de Béchar, Algérie houarimeyahi@yahoo.fr GERFLINT Synergies Algérie n°20 - 2013 p. 93-107 La problématique du terme linguistique arabe est certes influencée par la spéci­ ficité expressive de la langue elle-même, mais aussi par la difficulté que rencontrent ses locuteurs à exprimer les nouveaux concepts et les nouvelles notions, plus particu­ lièrement dans le domaine de la linguistique, car le traducteur ou le linguiste arabe demeure dépendant de l’école linguistique à laquelle il adhère. Langue de départ / Langue d’arrivée Si l’on considère que la compétence expressive d’une langue est sans doute relative, la compétence de ses locuteurs devrait combler les insuffisances éventuelles. Quand on compare les ressources d’une langue à celle d’une autre, ceci implique une réflexion sur la relation entre l’appareil terminologique, le vocabulaire de façon générale, que nous propose les langues en jeu et les connaissances que cette dernière est prédisposée à accueillir au sein de sa fluidité compréhensive. Les linguistes arabes n’ont pas réussi à éviter l’accumulation et la multiplication des termes linguistiques, signe de leur désunion face au défi de la traduction des termes linguistiques dès leur apparition afin de permettre à la linguistique arabe d’être en mesure de répondre aux attentes des étudiants et des nouveaux chercheurs. D’autre part, les efforts individuels et non collectifs de certains linguistes arabes manquaient de notre point de vue de recul et de concertation, alors qu’il aurait été plus convenable que la traduction soit effectuée de manière réfléchie et bien étudiée car l’objectif à atteindre est d’enrichir la langue. Anthony Pym a bien su poser la question que tout traducteur professionnel se posera un jour ou l’autre : « Comment faut-il traduire? Cette question fondamentale, inévitable, a tradi­ tionnellement reçu deux réponses : l’une en faveur du côté langue - culture - texte ; l’autre du côté de l’interlocuteur d’arrivée. Cette question à double réponse se trouve au cœur de mainte théorisation de la traduction y compris celle de Berman 1». Il semble que le point de départ et le point d’arrivée soient au sein de la même langue et exigent de ne point gonfler la langue par les emprunts, qui sont en réalité un indice de sa non-compétitivité ou au moins celles de ses locuteurs. En somme, la spontanéité qui caractérise la traduction du terme linguistique vers l’arabe est le résultat de la nature des travaux traduits qui sont en général des études universitaires, ou des textes traduits intégralement où l’élément en commun est l’anarchie et la pluralité des traductions. « La linguistique moderne n’est pas sortie toute armée des cerveaux de quelques 94 Les difficultés de passage de la terminologie linguistique du français vers l’arabe savants, mais s’est élaborée et s’élabore, aujourd’hui plus que jamais, grâce à une réflexion critique sur des notions, des conceptions qu’elle a héritées de longue histoire2. ». La question essentielle est « comment traduire », une question à laquelle tout traducteur professionnel serait en mesure de donner une réponse immédiate mais ici, il s’agit de terminologie linguistique et le traducteur doit respecter certaines règles. Il doit avoir des connaissances en matière de dérivation, de composition, de néologie ainsi que d’emprunts. Un autre facteur important est la fidélité dans la traduction ainsi que la compétence à saisir le sens dans toutes ses composantes et l’habilité à lui retrouver un équivalent adéquat au niveau du sens et au niveau grammatical et lexical dans la langue d’arrivée. Mot contre mot et non pas un mot de la langue de départ (français) contre toute une expression dans la langue d’arrivée (l’arabe). Certes d’autres règles existent, mais ce que nous avons avancé, résume et constitue le centre d’intérêt de toute traduction professionnelle. Car la connaissance scientifique est un patrimoine universel, autrement dit, la connaissance est la conjugaison et la combinaison des idées dans une continuité. Les emprunts existent et dans toutes les langues du monde et ils sont issus des contacts entre les peuples : « L’emprunt provient souvent de la nécessité de trouver un mot pour désigner un objet ou un concept nouveau. Parfois aussi, l’emprunt n’est que le simple effet de langues en contact3. »; dans le français par exemple : - De l’arabe : Cave - Alcool – Algèbre,… - De l’anglais : Handicap – Bambin – Budget,… - Du portugais : Acajou – Autodafé,… - De l’Italien : Balcon – Bambin – Carnaval,… - De l’Espagnol : Abricot – Adjudant,… - de même que les langues de l’Inde : Jungle – Bonze – Avatar,… Dans l’arabe aussi : - Du persan : Jah - Awaj – Ibrik – Istewana : جاه أوج إبريق اسطوانة - De l’hébreu : Tabout – Ijass – Chaitan : تابوت إجاص شيطان - Du français : Parlement برلـمـان - Baccalauréat بكالوريا -général جنرال - Du turc : Bayrak بيرق - Khatoun خاتون - Koumbara قنبلة - Arab عربةa - De l’italien : Banco بنك – Carciofo خرشوف – Cavorra صابورة - Du grec : Opion أفيون – Klima إقـليم - évangnétion إنجيـل - Cambia كمبيالة l - Du latin : Stabulum إسطبل– Proecoques برقوق - Platium بالط Mais cela, ne veut pas dire qu’il faille»ouvrir toutes les portes» pour qu’un jour on s’aperçoive que les trois quarts de notre langue sont des emprunts. 95 Synergies Algérie n°20 - 2013 p. 93-107 Le rôle de la traduction Depuis des siècles, l’homme civilisé a connu l’importance de la traduction. Actuellement, elle est considérée comme l’un des piliers du progrès humain, et elle représente son symbole et son cachet. On constate, aujourd’hui que ce moyen de communication entre les personnes et les peuples est très répandu et se manifeste dans un ordre croissant et ordonné. Après les traductions modernes : politique, scientifique, industrielle, ont suivi les traductions littéraires marquées par l’apparition des journaux, des revues, des magazines, ainsi que les romans et les nouvelles qui connaissent aujourd’hui un mouvement de traduction sans précédent. A partir de cette constatation, on peut dire que la traduction est synonyme de développement et de progrès, à travers l’histoire et qu’elle a connu son apogée au sein des nations développées. Il est indispensable, que les pays arabes sachent que « être ou ne pas être « est en relation étroite avec la traduction, dans un monde de savoir et de connaissance en perpétuelle évolution. Elle facilite et rend l’acquisition et l’assimi­ lation des nouveaux concepts et tendances de la civilisation occidentale accessible à nos lecteurs dont la plupart sont monolingues. Si l’on veut réellement rattraper le retard qui caractérise le monde arabe sur tous les plans : intellectuel, culturel, scientifique et économique, et pour être digne de cette appellation ‘‘nation civilisée ’’ qui est un titre, il faut la conjugaison des efforts, et surtout les bonnes intentions politiques ainsi que d’autres facteurs auxquels nous arriverons un peu plus loin. Science et Terminologie On peut distinguer une science d’une autre par sa terminologie car les uploads/Science et Technologie/houari-meyahi.pdf

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