SWISS DENTAL JOURNAL VOL 124 3/2014 LIGNES DIRECTRICES RELATIVES À LA QUALITÉ 3
SWISS DENTAL JOURNAL VOL 124 3/2014 LIGNES DIRECTRICES RELATIVES À LA QUALITÉ 379 1. Principes de base et critères d’évaluation La parodontologie traite de la structure et de la fonction des tissus de soutien de la dent, y compris les tissus de soutien des implants oraux. Elle comprend les me- sures diagnostiques et thérapeutiques vi- sant à prévenir et à traiter les maladies du parodonte et des tissus péri-implantaires. Elle inclut également les soins à long terme du patient dans le but de prévenir les réinfections. Provoquée par des bactéries, la paro- dontite est une maladie inflammatoire chronique locale qui détruit progressive- ment les tissus de soutien de la dent (le système des fibres parodontales et l’os alvéolaire). La parodontite est très répan- due, puisque les formes légères à modé- rées de cette maladie affectent environ 50% de la population. Quant aux formes sévères, elles concernent entre 5 et 15% de la population générale. Chez l’adulte, la parodontite est une cause majeure de la perte de dents. La parodontite peut affec- ter la santé générale et peut être liée à des maladies systémiques telles que le diabète et les maladies cardio-vasculaires. La forme de loin la plus répandue de cette affection est la parodontite chro- nique (CP , Chronic Periodontitis). Sur le plan clinique, elle se manifeste principa- lement dans la seconde période de la vie; elle était donc appelée autrefois paro dontite de l’adulte. Il existe des formes plus rares: la parodontite agressive (AgP , Aggressive Periodontitis), la parodontite en tant que manifestation d’une maladie systémique, et les parodontites nécro- santes (gingivite ulcéro-nécrotique, GUN; parodontite ulcéro-nécrotique, PUN). La parodontite agressive localisée (AgP localisée), appelée aussi parodontite juvénile, affecte principalement les pre- mières molaires et les incisives. En Suisse, la parodontite juvénile est diagnostiquée approximativement chez un adolescent sur mille à l’âge de 18 ans. Les tissus entourant les implants oraux peuvent aussi présenter des atteintes analogues à la parodontite. L ’inflamma- tion superficielle de la muqueuse est ap- pelée mucosite péri-implantaire, alors que l’atteinte des couches plus profondes accompagnée de perte osseuse est appe- lée péri-implantite. Bien que différents facteurs acquis ou héréditaires aient été associés à l’appari- tion et à la progression des maladies parodontales et des infections péri-im- plantaires, l’accumulation de grandes quantités de bactéries sur les surfaces dentaires et implantaires est considérée comme la cause principale de ces affec- tions. Du point de vue microbiologique, ces dépôts sont des biofilms de structure complexe, appelés «plaque». L ’inflam- mation locale de la gencive ou de la mu- queuse induite par la plaque est consi dérée comme la base du développement de la parodontite ou de la péri-implan- tite. Pour prévenir ces maladies, il est donc d’une importance cruciale de s’op- poser à la formation de ces dépôts bacté- riens structurés. Le tabagisme augmente le risque de parodontite et de péri-im- plantite, et influence le degré de gravité de ces deux maladies. Le sevrage taba- gique est donc également un élément important pour prévenir les maladies parodontales et péri-implantaires. Le traitement de ces affections est indiqué lorsque les tissus présentent des signes d’inflammation. L ’objectif princi- pal est de supprimer l’infection bacté- rienne par l’élimination complète de tous les dépôts bactériens et de leurs sites de rétention. Ce traitement causal, destiné à rétablir de bonnes conditions d’hygiène buccale, aisées à entretenir, est basé non seulement sur les prestations du théra- peute, mais dépend aussi dans une très large mesure de la participation active du patient. L ’apprentissage d’une méthode de nettoyage efficace, permettant au patient de prévenir à long terme la for- mation de nouveaux dépôts de plaque sur toutes les surfaces dures de la cavité orale, est une partie intégrante du traite- ment des affections parodontales et des péri- implantites. Le nettoyage méca- nique professionnel de toutes les surfaces dentaires affectées, avec détartrage et surfaçage radiculaire, peut être suffisant pour initier la guérison des tissus paro- dontaux. Mais bien souvent, d’autres mesures sont indiquées, notamment l’administration d’antibiotiques par voie systémique et/ou des interventions chirurgicales. La stabilité à long terme des résultats thérapeutiques obtenus dépend des trois facteurs-clés suivants: le patient a une bonne hygiène bucco-dentaire, il bénéficie d’un suivi professionnel régulier et il ne fume pas. Le soutien professionnel du patient par le médecin-dentiste, l’hy- giéniste dentaire et le personnel de pré- vention est essentiel. Diagnostic L ’examen parodontal a deux objectifs: • Dans la population: l’identification des personnes nécessitant un traitement (maladie déclarée ou risque accru de maladie). • Chez les personnes nécessitant un trai- tement: acquérir les informations né- cessaires pour planifier un traitement individuel optimal, le mettre en œuvre et vérifier les progrès obtenus. Les signes cliniques primaires définissant la parodontite et la péri-implantite sont les suivants: formation de poches paro- dontales, inflammation locale (saigne- ment et/ou exsudat purulent, principale- ment au sondage) et perte des tissus de soutien de la dent ou de l’implant (sys- tème de fibres parodontales, os alvéolaire ou os maxillaire). Des récessions gingi- vales peuvent être présentes, ainsi qu’une mobilité accrue ou des modifications de position des dents. Le diagnostic diffé- Parodontologie En 2005, la SSO a publié la deuxième édition revue des directives de qualité en médecine dentaire. Depuis lors, un certain nombre de changements sont déjà intervenus en raison de l’accroissement exponentiel des connaissances en médecine dentaire. En consé- quence, les techniques, les matériaux et parfois même les concepts thérapeutiques sont sujets à modifications. Pour que le praticien privé puisse garder une vue d’ensemble sur cette évolution, les associations professionnelles concernées nous présentent les normes de qualité actuellement en vigueur. SWISS DENTAL JOURNAL VOL 124 3/2014 LIGNES DIRECTRICES RELATIVES À LA QUALITÉ 380 rentiel nécessite de plus amples informa- tions. Il s’agit notamment des informa- tions issues des antécédents médicaux (maladies, traitements, médicaments), de l’anamnèse médico-dentaire (traite- ments antérieurs, évolution subjective), des antécédents familiaux (présence de la maladie chez d’autres membres de la famille) et des données relatives à la vita- lité des dents. Examen parodontal de base (EPB) L ’EPB est destiné à mettre en évidence la nécessité d’un traitement parodontal et permettra, le cas échéant, de définir les mesures diagnostiques supplémentaires à utiliser. L ’EPB est réalisé avec une sonde parodontale graduée dont le dia- mètre de pointe est de 0,4 à 0,5 mm. Chaque dent et chaque implant dentaire est sondé en deux endroits, et l’on ré- pertorie exclusivement les dents ou les implants avec des profondeurs de poches parodontales supérieures à 4 mm, ou en présence d’un exsudat purulent au son- dage. Les atteintes de furcation impor- tantes sont également enregistrées, de même que toute anomalie clinique mise en évidence lors de cet examen, par exemple une augmentation nette de la mobilité de la dent ou des problèmes muco-gingivaux. L ’EPB fait partie de l’examen médico- dentaire général de routine. Les radiographies en bite-wing et les autres radiographies devraient toujours être inspectées à la recherche de signes de perte de l’os marginal. Status parodontal Lorsque l’EPB indique la nécessité d’un traitement, un status parodontal complet est réalisé afin d’obtenir tous les rensei- gnements nécessaires pour planifier et mener à bien un traitement individuel optimal. Ces données représentent aussi la condition sine qua non pour l’évalua- tion ultérieure de la réussite du traite- ment. L ’enregistrement du statut parodontal est effectué sur la base des mesures réali- sées à l’aide d’une sonde graduée. La pro fondeur de sondage est mesurée et enregistrée au moins en quatre points pour les dents monoradiculaires et les implants, et en six points pour les mo- laires. Puis l’on enregistre les saigne- ments au sondage (Bleeding on Probing, BOP), les exsudations purulentes éven- tuelles et la mobilité de la dent. Pour les dents pluriradiculées, l’entrée des furcations est sondée, et l’atteinte de furcation est documentée. Le statut clinique est complété par un examen radiologique sélectif. Il est souhaitable de disposer d’une radiographie de chaque dent ou implant présentant des signes cliniques d’un état pathologique ou dont le statut n’est pas clair (par exemple test de vitalité négatif). Cepen- dant, l’évaluation radio logique du niveau de l’os n’a qu’une valeur indicative, per- mettant de vérifier les mesures obtenues au sondage. Dans certains cas, les tests microbiolo- giques ou les investigations pour déter- miner la réponse de l’hôte fournissent des informations supplémentaires bien- venues. L ’utilité de ces tests dépend des investigations déjà réalisées et des options thérapeutiques. Il faut renoncer aux investigations qui n’apportent pas un bénéfice potentiel pour le patient. Traitement de la parodontite Traitement non chirurgical Comme les bactéries représentent la cause principale de la parodontite, l’élé- ment le plus important du traitement causal est l’élimination de ces bactéries. L ’élimination mécanique des dépôts bactériens réduit l’inflammation dans toutes les formes de parodontite. Suite au raffermissement du tissu parodontal, la sonde parodontale peut pénétrer moins profondément, pour une pression don- née, entre la dent et les tissus mous. Ce signe est interprété cliniquement comme une réduction de uploads/Sante/ sdj-2014-03-ql-parodontologie-f.pdf
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- Publié le Sep 12, 2021
- Catégorie Health / Santé
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