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08/12/2020 L’intelligence tactique - Développement de l’intelligence tactique et entraînement : un exemple au rugby - Presses universitaires de Fra… https://books.openedition.org/pufc/10563 1/31 Presses universitaires de Franche- Comté L’intelligence tactique | Jean-Francis Gréhaigne Développement de l’intelligence tactique et entraînement : un exemple au rugby Jean-Jacques Sarthou p. 155-179 Texte intégral 08/12/2020 L’intelligence tactique - Développement de l’intelligence tactique et entraînement : un exemple au rugby - Presses universitaires de Fra… https://books.openedition.org/pufc/10563 2/31 1 2 3 La logique des sports collectifs d’opposition consiste à remporter individuellement et collectivement des duels afin de se mettre en position favorable de marque. En fonction de l’essence de chaque sport (Conquet, 1995) et des contraintes réglementaires, il est possible de prendre le dessus sur un adversaire par différents moyens en attaque et défense. Pour le rugby, défini par le « combat collectif » (Conquet, 1995), le joueur peut décider de choisir l’affrontement physique direct (défier physiquement l’adversaire) ou indirect (progresser en évitant les contacts) ; trois modalités de progression s’offrent ainsi au joueur (le « jeu groupé », le « jeu déployé » et le « jeu au pied »), regroupées dans la triple variante fondamentale (Deleplace, 1979). Ces formes de jeu peuvent être utilisées dans une optique stratégique ou tactique. Comme cela a déjà été précisé, la stratégie consiste à élaborer un choix de jeu préalable à l’action quand la tactique se propose d’établir un choix de jeu durant l’action. Si les choix stratégiques visent à imposer le point fort d’une équipe ou d’un joueur, les décisions tactiques quant à elles prennent en considération les réactions de l’adversaire. Dans ce second cas, le joueur est considéré comme « une totalité qui agit » (Peys, 1990, p. 16), dont les décisions sont mises au service du projet de jeu collectif visant à prendre de vitesse l’équipe adverse. Dans le cadre de l’entraînement du joueur de rugby, nous pensons qu’il est de la responsabilité de l’entraîneur de développer l’ensemble des qualités nécessaires à la performance dans l’« opposition au corps de l’adversaire » (Conquet, 1995, p. 62), le combat au corps à corps. La tactique (en attaque et défense) constitue de ce point de vue là une des priorités de formation et d’entraînement au même titre que la stratégie, la technique, le physique ou la préparation mentale et la gestion des émotions. Même si le rugby contemporain peut sembler fortement conditionné par des enjeux physiques et stratégiques, ses évolutions ont toutefois montré que les temps et le volume de jeu avaient quasiment doublé entre la période amateur et l’avènement du professionnalisme. Le rugby « moderne » impose la polyvalence motrice et le joueur doit s’entraîner dans des perspectives de « suppléance absolue » (Villepreux, 1993) ; cette dernière ne peut être atteinte qu’au travers de l’intelligence tactique individuelle et collective. Dans cet article nous centrerons nos propos sur le développement de l’intelligence tactique en situation d’entraînement. Nous montrerons que l’initiative individuelle a toute sa place au sein des « référentiels tactiques de jeu » d’une équipe (Deleplace, 1979), et qu’elle relève avant tout de choix de formation de joueur et de style de jeu pour une équipe. Nous proposerons des axes de réflexions théoriques 08/12/2020 L’intelligence tactique - Développement de l’intelligence tactique et entraînement : un exemple au rugby - Presses universitaires de Fra… https://books.openedition.org/pufc/10563 3/31 4 5 6 7 1. L’intelligence tactique 1. 1. L’intelligence tactique dans la réflexion sur le rugby 1. 2. Le concept de choix tactique ainsi que des dispositifs didactiques permettant de développer les capacités créatrices du joueur et de l’équipe. Dans les faits, nous pourrions dater l’avènement de l’intelligence tactique en tant que facteur essentiel de la performance en rugby aux alentours des années 1970 (formation au stage d’Arras et enseignement à l’IREPS de Paris), soit une dizaine d’années avant la publication de l’ouvrage de René Delaplace « Rugby de mouvement, rugby total » en 1979. Les travaux de Deleplace (1979) mettent en avant la notion de « décision tactique » dans la formation du joueur. Cette notion était jusque là, peu (ou pas) formalisée dans les entraînements ou dans les situations de formation. Au sujet de l’existence d’une « imbrication » et d’une « implication réciproque » (Deleplace, ibid) entre décision tactique, technique et capital énergétique, cet auteur affirme que c’est « le niveau de décision tactique qui reste toujours le niveau premier, la source de tout, d’où certaines conséquences dans la façon de travailler tant en initiation qu’en perfectionnement » (Deleplace, ibid, p. 9). Le technicisme (apprentissage décontextualisé des gestes et des organisations collectives) cède progressivement sa place à l’adaptation situationnelle et au développement de l’« intelligence motrice » (Villepreux dans la préface de Deleplace, 1979). Pierre Villepreux utilisera cette intelligence motrice pour promouvoir un « rugby de mouvement » (Villepreux, 1993) aussi bien à l’entraînement qu’en compétition, notamment avec l’équipe de Toulouse dans les années 1980, puis l’équipe de France. Il semble important de préciser que, si l’intelligence tactique est une finalité de formation initiale, elle s’entretient et son développement se poursuit tout au long d’une carrière de joueur. La « pensée tactique » (Menaut, 1998) peut être définie comme la « possibilité de réponse d’un organisme, face à des situations inhabituelles, de créer des réponses nouvelles » (Gréhaigne, Billard, & Laroche, 1999). Pour le rugby, René Deleplace et Pierre Conquet accordent tous deux une grande importance à la formation tactique du joueur et l’expriment en termes d’« intelligence tactique » ou « technique ouverte » pour le premier, et d’« initiative » pour le second. Pilote de son 08/12/2020 L’intelligence tactique - Développement de l’intelligence tactique et entraînement : un exemple au rugby - Presses universitaires de Fra… https://books.openedition.org/pufc/10563 4/31 8 9 propre jeu, le joueur doit être en mesure d’analyser et de concevoir la décision la plus adaptée au « contexte situationnel » (Villepreux, 1993). Il agit sur l’action, autant que celle-ci agit sur lui. La liberté de choix le conduit à gérer la prise de risque, pour lui et pour son équipe. Il s’agit donc de développer « un processus illimité de transformation réciproque » (Deleplace, 1979), une « véritable efficacité intellectuelle » (Villepreux, 1993). L’entraîneur veillera à ce que les choix tactiques des joueurs s’insèrent dans la « logique de réalité de jeu » et notamment dans « l’action collective » (Conquet, 1995). Autour du concept de choix tactique, les joueurs seront sollicités à différents niveaux, que l’on retrouvera comme thèmes de travail à l’entraînement. L’adaptation : le joueur doit trouver dans l’instant la solution la plus pertinente. La polyvalence ou suppléance : le joueur doit être capable de répondre de manière efficiente lors d’une situation atypique pour son poste ou ses qualités physiques de base. La création : le joueur est capable de proposer une solution originale dans une situation de jeu en attaque ou en défense, « tout en étant compréhensible pour chacun des partenaires, à tout moment » (Deleplace, 1979). La « contre-communication » (Parlebas, 1981) : le joueur est capable de présenter des informations erronées à ses adversaires pour les induire en erreur. Cette contre- communication s’établit à base de gestes, d’attitudes, d’orientations de courses, de regards… P Conquet (1995) propose six principes permettant de préciser le concept d’« intelligence opérationnelle ». Principe de nécessité : réaliser dans l’action que ce qui est nécessaire et uniquement ce qui est nécessaire, « ce qui n’est pas nécessaire est superflu et donc non pertinent ». Principe de simplicité : « atteindre l’objectif par la voie la plus directe ». Principe d’économie : « atteindre l’objectif à moindres frais (énergie, temps…) ». Principe d’efficacité : « ne réaliser que ce qui est pertinent au regard de l’objectif ». Principe de sécurité : « toutes les activités comportent des risques ; le risque est relatif à la capacité à le maîtriser » Principe de pré-action : « la pré action concerne le projet en cours de réalisation ; elle est dans l’action même, l’application nécessaire harmonieuse et continue des cinq 08/12/2020 L’intelligence tactique - Développement de l’intelligence tactique et entraînement : un exemple au rugby - Presses universitaires de Fra… https://books.openedition.org/pufc/10563 5/31 10 11 12 13 14 15 1. 3. Complexité de l’intelligence tactique en jeu principes précédents, qu’elle régule dans une synthèse motrice permanente ». Ces principes peuvent guider l’entraîneur dans la conception de situations d’entraînement et la responsabilisation des joueurs en jeu. Comme le précisent Gréhaigne, Meunier et Caty (2011, p. 51), le développement de l’intelligence tactique consistera à « faire construire par le joueur des connaissances fonctionnelles, au service de l’« anticipation mentale ». Selon Mouchet (2003), l’activité décisionnelle d’un joueur est déterminée par « trois sources d’influence » imbriquées : les rapports du joueur aux facteurs contextuels généraux (le système sociotechnique constitué par le club ; le projet de jeu de l’équipe) ; les rapports du joueur aux facteurs contextuels locaux (la situation de jeu dans le match – l’environnement momentané et évolutif du joueur) ; l’histoire personnelle du joueur et sa logique de jeu (formation, expérience, vécu du joueur). uploads/Sports/ presses-universitaires-de-franche-comte-developpement-de-l-x27-intelligence-tactique-et-entrainement-un-exemple-au-rugby.pdf
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- Publié le Fev 12, 2021
- Catégorie Sports
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