Cours 6 : L’Europe en voyages : circulations des intellectuels I) Conditions et
Cours 6 : L’Europe en voyages : circulations des intellectuels I) Conditions et contextes de circulation 1. Les conditions du voyage La route est une expérience éprouvante et nous avons des témoignages L’exemple du voyage de Marie Leszczynska décir tpar d’Argenson : - Il relate de l’état de la route - Les transports par voie d’eau sont privilégiés pour les pondéreux mais la mer est dangereuse pour les voyageurs > seulement avec cet exemple on voit que la route l’est aussi 2. Les raisons du voyage Pèlerinages (Europe catholique) : - Destinations toujours prisées : Rome, Saint-Jacques de Compostelle, Jérusamel… Commerce : - Exemple des réseaux des banquiers italiens dans toute l’Europe - Exemple du circuit des « foires » à Francfort, Reims, Châlons - Exemple du circuit maritime « hanséatique » Migrations : - La migration concerne les travailleurs qualifiés : - Les drapiers flamands - Les artisans allemands se rendent en Russie - La migration concerne aussi les travailleurs non qualifiés : - Les auvergnats en Castille Les circulations militaires : - Les circulations militaires jouent un grand rôle dans les brassages de la population - Exemple de Charles XII de Suède dans la Grande guerre du Nord - Les grands généraux sont cosmopolites et louent leurs services - Exemple des Suisses au service de toutes les puissances - Exemple des Irlandais ou Ecossais Le monde cosmopolite des cours : - Les gens de la cour emmènent avec eux des étrangers - Les cours sont souvent itinérantes au 16e siècle, moins au 18e - On peut remarquer l’exemple de la monarchie anglaise : - Il y a des souverains hollandais sous Guillaume III d’Orange et des souverains allemands sous Georges Ier de Hanovre = De ce fait, les cours sont polyglottes. C’est par exemple le cas de la cour de Pologne. On peut remarquer que le roi Henri de Valois a été succédé par Etienne Bathory, un hongrois. Celui-ci fut succédé par un suédois, Sigismond Vasa. Sigismond démontre de l’importance du fait d’être polyglotte : il parle suédois, italien, allemand et latin. Les musiciens de sa cour sont italiens et font des spectacles en italiens. Le personnel ecclésiastique est polonais ou allemand. Enfin, les documents sont rédigés en plusieurs langues. Le modèle de la pérégrination académique/savante : - La pérégrination académique regroupe beaucoup de choses et existe depuis le Moyen Âge - On peut parler d’un modèle humaniste du voyage savant - Exemple de Poggio Bracciolini, dit « Le Pogge » - Le Pogge est souvent envoyé en mission diplomatiques en Allemagne, en Suisse… - Il profite de ses nombreux voyages diplomatiques pour visiter des monastères où il découvre de nombreux manuscrits de textes antiques oubliés - Il découvre par ailleurs un texte de Tacite à Saint-Gall et un texte de Lucrèce à Fulda Le modèle plus courant du voyage de formation : - C’est un modèle assez courant mais pas non plus « banal » - Tous les étudiants ne partaient pas à l’étranger - On estime à 5% le nombre d’étudiants d’une province des PB partis à l’étranger entre 1550 et 1750 = Il s’agit clairement d’un modèle. Un nouveau modèle : le « Grand Tour » : - En plus des voyages savants et des voyages de formation, on peut remarquer ce nouveau type de voyage - L’aristocratie anglaise envoie fréquemment ses enfants se former à l’étranger - En effet, ces familles ont des conditions plus confortables que les humanistes et ont l’optique de former leurs enfants aux usages, mœurs et langues de d’autres pays. Lettre de Chesterfiel à son fils : « J’ai été informé qu’il y a trop d’anglais à l’académie de Turin […] Vous n’êtes pas envoyé à l’étranger pour converser avec des hommes de votre pays : parmi eux, vous n’apprendrez pas grand-chose, ni langue, ni bonnes manières » 3. Les destinations : attrait nouveau des grandes capitales Exemple de Paris et Londres, les premières « villes globalisées » : - Paris : - Paris est une puissance politique et culturelle - 600.000 habitants en 1770 - Paris attire le compositeur Lully, l’astronome Cassini, le juriste et homme de lettres Beccaria - Londres : - Londres est une puissance commerciale, financière et démographique - 1 million d’habitants en 1770 - Londres attire le compositeur Haendel, le microscopiste Leeuwenhoek et Voltaire II) L’art de voyager 1. Développement d’une littérature « apodémique » (= relative à l’art de voyager) - On peut relever l’exemple de Theodor Zwinger avec Methodus apodemica, qui codifie l’art de voyager et de décrire les lieux - Voyager devient un art, un sujet de discussion et d’écrit - Présence d’une littérature de voyage qui est très importante - La littérature viatique est un secteur important de l’édition dès l’invention de l’imprimerie - Ce sont des lectures courantes de la RDL : quand on va quelque part, on se renseigne d’abord par des récits L’encadrement des voyages par des discours « pour » et « contre » : L’exemple de James Howell, Instructions for forreine travell, 1642 L’exemple de Joseph Hall avec Quo Vadis ? A just Censure on Travels L’exemple de Thomas Nashe, The Unfortunate Traveller - Certains condamne les voyages car il faudrait rester chez soi, se cultiver, être proche de sa famille… - La vanité des voyageurs est également critiquée : que cherchent-ils ? L’oubli de soi ? « The Eye that seeth around itself sees not itself » - En réponse à cela, on peut dire que le voyage favorise la connaissance de l’autre et aussi la connaisse de soi 2. Montaigne, ou l’invention d’un autre voyage - Montaigne voyage en France en raison de ses fonctions politiques - Il fait aussi un grand voyage en Italie en 1580 - Il recommande le voyage dans ses Essais et il les met en pratique - Il recommande notamment le voyage de formation dans l’essai De l’institution des enfants - Dans cet essai, il parle de l’art du voyage comme apprentissage de la diversité et de l’importance de se plier aux usages locaux - Montaigne pratique ses principes et nous pouvons remarquer cela dans son Journal de voyage en Italie - Ce voyage en Italie est au départ thérapeutique, mais c’est également un voyage de culture, de divertissement, puis un voyage seulement. « Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je suis, et non pas ce que je cherche » Essais, III, 9 On peut remarquer que Montaigne est curieux vis-à-vis des usages étrangers et évite les français lors de ses voyages. De plus, il se laisse aller aux hasards des routes afin de découvrir de nouveaux lieux. Enfin, il est ouvert aux surprises et cela se remarque notamment dans le fait qu’à travers l’Italie, il ait pu découvrir et louer l’Allemagne. 3. Les voyages « sentimentaux » Mutations du voyage à l’époque pré-romantique (2ème moitié du XVIIIe siècle) Dans un espace de plus en plus reconnu, décrit, balisé, le voyage devient une affaire moins stricte et liée à la connaissance. En effet, on s’intéresse de plus en plus à la subjectivité du voyageur, à ses sentiments et à son plaisir. Est-ce le début du « tourisme » ? L’exemple de Laurence Sterne et de son œuvre Voyages à travers la France et l’Italie : - Sterne fait un récit de voyage à demi fictionnalisée - C’est le voyage d’un certain « Yorick » qui serait en réalité Sterne lui-même - Dans ce récit, la tonalité est parodique et cela dénote du caractère souvent ennuyeux des récits de voyages - Sterne fait le choix de l’hétérolinguisme : Voyages à travers la France et l’Italie est un récit anglais qui comporte beaucoup de citations en français et de xénismes La critique envers les mauvais voyageurs : - L’exemple de Smelfungus et Mugundus - Smelfungus représente Tobias Smollet et Mugundus représente Samuel Sharp - Ces deux romanciers sont des modèles et des rivaux dans l’art d’écrire le voyage en Italie = Ce sont des anti-modèles = Sterne apprécie plus particulièrement le cosmopolitanisme de Paris. Il fait du voyage un art de la surprise, de la rencontre et de l’égarement. Goethe, le « vagabond » et le voyage en Italie : - Nous voici à l’âge de la sensibilité pré-romantique : le goût pour la promenade - Goethe est surnommé « Der Wanderer » par ses amis (= le vagabond) - Goethe est déjà célèbre pour son Werther et c’est l’un des derniers grands représentants de la RL par son esprit universel - Il ressent un attrait pour le Sud, notamment dans Le voyageur - En 1786, Goethe par pour l’Italie sans prévenir ses amis = Goethe est un écrivain cosmopolite. En Italie, il se sent « vraiment chez lui dans le monde et non de passage ou en exil ». Selon lui, le voyage permet une connaissance de soi. III) Intellectuels uploads/Voyage/ cm-litterautre-comparee-8 1 .pdf
Documents similaires
-
22
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 25, 2022
- Catégorie Travel / Voayage
- Langue French
- Taille du fichier 0.1357MB