Désirs d'Ailleurs Essai d'anthropologiE dEs voyagEs du mêmE autEur En route pou
Désirs d'Ailleurs Essai d'anthropologiE dEs voyagEs du mêmE autEur En route pour l'Asie. Le rêve oriental chez les colonisateurs, les aventuriers et les touristes occidentaux, Strasbourg, Histoire & Anthropologie, 1995. Tourisme, culture et modernité en pays Toraja, Sulawesi-Sud, Indonésie, Paris, L'Harmattan, Coll. « Tourismes et sociétés », 1997. Les Toraja d'Indonésie. Aperçu général socio- historique, Paris, L'Harmattan, 2000 (1re édition : Histoire & Anthropologie, 1997). Tourismes, touristes, sociétés (sous la direction), Paris, L'Harmattan, Coll. « Tourismes et sociétés », 1998. L'Indonésie éclatée mais libre. De la dictature à la démocratie (1998-2000), Paris, L'Harmattan, Coll. « Points sur l'Asie », 2000. L'autre sens du voyage. Manifeste pour un nouveau départ, Paris, Homnisphères, Coll. « Expression directe », 2003. Voyage au bout de la route. Essai de socio- anthropologie, La Tour d'Aigues, Éditions de l'Aube, 2004. Nomadisme et autonomie. Les chemins de traverse de l'errance, Paris, Téraèdre, à paraître en 2004-2005. Franck Michel Désirs d'Ailleurs Essai d'anthropologiE dEs voyagEs lEs prEssEs dE l'univErsité laval, QuébEc 2004 Les Presses de l'Université Laval reçoivent chaque année du Conseil des Arts du Canada et de la Société d'aide au développement des entreprises culturelles du Québec une aide financière pour l'ensemble de leur pro- gramme de publication. Nous reconnaissons l'aide financière du gouvernement du Canada par l'entremise de son Programme d'aide au développement de l'industrie de l'édition (PADIÉ) pour nos activités d'édition. Mise en pages : Danielle Motard d.motard@videotron. ca Maquette de couverture : Hélène Saillant © Les Presses de l'Université Laval 2004 (3e édition) Tous droits réservés. Imprimé au Canada Dépôt légal, 4e trimestre 2004 ISBN 2-7637-8183-7 1re édition : Armand Colin, 2000 2e édition : Histoire & Anthropologie, 2002 Contact auteur : crvstrasbourg@yahoo.fr Site : www.deroutes.com Distribution de livres Univers 845, rue Marie-Victorin Saint-Nicolas (Québec) Canada G7A 3S8 Tél. (418) 831-7474 ou 1 800 859- 7474 Téléc. (418) 831- 4021 http://www.ulaval.ca/pul à Luna « En 856, les Vikings du chef danois Bjorn Jarisida sont en Italie. Ils se mettent en tête de piller Rome. Ils se trompent et confondent Rome avec une petite bourgade voisine, Luna. Ils pillent Luna. Jolie prouesse : ils prennent une étable pour un Colisée, une placette pour un Forum et un tas de fumier pour une roche tarpéienne, voilà de grands voyageurs ! »… Gilles Lapouge, dans Pour une littérature voyageuse, 1999 (1992). « À en croire la littérature sur le sujet, de tels personnages [les "prêtres" to burake tambolang] n'existent plus. Je fus donc particulièrement intéressé quand Johannis m'affirma qu'il en connaissait un à Rantepao et m'emmena le voir. L'homme était très maigre et très âgé. Sa maison grouillait de chiens et d'enfants. J'abordai la question avec discrétion et par la bande. Les anciennes coutumes m'intéressaient et l'on m'avait dit que sa famille s'y connaissait. Il acquiesça. Peut-être avait-il des informations sur les to burake tam- bolang ? Il y eut un silence. Il était gêné. "Qui vous a dit ça ? demanda-t-il en jetant un regard mauvais à Johannis. C'était mon père. Je ne sais rien de tout ça. (Il avait l'air en colère maintenant.) Je ne veux pas en parler. Mon père ne m'a rien transmis en dehors d'une chose. - Laquelle ? - L'amour du chocolat." J'étais quand même satisfait. Si mon père avait été tambo- lang, cela semblait régler le problème de sa virilité. Johannis, cependant, n'hésita pas à torpiller mes certitudes. "N'oublie pas que de très nombreux Torajas sont adoptés. Nous pas- sons notre temps à échanger nos enfants." Je n'avais donc rien appris dans l'affaire ». Nigel Barley, L'anthropologie n'est pas un sport dangereux, 1997 (1988). Page laissée blanche intentionnellement Remerciements Je voudrais remercier ici affectueusement tous les amis qui m'ont aidé à la rédaction de cet ouvrage, pour leurs conseils avisés et le fastidieux travail de relecture, ainsi que tous les membres de ma famille proche et lointaine, sans oublier tous ceux et celles qui, autour de notre petite mais si riche planète, m'ont permis de mieux découvrir les arcanes et les détours du voyage et plus encore de goûter aux bonheurs inégalables de la rencontre et du partage, si loin de l'exotisme de pacotille vendu sur papier glacé : Luna et Zélia Michel, David Le Breton, Jean- Didier Urbain, Christine Dumond, Nguyên Quang Phong, Yoni Astuti, Join Ginting, Jean-Luc Mathion, Aggée Lomo Myazhiom, Alain Dichant, Xavier Fourt, Bassidiki Coulibaly, Kadek Darmini- Michel, l'association Déroutes & Détours, les éditions Histoire & Anthropologie et Homnisphères, les Presses de l'Université Laval au Québec, et bien sûr tous les autres, nomades intrépides ou sédentaires atterrés, mais toujours arpenteurs curieux des sentiers du monde, dont la place ici me manque pour qu'ils soient tous cités. En espérant qu'à la lecture de ces pages sur l'ailleurs et sur le désir qui nous y guide, toutes et tous s'y retrouveront quelque part et, peut-être, y verront comme une invitation au voyage, un voyage qui soit tout à la fois authentique et passionnel, riche en imprévus. Car l'initiation au voyage emprunte toujours d'étran- ges chemins de traverse qui ne ressemblent en rien à une voie toute tracée… Sans quoi le pas vers l'autre ne se résumerait qu'à une banale mascarade où se dévoilerait, hélas, notre incapacité si grande à comprendre nos « non-semblables ». Ici ou là-bas, chez nous comme chez eux… 3 Le voyage commence une fois fermée la porte de son appartement, une fois franchi le seuil qui ouvre sur le Dehors. Le voyage dans le monde, comme le paradis sur terre s'il en est, nécessite finalement autant sinon plus d'efforts de soi que de droits sur les autres, de volonté et d'envie de saisir le réel environnant que de désirs et de besoins de plaisirs faciles, trop rassurants et trop confortables. Fruit d'un long cheminement qui ne se réduit pas seulement à une addition kilométrique, le voyage, parce qu'il reflète la vie et se montre exigeant, se cherche, se dissimule, se laisse désirer, et surtout, il se mérite… tout en se suffisant à lui- même ! Préface De la conscience De l'ailleurs à l'anthropologie Du voyage EnquêtE sur un « sEptièmE sEns » par Jean-DiDier Urbain « […] cette puissance qui fait reculer l'espace, qui met l'es- pace dehors, tout l'espace dehors pour que l'être méditant soit libre dans sa pensée ». Gaston Bachelard, Poétique de l'espace, 1957. Désirs d'ailleurs ou désir d'ailleurs ? Dans le cadre de cette étrange et séculaire affaire qu'est le tourisme - une pratique de la mobilité aujourd'hui si répandue en contrepoint de notre quoti- dien de sédentaire qu'on en vient à ne plus se poser ces questions essentielles : mais pourquoi voyage-t-on ? Qu'est-ce que voyager ? Est-ce le désir qui est pluriel ou bien est-ce l'ailleurs qui est mul- tiple, avec ces équivoques que le mot aurait pu ne pas avoir ? Car ailleurs, adverbe qui signifie « dans un autre lieu », semble venir du vocable ancien ailleur, du XIe siècle, lui-même issu du latin alior, forme dérivée de alius, « autre », qui a donné alienus et alter, formes qui toutes deux réfèrent également à « autre » et dont découlent respectivement les mots aliéné et altérité 1. Si donc ailleurs dénote communément un espace extérieur au mien, évoquant l'exotisme, notamment dans sa forme plurielle 1. A. Rey, dir., Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 1992, vol. 1. 5 Désirs d'Ailleurs substantivée les ailleurs, puis, avec la Conquête de l'Espace et la science-fiction, ce très très Grand Dehors 2 d'où proviennent les extraterrestres, qu'on dit venus d'ailleurs et qu'on nomme juste- ment des aliens, ce mot, étymologiquement, renvoie d'abord à l'Autre, sous toutes ses formes, qu'il soit l'autrui, le monde ou moi. Selon qu'il ouvre sur le monde de la solitude ou sur le monde des hommes, l'ailleurs peut naître ainsi de la rencontre, de cet oubli de soi face aux autres, ces hôtes ou ces indigènes qui ébranlent mes convictions, troublent mon être, perturbent mes habitudes et qui, transformant ma perception des choses, peuvent même dissoudre ce qui, jusque-là, avait été pour moi la réalité. Mais l'ailleurs peut naître aussi du choc visuel éprouvé seul face à des sites, des paysages ou, plus largement, face à des univers diversement en rupture avec les références esthétiques qui défi- nissent ma vision du monde. Et puis l'ailleurs peut naître encore du dévoilement de soi, de cette autodécouverte révélant une autre identité jusqu'alors enfouie en moi, tel un étranger intérieur, clandestin, inconscient ou masqué, dont l'émergence, si l'on peut dire, me met hors de moi - soudain en dehors de la certitude de ce que je croyais être. En ce sens, rencontrer l'ailleurs, c'est aussi, littéralement, un événement qui ouvre sur une expérience extati- que - du grec ekstatikos, « qui est hors de soi ». C'est là, semble-t-il, tout ce qui peut d'emblée être entendu sous l'incipit de l'ouvrage de Franck Michel, qui débute par cette courte phrase en forme de maxime : « Le voyage com- mence là où s'arrêtent nos certitudes ». Et l'auteur, trois phrases plus loin, de confirmer à sa uploads/Societe et culture/ desirs-d-ailleurs-essai-danthropologie-des-voyages.pdf
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- Publié le Apv 13, 2022
- Catégorie Society and Cultur...
- Langue French
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