Lettre ouverte à M. Olivier Véran, de parents d’élèves de l’école de son enfanc

Lettre ouverte à M. Olivier Véran, de parents d’élèves de l’école de son enfance, l’école René Cassin, à Gières Gières, le 9 janvier 2022 Monsieur Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la Santé, Vous avez récemment fait référence au stade de foot de la ville de votre enfance, Gières, près de Grenoble. Nous sommes des parents d’écoliers giérois, et peut-être qu’entendre les mots « René Cassin Gières », l’école de votre enfance, vous fera prendre quelques minutes pour vous attarder sur la situation des petits écoliers français et de leurs familles en ce moment ? Nous l’espérons. Cette semaine, 8 classes sur les 14 que comportent l’école de votre enfance ont été identifiées comme classes « cas contact », ce qui signifie autant d’enfants à qui on a demandé de ne revenir qu’avec un test PCR ou antigénique négatif. A qui on a demandé 3 tests en tout dans les jours qui suivent. A Gières, il y a plusieurs jours voire une semaine d’attente pour obtenir un rendez-vous au laboratoire pour une PCR ou un test antigénique. Les parents doivent alors écumer les pharmacies et laboratoires alentours, passer des heures au téléphone à la recherche d’un rendez-vous, ou faire des heures de queue avec leurs jeunes enfants, pour espérer obtenir ce sésame et qu’ils puissent retourner à l’école. Simplement retourner à l’école, ce lieu essentiel pour les apprentissages, tant du point de vue des connaissances que de la socialisation. L’immense majorité des enfants testés à J0 sont négatifs, et l’immense majorité de ceux qui ne peuvent retourner à l’école faute d’avoir un test en sont donc privés pour rien. Les écoliers ont tous un masque en classe, en récréation même en plein air, en sport, à tous les moments de leur vie d’écolier, ce qui est extrêmement lourd. Malgré cela, tous doivent être testés à chaque cas positif dans une classe, y compris ceux qui n’ont jamais retiré leur masque en présence de leurs camarades ? Maintenir les écoles ouvertes est une priorité pour le gouvernement, et nous partageons cette nécessité de laisser ouvert ce haut lieu de la vie d’un enfant. Mais à quel prix avec le protocole actuel ? A quel prix pour nos enfants ? A quel prix pour les familles ? Celui d’une anxiété permanente, d’un stress à chaque email de l’école reçu qui apporte la mauvaise nouvelle, celui de pleurs d’enfants lors de la réalisation des prélèvements nasopharyngés (nécessaires pour les tests antigéniques, les seuls avec résultat quasi immédiat permettant un retour rapide en classe), celui d’heures de queue dans les files d’attentes, autant d’heures perdues en famille ou à l’école. Celui d’un parcours scolaire en pointillés, au rythme des fermetures de classes ou journées à chercher un test… Et ceci répété plusieurs fois par semaine pour les familles qui ont plusieurs enfants. Et ceci pouvant se reproduire chaque semaine pour un enfant, s’il y a un nouveau cas positif dans la classe la semaine suivante. C’est un épuisement psychique pour tous, et d’une grande violence au quotidien pour les enfants et leurs familles. Nous constatons également que les familles les plus vulnérables sont les plus en difficulté pour effectuer ces tests (barrières de la langue, de l’écriture et lecture, pour la prise de rendez-vous, ou pour les multiples documents à lire ou compléter …), et que ce sont les enfants les plus vulnérables, qui sont les plus touchés par l’impossibilité de retour à l’école faute de tests, ce qui est dramatique quand on doit au contraire rechercher l’égalité des chances. En tant que ministre des solidarités, ce point devrait vous interpeller. A Gières, une belle solidarité s’est justement spontanément mise en place et des parents d’élèves de professions médicale habilités à tester ont mis en place avec l’aide de l’école et de la commune des créneaux de tests « au pied levé » pour justement permettre le retour à l’école de tous les enfants négatifs, pour les familles qui n’avaient pas trouvé de moyen de faire tester leurs enfants. En une semaine, une centaine d’enfants ont été testés, et un seul était positif. C’est presque une centaine d’enfants qui seraient restés - pour rien, car négatifs- à la maison au lieu d’aller à l’école. Il va de soi que cette mobilisation, en heures de travail supplémentaire en sus de leur activité habituelle pour les professionnels, en bénévolat pour les parents qui aident à l’organisation, ne pourra tenir dans la durée et endiguer la vague immense d’enfants à tester qu’entraîne ce protocole. Vous êtes Ministre de la Santé, et la définition de la santé, selon l’OMS, est celle-ci : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » Nous sommes actuellement très loin de cet état de complet bien-être mental et social pour nos enfants, lesquels, lorsqu’ils sont contaminés, sont majoritairement asymptomatiques ou faisant des formes légères. Ce protocole ne prend pas en compte la santé de l’enfant dans sa globalité (son bien être mental, et social) et semble disproportionné au regard du peu d’enfants qui sont positifs à J0 à la suite d’un contact au sein d’une classe. Si l’objectif était de freiner la propagation du virus et évincer les élèves positifs, tout en maintenant l’école ouverte, alors il faudrait soit s’assurer d’avoir un système de tests opérationnel permettant le retour à l’école dès le lendemain, soit que l’éducation nationale fournisse directement des autotests aux familles lorsqu’une classe est « cas contact ». Le système de dépistage actuel français n’est pas à la hauteur des attentes du protocole. Si l’objectif premier est de maintenir l’école ouverte, dans un contexte de forte circulation du variant omicron, sans contraindre les enfants à effectuer plusieurs tests par semaine, alors il faudrait probablement revenir à une gestion classique des maladies en milieu scolaire (éviction si enfant fébrile ou symptomatique). Plutôt que de cibler les enfants très contraints par les mesures actuelles, il conviendrait alors de mieux cibler et protéger les populations fragiles et à risque, comme les plus âgées, ainsi que s’occuper réellement de renforcer l’hôpital et le système de soins, que votre gouvernement et les précédents n’ont cessé d’affaiblir ces dernières années, y compris depuis l’arrivée de la Covid-19. Ainsi Monsieur Véran, nous souhaitons que vous soyez réellement ministre de la santé, qui n’est pas uniquement l’absence de maladie, et qui prend en compte également la santé psychique et le bien être mental et social. Nous souhaitons que vous réfléchissiez aussi à hauteur d’enfant, de cet enfant que vous étiez sur les bancs de l’école René Cassin que fréquentent aujourd’hui nos propres enfants. Des parents d’élèves de l’école René Cassin de Gières (premières signatures) : Emilie ANTONOFF, Julie ARROYO, Anne-Sophie BALME, Aurélie BERGEZ, Delphine BIETH, Christophe BODECHER, Roxane BOUTELOUP, Grégory BOUTELOUP, Sébastien BOUTELOUP, Claire CAGNON, Noémie CASSERA, Isabelle CASILE, Nathalie CAROFF, Tristan CAROFF, Anne-Laure CARRIER, Marion CARRIER, Elsa CHAL, Anne CHAPUIS, Fanny CHARRON, Frédérique CLATOT, Antoine CLERC, Armelle COTTRANT, Chloé D’ANGELO, Justine DE LOUBENS, Clément DE LOUBENS, Eliette DE PALMA, Michael DE PALMA, DI IORIO Lucia, Florent DUBOEUF, Priscillia FERNANDES, Marie-Laure FRAISSE, Rémi FRAISSE, Frédéric GALMICHE, Christine GAMET, Nicolas GAST, Audrey GEROME ROSALES, Swan GEROME, Amandine GIERCZAK, Dominique GOLANSKI, Sabrina GRANATA, Pierre GRANATA, Albane GRAVIL, Marie-Anne GUERIN, Matthieu GUIMEZANES, Laure GUIMEZANES, Marianne GUIVIER, Aurélie JACQUET, Xuan-Linh LABBE, Jean-Luc LACROIX, Pauline LE BRUN, Soazig LEFORESTIER, Jérôme LIGNY, Emmanuelle LOPEZ, Lola MALVOISIN, Benjamin MALVOISIN, Benoit MANSOUX, Florent MARTIN-VIGNERTE, Lucile MAZUEL, Cécile MENDEZ, Karine MERCIER, Nadège MICHELI, Florian MOCELLIN, Laetitia MOCELLIN, Gita MOOTOOSAMY, Ségolène NAVILLE, Nicolas NAVILLE, Grégory PORRAL, Mathilde RADIGUET, Mickaël REYNAUD, Marie-Caroline RIEL, Nicolas TETI, Elsa TRUC-VALLET, Thomas VUILLET uploads/Sante/ lettre-ouverte-parents-gieres-o-veran.pdf

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  • Publié le Apv 29, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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