LA TRANSMISSION DE LA TRADITION KATORI Après le fondateur lui-même, il y eut 20

LA TRANSMISSION DE LA TRADITION KATORI Après le fondateur lui-même, il y eut 20 grands Maîtres (Soke) dont le dernier est Iizasa Shuri No Suke YASUSADA. Il n'y eut aucun problème de transmission de père en fils jusqu'à l'époque du 18ème Soke, Shuri No Suke MORISADA. Cependant, celui-ci mourut en 1898 à l'age de 59 ans sans laisser d'héritier mâle. Pendant vingt ans, c'est à dire jusqu'en 1918, le suivi de l'enseignement de l'école fut assuré par un collège de neuf experts dont le principal instructeur était YAMAGUCHI KUMAJIRO. Les huit autres experts assurant l'intérim étaient les Shihans KAMAGATA MINOSUKE, TAMAI KISABURO, SHIINA ICHIZO, ITO TANEKICHI, KUBOKI SOZAEMON, ISOBE KOUHEI, HAYASHI YAZAEMON (mort en 1964) et MOTOMIYA TORANOSUKE. A la mort du Shihan Yamaguchi en 1918, les 8 instructeurs avaient entre 38 et 70 ans. Tous avaient un style et une technique légèrement différente, chacune d'entre elles étant adapté à leur morphologie ainsi qu'à leur personnalité. Le chef du Ryu devant impérativement appartenir à la famille du fondateur, un nouveau Soke fut introduit par le biais d'un mariage au sein de la famille Iizasa. Il s'agissait du Professeur KINJIRO qui pris donc en 1929 le nom de Iizasa SHURI NO SUKE KINJIRO. Maître Jigoro Kano qui était un mystique et un visionnaire, avait pressenti le besoin urgent de préserver le Budo traditionnel. Ainsi en 1928, il créa à cet effet le KOBUDO KENKYUKAI, section de recherche sur les Arts Martiaux traditionnels qui regroupa une trentaine d'experts en Judo. Maître Kano admettait que le Judo n'était pas suffisant et qu'il était nécessaire de pratiquer d'autres disciplines martiales. Il invita donc quatre experts de l'école Katori à enseigner leur Art. Malheureusement, tous les membres du groupe abandonnèrent après quelques mois de pratique, à l'exception de Minoru Mochizuki Sensei. Celui-ci se vit donc confier la responsabilité de mettre sur pied une nouvelle section. Chacun des quatre experts de Katori avait sa propre technique et Minoru Sensei avoua qu'il était quelque peu troublé par cet aspect des choses. Il alla donc trouver Maître Kano et il lui demanda ce qu'il devait faire. En éclatant de rire, celui-ci aurait répondu : "Rejettes tout et trouve par toi-même ta propre Voie". C'est alors qu'on lui aurait proposé de devenir le 19ème Soke de l'école Katori, en épousant une descendante de Morisada Iizasa, mais il déclina cette offre qui l'aurait obligé à quitter Maître Kano. Les quatre experts Katori qui avaient été envoyés au KODOKAN à la demande de Maître Kano étaient Tamai Sensei (70 ans), Kuboki Sensei (50 ans), Ito Sensei (45 ans) et Shiina Sensei (38 ans). Contrairement à Minoru, Sugino Sensei abandonna en 1928 la pratique du Judo pour se consacrer plus complètement à l'Art du sabre de l'école Katori. Il fut formé pendant deux ans par les Shihans Tamai Sensei, Kuboki Sensei, Ito Sensei et Shiina Sensei. Ce dernier l'instruisit personnellement pendant dix ans. Tous ces grands experts avaient été les élèves du Soke Iizasa Morisada, ainsi que du Shihan Yamaguchi. Maître Risuke Otake est l'actuel responsable de l'école Tenshin Shoden Katori Shintô Ryu. Né en 1926 à Katori gu, dans la préfecture de Chiba, c'est à l'age de 16 ans (en 1942) qu'il entre dans l'école et s'y entraîne intensément sous la direction de l'instructeur Hayashi Yazaemon. Ce dernier était lui-même disciple direct du Shihan Yamaguchi. A 42 ans, Maître Otake est investi de la charge suprême de l'école et reçoit le GOKUI KAIDEN (tous les secrets du Ryû). Conformément à la tradition, le 20ème Soke de l'école est Iizasa Shuri No Suke Yasusada, fils de Kinjiro, mais étant donné son inexpérience, il est formé par Maître Otake qui reste en charge de l'école. Implantation du style Katori Shintô Ryu en France Très attiré par la tradition Japonaise (mon parrain étant lui-même japonais), j'ai commencé à m'intéresser aux disciplines martiales à l'age de 19 ans. Cependant, à cause des obligations militaires, j'ai dû attendre 1964 pour découvrir un dojo, avec à sa tête un véritable expert japonais. C'était à "Plage 50" et le professeur n'était autre que Hiroo Mochizuki, fils de Minoru Mochizuki Sensei. A cette époque, il enseignait le Karaté (style Wado Ryu), l'Aïkido et il donnait quelques cours de Iaido de façon officieuse. Passionné, j'ai rapidement consacré tout mon temps et mes efforts à l'entraînement où j'accumulais tout ce que Hiroo pouvait m'enseigner. Il était un expert extrêmement doué et par sa manière d'être très "japonaise", il nous transportait en rêves au pays des samouraïs. Même si le destin nous a séparés, je garde pour lui une très grande amitié et une profonde admiration pour ses qualités d'homme de tatamis. Peu à peu, voyant notre intérêt croissant pour les techniques de Ken et de sabre, Hiroo en vint à nous enseigner la méthode qu'il connaissait. Sa technique était le style Katori tel qu'il avait été modifié par son père, celui-ci s'étant aussi inspiré de l'école Muso Shinden. Grand expert en Judo, on peut dire que Minoru Mochizuki Sensei fut le premier à donner une puissante et décisive impulsion aux différentes disciplines du Budo traditionnel. C'est au cours des années 1951 à 1953 qu'il eut l'occasion de faire quelques démonstrations, en France notamment. Il eut très peu de temps pour former des élèves, mais en 1958, avec ce qu'il en connaissait, l'un d'entre eux s'efforça d'implanter le Iaido. Il s'agissait de Jim Alcheik qui malheureusement décéda en 1962. C'est alors que Hiroo fut envoyé en France et reprit l'enseignement en 1963 avec Alain Floquet pour assistant. Quant à moi, je devins l'élève de Hiroo en 1964. Hiroo était encore très jeune lorsqu'il vint en France. C'était cependant un redoutable technicien qui avait été capitaine de son équipe en Judo et Karaté à l'université, ce qui impliquait qu'il était nettement au-dessus de la moyenne. Comme Jacques Normand (aujourd'hui Président de la Fédération Française de Kyudo) et moi-même étions très proche de lui, il n'était pas rare que nous partions ensemble participer à des démonstrations (principalement de sabre et d'Aïkido). A cette époque, on ne pouvait pas parler réellement de méthode Katori car le programme n'était constitué que des Katas de Iaido et d'un Kata de Naginata (le seul que nous présentions en démonstration). Du reste, se programme se trouve dans un petit ouvrage intitulé "Arts Martiaux Traditionnels" édité par SEDIREP et dans lequel je servis de partenaire pour les photos. On peut donc dire que ce programme était le seul pratiqué en France à cette époque. Pour ma part, je restais quelque peu sur ma faim. Depuis l'age de 16 ans, j'avais consacré toute ma vie à une démarche spirituelle et en dehors des Arts Martiaux, mon temps était exclusivement consacré à la méditation. Au dojo, j'avais beaucoup de mal à faire admettre qu'une discipline martiale devait mener à la paix intérieure et à la réalisation du Soi appelée Satori par les moines ZEN. C'est ainsi qu'en plus d'une recherche dans les systèmes Hindou et Judéo-chrétien, je suivais les sessions de Zen du moine Deshimaru. Mais, au sein du dojo, la seule motivation paraissait être l'efficacité. Tout ceci était normal compte-tenu d'un fait que j'ignorais à l'époque : il s'agissait du point de vue de Minoru Sensei et d'une tendance généralisée dans les Arts Martiaux tels qu'on les pratique encore aujourd'hui, c'est à dire dans un esprit de compétition. Minoru Sensei avait aussi bien étudié le Daitoryu de Maître Takeda (basé uniquement sur une efficacité maximale) que l'Aïkido de Maître Ueshiba qui transforma un Art de self-défense en un Art de self-réalisation. Cependant, Minoru Sensei avait choisi le premier système et l'efficacité. J'étais bien décidé à partir aux sources, mais j'ignorais encore où se porterait mon choix : l'Inde ou le Japon. Dans tous les cas, je sentais qu'il était absolument indispensable de quitter le giron familial et de me dégager de la sécurité que représentait le foyer qui confinait mon esprit dans un cercle restreint, conditionné par l'habitude. C'est en 1968 que je pris la décision de me rendre au Japon. Il nous fallut près d'un an pour économiser l'argent nécessaire et pour étudier les rudiments de la langue japonaise. Je dis "nous" car mon ami Jacques Normand avait décidé de m'accompagner. Nous sommes donc partis par le train jusqu'à Moscou, puis en avion jusqu'à Vladivostok. Le bateau nous emmena jusqu'à Yokohama et pour finir, un train nous conduisit jusqu'à notre destination finale : Shizuoka. Il me fut très facile de m'adapter à la vie nipponne car je concrétisais un vieux rêve, celui de tout pratiquant d'Arts Martiaux : vivre dans un dojo comme Uchi Deshi d'un Maître. Le Yoseikan était une vielle demeure en bois qui avait connu les jours de gloire du Budo traditionnel. De plus, et cela n'était pas négligeable, il était situé au coeur de la campagne, étant séparé de la ville par une très large rivière, l'Abe Kawa qui se jettait dans la mer toute proche. A l'opposé du dojo, ce n'était que nature, rizières et montagnes sur lesquelles s'élevaient des plantations de thé et de uploads/Societe et culture/ la-transmission-de-la-tradition-katori.pdf

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