VA PRENDRE L’AIR! DU MÊME AUTEUR Édition: Marie-Eve Gélinas Coordination éditor
VA PRENDRE L’AIR! DU MÊME AUTEUR Édition: Marie-Eve Gélinas Coordination éditoriale: Pascale Jeanpierre Révision et correction: Karen Dorion-Coupal et Isabelle Canarelli Couverture et mise en pages: Chantal Boyer Illustrations: Cyril Doisneau Photo de l’auteur: Julien Faugère Remerciements Nous remercions la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) du soutien accordé à notre programme de publication. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – gestion SODEC. Tous droits de traduction et d’adaptation réservés; toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur. © Les Éditions du Trécarré, 2021 Les Éditions du Trécarré Groupe Librex inc. Une société de Québecor Média 4545, rue Frontenac 3e étage Montréal (Québec) H2H 2R7 Tél.: 514 849-5259 editions-trecarre.com Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada, 2021 ISBN: 978-2-89568-805-1 ISBN EPUB: 978-2-89568-806-8 Distribution au Canada Messageries ADP inc. 2315, rue de la Province Longueuil (Québec) J4G 1G4 Tél.: 450 640-1234 Sans frais: 1 800 771-3022 www.messageries-adp.com Les exercices donnés dans ce livre doivent être faits avec l’accord du médecin ou du physiothérapeute. À mon père, qui a su admirablement trouver un second souffle. SOMMAIRE GRANDIOSE LIBRE COMME L’AIR? PHÉNOMÈNES EXCEPTIONNELS AUTONOMIE SPECTACULAIRE Exercice: lâcher-prise MÉCANIQUE INSPIRÉE Exercice: respiration à 360° Exercice: détente des inspirateurs accessoires Exercice: routine expiratoire DU SALON AUX POUMONS Exercice: mobilisation thoracique Exercice: expiration à pression élevée (ou à lèvres pincées) Prenez soin de votre respiration… devant la télé ou l’ordinateur AFFECTION(S) AU CŒUR DE LA RESPIRATION Programme d’exercices: échauffement thoracique et cardiorespiratoire THÉRAPIE DE COUPLE À BOUT DE SOUFFLE? (MIEUX) RESPIRER LA NUIT AFFRONTER DES AGENTS CLANDESTINS CONGÉ DE MALADIES Programme d’exercices: pour une respiration optimale Prenez soin de votre respiration… avant, pendant et après une activité physique RÉVOLUTION POUR UNE MEILLEURE POSTURE Programme d’exercices: 3 semaines pour une meilleure posture ANTIDOULEUR Exercice: relaxation progressive Exercice: prendre position contre la douleur Exercice: moyen de pression ANTISTRESS Exercice: place à la nature Exercice: respiration antistress Exercice: respiration rythmée PRISE DE CONSCIENCE Exercice: le tour du proprio Exercice: respirer autrement MARCHE INTÉGRATIVE Exercice: familiarisation 5-5-5 Exercice: rythme progressif Exercice: intégration d’exercices Prenez soin de votre respiration… pour mieux dormir REMERCIEMENTS LIBRE COMME L’AIR? AU MILIEU D’UN POUMON Ma journée se termine dans moins d’une heure. J’entre dans la chambre 504, à l’unité des soins intensifs. Ma collègue Maryse, une infirmière clinicienne minutieuse, me résume l’évolution de l’état de notre jeune patiente. Je lis le dossier, puis commence le traitement de Simone. Mes mains exercent une pression contrôlée sur son thorax, suivent attentivement le mouvement de sa respiration et, de temps à autre, se déplacent sur son abdomen pour stimuler l’inspiration. Pendant que l’air entre dans ses poumons, je garde un œil sur le moniteur devant moi. J’y trouve des données indispensables: la fréquence cardiaque, la tension artérielle, la température corporelle et le taux d’oxygène dans le sang qui, obstiné, passe lentement de 85% à 91%. Il est encore trop bas, bien qu’il soit en progression depuis le début de mon intervention. Ce serait bien, pourtant, d’offrir un peu d’air frais à des patients qui n’ont pas mis le nez dehors depuis des jours, voire des semaines. Simone respire maintenant un peu plus librement, moi aussi d’ailleurs, et ce serait probablement la même chose pour vous si vous étiez là. Je ne me suis jamais habitué au stress des soins intensifs, ni à leur part d’imprévisibilité, malgré mes années d’expérience en physiothérapie respiratoire. Maryse remplace le sac de soluté pendant que je rédige la note qui sera versée au dossier; mes paragraphes sont si précis et si détaillés que j’ai l’impression d’écrire mon prochain livre. Ma fatigue m’incite à m’évader par la vue qu’offre la chambre 504. Les bourrasques estivales soufflent un air chaud et humide sur la cime des arbres. Il vente si fort sur la montagne qu’on dirait que l’hôpital est construit au milieu d’un poumon. Si ce n’était le triple vitrage, on entendrait les branches craquer de l’autre côté de la fenêtre, qui ne s’ouvre malheureusement pas. Ce serait bien, pourtant, d’offrir un peu d’air frais à des patients qui n’ont pas mis le nez dehors depuis des jours, voire des semaines. Je reprends mes esprits peu à peu, comme si la réalité m’aspirait. Un moniteur sonne. ADRÉNALINE L’état de Simone s’est détérioré rapidement. Son taux d’oxygène dans le sang est en chute libre. Maryse déclenche l’alerte. Code bleu: urgence médicale. En moins de vingt secondes, deux médecins et un inhalothérapeute entrent dans la chambre. Les membres de l’équipe spontanée sont liés par un fil tendu d’adrénaline et suivent le protocole de réanimation. C’est à la fois troublant et impressionnant d’être témoin du dévouement exemplaire de mes collègues mis au service d’une adolescente de 14 ans dont le cœur et les poumons ont subi une trop longue intervention chirurgicale. Je sors discrètement de la chambre. Simone est en bonnes mains. Ébranlé, je peine à me concentrer pendant l’auscultation des bronches de Liam, à l’unité voisine, puis je range mon stéthoscope et commence le traitement de ce frêle poupon, né il y a six jours, un mois et demi trop tôt. Ses poumons mal adaptés ont encore besoin d’aide. Les râles sibilants s’arrêtent après une courte thérapie, et les voies respiratoires de mon patient sont enfin libérées des sécrétions qui seront bientôt aspirées par l’infirmier. Pendant que je relis le plus récent rapport de la pneumologue, une main se pose sur mon épaule. Maryse est venue me trouver. À voir l’expression sur son visage, j’en déduis que les choses se sont mal passées dans la chambre 504. «Simone est décédée», me dit ma collègue, inconsolable, avant de repartir à l’unité des soins intensifs. Je suis sous le choc, immensément triste d’apprendre la plus grande catastrophe que puissent vivre des soignants. Puis mes sanglots s’apaisent, l’adrénaline capitule et s’installe un étrange sentiment, entre l’échec et l’impuissance. Simone ne respirera jamais plus. CHASSER LE MAMMOUTH La montagne m’a rarement vu courir si vite. J’ai eu besoin d’aller prendre l’air. Tant pis pour mes tâches administratives et mes lectures scientifiques de fin de journée. Mes voûtes plantaires foulent le sol machinalement, comme des roues crantées sur une pente glissante, tandis que mes muscles et mon cœur s’activent. J’accélère. Courir est un défi biomécanique vaillamment relevé par mon système musculosquelettique, qui neutralise tant bien que mal le moindre déséquilibre. Seul celui qui loge dans mon esprit résiste aux automatismes protecteurs. Je sais qu’on a tous vécu des points de bascule qui semblent immaîtrisables. Pour ma part, perdre une patiente a fait naître en moi un élan de révolte contre lequel je n’ai pour l’instant comme remède que mon exutoire cardiovasculaire. Une inhabituelle dyspnée s’invite dans la course et désorganise ma respiration. Je constate que les molécules d’oxygène parcourent plus ou moins normalement ma trachée, mes bronchioles, mes alvéoles, mais me donnent ensuite l’impression de s’agglutiner les unes aux autres, comme si elles refusaient de traverser la barrière alvéolo-capillaire. Je ne suis pourtant pas atteint de fibrose, mais c’est tout comme. Vous me direz peut-être qu’il est ridicule d’analyser à ce point ce qui se passe dans mon corps comme si j’étais mon propre patient. Mais si je le fais, c’est que je ne peux occulter l’inoubliable qu’en occupant mon cerveau. Sinon, mes idées, mon stress et ma tristesse tombent dans un entonnoir douloureux. Ma collègue Sonia me dirait de me calmer le pompon et de plutôt chasser le mammouth pour faire diversion. C’est son dada, les mammouths et le stress. Le mien, c’est la respiration. Et il arrive souvent que les deux soient inextricablement liés. Je laisse mes poumons s’abandonner aux mouvements automatiques de ma cage thoracique, comme pendant une méditation libératrice. Décidément, ma peine a du souffle et de l’endurance. Les rafales m’enveloppent peu à peu. Je respire plus librement. L’adrénaline sera bientôt de retour, bienveillante et du bon côté des choses. ÉCRIRE UN LIVRE Quatre mois après le décès de Simone, j’ai revu ses parents. Ils étaient venus à l’hôpital pour remercier le personnel soignant. «Vous vous souvenez de nous?» nous a demandé le père. Comment aurions-nous pu les oublier? Les patients et leur famille ne réalisent pas toujours que nous gardons précieusement en mémoire les moments marquants vécus avec eux. Maryse et moi avons longuement échangé avec le couple endeuillé qui tenait à nous témoigner sa reconnaissance. L’histoire de Simone et celle de bien d’autres patients ont été le point de départ de ce livre, dont le principal objectif est de vous aider à prendre soin de votre respiration et, à travers elle, de votre santé. Ce n’est pas un hasard si je l’ai écrit pendant la pandémie de COVID-19 et quelque temps après l’insoutenable «I can’t breathe» de George Floyd, mort asphyxié après 8 minutes et 46 secondes d’agonie, le genou d’un policier sur sa trachée. Ce triste écho outre-Atlantique au «J’étouffe!» sept fois répété de Cédric Chouviat est une démonstration uploads/s1/ denis-fortier-va-prendre-l-x27-air.pdf
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- Publié le Jui 09, 2021
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