CN D FRACTURE DE FATIGUE Par Paule Nathan Fiche Santé Novembre 2014 Centre nati

CN D FRACTURE DE FATIGUE Par Paule Nathan Fiche Santé Novembre 2014 Centre national de la danse Ressources professionnelles +33 (0)1 41 839 839 ressources@cnd.fr cnd.fr 2 Dans le cadre de sa mission d’information et d’accompagnement du secteur chorégraphique, le CN D appréhende la santé comme une question faisant partie intégrante de la pratique professionnelle du danseur. À ce titre, il propose une information orientée autour de la prévention et de la sensibilisation déclinée sous forme de fiches pratiques. Cette collection santé s’articule autour de trois thématiques : nutrition, techniques corporelles ou somatiques et thérapies. Le CN D a sollicité des spécialistes de chacun de ces domaines pour la conception et la rédaction de ces fiches. Sommaire Qu’appelle-t-on fracture de fatigue ? 3 Quelles sont les causes des fractures de fatigue ? 3 Quels sont les danseurs à risque ? 4 Quels sont les facteurs impliqués dans les fractures de fatigue ? 5 Quels sont les facteurs qui doivent orienter vers une la possibilité de survenue de fracture de fatigue ? 6 Quelle est la correction diététique ? 7 Les conseils d’entraînement 9 Conclusion 9 Annexes 10 Bibliographie 13 Cette fiche a été réalisée pour le département Ressources professionnelles par Paule Nathan, médecin spécialiste en endocrinologie, nutrition, diabète et médecine du sport, en juillet 2009. Mise à jour en novembre 2014. 3 La fracture de fatigue Les fractures de fatigue (dites encore de stress) sont relativement fréquentes chez les danseurs, surtout les danseuses, dès le plus jeune âge. Elles sont surtout notées dans les activités sportives à forte composante esthétique comme la danse ou le patinage artistique. Ces fractures sont en rapport avec des erreurs d’entraînement associées à un surentraînement pour des enfants, adolescents et jeunes adultes qui mobilisent fortement leur corps en pleine croissance. Mais surtout, elles sont à rapprocher des particularités diététiques et hormonales de la jeune danseuse. Les fractures de fatigue peuvent être le stade ultime de carences et révèlent une ostéopénie, voire une ostéoporose qu’il serait bon de prévenir et de dépister avant leur apparition. Qu’appelle-t-on fracture de fatigue ? La fracture de fatigue n’est pas une vraie fracture. Elle consiste en une modification localisée de la structure osseuse, provoquée par une activité physique intense et inhabituelle. Elle est la résultante d’importantes sollicitations répétées de la structure osseuse responsable d’une fragilité de l’os. Elle apparaît sur un os sain, sans traumatisme évident, surtout chez les adolescents, et peut toucher tous les os. Chez les danseurs, elle survient plus fréquemment au niveau des membres inférieurs et des pieds du fait de la sollicitation soutenue et répétée des jambes. Les douleurs surviennent exclusivement lors de la pratique du sport et disparaissent au repos. Mais au cours du temps, elles deviennent permanentes et peuvent être à l’origine de vraies fractures. Quelles sont les causes des fractures de fatigue ? La fracture de fatigue du danseur peut être rapportée presque exclusivement au surentraînement, à la nature du sol et à un mauvais positionnement des membres. Chez la danseuse, elle peut être rattachée à des facteurs surajoutés comme les troubles alimentaires et les carences hormonales. 4 L’apparition d’une fracture de fatigue nécessite de réaliser un bilan médical pour rechercher d’éventuelles anomalies à l’origine de sa formation. Si les fractures de fatigue ont été étudiées surtout chez la fille, elles peuvent survenir aussi chez le garçon du fait de carences nutritionnelles et d’une insuffisance de production de testostérone. Quels sont les danseurs à risque ? La danseuse classique La danseuse doit se situer dans la zone pondérale de maigreur, avec une adiposité faible, pour répondre au standard de silhouette requise surtout pour les danseuses classiques. Une silhouette idéale exige un BMI se situant entre 18,5 et 19 (voir annexes). Maigre constitutionnelle et apparentée à une famille de maigre, une jeune danseuse ne sera pas confrontée à la lutte contre les kilos. Mais si elle est née avec un capital génétique défavorable parce qu’issue d’une famille avec des membres en surpoids, elle devra le plus souvent se soumettre dès le plus jeune âge à des régimes draconiens pour acquérir ou garder cette ligne « archimaigre ». La restriction et le contrôle volontaire de l’alimentation seront plus marqués, surtout au moment de l’adolescence où la mise en place de l’équilibre hormonal donne une silhouette un peu adipeuse. Les jeunes danseurs (filles ou garçons) qui mangent peu Les contraintes d’horaires, le stress qui coupe la faim, la nécessité de faire soi-même ses courses du fait de l’éloignement de la famille, le manque de moyens financiers pour assurer une bonne alimentation font que bon nombre de jeunes danseurs mangent peu. Ils peuvent avoir des apports nutritionnels très inférieurs aux apports nécessaires aux besoins de leur organisme en croissance, besoins qui sont de plus additionnés aux besoins énergétiques liés à la pratique intensive d’un sport, ici la danse. Ceux qui souffrent d’anorexie mentale Elles surviennent surtout chez la fille, mais peuvent aussi se voir chez les garçons. Les enfants et les jeunes filles qui présentent une anorexie mentale imposent à leur organisme des carences graves en éléments essentiels à l’édification et à l’entretien du tissu osseux. Les carences néfastes à l’os concernent les nutriments, notamment les protéines (élément de structure de la masse osseuse), les vitamines essentiellement la vitamine D et les minéraux comme le calcium et le phosphore. Des modifications hormonales peuvent ajouter un effet néfaste : la baisse de la T3 (hormone thyroïdienne) et de l’IGF-1 (hormone de croissance) et l’augmentation de la cortisolémie (hormone surrénalienne) notées dans les anorexies exercent sur la masse osseuse un effet délétère supplémentaire. 5 Quels sont les facteurs impliqués dans les fractures de fatigue ? Plusieurs facteurs sont impliqués dans l’apparition des fractures de fatigue : l’insuffisance de poids, la restriction alimentaire, le surentraînement et le stress. Ils sont intriqués entre eux et, ensemble, sont des perturbateurs de la fonction endocrinienne. Les facteurs qui font chuter la production d’œstrogènes Les œstrogènes, hormones féminines, sont nécessaires à la féminisation et à l’apparition des cycles menstruels. Elles ont aussi un rôle très important dans le développement osseux, le renouvellement et la consolidation des os. La production des oestrogènes au moment de la puberté est responsable de la poussée staturale. Ainsi, une carence en oestrogènes à ce moment- là retentit directement, avec une intensité variable, sur le développement osseux. Trois facteurs influencent la production des œstrogènes en l’abaissant : un entraînement intensif, une masse grasse trop faible et le stress psychologique. C’est l’absence ou l’espacement des menstruations qui orientent vers ces troubles. La pratique intensive de la danse Chez les danseuses pratiquant une activité régulière et sans excès, les carences sont rares et les règles sont régulières. Par contre chez les danseuses de haut niveau dont l’activité est plus importante, on note une fréquence élevée des troubles des règles. Chez certaines danseuses bien réglées, l’augmentation de la pratique de la danse peut être à l’origine d’un arrêt des règles, réversible lorsque l’intensité de l’effort baisse. Une masse grasse trop faible Les adolescentes présentant des modifications des règles sont le plus souvent des jeunes filles qui présentent une insuffisance pondérale. En effet, pour maintenir un taux d’imprégnation suffisant de 17B œstradiol (forme active des œstrogènes), il faut une masse grasse suffisante. Car celui-ci provient d’un précurseur qui, une fois secrété par les ovaires, doit être activé dans les cellules du tissu adipeux (le tissu gras). Lorsque la masse grasse descend au-dessous d’un certain volume, elle ne peut assurer cette transformation ; il se produit donc une insuffisance en œstrogènes et par conséquence, une absence de règles ou d’ovulation. Ces troubles peuvent survenir chez des danseuses qui ont un faible poids constitutionnel, elle sont nées maigres et le resteront. Il peut apparaître à l’occasion de pertes de poids qui font chuter le taux des œstrogènes dans le sang. La modification hormonale est renforcée par le stress. Le climat hormonal de carence qui en résulte peut être assimilé à une ménopause dont le principal facteur de risque est la raréfaction de la trame osseuse et de l’os cortical qui ont des effets néfastes à moyen et long terme. 6 Le stress psychologique Les agressions quelles qu’elles soient peuvent provoquer, via la sécrétion d’hormones produites par les surrénales, comme les catécholamines, un déséquilibre du cycle menstruel en modifiant l’équilibre de la sécrétion des hormones de l’hypophyse, glande centrale de régulation des systèmes hormonaux. C’est par ce phénomène que les stress prolongés sur plusieurs jours ou plusieurs semaines sont à l’origine du blocage de l’ovulation et des sécrétions ovariennes. Le stress aigu n’a pas la même influence, il est plutôt facilitateur puisqu’une émotion peut déclencher une ovulation. Ces aménorrhées ne sont pas permanentes, elles peuvent régresser lorsque le stress est moins présent. Il est fréquent de constater que les danseuses ont leurs règles pendant les vacances ou lors d’un arrêt de la danse de deux à trois mois. Les carences alimentaires qui fragilisent la structure osseuse – Des apports en protéines faibles. Les protéines sont à la base de l’édification des os ; – Une carence en uploads/Sante/ fracture-fatigue-cnd.pdf

  • 20
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Sep 29, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.3089MB