Volume ! 9 : 1 (2012) Contre-cultures n°1 .....................................

Volume ! 9 : 1 (2012) Contre-cultures n°1 ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Sheila Whiteley Countercultures: Music, Theory and Scenes ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. T oute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Sheila Whiteley, « Countercultures: Music, Theory and Scenes », Volume ! [En ligne], 9 : 1 | 2012, mis en ligne le 15 octobre 2012, consulté le 14 avril 2016. URL : http://volume.revues.org/3572 Éditeur : Éd. Mélanie Seteun http://volume.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://volume.revues.org/3572 Ce document est le fac-similé de l'édition papier. L'auteur & les Éd. Mélanie Seteun 5 Volume ! n° 9-1 Contre-cultures : musiques, théories et scènes par Sheila Whiteley Traduit de l’anglais par Gérôme Guibert Notre premier dossier « contre-cultures et musiques populaires » ofre au lecteur l’occasion d’explorer l’histoire de la notion de contre-culture et de comprendre com- ment elle a été théorisée dans le champ des études sur la musique. Il fournit également un éclairage sur la manière dont elle a émergé et a pris, inter- nationalement, place au sein de scènes musicales qui ont posé des défs aux cultures dominantes. En décembre 2012, le second dossier à paraitre dans Volume ! « Utopies et expérimentations », explorera les utopies et les dystopies ainsi que les anarchies sonores et la question des freaks. Il se concentrera sur la manière dont la contre-culture des années 1960 a pu embrasser à la fois un cadre idéaliste de référence et une revendication de liberté et de bohème beat et hip, qui a pu dévier en bac- chanales de viols et de meurtres. Comme Simon Frith l’a pertinemment observé, « le rock ne peut pas simplement être consommé mais doit évoluer, comme n’importe quelle autre forme d’art – ces tensions et contradictions étant liées à l’expérience de l’auditeur et réinterprétées par cette expé- rience » (Frith, 1977). D’autres écrits concernant les contre-cultures et musiques populaires seront simultanément publiés en 2013 en anglais sous la forme d’un livre par Ashgate, en collaboration avec Volume !, confrmant le caractère signifcatif de la notion de contre-culture en tant que moment déci- sif dans l’histoire continue des musiques populaires. intro duction Sheila Whiteley Volume ! n° 9-1 6 Comme Andy Bennett l’écrit dans son article intro- ductif, « Pour une réévaluation du concept de contre- culture », alors que « la nature profondément diverse et hétérogène des individus comme des idéologies sociopolitiques et culturelles » a été énormément explorée en relation aux « subcultures » (p. 24), il y a eu en revanche beaucoup moins de recherches concernant la contre-culture, qui est donc restée un concept problématique. Ce qui émerge de la ving- taine d’articles qui apparaissent dans les trois publi- cations « contre-cultures et musiques populaires », c’est le manque de précision du terme. La contre- culture est « quelque chose de sufsamment fuide pour pouvoir incorporer diférents groupements et, par conséquent, se manifester diféremment à des moments et dans des lieux particuliers, en fonc- tion des circonstances socio-économiques, cultu- relles et démographiques locales » (p. 25). Alors que le manque d’attention spécifque porté sur la contre-culture des années 1960 justife en lui-même ce travail, il apparait aussi que certaines questions restent encore aujourd’hui en suspens, notamment en ce qui concerne la diversité démographique et politique du mouvement, « au sein d’un cadre uni- fant la variété des contre-cultures » (Roszak, 1970 : 66). Comme je l’ai écrit dans Te Space Between the Notes, il existait à la fn des années 1960 aux États- Unis une tension sous-jacente constitutive entre l’activisme des étudiants de la nouvelle gauche et la bohème « fuck the system » des hippies et yippies. À un niveau plus profond toutefois, ces deux extrêmes se rejoignaient dans leur attaque des institutions tra- ditionnelles à l’origine de la reproduction des rela- tions de domination idéologico-culturelles (famille, éducation, media, mariage et division sexuelle du travail). Le mouvement partageait « une emphase dans le questionnement et l’expérimentation de la liberté, un attachement à l’épanouissement person- nel, ainsi qu’une intense introspection individuelle » (Whiteley, 1992 : 23), que ces éléments soient pathologiquement envahissants ou qu’ils expri- ment une expressivité créative. Comme Teodor Roszak l’observait à l’époque, « la bohème beat et hip est sans doute trop rétive à l’action sociale pour convenir aux militants de la gauche radicale. Mais les activistes peuvent aisément comprendre ce genre de repli » (1970 : 66). En passant en revue mes recherches sur le rock et la contre-culture (Whiteley, 2013), il apparaît que le chaos et l’incertitude, alliés à l’impact du bruit (sons inharmoniques, distorsion, dissonance, et les conno- tations associées à la discordance), pouvaient être interprétés comme étant à la base d’une action révo- lutionnaire annonçant un état d’anarchie créative 1, qui se distingue sans doute des connotations plus légères de thèmes tels que « All You Need is Love », et le pacifsme implicite des slogans tels que « Faites l’amour, pas la guerre 2 ». Si, cependant, Roszak identifait à juste titre la bohème beat et hip à un efort de mise au point d’un mode de vie et d’une manière d’être découlant de la critique sociale de la Nouvelle Gauche (1970 : 66), alors la formation de communautés contre-culturelles, comme les groupes communautaires qui émergèrent par exemple à Naples (cf. infra), peuvent apparaitre comme un développement logique en « fournissant un espace particulier pour l’afrmation d’une identité person- nelle » (Whiteley, 2000 : 23). La discordance et le « bruitisme » extrême et sombre de groupes tels que les Grateful Dead, Captain Beefheart, Jimi Hendrix Contre-cultures : musiques, théories et scènes 7 Volume ! n° 9-1 et les MC5 apparaitraient alors comme la première étape du programme de la contre-culture, en éta- blissant un mode de vie alternatif et pertinent 3. Comme l’a observé Jef Nuttall, deux des objectifs de l’Underground 4 furent : – « de déclencher des forces au sein de la culture domi- nante afn de provoquer la dislocation de la société, de saper les fondements de la moralité, de la ponctualité, de la servilité et de la propriété ; – « et d’étendre les possibilités d’épanouissement de la conscience humaine au-delà des frontières déshumani- santes défnies par le cadre politique et l’utilitarisme » (Nutall, 1970 : 249), une philosophie qui faisait alors écho à l’as- similation du rock à une arme politique par l’International Times 5. Mais l’histoire s’épuise-t-elle ainsi, et le concept de contre-culture est-il encore porteur de sens ? Des articles qui suivent, il ressort que « en dépit [des] critiques faites aux concepts de subculture et de contre-culture, la théorie sociale et culturelle a continué de les utiliser […] » de telle sorte qu’ils font désormais partie d’une « mémoire reçue et négociée » (Bennett, p. 28). Ce qui émerge des articles composant ces deux numéros de Volume ! dédiés aux contre-cultures, est que la notion englobe l’utopique mais aussi le dystopique et que, bien que des festivals comme ceux de Monterey et Woodstock y soient associés, le décès de personna- lités aussi iconiques que Brian Jones, Jimi Hendrix, Jim Morrison ou Janis Joplin, le désordre nihiliste d’Altamont ou le spectre de Charlie Manson jettent un voile sombre sur la question, ce qui nous rap- pelle que les « problèmes pathologiques sont encore d’actualité ». (Bennett, p. 28). Présentation des contributions Nous avons le privilège de proposer un article intro- ductif d’Andy Bennett. Ses recherches considérables et ses nombreuses publications sur les subcultures, la culture et le patrimoine culturel lui ont permis d’acquérir une réputation de leader académique international dans le champ des théories de la culture. « Pour une réévaluation du concept de contre-culture » revisite et réexamine les questions anciennes et actuelles liées aux idéologies anti-hégé- moniques, les pratiques et les croyances, et com- ment le terme apparut à la fn des années 1960 fut redéployé ensuite en relation à d’autres phénomènes culturels et socio-politiques. Comme il l’explique, les récents développements en théorie sociolo- gique complexifent et problématisent des théories conçues dans les années 1960, et les technologies numériques par exemple donnent un nouvel élan au décryptage de la notion de contre-culture. Ce qui est intriguant, c’est la manière dont les groupes et les mouvements contemporains utilisent la contre- culture comme référence, soulevant la question de savoir comment le terme est compris. Théoriser les contre-cultures De plusieurs manières, la première partie de ce dossier prolonge et développe une uploads/Societe et culture/ volume-3572-9-1-countercultures-music-theory-and-scenes.pdf

  • 41
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager