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I 1 f ; . 18 Ml ^n*<: M on i ffi H HSB U dVof OT ^ 3900300266969-1 IBBflB * WVj _IP _6<^3 MESURE DE LA FRANCE DU MÊME AUTEUR Aux Éditions de la >. le Ri/ ançaise Interrogation (1917), poèmes. Fond de Cantine (1920), poèmes. État-Civil (1922), roman. ^ «LES CAHIERS VERTS* PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE DANIEL HALEYY 15 ' t~ / MESURE DE LA FRANCE PAR DRIEU LA ROCHELLE PARIS BERNARD GRASSET, EDITEUR 6l, RUE D«ES SAINTS-PÈRES, PARIS, 6 e 1932 CE QUINZIEME CÀHl F:. LE HUIT ^ LANNÉE MIL NEUF CENT VINGT-DEL ÉTÉ TIRÉ A CINQ MILLE SIX CI NTI E ^EMPLAIRES :)ONT TRENTE KXBIP! AIRES SUR PAPIER VERT LUMIÈRE NUMER /TES DE I A XXX; CENT EXEMPLAIRES SLR VEL. PUR FIL LAFUMA NLMFROTES DE XXXI A CXXX, ET 5.500 EXEMPLAIRES SLR VERGÉ BOl FIANT NUMÉKOTÉ^ DE 131 A 5.630 4. 5 3 7 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. Copyright by Bernard Grasset 1922. PREFACE Ces jeunes gens qui viennent après nous, saurons-nous les comprendre ? La différence des destinées , d'eux à nous, est immense. Nous avons respiré entre deux guerres. Nous avons été exercés, non écrasés; éprouvés, non décimés. Mais eux? A chacun un temps court est donné pour son initiation. Avant la dix-huitième année, le jeu ; après la trentième, le tra- vail ; entre la dix-huitième et la trentième, le jeune homme, l'homme jeune, s'imprè- gnent et se forment. Quelque dix ans, pas davantage. Cette génération qui vient après les nôtres, quelles ont été ses dix, ses quinze années ? Trois ou quatre dans l'avant-guerre, veil- lée fort sombre ; quatre dans la guerre ; vi PRÉ E quatre dans Vaprès-guerre et le dédale de ses énigmes. Pour beaucoup (la précédant la tranchée), six, sept aniu sous les armes. Pour tous, la décimatiov , et, à vingt-cinq ans, un sentiment tragique de survie. Rares, et précieux d'autant plus, que feront-ils ? Saurons-nous, disais-je, les comprendre 't Autre question plus grave : Sauront-ils eux-mêmes se comprendre, se faire com- prendre ? Nous entendions parler naguère des « enfants de la défaite ». Leur plainte fut même un peu longue. Il n'est pas du tout certain que les « enfants de la vic- toire », de notre victoire si difficile et tou- jours combattue, aient un destin plus com- mode que ne Vont eu leurs pères. Or voici Vun d'entre eux. Ouand nous reçûmes, en 1918, certaine plaquette inti- tulée : Interrogation, nous ignorions la personne, le nom même de M. Drieu la Rochelle son auteur. Dès la première page nous nous intéressâmes à ces pages un peu jeunes, un peu naïvement claudeliennes où il nous sembla lire, cynique parfois mais PRÉFACE vu jamais lâche, le secret des tranchées. Qui était ce M. Drieu la Rochelle ? Il mon- trait un don pour Vexpression lyrique, une âme impétueuse, hardie et saine, subtile d'ailleurs et spirituelle, sensible aux inquié- tudes de ses amis, intelligente de leurs rebel- lions quoiqu'elle-même sans révolte ; il avait Téclat et l'humour... Nous espérâjmes qu'un jour ce nouveau venu aurait quelque chose à dire, et nous pensâmes à sa carrière. Depuis lors, M. Drieu la Rochelle a peu écrit. Assurément il était difficile de mûrir une œuvre dans ce tumulte et cet ébranle- ment. « La clameur glorifiante des foules, rythmée par les maîtres, écrase nos cris malhabiles... » avions-nous lu dans Inter- rogation. M. Drieu la Rochelle a vécu parmi les siens, ses camarades juvéniles qui, la tête encore abasourdie par les bombarde- ments, essayaient leurs forces et non sans divaguer. Il a causé avec les dadas, il a rencontré des communistes, enfants exaltés par le dégoût et l'espérance. Il a retrouvé parmi eux son camarade d'avant-guerre, ce Raymond Lejebvre auquel il rend un atten- vm P R G I A ( /// hommage dans h prescrit volume. Il a raison, Vhommagl est légitime. Raymond Lefebvre était l'un des princes de cette jeunesse déchirée. Les quelques pamphl qu'il nous a laissés sont éclatants dé l i rve douloureuse. Qu'il nous a laissés, dis-je, car il n'est plus. Au retour de Moscou ou son enthousiasme l'avait conduit, il s'est engagé dans une barque de pêche sur l'Océan Gla- cial ; un coup de vent l'y a noyé. Il s'est allé joindre à la joule de ceux que M. Drit u la Rochelle appelle nos absents mysté- rieux. Ce croyant dur, hautain ; ce pro- testataire de vingt ans, quel homme fut-il devenu ? A son âge, qu'était Claudel ? qu'était Maurice Barres ? La question est inévitable, la réponse impossible. Une voix manque, a écrit le prophétique Péguy, et nul ne peut la suppléer... Parmi tant de voix qu'il écoute, M. Drieu la Rochelle saura-t-il choisir, trouver et imposer la sienne ? Voici qu'il m'apporte ces notes. Je lui donne l'espace qu'il faut à son essai. Daniel Halévy. Le chœur des Danaïdes. — Ainsi donc qu'à l'ombre du pieux rameau, mes lèvres donnent l'essor à des vœux épris de la gloire des Argiens. Que la peste jamais ne vide d'hommes leur cité, que la guerre ne teigne pas leur sol du sang de ses fils immolés ! Mais que la fleur de leur jeunesse demeure sur sa tige et que l'amant meurtrier d'Aphrodite, Ares, n'en fau- che point l'espoir ! Que les vieillards emplissent les sal- les où ils s'assemblent autour des autels qui flambent ; qu'ainsi prospère la cité dans le respect de Zeus puissant, dont la loi chenue règle le destin. Puis que de nouvelles naissances, si le Ciel entend mes vœux, viennent sans cesse donner des chefs à ce pays, et qu'Artémis Hécate veille aux couches de ses femmes. Eschyle, Les Suppliantes. LE RETOUR DU SOLDAT Enfant, à cause de la splendeur des images, j'ai préféré les pays exotiques à ma patrie. Son sol et son ciel étaient trop modestes. Son histoire me paraissait s'assombrir. Je doutais de ses destinées. Je repoussais son génie qui me hantait. A dix-huit ans les puériles aventures américaines me tentèrent. Mais je ne pus me séparer de mes livres qui me promet- taient des épreuves plus exquises. Ma force commençait à se consumer dans une bibliothèque, une caserne, quand la guerre éclata. Les murs que je déses- pérais de briser se renversaient au souffle des trompettes. 2 ME8U H E I) E LA TI< [• Je crus à Marathon. Des jeunes hom- mes, nus sous le fer, s'élançaient. Leur lance séparait les flots barbares. Ils pei- gnaient le cent dix mètres-hai< Ou bien par une complaisance vicieuse, je me serais contenté de Waterloo, de la défaite romantique : le dernier reflux de la chair française sur le monde, le feu im- molant le reste de cette belle vie. Au départ je portais une panoplie neu T on m'avait peint les jambes en rouge. Je fis la queue pendant des jours entre le front Est et le front Nord. Je piétinais derrière un million de citoyens qui atten- daient leur tour. Les murs de notre caserne nous escortaient. Je m'impatientai. Je croyais à la force de nos ennemis. Je songeais plus à offrir ma mort que la victoire à ma patrie. Je craignais que cette guerre ne fût un grand remue-ménage de camelote, un spectacle à bon marché ^comme le cinéma où Ton voit les banquiers se satis- faire du même pauvre plaisir que les^ter- rassiers. Sans confiance, je doutais de pou- LE RETOUR DU SOLDAT 3 voir embellir cette besogne industrielle. Ce fut la dernière étape funèbre de mon adolescence. Je chargeai mon fusil, défis ma chaussure, je plaçai mon orteil sur la gâchette, et regardai le trou. Un boutiquier, mon camarade, allégua que la vie était bonne. Lâchement je crus ce maigre témoin. Il mourut bientôt avec une simple beauté, me prouvant que l'essence de la guerre, le sacrifice, était intacte. Dès lors je voulus vivre pour mieux mourir. La guerre commença, continua et finit. Elle se résout maintenant en un clin d'œil. Je ne songe plus à émigrer. Cette terre qui a eu de mon sang aura mes os. Les hommes de France sont chiches de leur semence, mais pas encore de leur sang. J'ai arrosé la Turquie de ma sueur pour la donner aux Anglais, avec un monde. Nous, nous avons gardé la place où poser nos pieds. Pauvre terre éreintée. Ma race meurt- elle d'avoir ie plus vécu ? 4 M E S l!R E I > E LA FRANCE Nos pères n'ont pas voulu faire petits comme ces absurdes Allemand Sur le champ de bataille, je cherchais mes frères à mes côtés. J'étai ni, ô mon père. Mais aurai-je un fils ? Certains avaient le droit, hier encore, de ne pas se soucier du siècle. Race raidie, tremblante à force de rai- dissement, l'intelligence est choix, déci- sion. T'étais-tu décidée entre la paix et la guerre ? entre la vie et la mort ? Tes chefs se trompèrent et pourtant ils ont gagné la guerre. Tes hommes eurent uploads/s1/ drieu-la-rochelle-mesure-de-la-france.pdf

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  • Publié le Mar 02, 2022
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