Jean giono l x27 homme qui plantait des arbres
CPour que le caractère d ? un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années Si cette action est dépouillée de tout égo? sme si l ? idée qui la dirige est d ? une générosité sans exemple s ? il est absolument certain qu ? elle n ? a cherché de récompense nulle part et qu ? au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles on est alors sans risque d ? erreurs devant un caractère inoubliable Il y a environ une quarantaine d ? années je faisais une longue course à pied sur des hauteurs absolument inconnues des touristes dans cette très vieille région des Alpes qui pénètre en Provence Cette région est délimitée au sud-est et au sud par le cours moyen de la Durance entre Sisteron et Mirabeau au nord par le cours supérieur de la Drôme depuis sa source jusqu ? à Die à l ? ouest par les plaines du Comtat Venaissin et les contreforts du mont Ventoux Elle comprend toute la partie nord du département des Basses-Alpes le sud de la Drôme et une petite enclave du Vaucluse C ? étaient au moment o? j ? entrepris ma longue promenade dans ces déserts des landes nues et monotones vers mille deux cents à mille trois cents mètres d ? altitude Il n ? y poussait que des lavandes sauvages Je traversais ce pays dans sa plus grande largeur Cet après trois jours de marche je me trouvais dans une désolation sans exemple Je campais à côté d ? un squelette de village abandonné Je n ? avais plus d ? eau depuis la veille et il me fallait en trouver Ces maisons agglomérées quoiqu ? en ruine comme un vieux nid de guêpes me ?rent penser qu ? il avait dû y avoir là dans le temps une fontaine ou un puits Il y avait bien une fontaine mais sèche Les cinq à six maisons sans toiture rongées de vent et de pluie la petite chapelle au clocher écroulé étaient rangées comme le sont les maisons et les chapelles dans les villages vivants mais toute vie avait disparu C ? était un beau jour de juin avec grand soleil mais sur ces terres sans abri et hautes dans le ciel le vent sou ait avec une brutalité insupportable Ses grondements dans les carcasses des maisons étaient ceux d ? un fauve dérangé dans son repas Il me fallut lever le camp À cinq heures de marche de là je n ? avais toujours pas trouvé d ? eau et rien ne pouvait me donner l ? espoir d ? en trouver C ? était partout la même sécheresse les mêmes herbes ligneuses Il me sembla apercevoir dans le lointain une petite silhouette noire debout Je la pris pour le tronc d ? un arbre solitaire À tout hasard je me dirigeai vers elle C ? était
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- Publié le Mar 12, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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