ALEXANDRE DUMAS 1 A A Al l le e ex x xa a an n nd d dr r re e e D D DU U UM M M
ALEXANDRE DUMAS 1 A A Al l le e ex x xa a an n nd d dr r re e e D D DU U UM M MA A AS S S L L La a a j j je e eu u un n ne e es s ss s se e e d d de e e L L Lo o ou u ui i is s s X X XI I IV V V Théâtre-documentation LA JEUNESSE DE LOUIS XIV 2 Alexandre DUMAS 1802-1878 © Théâtre-documentation - Pézenas - 2015 ALEXANDRE DUMAS 3 La jeunesse de Louis XIV LA JEUNESSE DE LOUIS XIV 4 Comédie en cinq actes, en prose. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 20 janvier 1854. Personnages LOUIS XIV LE DUC D’ANJOU (Monsieur), frère du Roi CHARLES STUART MAZARIN MOLIÈRE JEAN POQUELIN, tapissier du Roi GUITAUT, capitaine des Gardes BOUCHAVANNES, mousquetaire LE COMTE DE GUICHE LE MARQUIS DE MONTGLAT LE DUC DE GRAMMONT LE COMTE DE DANGEAU LE DUC DE VILLEROI LE DUC DE VILLEQUIER LYONNE LE TELLIER LE SURINTENDANT FOUQUET PIMENTEL, ambassadeur d’Espagne GUÉNAUD, médecin BERNOUIN, valet de chambre de Mazarin BERINGHEN, secrétaire de la Reine mère BRÉGY, mousquetaire UN SERGENT ALEXANDRE DUMAS 5 ANNE D’AUTRICHE MADAME HENRIETTE MARIE DE MANCINI MADEMOISELLE DE LA MOTTE GEORGETTE CHARLOTTE GENTILHOMMES GARDES PAGES LAQUAIS PIQUEURS Etc. Vincennes, 25-26 septembre 1658. LA JEUNESSE DE LOUIS XIV 6 ACTE I La salle du conseil, au château de Vincennes. Porte au fond ; porte à droite ; fenêtre à gauche. Douze fauteuils de maroquin et une grande table ronde couverte de drap vert, pour tout ameublement. ALEXANDRE DUMAS 7 Scène première MAZARIN, POQUELIN MAZARIN, entrant. Par ici, mon cer monsou Poquelin ! par ici ! POQUELIN, suivant Mazarin, un carnet à la main. Oui, monseigneur, oui, me voici... J’additionne les demoiselles d’honneur. Les demoiselles d’honneur : deux mille livres. MAZARIN. Allez, allez touzours ! c’est au total que ze vous attends. POQUELIN. Monseigneur est trop juste pour chicaner un pauvre tapissier sur des fournitures où il gagne à peine cinq pour cent... sans compter la rapidité avec laquelle j’ai exécuté les ordres de monseigneur. MAZARIN. Essécouté ! essécouté ! il y a plous d’oun mois que vous êtes prévenou, mon bon ami. POQUELIN. Oh ! monseigneur !... Par bonheur, j’ai encore sur moi la lettre de M. Bernouin, votre valet de chambre... Tenez, monseigneur, la voici. LA JEUNESSE DE LOUIS XIV 8 MAZARIN. Inoutile, mon cer monsou Poquelin. POQUELIN. Pardon, mais je désire lire cette lettre à Son Éminence pour lui rappeler un tout petit paragraphe. MAZARIN. Oun paragraphe ? Ze ne sais pas ce que vous voulez dire ! POQUELIN, lisant. « Mon cher monsieur Poquelin, Sa Majesté ayant décidé qu’elle passerait la saison des chasses dans son château de Vincennes, vous êtes invité à vous rendre incontinent dans ledit château avec tous vos ouvriers, afin que cette résidence, qui est complètement démeublée depuis qu’elle a servi de prison d’État, soit prête pour le 25 du présent mois de septembre... » MAZARIN, l’interrompant. Eh bien, ze ne vois point là de paragraphe, monsou Poquelin. POQUELIN. Le voici justement, monseigneur... Reprenant sa lecture. « Passez les nuits, et faites-les passer à vos hommes, si besoin est : le roi ne regardera pas à la dépense. Par ordre de M. le cardinal Mazarin, Bernouin, premier valet de chambre de Son Éminence. – Ce 7 septembre 1658. » MAZARIN. Eh bien, ensouite ? POQUELIN, lui montrant la phrase. Dame, voyez, monseigneur. MAZARIN. Quoi ? POQUELIN. « Passez les nuits, et faites-les passer à vos hommes, si besoin est : ALEXANDRE DUMAS 9 le roi ne regardera pas à la dépense. » C’est clair, monseigneur, il me semble. MAZARIN, allongeant le doigt sur la lettre. Qu’ya-t-il là ? POQUELIN. Il y a : le roi. MAZARIN. Très bien !... il n’y a pas : Le cardinale ; or, comme c’est monsou le cardinale qui est le trésorier, c’est avec monsou le cardinale que vous compterez, mon maître... Voyons le total, monsou Poquelin ! le total ! ou nous n’en finirons zamais. POQUELIN, lui présentant son carnet. C’est bien facile, monseigneur. Voici le total. MAZARIN. Pardon, ze préfère additionner moi-même. Regardant sur la table. Eh bien, mais votre table dou conseil ! il n’y a ni encre, ni papier, ni ploumes sour votre table dou conseil ! POQUELIN. Je vais appeler, et demander ce que Votre Éminence désire. MAZARIN. Non, non ! cela nous ferait perdre dou temps. Il est nouf houres et demie, et le conseil il se réounit à dix houres... Ze trouverai bien quelque vioux papier dans ma poce. Il tire un papier. Voilà ! Maintenant, prêtez-moi votre crayon. Il s’assied. Oh ! que l’on est mal sour vos fauteuils, monsou Poquelin !... Voyons, vous dites : « Salle à manzer : doux mille livres. » Écrivant. Doux mille livres... « Çambre à coucer dou roi, de la reine, de LA JEUNESSE DE LOUIS XIV 10 monsou le douque d’Anzou : quatre mille livres... Oh ! monsou Poquelin, si ce n’était pas pour le roi !... ma c’est pour le roi. Écrivant. Quatre mille livres... « Çambre à coucer de Sa Mazesté la reine d’Angleterre et de madame Henriette, sa fille : doux mille livres. » Ze vous demande oun pou : elles étaient si bien au Louvre ! Qu’avaient-elles besoin de venir à Vincennes ? Enfin, pouisqu’il le faut, azoutons doux mille livres... « Çambre à coucer de monsignor l’éminentissime cardinale Giulio Mazarini ; antiçambre pour recevoir à son petit et à son grand lever ; cabinet pour monsou Bernoin, son valet de çambre : houit mille livres.3 Pour cela, il n’y a rien à dire, et ce n’est pas trop cer ! Écrivant. Houit mille livres. Pour la çambre de très haute et très pouissante demoiselle Marie de Mancini, nièce de l’éminentissime cardinale : trois mille livres. » Trois mille livres pour la çambre de cette petite fille ? Oh ! oh ! monsou Poquelin ! POQUELIN. Monseigneur, j’ai reçu, à cet endroit, une recommandation particulière. MAZARIN. Et de qui, ze vous prie ? POQUELIN. De M. Bontemps, valet de chambre de Sa Majesté, qui est venu me trouver, et qui m’a ordonné, de la part du roi, de ne rien négliger pour que l’appartement de mademoiselle de Mancini fût convenable. MAZARIN. Ah ! ah ! ALEXANDRE DUMAS 11 POQUELIN. Oui, monseigneur. MAZARIN. Bontemps ! ce brave Bontemps ! de la part de Sa Majesté ! POQUELIN. C’est comme j’ai l’honneur de vous le dire. MAZARIN, à part, se frottant les mains. Per Bacco ! Ze m’étais bien aperçou que le roi s’occoupait de ma nièce !... Haut. Très bien, monsou Poquelin ! très bien ! Ze vous passe celle-là encore ; mais c’est sour le reste que nous allons avoir à cicaner, ze vous eu préviens... Houm ! « Çambre à coucer des demoiselles d’honnour : doux mille livres. » Doux mille livres, cer monsou Poquelin, pour de semblables péronnelles ! POQUELIN. Elles sont six, monseigneur... C’est trois cent trente-trois livres six sous huit deniers par tête. MAZARIN. Eh ! mordiou ! il fallait les faire coucer doux dans la même çambre ! Vous nous rouinez ! Ah !... Écrivant. Doux mille livres ! « Enfin, pour la salle dou conseil : quatorze cent quarante livres. Total : Vingt-doux mille quatre cent quarante livres. » Pécaïre ! comme vous y allez, monsou Poquelin ! Par bonheur pour vous, comme ze souis pressé, nous mettrons tout cela, pour faire oun compte rond, à vingt mille livres. POQUELIN. Mais réfléchissez donc, monseigneur... Impossible ! MAZARIN. C’est convenou. Vous viendrez cercer votre ordonnance dans LA JEUNESSE DE LOUIS XIV 12 houit zours. POQUELIN. Monseigneur, si c’était un effet de votre bonté... MAZARIN. Ma bonté ! ma bonté ! ze sais bien qu’elle est grande... Voyons, mon cer Poquelin, que loui demandez-vous, à ma bonté ? POQUELIN. Puisque Votre Éminence a le crayon à la main, il ne lui en coûterait pas plus d’ordonnancer cette petite somme tout de suite ; et, en considération de ce que je toucherais de l’argent comptant, je consentirais à la réduction imposée par monseigneur. MAZARIN. Et sour quoi ordonnancer ? Ze n’ai point d’état. POQUELIN. Oh ! je me contenterai de ce bout de papier... La signature de monseigneur est excellente, et, au lieu que monseigneur mit là : « Bon pour vingt mille livres, » je voudrais qu’il y mît : « Bon pour un million. » MAZARIN. Bon pour oun million ! Et où voudriez-vous donc que ze le prisse ?... Ma il me faudrait vendre zousqu’à ma barrette, cer monsou Poquelin, pour payer oun million, et encore ! Il signe. Tenez, pouisque vous le voulez assoloument... Ma, en vérité, ze souis d’une faiblesse pour vous !... Il prend le chiffon de papier et le lui donne. POQUELIN, ouvrant le papier, et lisant. Oh ! monseigneur ! MAZARIN. Monsignor ! monsignor ! Quoi encore ? uploads/s1/ dumas-la-jeunesse-de-louis-xiv.pdf
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- Publié le Sep 08, 2022
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