Introduction aux Neurosciences Comportementales 1 (UE 2 de Licence de Psycholog

Introduction aux Neurosciences Comportementales 1 (UE 2 de Licence de Psychologie) ( mise à jour le mardi 06 novembre 2001) Vos remarques, questions à l'enseignant : Alain Lenoir Attention, ce texte est réservé pour les étudiants de licence à leur usage personnel. Il ne remplace pas le cours mais le complète! Toute autre utilisation sans autorisation est interdite! Plan du cours : Définitions I. Historique II. Mise en évidence des relations psychologique / physiologique III. Principaux domaines des neurosciences IV. Quelques applications V. Le système de récompense du cerveau (modifications du 6 nov 01) New Bibliographie Ce qu'il faut savoir ... New (La défaite de Platon, 1995) Annexes (pour plus de lectures) : Génétique et agressivité La neurobiologie vue par Claude Allègre Remarque : les mots en couleur renvoient à une info-bulle quand on pointe dessus sans cliquer rose Pour introduire ce cours je raconterai une légende indienne, le dilemme de Sita : Sita est mariée à un riche marchand opulent mais elle est aussi amoureuse du forgeron, beau jeune homme. Les deux hommes qui sont les meilleurs amis ne se cachent rien et dans le désespoir décident de se trancher le cou. Sita découvre le massacre et implore la déesse Kâlî de leur redonner vie. La déesse lui ordonne de remettre en place les têtes des deux jeunes hommes, ce qu’elle fait mais elle se trompe... Quand ils sont ressuscités lequel est le mari, lequel est l’amant ? Ce dilemme illustre bien le problème des relations psychisme / corps. En fait la tête et le corps contribuent tous les deux à la personnalité de manière indissociable. Dans ce cours, il y a beaucoup de vocabulaire scientifique. Les mots ont leur importance et ont une définition précise même si cela peut paraître pédant comme le dit Jean-Marie Pelt : « » (J.-M. Pelt, , Fayard 1998, p. 34). Pourtant il faut faire l’effort d’apprendre la signification précise des termes utilisés. Chaque discipline a son objet, sa méthode, mais aussi ses rites et ses tics. Son vocabulaire est volontiers abscons pour des spécialistes des disciplines voisines Plantes et aliments transgéniques DÉFINITIONS Si l’étude du cerveau est ancienne, le mot est récent, il date des années 70. Il désigne l’ensemble des disciplines scientifiques et médicales étudiant le système nerveux (incluant la et la selon la terminologie de l’Union Européenne). Les chercheurs sont des . neurosciences psychiatrie psychologie clinique neuroscientifiques Les divers niveaux d’analyse du cerveau peuvent être définis par ordre croissant de complexité : moléculaire, cellulaire, intégré (systèmes), comportemental et cognitif. : étude des différentes molécules qui permettent le fonctionnement cérébral, par exemple les messagers permettant les communications entre neurones, les molécules qui contrôlent les entrées et sorties, les substances de croissance du neurone... Neurobiologie moléculaire : étude des propriétés du neurone, de son développement... Neurobiologie cellulaire : étude des systèmes neuroniques qui forment des ensembles particuliers, comme les systèmes sensoriels, ou le système moteur. Ces circuits permettent la réception des informations sensorielles, leur analyse, ou aussi décident et ordonnent les mouvements. Neurosciences intégrées : elles correspondent à un niveau d’étude plus global, la recherche des bases biologiques des comportements. On citera quelques exemples de questions posées par les neurosciences comportementales : - le rôle des systèmes neuroniques dans l’élaboration de comportements intégrés, Neurosciences comportementales - les bases neurobiologiques de la mémoire, - les modes d’action des drogues qui modifient l’humeur, le psychisme, les comportements, - la formation des rêves. Auparavant on parlait de ou de : étude des bases physiologiques du psychisme. C’est ainsi que le programme de la licence de psychologie comprenait jusqu’à la réforme de 1994 la psychologie physiologique, remplacée maintenant par les neurosciences comportementales. Psychophysiologie Psychologie physiologique Il y a donc une double approche : - qui recherche les bases biologiques des comportements ( est le titre du nouveau livre de Rosenzweig); - : étude du fonctionnement mental, du psychisme. psychobiologique Psychobiologie psychologique : étude des mécanismes neuronaux des activités mentales comme le langage, les représentations mentales, la conscience, ou en termes plus généraux les relations entre cerveau et pensée. Elles font partie des , incluant la psychologie cognitive, l’intelligence artificielle et la robotique. Neurosciences cognitives sciences cognitives Les neurosciences ont effectué des progrès extraordinaires depuis une quinzaine d’années comme en témoigne le Prix Nobel de Médecine attribué en octobre 2000 à trois spécialistes de ce domaine. Retour en début de cours I. HISTORIQUE 1. Localisations cérébrales Le cerveau n’était pas considéré comme un organe important, c’était plutôt le cœur, mais pas toujours. Ainsi (il y a 3300 ans) avait-il dans son tombeau des jarres contenant son estomac, le foie, les poumons et les intestins mais pas le cerveau qui a été jeté pour l’embaumement. Toutânkhamon Jusqu’à la renaissance il était interdit sous peine d’excommunication de disséquer le corps humain, à cette époque l’observation anatomique reprend et les principales parties du cerveau sont nommées (voir par ex. Vésale, 1543). A cette période le fonctionnement cérébral est interprété selon un modèle hydraulique ou « pneumatique ». Le support matériel des processus psychiques est considéré comme étant constitué par le liquide des cavités cérébrales qui circule le long des nerfs. [Ne pas confondre la craniologie avec l’anthropométrie qui a pour but de mesurer les diverses parties du corps humain, ni avec la morphopsychologie «étude des correspondances entre la psychologie et les types ou prédominances morphologiques chez l’homme »] Avec et ses animaux machines du 17ème siècle, la vision mécaniste du fonctionnement cérébral commence à voir le jour, elle prend son essor avec la de Gall : (de : intelligence en grec) encore appelée . Descartes Phrénologie Étude du caractère et des facultés dominantes d’après la forme du crâne Phrénos craniologie Pour c’est le cortex qui est fondamental, et il assigne à chacune des facultés humaines un localisation particulière. Gall établit une carte topographique du crâne en supposant que celui-ci est le reflet de la surface cérébrale. En collectionnant les crânes d’hommes célèbres et de criminels ou de malades mentaux il élabore la phrénologie qui permet par un simple examen des reliefs de la boîte crânienne l’analyse de 35 fonctions intellectuelles comme l’intelligence, l’agressivité, l’espoir, la confiance, le patriotisme, l’instinct du foyer, l’aptitude au vol, etc. Gall Voir aussi à Saché dans le château de Balzac une gravure de 1896 intitulée « Le cranioscope phrénologiscope ». Dans le même temps, certains médecins comme développent des théories opposées, considérant que les propriétés du cerveau sont basées sur sa globalité, sans localisations anatomiques précises. Il est frappant de constater que le caractère hautement spéculatif des idées de Gall n’a pas empêché leur succès et leur utilisation jusqu’au milieu du 19 siècle. Il en reste des traces puisque l’on parle encore de la bosse des maths ! Flourens ème C’est qui en 1861 allait apporter la confirmation partielle des hypothèses de Gall, avec l’étude anatomique post-mortem de certains patients, en particulier Monsieur "Tan-Tan". Celui-ci comprend le sens des mots mais ne peut répéter qu'une seule syllabe "Tan" agrémentée de "Sacré nom de Dieu". A la dissection du cerveau de ce patient, il découvre une partie entre le sourcil et la tempe gauche qui est lésée (lobe frontal) et correspond donc à la prononciation des mots. Le centre du langage (maintenant appelé aire de Broca) est situé dans l’hémisphère gauche et sa lésion provoque une motrice (le patient parle un charabia incompréhensible, mais il comprend ce qu’on lui dit). Broca aphasie Les thèses localisationnistes devaient par la suite être largement confirmées, avec par exemple un autre centre du langage, celui de la compréhension cette fois. Peu après Broca, l'allemand Carl Wernicke (1848-1905) identifie une seconde zone (cette fois temporo-pariétale) impliquée dans le langage avec un malade qui est incapable de comprendre le sens des mots et énonce des phrases sans signification (par ex "Boutique à manger rue sur un chandelier de cuivre ou bien"). On parle depuis de l’aphasie de Wernicke : langage volubile avec des mots mais pas de phrases compréhensibles. On connaît au niveau du cortex les aires des systèmes sensoriels, des aires d’association, les aires motrices. Au niveau sous-cortical on a localisé les zones de relais afférentes sensorielles et motrices. La parcellisation s’accroît, on connaît 32 zones dans le cortex visuel. Des lésions de l’aire V4 à l’avant du cortex occipital provoquent une (pas de vision des couleurs). En réalité les processus complexes ne sont pas seulement localisés mais répartis en systèmes qui interagissent. Le système visuel comprend 12 étages successifs et 187 connexions entre toutes ces aires visuelles ! La neurophysiologie est interactionniste. achromatopsie On vient par exemple de découvrir que les aires visuelles (occipitale) et du toucher (pariétale) sont connectées et que les aveugles de naissance ont une aire occipitale qui est activée lors de lecture en braille. Si on inactive le cortex occipital de ces aveugles, ils font beaucoup de fautes à la lecture en braille. "Voir avec les doigts" aurait une base biologique et on peut imaginer que ces aveugles réalisent de véritables images mentales. Il en est de même pour les sourds qui « lisent » le uploads/Sante/ introduction-aux-neurosciences-comportementales.pdf

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  • Publié le Dec 27, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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