© L ’INSTITUT D’ETHNOLOGIE ET D’ANTHROPOLOGIE de l’Académie des sciences de Rus

© L ’INSTITUT D’ETHNOLOGIE ET D’ANTHROPOLOGIE de l’Académie des sciences de Russie LA PUBLICATION A BÉNÉFICIÉ DU SOUTIEN DU FOND SCIENTIFIQUE RUSSE (RNF) PROJET N° 15-18-00099п Les nôtres et les autres. Retour épistémologique sur la perception des identités en Europe. Sous la direction d’Elena Filippova et Xavier le Torrivellec. Moscou : Institut d’ethnologie et d’anthropologie de l’Académie des sciences de Russie, 2019. 318 p. eISBN 978-5-4211-0244-1 eBook DOI: 10.33876/978-5-4211-0244-1-2019-1-319 Une équipe internationale s’est réunie pour analyser la crise de l’identité nationale allant de pair avec la crise de l’État-nation à l’ouest et à l’est du continent européen. La tendance à la fusion des modèles culturel et politique de la nation, la construction difficile des nations civiques dans les États postsoviétiques (Russie, Ukraine et Biélorussie), la montée de l’importance de la culture et de l’ethnicité dans la perception de l’identité nationale à l’Ouest de l’Europe sont au cœur des réflexions proposées. Par ailleurs, d’autres niveaux d’identification (régionale ou locale) sont pris en compte, ainsi que les limites des constructions identitaires ex-nihilo. La version russe a été imprimée sous les références : ISBN 978-5-9912-0783-6 1 AppleID: 1488088740 © Elena Filippova, Xavier Le Torrivellec (éds.) © Auteurs des chapitres: Venalii Amelin (chap. 8), Yann Bévant (chap. 4), Yulia Сherniavaskaia (chap. 6), Rudolf de Cillia (chap. 10), Ronan Le Coadic (chap. 12), Elena Filippova (Introduction, chap. 2), Ildar Gabdrafikov (chap. 8), Kseniia Gavrilova (chap. 14), Irina Kucherova (chap. 9), Yves Plasseraud (chap. 3), Artemy Plekhanov (chap. 7), Viktor Shadurskii (chap. 5), Sergey Sokolovskiy (chap. 11), Pavel Térechkovitch (chap. 13), Xavier Le Torrivellec (Introduction, chap. 1) © Traductions : Arthur Clech (chap. 8, 11, 14) ; Xavier Le Torrivellec (chap. 2, 5, 6, 7); Caterine Perrel (chap. 10) ; Oskar Bockel (chap. 5, 6, 7) ; Olga Urbanovich (chap. 13) © Irina Kalina (composition numérique) 2 Table des matières Introduction 7 Première partie. Réflexions épistemologiques Chapitre 1. Déconstruire le constructivisme pour comprendre la Russie 13 Chapitre 2. «Au commencement était la parole...». Discours identitaires en Russie et en France 33 Chapitre 3. Citoyenneté/nationalité: transferts culturelles ou chassés criosés conceptuelles Est-Ouest 67 Chapitre 4. Identité et territoire: réflexions sur des enjeux idéologiques 89 Deuxième partie. Formation/transformations des identités nationales Chapitre 5. Les principaux modèles d’identité nationale dans la Biélorussie contemporaine 107 Chapitre 6. Les facettes de l’identité biélorusse: médias et vie quotidienne 118 Chapitre 7. L’identité nationale ukrainienne dans le contexte de la formation d’un panthéon de héros national 137 Chapitre 8. La formation de l’identité «russienne» dans le milieu multiethnique de la région Volga-Ural 160 Chapitre 9. La transformation identitaire des Islandais à la suite de la crise de 2008, ou la dynamique de l’isolement 176 Chapitre 10. Comment devient-on Autrichien ? Comment peut-on l’être ? 205 Chapitre 11. La République de Chypre et les problèmes de la citoyenneté européenne 226 Troisième partie. Actualités des identités minoritaires Chapitre 12. Identité et altérité en Bretagne: le droit du cœur 243 Chapitre 13. La formation des identités de la population de la partie occidentale de la Polésie Biélorusse 268 Chapitre 14. Les Chud’ comme nouveau groupe ethnique: un projet traditionaliste à Pinezh’e 294 5 Sergey Sokolovskiy L ’identité tenant à la citoyenneté peut être rapprochée de l’identité ethnique parce que sa dynamique relève largement de la politique de l’État et de stratégies mises en œuvre à un niveau local : les retournements législatifs, au niveau tant national qu’international ont une incidence aussi profonde sur l’identité citoyenne que les processus d’identification ethniques. Il n’est donc pas étonnant que des changements dans cette sphère sensible de régulation étatique entraînent des conflits à grande échelle et touchent aux intérêts de groupes significatifs de citoyens et de non-citoyens. L ’entrée de la République de Chypre dans l’Union européenne en 2004 a conduit à une libéralisation des relations économiques avec les États membres de l’UE. Ce faisant, elle a fait de ce pays l’otage de crises échappant au contrôle du gouvernement. La crise financière de 2012-2013 et la récession économique qui en a résulté ont conduit une large part de la jeunesse chypriote éduquée à considérer différemment son pays : elle s’était en effet retrouvée au chômage (le taux de chômage dépassant légèrement 11 % de la population active selon les statistiques livrées par la CIA en 2018) ou avait dû trouver un emploi ne correspondant pas à sa formation. Le Brexit, l’annonce de sortie de l’UE faite par le Royaume-Uni, a provoqué à Chypre une crise de citoyenneté ainsi que de sa politique de naturalisation. 226 LA RÉPUBLIQUE DE CHYPRE ET LES PROBLÈMES DE LA CITOYENNETÉ EUROPÉENNE Sergey Sokolovskiy est directeur de recherche à l’Institut d’ethnologie et d’anthropologie de l’Académie des sciences de Russie (Moscou, Russie) e-mail : sokolovskiserg@gmail.com La recherche a été subventionnée par le Fond scientifique russe (RNF), et s’inscrit dans le projet № 15-18-00099п, intitulé « Les mécanismes assurant un consensus citoyen dans les États multiethniques : les expériences en Russie et à l’étranger », dirigé par Elena Filippova En effet, depuis le Brexit on débat beaucoup des questions, avant tout les changements apportés au statut des expatriés britanniques en République de Chypre, ainsi que les problèmes liés aux frontières et la manière de réguler les flux qui les traversent. La citoyenneté européenne et la régulation dont elle fait l’objet ont été des questions certes moins débattues bien qu’elles provoquent des problèmes tout aussi graves, parmi lesquels : – les aspects économiques/financiers que revêt la naturalisation dès lors que le gouvernement a conduit une politique de monétarisation des cartes de séjour, la politique dite de « citoyenneté contre argent » ; – la naturalisation des enfants de mariages mixtes entre Grecs et Turcs et la délivrance de passeports européens ; – l’influence de la crise économique sur les mobilisations sociales et les positionnements citoyens de la population. L ’analyse des problèmes énoncés repose sur une série d’entretiens d’experts que l’auteur de ce chapitre a réalisés au printemps 2019 au Conseil de l’Europe et dans la République de Chypre. Il a en outre réalisé des entretiens ciblés avec des Grecs chypriotes à Paphos et à Pólis (région de Paphos) en plus d’avoir procédé à une analyse des contenus des médias et de la littérature scientifique attenants aux sujets. Le Brexit et la République de Chypre Les expatriés britanniques et le Brexit D’après les sondages, environ 80 % des expatriés britanniques vivant dans les pays de l’Union européenne craignent fortement que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne remette en cause leurs droits, c’est-à-dire de jouir de la liberté de circulation, de toucher différents avantages sociaux ainsi qu’une retraite. Le gouvernement du Royaume-Uni a déclaré à maintes reprises qu’il attendait que les 27 États de l’Union européenne accordent aux 1,2 million de citoyens britanniques qui y résident le même soutien que lui-même offre aux 3 millions de citoyens environ de l’Union européenne résidant au Royaume-Uni ou dans ses territoires d’outre-mer. Stephen Lillie, le 227 haut-commissaire des affaires britanniques à Nicosie, a déclaré que d’après les informations dont il dispose, le gouvernement chypriote préparait un texte de loi/un texte législatif/une loi stipulant qu’une année serait accordée après la sortie du Royaume-Uni de l’UE aux expatriés britanniques résidant à Chypre pour qu’ils choisissent leur statut de résidence, sachant que le Brexit devait se produire le 30 mars 2019. Plus de 80 000 expatriés du Royaume-Uni ont été enregistrés en mai 2019 sachant que parmi eux, certains ont des biens immobiliers à Chypre sans y vivre de façon permanente. On peut distinguer trois catégories d’expatriés : 1) les résidents (le statut MEU1 est accordé après trois mois de séjour ininterrompu à Chypre) ; 2) les résidents qui y ont vécu plus de cinq ans (statut MEU3) ; 3) les résidents y ayant vécu plus de sept ans et qui ont donc le droit d’obtenir la citoyenneté chypriote. Les deux premières catégories doivent obtenir les documents attestant de leur statut MEU1 ou MEU3 afin que leur séjour sur le sol chyprien demeure légal et que leurs droits soient maintenus après le Brexit. D’après les informations dont dispose l’un des représentants officiels de Chypre au Conseil de l’Europe (entretien du 3 avril 2019), le gouvernement de la République de Chypre serait favorable à accorder la citoyenneté à tous les résidents britanniques qui ont séjourné plus de cinq ans de façon permanente. De plus, d’après le règlement publié par le Ministère de l’Intérieur, ce droit à la citoyenneté chypriote sera accordé aux citoyens britanniques et étendu à tous les membres de leur famille pourvu qu’ils aient résidé plus de cinq ans de façon permanente sur le territoire du pays à la date du 31 décembre 2020, tandis que les autres pourront engager une procédure de naturalisation dès qu’ils auront résidé plus de cinq ans, ce qui leur garantira le même accès à l’emploi, aux études, aux services sociaux et le même droit à la retraite. Tout le calendrier des mesures prévues par ce règlement [Residence Rights, 2018] a été modifié du fait du report de la date de sortie du Royaume-Uni de l’UE au 31 octobre uploads/Societe et culture/ sokolovskiys-chypre.pdf

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