Descartes et le desir DESCARTES LETTRE A ELIZABETH ER SEPTEMBRE Comme lorsque j'ai parlé d'une béatitude qui dépend entièrement de notre libre- arbitre et que tous les hommes peuvent acquérir sans aucune assistance d'ailleurs vous remarquez fort bien qu'i

DESCARTES LETTRE A ELIZABETH ER SEPTEMBRE Comme lorsque j'ai parlé d'une béatitude qui dépend entièrement de notre libre- arbitre et que tous les hommes peuvent acquérir sans aucune assistance d'ailleurs vous remarquez fort bien qu'il y a des maladies qui ôtant le pouvoir de raisonner ôtent aussi celui de jouir d'une satisfaction d'esprit raisonnable et cela m'apprend que ce que j'avais dit généralement de tous les hommes ne doit être entendu que de ceux qui ont l'usage libre de leur raison et avec cela qui savent le chemin qu'il faut tenir pour parvenir à cette béatitude Car il n'y a personne qui ne désire se rendre heureux mais plusieurs n'en savent pas le moyen et souvent l'indisposition qui est dans le corps empêche que la volonté ne soit libre Comme il arrive aussi quand nous dormons car le plus grand philosophe du monde ne saurait s'empêcher d'avoir de mauvais songes lorsque son tempérament l'y dispose Toutefois l'expérience fait voir que si on a eu souvent quelque pensée pendant qu'on a eu l'esprit en liberté elle revient encore après quelque indisposition qu'ait le corps ainsi je puis dire que mes songes ne me représentent jamais rien de f? cheux et sans doute qu'on a grand avantage de s'être dès longtemps accoutumé à n'avoir point de tristes pensées Mais nous ne pouvons répondre absolument de nous-mêmes que pendant que nous sommes à nous et c'est moins de perdre la vie que de perdre l'usage de la raison car même sans les enseignements de la foi la seule philosophie naturelle fait espérer à notre ? me un état plus heureux après la mort que celui o? elle est à présent et elle ne lui fait rien craindre de plus f? cheux que d'être attachée à un corps qui lui ôte entièrement sa liberté Pour les autres indispositions qui ne troublent pas tout à fait le sens mais altèrent seulement les humeurs et font qu'on se trouve extraordinairement enclin à la tristesse à la colère ou à quelque autre passion elles donnent sans doute de la peine mais elles peuvent être surmontées et même donnent matière à l'? me d'une satisfaction d'autant plus grande qu'elles ont été plus di ?ciles à vaincre Et je crois aussi le semblable de tous les empêchements de dehors comme de l'éclat d'une grande naissance des cajoleries de la cour des adversités de la fortune et aussi des grandes prospérités lesquelles ordinairement empêchent plus qu'on ne puisse jouer le rôle de Philosophe que ne font ses disgr? ces Car lorsqu'on a toutes choses à souhait on s'oublie de penser à soi et quand par après la fortune change on se trouve d'autant plus surpris qu'on s'était plus ?é en elle En ?n on peut dire généralement qu'il n'y a aucune chose qui nous puisse entièrement ôter le moyen de nous rendre heureux pourvu qu'elle ne trouble point notre raison et que ce ne sont pas toujours celles qui paraissent les plus f? cheuses qui nuisent le plus Mais a

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