Groupe 3 et 4 Département de français Module : Culture et Civilisation de la la

Groupe 3 et 4 Département de français Module : Culture et Civilisation de la langue Civilisation et culture : La question du sens respectif des mots culture et civilisation s'est posée très tôt. Selon André Suarès, la culture est le fait de l'intelligence individuelle, tandis que la civilisation, ou privilège de civilité, est la culture incarnée à tout un peuple, passée dans les mœurs et dans la moelle de la vie Civilisation "Ce que les hommes appellent civilisation, c'est l'état actuel des mœurs et ce qu'ils appellent barbarie, ce sont les états antérieurs. Les mœurs présentes, on les appellera barbares quand elles seront des mœurs passées." Anatole France - 1844-1924 - Sur la pierre blanche, 1905 Une civilisation est un héritage de croyances, de coutumes et de connaissances, lentement acquises au cours des siècles, difficiles parfois à justifier par la logique, mais qui se justifient d’elles-mêmes, comme des chemins, s’ils conduisent quelque part, puisqu’elles, puisqu’elles ouvrent à l’homme son étendue intérieure. On peut concevoir le concept de civilisation en deux sens bien distincts : Sens n°1 : Une civilisation est l'ensemble des caractéristiques spécifiques à une société, une région, un peuple, une nation, dans tous les domaines : sociaux, religieux, moraux, politiques, artistiques, intellectuels, scientifiques, techniques... Les composantes de la civilisation sont transmises de génération en génération par l'éducation. Dans cette approche de l'histoire de l'humanité, il n'est pas porté de jugements de valeurs. Le sens est alors proche de "culture". Exemples : civilisations sumérienne, égyptienne, babylonienne, maya, khmer, grecque, romaine, viking, arabe, occidentale... Sens n°2 : La civilisation désigne l'état d'avancement des conditions de vie, des savoirs et des normes de comportements ou moeurs (dits civilisés) d'une société. La civilisation qui, dans cette signification, s'emploie au singulier, introduit les notions de progrès et d'amélioration vers un idéal universel engendrés, entre autres, par les connaissances, la science, la technologie. La civilisation est la situation atteinte par une société considérée, ou qui se considère, comme "évoluée". La civilisation s'oppose à la barbarie, à la sauvagerie. . L'étymologie est instructive ici. Le mot latin civitas signifie cité. Il y a civilisation là où l'on trouve les qualités caractéristiques des bonnes cités: un respect des autres membres de la cité allant jusqu'à l'amitié et un respect semblable pour les monuments, les objets usuels, les vêtements, les rites. On s'exclut de la civilisation quand, comme le fit Staline, on extermine des paysans par millions au nom d'un idéal abstrait de propriété collective ou quand on envoie au four crématoire, comme le firent les nazis, des êtres humains appartenant à une race déterminée. On s'éloigne de la civilisation quand pratique l'excision sur le corps des femmes; on s'éloigne aussi là où l'on jette les objets usuels. Culture Pour essayer de définir le sens du mot culture commençons par citer Anna ARENDT : « toute discussion sur la culture doit d’une manière ou d’une autre, prendre comme point de départ le phénomène de l’art (…) Cependant, dit-elle, si la culture et l’art sont étroitement liés, ils ne sont pas la même chose. La culture, mot et concept, est d’origine romaine. Le mot « culture » dérive du mot latin colere, cultiver, demeurer, prendre soin, entretenir, préserver. Il renvoie primitivement au commerce de l’homme avec la nature et de l’entretien de la nature. Pour les romains, le point essentiel fut donc toujours la connexion de la culture avec la nature. Et le mot culture signifiait originellement agriculture, avant d’en entendre l’utilisation aux choses de l’esprit et de l’intelligence. Cependant, le sens du mot culture ne se réduit pas à ces éléments strictement romains. Ciceron par exemple, suggère la notion de goût, de sensibilité à la beauté, et non seulement chez les artistes qui créent de belles choses, mais aussi chez les spectateurs, chez ceux qui vivent au milieu de ces belles choses. (…) Cet amour de la beauté, les grecs la possédaient déjà, bien sûr, et à un degré extraordinaire. En ce sens, nous comprenons par culture, l’attitude, ou mieux, le mode de relation que les civilisations entretiennent avec les choses les moins utiles : les œuvres des artistes, des poètes, des musiciens, des philosophes, etc. » Selon le philosophe Edward Tylor « la culture, dit-il en 1871, la culture ou civilisation, prise dans son sens ethnologique le plus étendu, est ce tout complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l’art, la morale, le droit, les coutumes et les autres habitudes acquises par les hommes en tant que membres de la société. » Pour Emile Durkeim en 1893 : « l’ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des membres d’une même société forme un système déterminé (...) on peut parler de conscience collective commune qui est donc toute autre chose que les consciences individuelles (…) Elle ne change pas à chaque génération, mais au contraire elle relie les unes aux autres les générations successives ». Pour Michel de Certeau, la « culture » est le patrimoine des œuvres à préserver, à répandre, et par rapport auquel on a à se situer. Et l’on doit y ajouter les créations et les créateurs qui ne cessent de renouveler, d’enrichir ce patrimoine. Pour Claude Levi Strauss, la culture consiste dans l’instauration d’un ensemble de règles qui organisent les échanges et séparent durablement les sociétés humaines de l’état naturel. Pour l’anthropologue François Laplantine (1987 , « ce qui distingue la société humaine de la société animale, ce n’est nullement la transmission des informations, la division du travail, la spécialisation des tâches, mais bien cette forme de communication proprement culturelle qui procède par échange des symboles, et par l’élaboration des rituels afférents à ces derniers. Car pour autant qu’on le sache, on n’a encore jamais vu aucun animal souffler les bougies de son gâteau d’anniversaire ». Comme le souligne Jean Fleury, « l’échange est bien autre chose qu’un phénomène économique, … il trouve sa valeur profonde dans le fait qu’il instaure du social. C’est bien autre chose que de l’utile qui circule… » Il s’agit, dit Marcel Mauss, « de quelque chose de bien moins prosaïque que nos ventes et nos achats, que nos louages de services ou que nos jeux de Bourse ». Enfin, Jean-Pierre Le Goff dans La Barbarie douce, affirme que « la culture n’est pas pour nous un supplément d’âme à la sphère économique et sociale. La culture, entendue comme un univers de significations s’incarnant dans des institutions et des œuvres, des paroles et des actes, est ce qui donne sens à la vie en société ». Pour conclure avec le concept de culture nous retenons que « La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » Montaigne et Barbarie : À l’origine, le terme barbare — emprunté en 1308 au latin barbarus, lui-même issu du grec ancien βάρβαρος (bárbaros) (« étranger ») — était un mot utilisé par les anciens Grecs pour désigner d’autres peuples n’appartenant pas à la civilisation grecque, dont ils ne parvenaient pas à comprendre la langue. Barbare n’a à l’origine, aucune nuance péjorative ; il signifie simplement « non-grec » ou désigne plus largement toute personne dont les anciens Grecs ne comprenaient pas la langue. L'adjectif et substantif « barbare », ainsi que la notion de barbarie lui étant attaché, dérive du latin « barbarus », lui même venant du grec « barbaros », signifiant tous deux « étranger ». A l'origine, « barbaros » n'a aucune connotation péjorative et signifie simplement « non-grec », ou plus largement toute personne dont les Grecs ne comprennent pas la langue, quelqu'un s'exprimant par onomatopées : "Bar-bar-bar". Les Grecs antiques, se considérant eux-même comme civilisés, percevaient les peuples Celtes, Germaniques, Slaves ou encore Asiatiques comme des barbares, pour cette raison linguistique, et aussi parce que ces sociétés ne vivaient pas selon le principe grec de la démocratie (peuple souverain) mais sous des régimes « tyranniques ». Ainsi, ces différences politiques et linguistiques finirent par déformer le terme « barbaros », présentant une vision méprisante et haineuse des étrangers, vision transmise au monde latin. Michel de Montaigne, qui vécut l’époque « barbare » des guerres de religion de la fin du XVIe siècle, exprime fort bien ce sentiment, lorsqu’il écrit dans ses Essais : « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. » Comme Montaigne qu'il admire tant, et avec les moyens d'un occidental moderne, Gilles Bibeau a non seulement parcouru les principaux continents mais sa passion pour la diversité des civilisations l'a poussé à vivre pendant de longues périodes aussi bien en Inde qu'en Afrique centrale (au Mali, en Côte d'Ivoire et dans l'ex Zaïre, dont la culture forme le sujet de sa thèse de doctorat), et en Amérique du Sud. À l'heure actuelle, il séjourne encore trois mois par année dans uploads/Societe et culture/ cours-culture-et-civ 1 .pdf

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