279 L’Autre qui n’existe pas et ses Comités d’éthique Éric Laurent Jacques-Alai

279 L’Autre qui n’existe pas et ses Comités d’éthique Éric Laurent Jacques-Alain Miller Seizième séance du séminaire (mercredi 23 avril 1997) Éric Laurent : Alors aujourd’hui, séance habituelle de notre séminaire, c’est Jacques-Alain Miller qui va commencer la séance et ensuite, par une bizarrerie du calendrier français, qui fait qu’il est souvent difficile de travailler en France en mai, le 30 avril et le 7 mai il n’y a pas de séance mais par contre nous reprenons le 14 mai, 14, 21, 28 auront lieu, donc le symptôme se localise simplement sur le 30 et le 07. (s’adressant à l’auditoire) Ça correspond bien aux calendriers qui vous ont été donnés ? (...) - Oui ça correspond. Jacques-Alain Miller : Du nouveau, du nouveau, du nouveau. C’est par ce cri, trois fois répété, et dans des modulations différentes, que je n’ai pas reproduites, que vendredi dernier à 19 heures, j’ai commencé la première des trois conférences que j’ai données dans le ville de Sao Paulo, à l’occasion de la XIIIème Rencontre brésilienne du Champ Freudien qui se tiennent maintenant sous l’égide de l’École brésilienne de psychanalyse, depuis sa fondation formelle il y a deux ans. Du nouveau - je l’ai dit en espagnol - faute de pouvoir m’exprimer en portugais, les brésiliens comprenant sans difficulté l’espagnol, un certain nombre comprennent également le français, mais moins nombreux. Et j’avais à m’exprimer dans le cadre de journées dont le titre était « Les nouvelles formes du symptôme ». On va jusqu'à Sao Paulo pour parler de la même chose. C’est ce qui donne existence aux pays de la psychanalyse. J’avais pensé initialement leur donner une sorte de compendium de ce que nous avions pu faire ici devant vous depuis le début de l’année, Eric Laurent et moi-même, et en définitive j’ai plutôt fait du nouveau par rapport à ce que nous avions déjà élaboré. Et c’est de ça que je vais tenter de vous donner un écho pour la bonne raison aussi bien que donc ça m’a occupé vendredi, samedi et dimanche et qu’ensuite, je viens de rentrer. Je me contenterai de fixer au tableau la sorte de point de capiton que je me proposais d’inscrire lors de la dernière séance lors de ces vacances, - enfin pour vous ça a été des vacances, sans doute, pas pour tous, sans doute, non plus. Je vais E. LAURENT, J.-A. MILLER, L'Autre qui n'existe pas et ses comités d'éthique Sem 16 23/4/97 280 fixer au tableau ce point de capiton que je comptais apporter il y a trois semaines et que je n’ai pas pu inscrire. En fait j’ai terminé là- dessus mes trois conférences de San Paolo.  Ø Ce point de capiton était cette formule, essai de problème-solution, qui établit une corrélation entre deux termes, sigma le sinthome, dans la définition développée qui est celle que Lacan a mis en œuvre dans son dernier enseignement et le symbole de l’ensemble vide que j’écris en dessous, par commodité, pour abréger ce que Lacan a désigné comme le non rapport sexuel. Sans chercher plus loin, j’ai pris le symbole de l’ensemble vide en infraction certainement à ceci que ce rapport ne peut pas s’écrire dans sa définition lacanienne et c’est pourquoi Lacan ne l’a jamais écrit. Il n’a jamais cherché un mathème du non rapport sexuel, de façon à exemplifier l’impossibilité de l’écrire. Le mérite de cette formule était de donner un résumé, un abrégé de ce que je n’avais pu développer et d’établir une corrélation entre ces deux termes, le symptôme et le non rapport sexuel, en l’écrivant sous la forme d’une substitution et si l’on veut d’une métaphore : le symptôme vient à la place du non rapport sexuel. Le symptôme est métaphore du non rapport sexuel. La formule se complète, je vous le rappelle, de la modalité affectée à chacun de ces deux termes, pour autant que le non rapport sexuel ne cesse pas de ne pas s’écrire, c’est-à- dire de ne pas venir à la place où, pour des raisons certainement équivoques, nous l’attendrions, tandis que le symptôme ne cesse pas de s’écrire, au moins pour un sujet. Ainsi cette formule rappelle que la nécessité du symptôme répond à l’impossibilité du rapport sexuel. Le non rapport sexuel est une qualification d’espèce, de l’espèce d’êtres vivants qu’on appelle l’espèce humaine et à laquelle, dans cette dimension, on ne peut pas ne pas se référer. La formule, celle-ci, comporte qu’il n’y a pas d’être relevant de cette espèce - je vais jusque là - qui ne présente de symptôme. Pas d’homme, au sens générique, pas d’homme sans symptôme. Cette formule fait voir de façon élémentaire que le symptôme s’inscrit à la place de ce qui se présente comme un défaut. Ce défaut est le défaut de partenaire sexuel entre guillemets « naturel ». Dans l’espèce, le sexe comme tel n’indique pas le partenaire. Il n’indique son partenaire à aucun individu relevant de la dite espèce. Le sexe ne conduit aucun à ce partenaire et il ne suffit pas, comme le souligne Lacan, à rendre partenaires ceux qui entrent en relation. C’est ce qui permet de définir le mot de partenaire comme E. LAURENT, J.-A. MILLER, L'Autre qui n'existe pas et ses comités d'éthique Sem 16 23/4/97 281 ce qui ferait terme du rapport qu’il n’y a pas. De telle sorte que s’il y a rapport, quand s’établit ce qui semble être un rapport, c’est toujours un rapport symptomatique. Dans l’espèce humaine, la nécessité, le ne cesse pas de s’écrire s’écrit sous la forme du symptôme. Il n’est pas de rapport susceptible de s’établir entre deux individus de l’espèce qui ne passe par la voie du symptôme et ici le symptôme, plus qu’obstacle, est médiation, et c’est ce qui conduit Lacan à identifier à l’occasion le partenaire et le symptôme. On pourrait penser que le partenaire est symptôme quand ce n’est pas le bon. Et bien cette construction implique le contraire : le partenaire symptomatifié, c’est le meilleur. C’est celui avec lequel on est au plus près du rapport. Et ainsi, dans l’expérience analytique, quand un sujet témoigne de ce qu’il a un partenaire insupportable, le b-a-ba de ce que le psychanalyste doit penser, doit penser ! - il y a un devoir de penser, quand même, pour le psychanalyste, même s’il exerce dans la position du je ne pense pas, même s’il laisse la pensée à l’analysant, il y a quand même un devoir de penser pour l’analyste, ce devoir de penser que Freud appelait la construction. Evidemment il n’a pas à la dire, il n’a pas à la dire dans le cas de l’expérience analytique, sauf exception ; on peut la dire ici par exemple. Le b-a-ba donc, quand un sujet témoigne et se plaint de son partenaire, le b-a-ba c’est de poser que ce n’est pas par hasard que le sujet s’est appareillé à un partenaire insupportable et que ce partenaire insupportable lui procure le plus-de- jouir qui lui convient et que c’est à ce niveau, si l’on veut opérer, à ce niveau du plus-du-jouir qu’il faut opérer. En cela, ce sont les cas que j’appellerais d’union symptomatique, qui touchent au plus près l’existence du rapport sexuel. Voilà au moins le début de ce que je comptais apporter il y a trois semaines, sans les exemples et sans la suite, et que j’ai pu donner à San Paolo à la fin de la troisième de ces conférences. Je vais essayer maintenant de vous donner un écho de la première, peut- être un petit peu de la seconde. J’en ai trouvé les titres au fur et à mesure de l’élaboration que je faisais. La première s’intitule « Le symptôme et la comète ». En espagnol, ça consonne mieux puisque c’est « sintoma y cometa » avec le problème supplémentaire néanmoins que comète, qui aurait cru cela, comète en espagnol est masculin, et il y a là évidemment un petit décalage avec l’imaginaire dont j’ai enjolivé la comète puisque mon imaginaire de la comète est féminin évidemment, d’où un décalage amusant, que j’ai retrouvé ensuite dans des discussions lors de la deuxième ou troisième conférence, à propos de la canaille, qui en espagnol, canailla, est masculin, le canaille, ce qui met le français en mauvaise posture de savoir pourquoi E. LAURENT, J.-A. MILLER, L'Autre qui n'existe pas et ses comités d'éthique Sem 16 23/4/97 282 on féminise donc la canaille. Je me suis tiré de ce guêpier du mieux que j’ai pu. Alors j’ai donc commencé par du nouveau trois fois répété, comme un appel, comme un cri et presque comme un commandement, faisant sentir, j’espérais, par cette intonation qu’il nous manque du nouveau, que nous avons besoin, que nous voulons, que nous désirons du nouveau. Et ça m’a conduit à interpréter, à prendre un peu à revers le titre des journées brésiliennes « Les nouvelles formes du symptôme », choix de titre qu’ils ont eux-mêmes référé, à San Paolo, à nos collègues de Reims, Lecœur et Hugo Freda, qui sont aussi connus uploads/Sante/ cours16 2 .pdf

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  • Publié le Oct 10, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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