1 2 LA GRANDE AVENTURE DE BOUBA par Lucie RAUZIER-FONTAYNE * « MON cher Bouba,
1 2 LA GRANDE AVENTURE DE BOUBA par Lucie RAUZIER-FONTAYNE * « MON cher Bouba, je t'écris parce que je suis désespérée... » Dès que Bouba, le jeune Camerounais, a fini de lire la lettre de sa correspondante Françoise, sa décision est prise. Bien qu'il habite au cœur de l'Afrique, bien qu'il ne connaisse pas la France et n'ait pas le premier sou du voyage, Bouba va se lancer avec son petit singe dans une grande aventure. Une seule chose lui importe : arriver à temps pour secourir son amie. Mais que d'embûches sur sa route ! 3 4 LUCIE RAUZIER-FONTAYNE LA GRANDEAVENTURE DE BOUBA ILLUSTRATIONS DE JACQUES FROMONT HACHETTE 371 5 DU MÊME AUTEUR dans la Bibliothèque Rose LA GRANDE AVENTURE DE BOUBA LA PETITE FILLE A LA GUITARE UNE CHANCE SUR MILLE LA PETITE FILLE AUX MARIONNETTES MOKA, L'OURSON VOYAGEUR LA MAISON DES TROIS GIROUETTES dans l'Idéal-Bibliothèque LES AMIS DE BLANCHE-EPINE LA CHANSON MERVEILLEUSE LA MAISON DU CHEVREFEUILLE LA MISSION DE JEANOU LA TROUPE DE JEROMI L’INVITEE DE CARMARGUE LE SOURIRE DE BRIGITTE LE REVE DE CAROLINE LES AMIS DE BLANCHE EPINE dans la Bibliothèque Verte LE COUSIN DU BRESIL L'INVITEE INATTENDUE JULIETTE ET LES MOTOCYCLISTES © Librairie Hachette, 1977. Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. LIBRAIRIE HACHETTE, 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS VIe 6 TABLE I. Bouba n'est pas content ! 8 II. Une lettre bouleversante 15 III. Le départ 22 IV. Passager clandestin ! 29 V. Julius ! 38 VI. Un sauvetage 42 VII. Emotion a Casablanca 46 VIII. Et voici la France! 54 IX. Le bar de mr Cazot 63 X. Un fait troublant 68 XI. Le clochard 75 XII. Une amie dans la détresse 84 XIII. Un bon conseil et un coup de fil 91 XIV. La boutique de l'antiquaire 97 XV. Françoise ! 102 XVI. Un jour de fête 110 XVII. La fin de l'aventure 116 XVIII. Heureux retour 122 7 CHAPITRE PREMIER Bouba n'est pas content ! « J'AI une bonne nouvelle pour ceux J d'entre vous qui ont demandé des correspondants, dit ce matin-là M. Jean, en entrant en classe. Les lettres de France sont arrivées! » Sur les vingt-cinq garçons de l'école du petit village camerounais de Miloa, ils étaient six à avoir accepté de correspondre avec les élèves d'une école française. C'était leur jeune instituteur, M. Jean, venu faire son service en Afrique au titre de la coopération, qui avait eu l'idée d'organiser cet échange de lettres. L'un des premiers à s'inscrire sur la liste avait été Bouba, un garçon de douze ans, à l'expression aimable et ouverte, aux grands yeux brillants, au beau sourire qui, dans son noir visage, découvrait des dents éclatantes de blancheur. 8 Lorsque le maître eut annoncé la nouvelle, Bouba se leva, tout content, comme plusieurs de ses camarades, pour venir prendre la lettre qui lui était destinée. « Patience! dit M. Jean en riant. Vous les aurez plus tard. Si je vous les donnais tout de suite, vous n'écouteriez pas un mot de la leçon! » On attendit donc, mais, sitôt la classe terminée, chacun des six garçons reçut une enveloppe qu'il s'empressa de décacheter, dès que fut franchi le seuil de la grande case qui servait d'école. « Mon correspondant s'appelle Pierre! cria l'un des écoliers. Et le tien? - Le mien, Jacques... - Le mien, Jean-Louis... - Le mien, Eric... Le mien, Michel! » renchérirent deux autres. Seul, Bouba ne disait rien. D'un air morose, il regardait fixement la lettre qu'il tenait à la main. « Et toi, Bouba, comment s'appelle le tien? lui demanda un camarade. — Il s'appelle Fran...çoise! » répondit lentement Bouba, comme s'il hésitait encore à déchiffrer la signature. Un éclat de rire général accueillit cette déclaration. « Ho! ho! ho! Pauvre Bouba! Une fille! Les filles ne sont bonnes qu'à laver nos vêtements et à cuire notre nourriture! - On se demande ce que celle-là va avoir à te raconter! - Elle te demandera sans doute la recette des galettes de mil! » Bouba se renfrogna encore davantage. Eh quoi! ils avaient tous des lettres de garçons, sauf lui, Bouba, à qui l'on attribuait cette Françoise! C'était trop fort! 9 Humilié, vexé par les rires de ses camarades, Bouba faisait si triste mine que le maître le remarqua lorsqu'il sortit de l'école, et qu'il s'informa : « Alors, Bouba, tu n'es pas content? Tu en fais une tête! — Il y a de quoi! grogna le jeune garçon. La lettre que tu as reçue n'est donc pas intéressante? — Je n'en sais rien. Je n'ai lu que les premières lignes, et je ne lirai pas le reste, parce que ce n'est qu'une fille qui m'écrit. - Ah! bon, c'est pour cela? Que veux-tu? Vos correspondants appartiennent à une classe mixte, et les filles ont bien le droit de vous écrire, elles aussi. — Je ne répondrai pas à cette Françoise. Tu dis que tu n'as pas lu tout ce qu'elle t'écrit? . — Bien sûr que non! - Eh bien, lis-moi sa lettre... rien que pour me faire plaisir. » Pour contenter M. Jean, Bouba consentit à s'exécuter. Il déplia de nouveau la feuille bleue et lut : Mon cher Bouba, Je m'appelle Françoise Giraud. Je suis une fille de douze ans, le même âge que toi. J'habite une ville de France qui s'appelle Besançon. Je vis seule avec ma mère, car mon père est mort quand j'étais toute petite. Je vais à l'école comme toi. Il paraît que tu es un brillant élève (c'est ton instituteur qui l'a écrit au mien). Moi, je fais de mon mieux, mais tu es sûrement plus « calé » que moi. Je serai heureuse de correspondre avec toi, et d'apprendre beaucoup de choses sur ton beau pays et sur les gens qui y vivent. J'attends ta réponse avec impatience. 10 Amicalement, FRANÇOISE. Tiens! après tout, cette lettre était assez gentille. De plus, cette fille était modeste et ne faisait pas d'embarras. « Alors, Bouba, qu'en dis-tu? Refuses-tu toujours de répondre à Françoise? » demanda le maître. Bouba haussa les épaules : « Je peux bien essayer une fois. Après, je verrai. » Un peu rasséréné, le jeune garçon, tenant l'enveloppe à la main, reprit le chemin de son logis. Sa mère, Fanta, était occupée à piler le mil dans la cour. Dès qu'elle l'aperçut, elle s'écria : « Hé, Bouba! Tu l'as donc enfin reçue, la lettre de ton camarade de France! Quel est son nom? — ELLE s'appelle Françoise et c'est une fille », répondit- il, en prenant un air faussement détaché. Le bruit sourd du pilon s'arrêta net. « Une fille, pas possible! s'écria Fanta en ouvrant de grands yeux. - Pourquoi pas? Elle écrit aussi bien qu'un garçon », répliqua Bouba, la rage au cœur, mais en essayant de sourire. Et voilà que, pour comble d'humiliation, sa sœur Djénab qui revenait de puiser de l'eau au marigot éclata d'un rire exaspérant, un rire strident qui n'en finissait plus, tandis qu'elle répétait comme l'avaient fait les garçons de l'école : « Ho! Ho! Ho! Pauvre Bouba! - Cesse de ricaner comme une idiote! éclata Bouba, au comble de la fureur. 11 - Que signifie tout ce bruit, et qu'y a-t-il de si drôle? » demanda Gadji, le père de Bouba, en sortant de la case. Sa présence apaisa quelque peu son fils qui éprouvait pour cet homme grave, calme et imposant, le plus grand respect. « C'est à cause de la lettre de cette fille de France, père, murmura Bouba d'un ton piteux. - Montre-la-moi, veux-tu? » fit Gadji sans paraître le moins du monde s'étonner de ce que le correspondant de Bouba ne fût pas un garçon. « Je voudrais savoir aussi ce qu'elle écrit », dit Fanta en posant affectueusement la main sur l'épaule de son fils, parce qu'elle le voyait malheureux. Gadji était le seul de la famille, avec Bouba, à savoir lire. Tl déchiffra donc à haute voix les quelques lignes écrites par Françoise, puis il remit la lettre à Bouba en disant : 12 « Cette Françoise paraît très gentille. Je suis heureux que tu correspondes avec elle... et je voudrais bien que les filles de chez nous apprennent à écrire aussi bien, ajouta-t-il en jetant un regard du côté de Djénab. Cela viendra, d'ailleurs, car je finirai par obtenir que les gens de Miloa les envoient à l'école comme ils envoient leurs fils. Je compte donner l'exemple. » ' Ces paroles de son père firent à Bouba l'effet d'un baume sur une blessure. Sa colère tomba instantanément. Bien sûr, il eût préféré correspondre avec un garçon, comme ses camarades, mais enfin, encouragé par Gadji, il décida d'ignorer les moqueries, et de répondre le jour même à Françoise. Il mit longtemps à rédiger sa lettre, car il ne savait trop quoi raconter à sa correspondante. Et puis, de quelle façon commencer? « Chère Françoise »? Ma foi, non! Françoise tout court suffirait bien. Après mûres réflexions, il uploads/Voyage/ ib-fontayne-lucie-rauzier-la-grande-aventure-de-bouba-1971.pdf
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- Publié le Jui 03, 2021
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