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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/268778940 L'entraînement musculaire à la croisée des chemins Technical Report · November 2014 CITATIONS 2 READS 1,326 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Relations between muscle-tendon properties and sprint performance View project Innovative solutions for optimizing muscle-tendon interactions View project Gaël Guilhem French Institute of Sport (INSEP) 83 PUBLICATIONS 1,580 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Gaël Guilhem on 26 November 2014. The user has requested enhancement of the downloaded file. Dossier spécial Dossier spéc L’entraînement musculaire à la croisée des chemins Par Gaël Guilhem Chercheur au département de la Recherche Laboratoire Sport, Expertise et Performance (SEP) à l’INSEP cial L ongtemps cantonné à l’image du sportif bodybuildé, le renforcement musculaire revêt aujourd’hui de nouveaux enjeux qui le placent au carrefour de différents secteurs de la performance sportive. Les 19 et 20 mai derniers avaient lieu les premiers Entretiens de l’INSEP de l’année 2014 sur le thème « Entraîner les qualités musculaires : force, puissance, vitesse »1. Animée par des entraîneurs et des scientifiques renommés et impliqués dans des sports variés, cette 3e édition dédiée à la préparation musculaire a mis en lumière l’évolution des concepts théoriques et des pratiques dans le domaine. Ces deux journées d’échange ont permis de constater que la préparation physique dans son ensemble, et la musculation en particulier, a pris toute sa dimension dans les stratégies d’amélioration de la performance, comme en témoigne le nombre croissant de préparateurs physiques dans les équipes des différentes disciplines. Ainsi, optimisation et individualisation des qualités athlétiques, entraînement spécifique, préparation au jour de compétition, prévention des blessures ou encore réathlétisation sont les nouvelles cibles des procédés dits de « musculation ». Pour répondre à ces objectifs multiples, les entraîneurs, les ingénieurs, les praticiens et les chercheurs font aujourd’hui évoluer les méthodes et les outils visant à construire l’entraînement musculaire de demain. ©iStockphoto Dossier spécial  D’une musculation générale à une préparation plus spécifique Avec Rodolphe Bouché entraîneur du Collectif « France – de 21 ans » masculin du pôle France d’Antibes Bruno Gajer entraîneur national sprint long et demi-fond, Fédération française d’athlétisme Romain Guibet conseiller technique national, entraîneur National U18, Fédération française de hockey sur glace La préparation musculaire, que l’on pourrait croire figée dans des schémas établis depuis des décennies, est en pleine mutation. Les plans de musculation programmés à partir de la répétition maximale (1RM) pourraient bien appar- tenir au passé. Organisé, dans les premiers temps, dans des espaces dédiés et des sessions complètement dissociées de la pratique, l’entraînement musculaire s’est progressive- ment adapté pour répondre aux contraintes de l’activité. D’après Rodolphe Bouché, en gymnastique « on va passer un peu plus de 80 % du temps sur les membres supérieurs et 20 % du temps sur les membres inférieurs […] Le matériel humain n’est pas adapté à cette motricité inversée. Notre épaule, c’est notre hanche, notre coude, c’est notre genou et notre poignet, c’est notre cheville. […] Ce qui induit des « techno- pathies » spécifiques à certains agrès. Ces contraintes sont donc intégrées dans la préparation musculaire. » Dans une discipline très différente, Bruno Gajer appuie cette idée : « 30 km/h, pour certains c’est du sprint, pour David Rudisha, c’est l’allure du premier 200 de son 800 m, lors d’une course tactique. Ce sont des vitesses qui sont très importantes Julien Gobaux. 60  Réflexions Sport // # 9 - novembre 2014 ©Icon Sport Dossier spécial  et qui vont justifier une prépa- ration musculaire adéquate. » Cette approche « contextualisée » reflète à quel point la spécificité de la tâche sportive, qui était un des points d’ancrage des précé- dents Entretiens, est aujourd’hui parfaitement prise en compte dans la construction des séances d’entraînement musculaire. De la même manière, Romain Guibet explique que lors d’un match de hockey sur glace, le joueur doit souvent « accélérer, passer entre deux joueurs et rester debout. Cela représente un sprint de 10 m, ce qui est peu. Donc on développe ... l’entraînement musculaire s’est progressivement adapté pour répondre aux contraintes de l’activité. la force avec les mouvements classiques. Par contre on les effectue sur la glace. On fait des fentes sur la glace, équipé 2, on fait des squats sur la glace pour pouvoir intégrer de l’instabilité et enchaîner avec des démarrages. » Ainsi, à l’instar de l’haltéro- philie, cas extrême pour lequel les exercices de musculation correspondent aux mouvements en compétition, les préparateurs physiques n’hésitent plus à associer des efforts musculaires intenses au geste spécifique de leur discipline, pour faire progresser leurs athlètes. Les appareils auparavant réservés aux salles de musculation, mais aussi les méthodes de prépa- ration musculaire investissent donc progressivement les sites d’entraînement lors de séances dites « intégrées », « fonction- nelles » ou « de transfert ». David Rudisha (800 m). novembre 2014 - Réflexions Sport // # 9  61 ©Icon Sport Dossier spécial  Des progrès dans l’analyse de la tâche sportive Avec Alain Quintallet préparateur physique de l’équipe de France masculine de handball Si ces évolutions sont consta- tées sur le terrain, elles ne se sont pas faites en un jour ! La prise en considération des particularités du geste sportif (intensité, vitesse, angles arti- culaires, fréquence gestuelle…) est en fait liée à la spécificité de l’entraînement musculaire, qui fait l’objet d’un consensus international régulièrement mis à jour dans la littérature scientifique3. Les effets induits par la musculation sur les capacités de force, de vitesse et de puissance de l’athlète seront en effet hautement dépendants du type d’entraî- nement réalisé (vitesse, force développée, angles articulaires sollicités, contractions muscu- laires utilisées, etc.). Jusqu’à il y a quelques années, les matériels permettant d’analy- ser finement l’activité sportive étaient peu nombreux, inadaptés aux contraintes pratiques ou encore trop coûteux, laissant la plupart du temps l’entraîneur avec son œil d’expert ou la vidéo Jérôme Fernandez ... les matériels permettant d’analyser finement l’activité sportive étaient peu nombreux, inadaptés aux contraintes pratiques... 62  Réflexions Sport // # 9 - novembre 2014 ©Icon Sport Dossier spécial  comme seuls outils lui permet- tant de décortiquer l’activité. Alain Quintallet, préparateur physique de l’équipe de France masculine de handball, témoigne « En 2000, on a fait une première analyse avec des étudiants à Strasbourg, à partir de la vidéo, sur 10 matches du championnat de France. Il y avait une part qui n’était pas scientifique, on notait les actions en phases défensives et offensives, et on regardait la proportion du temps passé dans chacune de ces actions par les joueurs. Ce n’était pas satisfaisant. […] En 2013, lors de 6 matchs internationaux, les joueurs de l’équipe de France ont été équipés d’accéléromètres4. […] Ces données ont été transcrites par les chercheurs en fiches indiquant les niveaux de charge en fonction du type d’action. […] Sur un match, on a alors mesuré que 96 % du temps de jeu était passé dans des intensités faibles (marche, footing léger), les actions décisives avec des fortes accélé- rations représentant des temps très courts. Vous comprenez alors que tout l’investissement doit être sur l’explosivité et le travail technique. » Sous l’impulsion des avancées technologiques, les cadres techniques voient ainsi s’accroître leur capacité à analyser objectivement les gestes effectués par leurs athlètes. L’avènement des outils embarqués leur a également permis de décrire les contraintes de leur sport au plus près des conditions de compétition, étape cruciale, préliminaire à la mise en œuvre de l’entraînement musculaire. D’autres exemples récents confirment cette ten- dance dans des disciplines très variées (BMX, cyclisme sur piste, course à pied, aviron, escrime). Toutefois, ce partage d’expérience montre aussi qu’en Benjamin Chassillan (BMX). Quentin Lafargue. novembre 2014 - Réflexions Sport // # 9  63 ©Icon Sport ©Icon Sport Dossier spécial  Julien Mertine (fleuret). l’état actuel, le transfert de ces progrès technologiques à la pratique ne peut s’effectuer que dans certaines conditions. Si les entraîneurs s’approprient de plus en plus ces nouveaux outils, le support de compétences tech- niques semble indispensable pour traduire les mesures en résultats exploitables et adapter l’entraînement en conséquence. Vers un profilage de l’athlète ? Avec Dr. Pierre Samozino maître de conférences en biomécanique à l’université de Savoie et membre du laboratoire de Physiologie de l’Exercice (EA 4338) à Chambéry Pour relever ce challenge, les cadres techniques ont donc trouvé des solutions en s’entou- rant de ressources spécialisées dans les domaines scientifique, clinique ou encore industriel. Ces collaborations, illustrées ici par le binôme entraîneur-chercheur, constituent également un moyen d’évaluer plus précisément les capacités de l’athlète, afin d’indi- Adeline Seydoux. 64  Réflexions Sport // # 9 - novembre 2014 ©Icon Sport ©Icon Sport Dossier spécial  vidualiser ses contenus d’entraî- nement. En effet, la principale méthode d’évaluation muscu- laire consiste encore aujourd’hui à mesurer sa force maximale dynamique, représentée par la charge maximale qu’il est capable de soulever en une seule fois (la fameuse 1RM). Or, les qualités musculaires d’un sportif ne sont pas limitées à ce seul paramètre. Mais uploads/Sports/ guilhem-2014-reflexionssport-french.pdf