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13/01/2021 10'32 De lʼéconomie et de la culture chez Nietzsche Page 1 sur 12 https://journals-openedition-org.ezpaarse.univ-paris1.fr/rgi/713 Accueil Numéros de la série PUF 11 Nietzsche moraliste, le problème ... De l’économie et de la culture ch... Revue germanique internationale 11 | 1999 Nietzsche moraliste Nietzsche moraliste, le problème de la culture, l’anthropologie De l’économie et de la culture chez Nietzsche WOLFGANG MÜLLER-LAUTER Traduction de Olivier Mannoni p. 123-135 https://doi-org.ezpaarse.univ-paris1.fr/10.4000/rgi.713 Résumés Français Deutsch English La lecture de l’ouvrage Culture et nature, publié par l’économiste Emanuel Herrmann en 1887, a durablement retenu l’intérêt de Nietzsche. Un bon nombre de ses fragments posthumes reflètent l’influence persistante (négligée jusqu’à présent par les commentateurs) de Herrmann sur ses approches ultérieures d’une philosophie de la volonté de puissance. C’est ainsi qu’il adopte le point de vue herrman-nien qui affirme que tout ce qui se passe dans le monde est déterminé par une économie maximale de la consommation. Nietzsche fait sien le pronostic de Herrmann qui prévoit pour bientôt une administration économique globale du globe terrestre ; il s’oppose cependant à l’optimisme économique qui, chez Herrmann, va de pair avec cette prévision. La machinerie de l’économie mondiale qu’évoque Herrmann, Nietzsche entend la mettre au service d’une économie supérieure. Au terme d’un mouvement opposé, un type supérieur d’humanité doit être produit qui, en tant que produit de luxe et superflu, sera en mesure d’instaurer la culture future. Die Lektüre des Buches Cultur und Natur, das der Nationalökonom Emanuel Herrmann 1887 veröffentlichte, hat Nietzsche nachhaltig beschäftigt. Nicht wenige seiner nachgelassenen Aufzeichnungen spiegeln den (bischer unbeachtet gebliebenen) Einfluß Herrmanns auf seine späten ACCUEIL CATALOGUE DES 552 REVUES OPENEDITION SEARCH Tout OpenEdition Univ-Paris1 Partager Français 13/01/2021 10'32 De lʼéconomie et de la culture chez Nietzsche Page 2 sur 12 https://journals-openedition-org.ezpaarse.univ-paris1.fr/rgi/713 Ausarbeitungen zu einer Philosophie des Willens zur Macht wieder. So nimmt er Herrmanns Gesichtspunkt auf, daß für alles Geschehen in der Welt eine Maximal-Ökonomie des Verbrauchs bestimmend sei. Nietzsche stimmt auch Herrmanns Prognose einer bevorstehenden Wirtschqfts- Gesamtverwaltung der Erde zu ; er wendet sich jedoch gegen den mit ihr verbundenen ökonomischen Optimismus. Die Maschinerie der Weltwirtschaft, von der Herrmann spricht, will Nietzsche in den Dienst einer höheren Ökonomie gestellt sehen. In einer Gegenbewegung soll ein höherer Typus des Menschen hervorgebracht werden, der z.B. als Luxus-Überschuß der Gesellschaft eine künftige Kultur zu stiften imstande ist. Nietzsche showed a long-lasting interest in Culture and Nature, published by the economist Emanuel Herrmann in 1887. Numerous posthumous fragments reflect the persistent influence of Herrmann (until now neglected by critics) on Nietzsche’s subsequent approaches to a philosophy of the will to power. He later adopts Herrmann’s point of view which affirms that everything which happens in the world is determined by a maximal economy of consumption. Nietzsche also adopts Herrmann’s prognostic which foresees the not-too-distant global economic administration of the earth ; he is, however, opposed to the economic optimism which, for Herrmann, is naturally linked to this prediction. Nietzsche intends to put the machinery of the world economy evoked by Herrmann in the service of a superior economy. Following a movement of opposition, a superior type of humanity should be produced, which, as a product of luxury and superfluity, will be in a position to institute the culture of the future. Texte intégral Nietzsche et Emanuel Herrmann Dans les deux dernières années de création de Nietzsche, les « considérations économiques » jouent un grand rôle. Les élans qu’il a puisés dans la lecture du livre d’Emanuel Herrmann Cultur und Natur, paru en 1887, ont joué dans ce phénomène un rôle considérable1. Ce qui impressionnait particulièrement, ici, c’était la tentative menée par Herrmann pour établir un lien économique entre les deux sphères désignées par le titre du livre. 1 Dans la signification que Herrmann accorde à la concurrence dans tous les processus vivants, Nietzsche pouvait retrouver sa propre idée fondamentale de volonté de puissance. Herrmann décrit la manière dont la concurrence apparaît chez les « individus organiques », par exemple sous forme de « combat pour la nourriture, la lumière, l’humidité, la chaleur, la sécurité », etc. Elle assure selon lui « l’existence au plus fort » et apporte « la mort au plus faible », ce qui engendre les « plus hauts succès économiques » de la nature. Il établit ici que les deux perspectives suprêmes de l’économie, celles que la concurrence « entre toutes les créatures naturelles et leurs éléments » contraint à respecter, sont « le principe des plus grands profits » et le « principe des plus petites pertes », qui complète le premier2. La dominance de la simplicité structurelle assure selon lui une certaine protection aux organismes primitifs, mais ne permet pas leur évolution3. Les créatures plus différenciées, en revanche, cherchent de son point de vue à obtenir un maximum d’avantages, quitte à accepter des pertes élevées4. 2 Selon Herrmann, le principe de la conservation domine les processus naturels5 ; mais, selon Nietzsche, ce n’est qu’un phénomène secondaire. Au niveau primaire, il s’agit partout « d’appropriation, de devenir maître, de devenir plus », et pas de « préservation de soi ». Pour lui, « l’économie maximale de la consommation » se définit à partir du « vouloir-devenir-plus fort de tout centre d’énergie » ; il constitue « l’unique réalité ». « La volonté d’accumulation d’énergie » dont parle ici Nietzsche est elle aussi « spécifique », aussi bien pour les phénomènes vivants, « l’alimentation, la procréation, l’hérédité » que « pour la société, l’État, les mœurs, l’autorité »6. 3 Herrmann n’abandonne pas non plus le point de vue de la conservation comme fondement lorsqu’il présente la diversité des évolutions culturelles. Chez lui, le pouvoir est tout entier au service de l’extension du savoir humain et du savoir-faire technique. Cela vaut encore lorsqu’il s’exclame « fièrement » : « Notre vocation est de devenir un jour les maîtres de la terre. »7 Dans l’évolution de notre culture, nous devons pouvoir « un jour » constituer « le centre économique de la nature terrestre », puisque nous « avons éliminé depuis longtemps l’idée démentielle d’être le centre physique du monde »8. 4 13/01/2021 10'32 De lʼéconomie et de la culture chez Nietzsche Page 3 sur 12 https://journals-openedition-org.ezpaarse.univ-paris1.fr/rgi/713 Exploitation et culture Il faut pour cela l’avènement d’une société globale économique : « L’organisation de l’économie mondiale doit nécessairement [...] respecter le type de la machinerie homogène. »9 L’objectif est que la « planète Terre obéisse » comme « une machine [...] à la pression du genre humain, de la même manière que la locomotive obéit à la pression de son conducteur sur le levier »10. La machinerie économique doit même à un moment abolir la concurrence auquel on doit le progrès économique dans la nature et dans la culture qui a été jusqu’ici la nôtre. Herrmann a la vision d’une société marquée par la solidarité. « La paix et la joie entreraient dans le monde, chaque être humain jouirait de cette partie de l’existence qui lui est offerte en en consacrant une moitié au travail accompli librement et paisiblement au service du public, et l’autre moitié au plaisir individualisé dans le cercle de la famille ou de l’entreprise privée bien ordonnée. »11 5 Nietzsche a bien noté les pronostics de Herrmann. Le chemin lui paraît « à présent parfaitement visible », qui mènera à « l’imminente et inévitable administration économique globale de la terre », laquelle prendra à son service « l’humanité comme machinerie »12. Ce qui, du point de vue de Herrmann, se présente comme une ascension, porte cependant pour Nietzsche les caractéristiques du déclin de la culture humaine. Herrmann est persuadé que l’économie ne « fera pas entrer » l’être humain « dans sa machinerie » et que, « au contraire », elle le « libérera totalement », « si bien qu’il pourra se consacrer totalement aux autres objectifs culturels purement humains »13. Nietzsche, en revanche, prévoit un « usage toujours plus économique de l’homme et de l’humanité, en vue d’une « machinerie » des intérêts et des performances, toujours plus étroitement imbriqués ». Sur la voie de l’administration globale de la terre se développent « l’adaptation, le nivellement, le « chinoisisme » élevé, la modestie de l’instinct, la satisfaction dans le rapetissement — une sorte de stagnation dans le niveau de l’être humain ». Pour Nietzsche, cela exige un « contre-mouvement ». Pour lui, la « machinerie globale, la solidarité de tous les rouages », constitue un point maximum « dans l’exploitation de l’être humain ». Ce sont des « propos moraux », et Nietzsche sape ce discours en indiquant qu’il pourrait exister des êtres « pour lesquels cette exploitation a un sens »14. Du point de vue de la position contraire, la solidarité dans la répartition du travail relève tellement peu de l’exploitation que celle-ci peut être abolie simplement par « l’action de tous en faveur de tous »15 ; suivant ce point de vue, Nietzsche tente de revenir sur le dépassement du principe de concurrence en en proposant une nouvelle exploitation. 6 A la fin du XXe siècle, on regarde avec uploads/Societe et culture/ mueller-lauter-de-l-x27-economie-et-de-la-culture.pdf
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- Publié le Mai 31, 2022
- Catégorie Society and Cultur...
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