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1 ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE 16, RUE BONAPARTE – 75272 PARIS CEDEX 06 TÉL : 01 42 34 57 70 – FAX : 01 40 46 87 55 _______ Rapport Groupe de travail « Culture de prévention en santé » La Culture de prévention en santé : des questions fondamentales Introduction 1. La prévention en médecine est un humanisme (J.- F. Mattei) 2. Définition de la culture de prévention (C. Dreux) 3. Pourquoi et comment développer une culture de prévention en santé publique ? (A. Vacheron) 4. Prévention et inégalités sociales de santé (A. Flahault – M. Setbon – A. Spira) 5. Prévention et économie de la santé (C. Dreux) 6. Education du public : Apport des procédures informatisées (TICS) (E.- A. Cabanis) 7. L’importance majeure de la famille, de l’école et de la médecine scolaire (C. Dreux, J.-M. Mantz) 8. Peut-on, à la naissance, prévoir les maladies de l’âge adulte ? (R. Ardaillou – F. Soubrier) 9. Pour une prévention fondée sur les preuves (A. Flahault) Conclusion Recommandations prioritaires de l’Académie nationale de Médecine Annexes: − Abréviations utilisées dans le rapport − Base documentaire − Liste des personnalités auditionnées − Contributions des membres du groupe de travail (publiées sur le site de l’Académie nationale de Médecine http://www.academie-medecine.fr) 2 ACADEMIE NATIONALE DE MEDECINE Groupe de Travail : « Culture de prévention en santé » La culture de prévention en santé : des questions fondamentales Claude Dreux, Rapporteur au nom d’un groupe de travail* Introduction Objet du rapport Ce rapport ne prétend pas être exhaustif car de nombreux textes généraux sur la prévention en santé sont déjà parus. Certains figurent dans la base documentaire. Il a essentiellement pour but d’alerter les pouvoirs publics décisionnels sur les moyens à mettre en œuvre pour développer, en France, une véritable culture de prévention dans le domaine de la santé. Il n’y a pas en France de véritable politique de prévention. La nécessité de réduire les coûts de la santé conduit depuis de nombreuses années à privilégier le financement des soins par rapport à celui de la prévention. Des rapports récents de la Cour des comptes, de l’IGAS, de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, du Conseil économique, social et environnemental (CESE) insistent en particulier sur 6 points à développer ou à mettre en œuvre : 1. Une véritable coordination des actions de prévention au plan national mais en tenant compte des priorités régionales définies par les ARS. 2. Une augmentation des crédits d’état consacrés à la prévention. Ceux-ci devraient être « sanctuarisés » au niveau des ARS sans possibilité de transfert aux soins. 3. Des ressources nouvelles pour la prévention pourraient être trouvées dans l’augmentation des taxes sur des produits nocifs pour la santé (tabac, alcool, aliments très sucrés, riches en graisses….) et dans une meilleure répartition des dépenses de santé. 4. Des actions impliquant les professionnels de santé mais aussi des acteurs psycho-sociaux, des représentants des réseaux spécialisés, des patients (associations). 5. L’évaluation des programmes proposés avant leur agrément mais surtout pendant leur déroulement (évaluation annuelle ou bisannuelle). 6. La nécessité de tenir compte de la situation sociale des populations concernées afin de ne pas creuser davantage l’accès à la prévention, comme l’accès aux soins, pour les populations défavorisées. Compte tenu de l’étendue du sujet, il a été décidé de traiter quelques questions fondamentales de la prévention sanitaire puis d’aborder plus particulièrement les questions relatives à certaines catégories spécifiques. C’est l’objet de ce premier rapport. Un second rapport concernera une catégorie particulière. En 2012-2013, l’actualité nous a conduit à choisir la prévention chez les adolescents, d’autres catégories pouvant être envisagées les années suivantes. De même des sujets importants comme la prévention des nuisances à l’environnement (pollutions des sols, de l’air, de l’eau. Perturbateurs endocriniens…) devront être abordés ultérieurement. 3 Dans les professionnels de santé ayant un rôle majeur dans le domaine de la prévention en santé, on cite habituellement les médecins, généralistes et spécialistes, ainsi que les pharmaciens d’officine. Mais il ne faut pas oublier les biologistes médicaux, médecins et pharmaciens, les vétérinaires, les chirurgiens dentistes par leur implication dans les problèmes liés à l’alimentation et à l’environnement. De même les professionnels dits paramédicaux très proches des patients sont concernés par le développement de la culture de prévention en santé. La composition du groupe de travail tient compte de ces considérations. Bibliographie Chaque chapitre de ce rapport comporte des éléments bibliographies mais la plupart figurent dans les contributions des membres du groupe de travail placés en annexe. Une base documentaire rassemble les principaux rapports récents sur la prévention en santé. *Groupe de travail : Membres de l’Académie nationale de Médecine : P. BÉGUÉ, E.-A. CABANIS, B. CHARPENTIER, C. DREUX (+ANPh) (Rapporteur), G. DUBOIS, J.-F DUHAMEL, A. FLAHAULT, M. HUGUIER, C. JAFFIOL, D. LECOMTE, J.-M. MANTZ, J.-F. MATTÉI, G. NICOLAS, R. NORDMANN, J.-P. OLIÉ, J. ROUËSSÉ, A. SAFAVIAN, B. SALLE, A. SPIRA, Y. TOUITOU (+ANPh), A. VACHERON. Membres de l’Académie nationale de Pharmacie : F. BLANCHET, F. CHAST, J.-G. GOBERT, F. TRIVIN, C. VIGNERON (+ANM), J.-L. WAUTIER. Membres de l’Académie Vétérinaire : H. BRUGÈRE, M. GIRARD (+ANM), J.-P. LAPLACE (+ANM). Avec l’aide du Cespharm (Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française) – Ordre des pharmaciens - dont l’objectif est l’implication des pharmaciens dans les domaines de la prévention, l’éducation à la Santé et l’éducation thérapeutique. 4 1. La prévention en médecine est un humanisme (J.-F Mattéi) Aborder le sujet de la « prévention », c’est accepter de rouler avec peine le rocher de Sisyphe vers le haut de la montagne pour le voir dévaler rapidement la pente sous l’effet de la seule gravité avant qu’il ne s’immobilise tout en bas. Comme si l’état naturel de la prévention la condamnait à fuir les sommets pour céder aux forces de l’inertie. Cette remarque concerne la prévention dans tous les domaines pour lesquels on la convoque, persuadé de son utilité. Qu’il s’agisse de la prévention en médecine, mais aussi des catastrophes naturelles, des famines, et bien d’autres encore. Paradoxalement, la prévention fait toujours recette aux chapitres des bonnes intentions, mais fait retraite devant la réalité. Les raisons en sont fort simples et ne manquent pas de désarçonner les meilleures volontés. D’abord, les règles budgétaires au motif qu’il est difficile au regard d’une dépense consentie d’apprécier les économies engendrées et surtout d’en connaître le délai. Ensuite, les usages politiques, car c’est rarement celui qui investit dans la prévention qui peut en tirer les bénéfices au bout d’un terme différé. Devant les électeurs, il est plus facile de montrer la construction d’une route ou d’un équipement public d’importance que de se prévaloir d’une campagne de prévention car celle-ci donne des résultats qui, le plus souvent, ne se voient pas malgré toutes les études épidémiologiques du monde. Enfin, il faut considérer que, dans notre société individualiste, l’aspect collectif, voire contraignant, d’une politique de prévention suscite des oppositions liées à l’exigence des libertés individuelles : « Ma liberté d’abord ! ». D’abord, toute une série de drames qui ont affecté la confiance que l’opinion publique pouvait nourrir à l’égard des médecins, du fait de déviances, de contradictions, voire d’erreurs. Ainsi, les expériences nazies pendant la seconde guerre mondiale ont révélé que la médecine pouvait aussi ne pas respecter l’Homme. Les désaccords des scientifiques mis au grand jour à l’occasion de la Conférence de Rio en 1992 (Appel et contre-appels d’Heidelberg) ont posé la question de la vérité scientifique. Les drames de santé publique comme les affaires du sang contaminé ou de l’hormone de croissance et d’autres, ont incité les citoyens à se montrer plus attentifs à la sauvegarde de leur propre sécurité. Les médecins pouvaient se tromper et/ou ne pas toujours dire la vérité ! Ensuite, la recherche du moindre risque à tout prix. L’avènement progressif du mythe du risque zéro a même conduit à inventer la notion de « l’aléa thérapeutique » et à constitutionnaliser « le principe de précaution ». Désormais, à côté du POUVOIR politique et du SAVOIR scientifique, s’impose le VOULOIR des citoyens. Ils veulent participer aux décisions et, pourquoi pas, aux choix politiques. Qu’y-a-t-il d’ailleurs d’anormal à cela ? Dès lors se sont multipliées les associations désireuses de se faire entendre et apporter la contradiction selon leurs propres convictions. Y compris la contradiction entre elles, d’ailleurs. Face à cette situation, quelques évidences s’imposent. D’abord, la prévention est manifestement mal comprise, sans doute les enjeux en sont-ils mal expliqués. Elle est certainement par trop banalisée tant il est vrai qu’elle envahit les médias à tout propos, l’obésité ou la maigreur, le cholestérol et les sucres, le tabac et l’alcool, le sida et la ceinture de sécurité…. Après avoir conquis de haute lutte le principe de laïcité et repoussé les dix commandements divins, voilà que la prévention prend la place et semble vouloir dicter la conduite quotidienne de tout un chacun : « Jamais ne grignoteras, De fumer t’abstiendras, A trente minutes d’exercice quotidien te soumettras, A la vaccination tu souscriras, etc…. etc…. » Et certains de répondre : « Et la liberté dans uploads/Sante/ dreuxrapport-culture-de-prevention-en-sante.pdf

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  • Publié le Nov 06, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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