Jean-François Chanlat Professeur-adjoint, École Hautes Études Commerciales de M
Jean-François Chanlat Professeur-adjoint, École Hautes Études Commerciales de Montréal. Spécialiste des théories des organisations et de la santé (1985) “Types de sociétés, types de morbidités: la socio-genèse des maladies” Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, Professeur sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jean-marie_tremblay@uqac.ca Dans le cadre de "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une bibliothèque fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, sociologue Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ Chanlat, “Types de sociétés, types de morbidités: la socio-genèse des maladies” (1985) 2 Cette édition électronique a été réalisée Jean-Marie Tremblay, bénévole, pro- fesseur de soins infirmiers retraitée de l’enseignement au Cégep de Chicoutimi Courriel: jean-marie_tremblay@uqac.ca à partir du texte de : Jean-François Chanlat, “Types de sociétés, types de morbidités: la socio- genèse des maladies”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Jac- ques Dufresne, Fernand Dumont et Yves Martin, Traité d'anthropologie médi- cale. L'Institution de la santé et de la maladie. Chapitre 14, pp. 293-304. Qué- bec: Les Presses de l'Université du Québec, l'Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), Presses de l'Université de Lyon, 1985, 1245 pp. Professeur-adjoint, École Hautes Études Commerciales de Montréal. Spécialiste des théories des organisations et de la santé professeur en sciences de la gestion, Université Paris IX Dauphine [Autorisation formelle de l’auteur accordée le 15 mai 2006 de diffuser cet ar- ticle dans Les Classiques des sciences sociales.] Courriel : Jean-Francois.Chanlat@dauphine.fr Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times New Roman, 14 points. Pour les citations : Times New Roman 12 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2004 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition numérique réalisée le 15 mai 2006 à Chicoutimi, Ville de Sague- nay, province de Québec, Canada. Chanlat, “Types de sociétés, types de morbidités: la socio-genèse des maladies” (1985) 3 Jean-François Chanlat professeur en sciences de la gestion, Université Paris IX Dauphine “Types de sociétés, types de morbidités: la socio-genèse des maladies” Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Jacques Dufresne, Fer- nand Dumont et Yves Martin, Traité d'anthropologie médicale. L'Institution de la santé et de la maladie. Chapitre 14, pp. 293-304. Québec: Les Presses de l'Université du Québec, l'Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), Presses de l'Université de Lyon, 1985, 1245 pp. Chanlat, “Types de sociétés, types de morbidités: la socio-genèse des maladies” (1985) 4 Table des matières Introduction MORBIDITÉ, MORTALITÉ ET SOCIÉTÉ : LES LEÇONS DE L'HISTOIRE La santé à l'âge de pierre Morbidité et mortalité au sein des sociétés agricoles Morbidité et mortalité au sein des sociétés industrielles L'INÉGALITÉ SOCIALE DEVANT LA MALADIE ET DEVANT LA MORT Tableau 1. Liens sociaux et mortalité, Comté d'Alameda, Californie, 1967- 1976 (20) Tableau 2. Principales causes de morbidité, selon le type de société Tableau 3. Taux de mortalité par 1 000 de population selon l'origine ethni- que à Montréal 1876-1896 (28) Tableau 4. Disparités sociales de mortalité parmi les hommes de 25 à 64 ans, selon la catégorie socio-professionnelle, Canada, 1974 (30) Tableau 5. Taux de mortalité en Angleterre et au Pays de Galles suivant la classe sociale : 1890-1971 (35) Chanlat, “Types de sociétés, types de morbidités: la socio-genèse des maladies” (1985) 5 Jean-François Chanlat, professeur en sciences de la gestion, Université Paris IX Dauphine “Types de sociétés, types de morbidités: la socio-genèse des maladies”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Jacques Dufresne, Fer- nand Dumont et Yves Martin, Traité d'anthropologie médicale. L'Institution de la santé et de la maladie. Chapitre 14, pp. 293-304. Québec: Les Presses de l'Université du Québec, l'Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), Presses de l'Université de Lyon, 1985, 1245 pp. Introduction Retour à la table des matières À en croire ce que l'on peut lire le plus fréquemment dans de nom- breuses revues médicales, la maladie est un phénomène soit stricte- ment biologique, soit uniquement psychologique. 1 Ces deux concep- tions largement dominantes, encore aujourd'hui, sont de plus en plus critiquées. Ce qu'on leur reproche principalement, c'est de faire, la plupart du temps, l'impasse sur le social, en réduisant la maladie soit à un phénomène cellulaire, biochimique ou génétique, soit à un désor- dre psychique. 2 Ces critiques ne reposent pas par ailleurs sur du sa- 1 Voir Anne LAFORGUE, La société est-elle cause des maladies ? Une ques- tion qui intéresse peu les médecins, Étude quantitative de la bibliographie médicale mondiale. Paris, Thèse de médecine, Université de Paris, VII, 1979. 2 Voir en particulier J. EYER et P. STERLING, « Organisation sociale, stress et surmortalité », dans : L. BOZZINI, M. RENAUD, D. GAUCHER, J. LLAM- Chanlat, “Types de sociétés, types de morbidités: la socio-genèse des maladies” (1985) 6 ble. Bien au contraire, elles s'appuient sur un grand nombre de don- nées qui tendent à prouver que la production sociale de la maladie n'est pas un mythe mais bien une réalité dont l'existence remonte non seulement aux premières heures de l'histoire humaine, mais s'inscrit également au coeur de la structure sociale. C'est cette socio-genèse des maladies qui fait l'objet du présent chapitre. MORBIDITÉ, MORTALITÉ ET SOCIÉTÉ : LES LEÇONS DE L'HISTOIRE Contrairement à ce que Rousseau pensait jadis, aucune société hu- maine n'est exempte de maladies. Toutefois, le type de morbidité et sa fréquence au sein d'une population varient d'une société à l'autre. C'est un phénomène que l'on a pu en effet observer régulièrement tout au long de l'histoire de l'homme. La santé à l'âge de pierre Retour à la table des matières La période paléolithique couvre 99% de l'histoire humaine. Au cours de cette très longue période, l'homme vit en petits groupes, iso- lés et mobiles. L'activité économique dont il tire sa subsistance repose essentiellement sur le produit de la cueillette, de la chasse et de la pê- che. Sur la santé des hommes du paléolithique, on ne sait pas grand- chose. Mais, l'apport de la paléopathologie, celui de certaines données biologiques, ajoutés aux connaissances que l'on a de la santé des cueil- leurs-chasseurs d'hier et d'aujourd'hui, nous donnent quand même quelques indices. 3 BIAS-WOLF, Médecine et société, les années 80, Montréal, Éditions coopéra- tives Albert St-Martin, 1981, pp. 177-233. 3 Voir, à ce propos, M. SENDRAIL, Histoire culturelle de la maladie, Tou- louse, Privat, 1980, 445 p. ; R. DUBOS, L'homme et l'adaptation au milieu, Paris, Payot, 1973 ; S.V. BOYDEN (Ed.), The Impact of Civilisation on the Biology of Man, Canberra, Australian National University Press, 1970 ; I. Chanlat, “Types de sociétés, types de morbidités: la socio-genèse des maladies” (1985) 7 La période paléolithique est marquée par de nombreux change- ments climatiques. On assiste, en effet, à quatre glaciations successi- ves. Si l'on ne doute pas des conséquences que cela ait pu avoir sur le type de pathologie, le manque de données ne permet pas d'avoir une vision claire des pathologies existantes au cours du paléolithique infé- rieur. Ce n'est qu'après l'avènement du paléolithique supérieur - pé- riode qui correspond par ailleurs à l'émergence de notre ancêtre di- rect : l'homo sapiens - que nous commençons à accéder, selon la for- mule de M. Sendrail, à une meilleure connaissance du destin patholo- gique de notre espèce. 4 Ce que l'on remarque notamment, c'est la pré- dominance des accidents traumatiques et la présence quasi générale d'osthéarthrose chronique. Ces lésions frappent des personnes jeunes. L'espérance de vie à cette époque ne doit pas dépasser la trentaine. En revanche, on ne remarque aucune carie, aucune trace de tuberculose, de syphilis ou de rachitisme. 5 Morbidité et mortalité au sein des sociétés agricoles Retour à la table des matières L'avènement de ce que les archéologues et les historiens ont appelé le néolithique met fin, dans une large mesure, au premier mode d'or- ganisation humaine marqué par le nomadisme, la chasse, la cueillette et la pêche. DEVORE and R.B. LEE, Man the Hunier, Chicago, Aldine, 1968 ; V.P. CO- MITI, « Les maladies d'autrefois », La Recherche, no 115, octobre 1980, pp. 1044-1051. 4 La comparaison devient possible pour deux raisons : d'une part, parce que nous possédons plus d'une centaine de squelettes en provenance de cette pé- riode, d'autre part, parce que les hommes de cette époque ont un squelette pra- tiquement identique au nôtre. Voir M. SENDRAIL, op. cit. 5 Voir, à ce sujet, M. SENDRAIL, op. cit. ; V.P. COMITI, op. cit. ; R. DUBOS, op. cit. Chanlat, “Types de sociétés, types de morbidités: la socio-genèse des maladies” (1985) 8 L'explosion démographique, la sédentarisation des populations, l'exploitation de la terre, le défrichement des forêts, la domestication des animaux (chien, boeuf, porc), qui accompagnent cette révolution néolithique 6, entraînent de profondes modifications dans le tableau de la morbidité. Certaines pathologies, absentes dans les sociétés paléoli- thiques, apparaissent. C'est le cas des maladies de carence (caries, scorbut, rachitisme) en raison de changements observés dans le ré- gime uploads/Sante/ types-societe-modbidite.pdf
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- Publié le Fev 15, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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