1 LA SCIENCE/ LA RAISON/ LA VERITE Ce cours est construit en grande partie avec
1 LA SCIENCE/ LA RAISON/ LA VERITE Ce cours est construit en grande partie avec le support d’un article du CAIRN rédigé par Philippe Fontaine I : Définitions : Site du cnrtl : Littér. ou vieilli, au sing. Somme de connaissances qu'un individu possède ou peut acquérir par l'étude, la réflexion ou l'expérience. Avoir sur quelque chose des informations sûres que l'on ne peut mettre en doute. Connaissance approfondie des règles et des techniques propres à une activité; p. méton. adresse, habileté dans la pratique, compétence qui résulte de cette connaissance. Synon. savoir-faire Ensemble structuré de connaissances qui se rapportent à des faits obéissant à des lois objectives (ou considérés comme tels) et dont la mise au point exige systématisation et méthode. Au sing. Ensemble de toutes les connaissances humaines systématisées. Au plur. Ensemble des sciences fondées essentiellement sur le calcul et l'observation Le mot science vient du latin scienta et du grec épistémé La science désigne d’abord un savoir-faire procuré par les connaissances jointes à l’habileté. Plus tard, elle désignera les connaissances acquises sur un objet d’étude plus délimité. La science, tant du point de vue théorique que théologique, renverra de plus en plus à une connaissance parfaite, précise, rigoureuse, de plus en plus soucieuse de formalisme (ce formalisme lui sera conféré, à l’époque moderne par le recours généralisé à l’outil mathématique, rendant possible une mise en équation des méthodes et des résultats de la recherche) II : Introduction et problèmes : La science est considérée aujourd’hui comme le champ du savoir susceptible de dominer tous les autres. Cette domination est le résultat d’un progrès ininterrompu des sciences qui se sont progressivement émancipées de la tutelle de la philosophie avec qui elles avaient une origine commune. Mais comment penser l’unité de la science alors même que nous utilisons ce mot tantôt au singulier, tantôt au pluriel ? Pouvons-nous encore aujourd’hui parler de LA science ? Qu’est-ce qui la distingue DES sciences ? Qu’est- ce qui fait l’essence de la connaissance scientifique ? Comment construit-on la connaissance scientifique ? Cette question a déjà été abordée avec la lecture des divers textes de Descartes, de Kant, avec le cours intitulé L’expérience (cf. Cloud) Que valent les connaissances scientifiques ? Sont-elles susceptibles de mener l’homme vers une connaissance vraie ? Pourquoi faut-il distinguer connaissance vraie et vérité ? Ici il convient de se référer notamment au documentaire vidéo Ceci n’est pas Einstein, qui offre une réflexion riche sur ces questions. La science peut-elle, à elle seule, satisfaire à la quête de la connaissance humaine ? Peut-on tout connaitre à l’aide de la science ? Quelles sont les limites de la science ? 2 Comment concilier science et éthique ? III : L’évolution du savoir scientifique La science en tant qu’elle forme un corpus de connaissances structuré, reposant sur la mise en œuvre d’une méthode expérimentale unique, s’exprimant sous la forme d’un système formel de lois mathématiques énoncées est un événement qui s’est produit en quelques siècles en Occident. « La science moderne est un phénomène dont on chercherait en vain l’équivalent dans toute l’histoire de l’humanité ; elle est propre à l’Occident. La Chine et l’Inde n’en ont connu que de vagues prémisses ; quant à la Grèce, nous lui devons nombre d’idées géniales, mais qui sont restées sans rapport entre elles et qui ne sont pas allées plus loin. En quelques siècles, en revanche, voici que l’Occident a donné le signal de l’essor intellectuel, technique et sociologique, entraînant toute l’humanité dans son sillage. Actuellement, ce mouvement connaît une accélération démesurée. » Karl Jaspers, Essais philosophiques, « Science et vérité », Payot, 1970 L’évolution sémantique du terme de « science » renvoie à un certain nombre de moments décisifs, à partir desquels s’est formée la mentalité scientifique moderne, toujours davantage renforcée dans son sentiment d’universalité et d’objectivité. Originellement la science ne fait qu’une avec la philosophie dans la mesure où cette dernière se veut recherche de la vérité, ce qui implique une démarche de rupture avec la doxa, l’opinion (cf. texte 2 de G. Bachelard), c’est-à-dire l’ensemble des préjugés qui nous tiennent lieu ordinairement de pensée. Cette rupture ne serait donc pas le propre de la modernité mais de tout acte de connaissance (cf. texte 1 de G. Bachelard). Comment ne pas faire également référence au projet platonicien d’atteindre le monde des Idées éternelles, immuables, projet décrit dans « l’allégorie de la caverne » au livre VII de La République ? Nous ne comprenons pas d’emblée le réel, le monde sensible, nous baignons dans un monde d’apparences et de préjugés dont il faut se défaire. Plus tard, c’est Descartes qui réaffirmera l’idée qu’aucune connaissance fiable, c’est-à-dire indubitable, ne peut provenir du corps et des organes des sens (cf. « le morceau de cire », Méditations métaphysiques, 1641). Pourquoi la Grèce antique n’a-t-elle pas développé de science, du moins au sens moderne du terme ? « Mais dans cette tâche elle ne s’est pas beaucoup rapprochée du réel physique ; elle a peu emprunté à l’observation des phénomènes naturels ; elle n’a pas fait d’expériences. La notion même d’expérimentation lui est demeurée étrangère. Elle a édifié une mathématique sans chercher à l’utiliser dans l’exploration de la nature. » « Pour la pensée grecque, si le monde social doit être soumis au nombre et à la mesure, la nature représente plutôt le domaine de l’à-peu-près auquel ne s’appliquent ni calcul exact ni raisonnement rigoureux. La raison grecque ne s’est pas tant formée dans le commerce humain avec les choses que dans les relations des hommes entre eux. Elle s’est moins développée à partir des techniques qui opèrent sur le monde que par celles qui donnent prise sur autrui et dont le langage est l’instrument commun : l’art du politique, du rhéteur, du professeur. La raison grecque, c’est celle qui, de façon positive, réfléchie, méthodique, permet d’agir sur les hommes, non de transformer la nature » Jean-Pierre Vernant, Les origines de la pensée grecque, PUF, 1969. 3 Selon Jean-Pierre Vernant, la Grèce a fait le choix de privilégier la réflexion sur l’expérience sociale et politique, la vie publique étant considérée comme le couronnement de l’activité humaine. Notons également que la nature est bien plus objet de contemplation qu’objet d’une quelconque utilisation instrumentale visant à en faire une ressource inépuisable de matériaux ou de matières premières. Ainsi, la science fut d’abord theoria, pure contemplation, et non praxis. Pourtant au Moyen-Age apparaissent les chefs-d’œuvre des artisans. Les corporations de travailleurs se détournent de la contemplation pure, s’organisent. C’est le début des grandes inventions, qui permettent au XIV° et au XV° siècles de recourir, dans une plus large mesure aux machines, à la force du vent ou de l’eau. La science pénètre peu à peu à l’intérieur de ces pratiques purement empiriques, et se définit de plus en plus comme connaissance de la nature et de ses lois, ce qui permet de ne plus seulement la subir, mais de la transformer, de l’utiliser. Cf. analyse du texte de Descartes dans lequel il revendique de « devenir comme maîtres et possesseurs de la nature ». L’idée s’impose de plus en plus que le savoir donne le pouvoir. On peut donc aussi admettre que c’est la raison qui rend possible cette maîtrise de l’homme sur la nature par le savoir. A l’époque de la Renaissance, la pratique commença à agir sur la théorie en construisant ce qui, une fois créé, devenait dès lors problème pour la science, et celle-ci en résolvant les problèmes ainsi venus au jour, offrit à l’ingénieur la possibilité de calculer, avant même de mettre ses machines en fabrication, ce qu’on pouvait en attendre et les conditions d’un bon fonctionnement. Cette fusion débuta au cours du XVII° siècle et devint un phénomène universel vers la fin du XVIII° siècle. L’industrie moderne ainsi que la science qu’elle présuppose ont commencé, à cette époque, à réaliser le rêve de domination de la nature exprimé par Descartes. De plus, les ouvrages militaires donnent lieu à des inventions importantes : les princes avaient soif de puissance, et en vinrent à comprendre que le savoir la leur procurait. A ce moment philosophie et science sont encore intimement liées. Elles s’opposent à l’opinion comme la vérité, universelle et nécessaire, elles s’opposent à l’idée reçue, particulière et contingente. La subjectivité de l’opinion, indémontrable et indémontrée, arbitraire et gratuite, doit être remplacée par l’objectivité du savoir scientifique. On a vu que ces idées sont formulées dans le Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences de Descartes, puis théorisées par Bachelard dans son analyse des progrès scientifiques. Mais cette opposition entre opinion et savoir a pris naissance chez Platon. La science s’oppose ainsi à la religion (qui se réfère à une « vérité révélée », c’est-à-dire à un « dogme »), et à tout autre « savoir » incapable de se fonder en raison. La science désignera de plus en plus l’ensemble des connaissances bien fondées (parce que reposant sur des démonstrations, comme dans les sciences logico-mathématiques, uploads/Science et Technologie/la-science-la-raison-la-verite.pdf
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- Publié le Oct 05, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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