Meduse et cie roger caillois roger

C C C CMÉDUSE ET C'e C CROGER CAILLOIS de l'Académie française MÉDUSE ET Cie nrf GALLIMARD C ? Éditions Gallimard CLE PROBLÈME C CSCIENCES DIAGONALES Le progrès de la connaissance consiste pour une part à écarter les analogies super ?cielles et à découvrir des parentés profondes moins visibles peutêtre mais plus importantes et signi ?catives Au XVIIIe siècle il para? t encore des ouvrages de zoologie qui classent les animaux par le nombre de leurs pattes et qui mettent par exemple le lézard à côté de la souris Aujourd'hui il entre sous la même rubrique que la couleuvre qui n'a pas de pattesdu tout mais qui comme lui est ovipare et recouverte d'écailles Ces caractères ont apparu à juste titre de plus de conséquences que celui qui avait frappé d'abord le nombre des pattes De la même manière on sait bien que malgré l'apparence la baleine n'est pas un poisson ni la chauve-souris un oiseau J'ai pris à dessein un exemple élémentaire et incontestable Mais dès qu'on étudie même très sommairement l'histoire de la constitution des sciences on s'aperçoit du nombre presque in ?ni de pièges que les savants ont dû sans cesse éviter CMÉDUSE ET Cie pour identi ?er les distinctions utiles celles qui délimitent le champ de chaque discipline Ces pièges ces apparences trompeuses ne sont d'ailleurs pas de simples feintes à vrai dire ne sont même pas des apparences Ce sont des réalités auxquelles est ?nalement attaché un coe ?cient d'importance moindre que celui qui est accordé à certaines autres Il est exact que le lézard ou la tortue ont quatre pattes comme ces mammifères qu'ils ne sont point et que la chauve-souris qui n'est pas un oiseau a des ailes Classi ?er c'est donc faire le meilleur choix pos- sible entre des caractères distinctifs Les caractères éliminés ne sont pas fallacieux à proprement parler ils correspondent seulement à des classi ?cations qui aboutiraient vite ou plus vite à des di ?cultés à des incohérences ouà des contradic- tions Il reste que selon le point de vue ces classi ?cations subsidiaires ou laissées pour compte peuvent soudain redevenir essentielles Si j'ai l'intention d'étudier le fonctionnement des ailes il est clair que je dois cette fois réunir les chauves-souris aux oiseaux et même aux papillons faire le dénombrement de toute la gent ailée quelles que soient les raisons décisives je le reconnais qui ont conduit à en répartir les membres en espèces di ?érentes lépidoptères invertébrés oiseaux vertébrés etc A supposer que je veuille examiner un CSCIENCES DIAGONALES aspect particulier de ce fonctionnement des ailes le vol au point ?xe par exemple c'est-à-dire le maintien du corps immobile suspendu dans l'air à la même place par des battements vibratiles je ne pourrai faire autrement que de recourir à des illustrations qui n'appartiennent pas à des espèces proches l'oiseau-mouche et le sphingide macroglosse qui pareillement se suspendent au-dessus d'une eur pour s'y nourrir à distance à l'aide d'une trompe ou d'un long bec e ?lé Chacun admet la

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  • Publié le Sep 20, 2021
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