Kamal Mohammed Ben Mostefa Ben El‐Khodja Œuvres complètes 1283­1333 H / 1865­19

Kamal Mohammed Ben Mostefa Ben El‐Khodja Œuvres complètes 1283­1333 H / 1865­1915 Sommaire La médecine et les quarantaines dans leurs rapports avec la loi musulmane …………………………………………….. 5 La Tolérance religieuse dans l’islamisme …………………… 27 5 La médecine et les quarantaines dans leurs rapports avec la loi musulmane (Tanouir El Adhen) ∗ Le texte arabe est précédé de l’approbation et des appréciations élogieuses de : MM. Ben Zakour (Mohammed ben Mustapha), mufti malékite d’Alger ; Boukandoura (Mohammed), mufti hanafite d’Alger ; Hadj Moussa (Ali ben El Hadj Moussa), oukil et imam de la mosquée de Sidi Abderr’Rahman Thaâlibi ; Ibn Zekri (Mohammed Saïd ben Ahmed), professeur de droit musulman à la médersa d’Alger, Et imam prédicateur à la mosquée de Sidi-Ramdhan. ∗ La Médcine et les Quarantaines…, Imprimerie Orientale Pierre Fontana, Alger, 1896. Mj%— BKµ âBW h 8:>k h א 6 Traduction Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Louange à Dieu qui a subordonné l’effet à la cause, et qui dirige le cours des événements ; qui, dans le livre révélé, le plus sûr des guides, nous ordonne d’éviter tout ce qui est nuisible ; Que le salut et la bénédiction s’étendent sur celui qui nous a recommandé de veiller à la conservation de notre santé, le plus beau des ornements, et le plus précieux des dons ; sur notre Seigneur Mohammed, le médecin des âmes et des corps ; ainsi que sur sa famille, source de la sagesse, et sur ses compagnons, qui brillent comme des flambeaux dans les ténèbres. Le glorieux Gouvernement français consacre tous ses efforts au maintien de la santé publique ; il procure aux malades les soins médicaux, prend les précautions utiles pour éviter les maladies et les dangers de toutes sortes, et installe des lazarets pour préserver le pays de toute contagion. Notre très éminent Gouverneur, M. Jules Cambon, se préoccupe d’étendre les mêmes bienfaits à la population musulmane, dont il a à cœur d’assurer la santé, la tranquillité et le bien-être. Dans sa haute sollicitude, il a créé notamment deux hôpitaux pour les musulmans, l’un en kabylie, l’autre dans l’Aurès. Ces dispositions bienveillantes m’ont inspiré le dessein de réunir, dans une notice courte mais substantielle, les textes empruntés au coran, aux traditions du Prophète (hadiths), et aux ouvrages des jurisconsultes anciens et modernes, et de montrer que les mesures ordonnées par notre généreux Gouvernement n’ont absolument rien de contraire principes de notre religion, comme le pensent à tort quelques esprits peu éclairés. Considérant aussi que certaines personnes méconnaissent l’importance et l’utilité de la médecine, et prétendent que s’abstenir de toute médication, c’est faire preuve de résignation et de confiance en Dieu ; qu’il en est même qui croient qu’il est défendu par la religion de recourir à un médecin non musulman, opinions qui sont le résultat de l’ignorance et de l’erreur, j’ai divisé mon travail en quatre chapitres, dont chacun est consacré à l’une des questions à examiner. Mon seul but est de combattre l’erreur ; le succès dépend de Dieu ; c’est lui qui dirige vers le bien, et c’est en lui que je me confie. Mj%— BKµ âBW h 8:>k h א 7 I. Les soins médicaux dans leurs rapports avec la loi musulmane Les soins médicaux sont recommandés par le livre révélé. Dieu a dit dans le Coran, en parlant des abeilles : « De leurs entrailles sort une liqueur de couleurs variées, qui contient un remède pour les hommes » 1. Ce qui signifie que le miel est un des remèdes les plus connus et les plus efficaces contre les maladies humaines, non que c’est un remède contre toute maladie. Ce verset du Coran établit le caractère licite des soins médicaux au point de vue religieux. Celui qui a créé la malade a crée aussi le remède, et en a recommandé l’usage. Hadith. – L’imam El Bokhari2 relate ces paroles qui firent recueillies par Abou Horeïra3 de la bouche du Prophète : « Dieu n’a créé aucune maladie pour laquelle il n’ait également créé un remède ». Ce qui signifie que Dieu n’envoie jamais une maladie à quelqu’un sans qu’il lui assigne en même temps un remède, et que si le malade fait usage de ce remède au moment opportun il guérit. Hadith.- L’imam Moslim4, dans son recueil, cite cet autre hadith recueilli par Djabir5 : « Toute maladie a un remède. Quand on emploie le médicament approprié à une maladie, le malade guérit par la volonté de Dieu. » C’est-à-dire que si le malade découvre le médicament qui convient à sa maladie, que ce médicament lui soit indiqué par son expérience personnelle, ou par un homme compétent, et s’il l’emploie à la dose convenable et au moment favorable, la guérison s’ensuit. Hadith. – L’imam Ahmed, Abou Daoud, Ibn Madja, Tirmidi et El Hakim6 reproduisent ce hadith rapporté par Ousama7 : « Les Arabes demandèrent au Prophète : Envoyé de Dieu, ne devons-nous pas 1. Coran, XVI, 71. 2. Auteur du Djamià Eççah’ih, l’un des deux recueils de hadiths (traditions) reconnus authentiques, né en 194 de l’hégire ; mort en 256 (869). 3. Compagnon du Prophète. 4. Moslim ; auteur du second recueil des traditions du Prophète, mort en 261 (874). 5. Compagnon du Prophète. 6. Ahmed est le fondateur de l’école hanbalite, l’une des quatre écoles orthodoxes. 7. Abou Daoud, Ibn Maja, Tirmidi et El Hakim sont des jurisconsultes célèbres. Mj%— BKµ âBW h 8:>k h א 8 nous soigner en cas de maladie ? – Certainement, répondit-il ; soignez-vous, serviteurs de Dieu, ça Dieu a assigné un remède à toutes les maladies, à l’exception d’une. – Quelle est, dirent-ils, cette maladie sans remède ? – La vieillesse, dit le Prophète ». Hadith. – L’imam Ahmed, Ibn Madja, et Tirmidi rapportent les paroles suivantes d’Abou Khozama1 « Je demandai au Prophète : - Est-il des exorcismes, des remèdes ou des précautions au moyen desquels nous puissions conjurer quelques-uns des arrêts de Dieu ? - Tout cela, répondit le Prophète (exorcismes, remèdes et précautions), fait partie des arrêts de Dieu ». Hadith. – El Bokhari rapporte ces paroles prononcées par le Prophète et recueillies par Ibn Abbès2 : « Trois choses procurent la guérison : le miel, les ventouses et la cautérisation ; mais je recommande à mon peuple de ne pas recourir à la cautérisation». Il ne faudrait pas induire de ces paroles que ces trois remèdes, seuls, sont capables de guérir les maladies, car il existe d’autres remèdes également efficaces. Le Prophète a voulu simplement indiquer les principaux remèdes employés. Hadith.- El Bokhari raconte, d’après Abou Saïd, qu’un homme vint trouver le Prophète et lui dit : « Mon frère souffre du ventre. – Fais lui boire du miel, répondit le Prophète. – L’homme revint une seconde fois. – Donne-lui du miel, dit encore le Prophète. – Il revint une troisième fois.- Même réponse.- Il revint encore et dit : je lui ai donné du miel et il n’est pas guéri. – Le ventre de ton frère, dit le Prophète- ne saurait démentir la parole de Dieu. Donne-lui du miel.- Il le fit, et le malade revint à la santé ». L’emploi répété du médicament avait fini par triompher de la maladie. Le dosage des remèdes, la façon de les administrer, la violence de la maladie, la force du malade, sont, en effet, autant de choses importantes à considérer dans la médecine. Ces hadiths indiquent que l’efficacité des remèdes n’est pas incompatible avec les décrets de la Providence, et que l’emploi des soins médicaux n’exclut pas la confiance en Dieu, pour ceux 1. Compagnons du Prophète. 2. Cousin du Prophète. Mj%— BKµ âBW h 8:>k h א 9 qui croient que les remèdes guérissent non par eux-mêmes, mais par la permission et la volonté préexistante de Dieu. Autant vaudrait dire que l’homme manque de confiance en Dieu quand il combat la faim et la soif par la nourriture et par la boisson, ou quand il évite les dangers de mort. Comment repousser les soins médicaux, sous prétexte de résignation, alors que le Prophète a eu recours lui-même à la médecine, lui qui, mieux que toute autre créature humaine, connaissait et honorait Dieu, et se soumettait à sa volonté. Voici comment s’exprime El R’azali1 dans son ouvrage El-Ihïa : « Les moyens employés pour combattre les affections nuisibles sont de trois sortes : 1e ceux dont l’efficacité est certaine, comme l’eau à l’égard de la soif, le pain à l’égard de la faim ; 2 ceux dont l’efficacité est probable, comme la saignée, la purgation, et la plupart des moyens thérapeutiques ; 3e enfin ceux dont l’efficacité est purement conjecturale, comme la cautérisation. – Ce n’est pas se confier en Dieu que de renoncer à l’emploi des moyens de la première catégorie ; bien plus, on commet une infraction à la loi divine, si on y renonce quand on est en danger de mort. - C’est au contraire faire preuve de résignation, à la volonté divine, que de renoncer à ceux de la troisième catégorie. – Quant aux uploads/Sante/ aamal-ben-el-khoudja-francais.pdf

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  • Publié le Sep 23, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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