Culturedechetsjbrun LA CULTURE DES DÉCHETS Jean BRUN Article paru dans la Revue Réformée n - juin pp - Faculté Libre de Théologie Réformée Aix-en-Provence revref tr net ? La Revue Réformée avec autorisation Karl Jaspers insistait sur cette idée que la dés

LA CULTURE DES DÉCHETS Jean BRUN Article paru dans la Revue Réformée n - juin pp - Faculté Libre de Théologie Réformée Aix-en-Provence revref tr net ? La Revue Réformée avec autorisation Karl Jaspers insistait sur cette idée que la désintégration atomique pour spectaculaire et e ?rayante qu'elle fût n'était qu'un mince chapitre d'une désintégration beaucoup plus générale désintégration des valeurs de la famille et ?nalement de l'homme lui-même On pourrait dire la même chose de la pollution des éléments naturels elle n'est qu'un minuscule chapitre d'une pollution beaucoup plus importante encore quoique moins apparente à savoir la pollution des c ?urs la pollution de la sensibilité la pollution de l'intelligence bref une pollution de l'homme tout entier Mais le monde contemporain adopte à l'égard des pollutions en tout genre deux attitudes radicalement di ?érentes et dont l'opposition est des plus révélatrices D'une part nous devenons de plus en plus attentifs à la pollution du milieu Déjà les Grecs enseignaient que toute action visant à transformer considérablement la nature était un acte de démesure qui se retournerait tôt ou tard contre nous c'est ainsi qu'ils faisaient remarquer que les éléments s étaient décha? nés pour détruire le pont que l'on avait voulu construire entre la rive de l'Europe et celle de l'Asie ou le canal que l'on avait tenté de percer à travers l'isthme de Corinthe la mer et les vents s'étaient ligués pour punir l'homme de son orgueil en en détruisant l'oeuvre titanesque Au contraire depuis Descartes nous avons cherché à nous rendre comme ma? tres et possesseurs de la nature ? celle-ci est devenue un matériau sur lequel travaillent les outils et les machines que l'homme a fabriqués en leur conférant une puissance et des rendements sans cesse plus considérables Or voici que depuis peu nous avons commencé d'adopter une attitude di ?érente à l'égard de cette même nature et que nous nous soucions de la protéger après nous être exclusivement consacrés à la ma? triser Mais d'autre part nous nions avec obstination que l'on puisse parler d'une pollution de l'homme car nous avons travaillé à éliminer l'idée même de pollution puisque nous ne cessons d'a ?rmer qu'il importe d'en ?nir avec les notions de haut et de bas de bien et de mal de beau et de laid de normal et de pathologique nous allons même plus loin et a ?rmons que l'on ne peut plus parler aujourd'hui de c ?ur ni d'? me on répète en outre depuis Sartre qu'il faut dénoncer l'idée de vie intérieure et avec les anti-humanismes contemporains que l'on doit annoncer la mort de l'homme puisque celui-ci ne serait autre qu'un amas de molécules accidentellement coalisées destinées un jour à se désagréger amas que rien n'autorise à privilégier sur d'autres amas naturels tels que les pierres les arbres ou n'importe quel vivant On accuse alors de puritanisme ? ou de moralisme ? tous ceux qui ont l'audace injusti ?able de vouloir juger des idées des paroles ou des actes au nom de

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