^ \ ÉTUDE HISTORIQUE ET LITTERAIRE SUR SAIÎsTT BjVSILE SUIVIE DE L'HEXAMÉRON {V
^ \ ÉTUDE HISTORIQUE ET LITTERAIRE SUR SAIÎsTT BjVSILE SUIVIE DE L'HEXAMÉRON {V. Trcuel.) -- I.v.piumehii: roi.VTECHNlQUE de St-INicolu^-clc••Po^l (Mcurlhc). ETUDE HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE SUR SAINT BASILE SUIVIE DE L'HEXAMERON TRADUIT EN FRANÇAIS PAU EUGÈNE K1AJ.Q.N Agrégé (Je TOrdre des lettres et Docteur ès-letlres, Professeur de rhétorique au Lycée impérial de Reims OUVRAGE COURONNÉ PAR L'ACADÉMIE FRANÇAISE Deuxième Édition PARIS £KN£ST THORIKT, ÉDITEUR 7, rue de Médicis^ 7 1869 THEINSTITUTE OF MEDIAEVAl STUDIES 10 ELfvISLey PLACE TQHONTO G, CANAOA, NOV 14 1931 A M. S. DE SACY DE L'ACADEMIE FRANÇAISE HOMMAGE DE RESPECTUEUSE RECONNAISSANCE INTRODUCTION Au quatrième siècle, au milieu de rabaissement des intelligences et des courages, le monde romain se ranime, un instant, au souffle de trois esprits distincts, qui se mêlent, s'imprègnent ou se combattent, et font de cette époque de passions thèologiques, d'enlbousiasme religieux^ d'ardeur littéraire, une des plus originales qu'ait tra- versées l'humanité. En Occident, domine l'esprit romain, viviflé dans les écoles et dans lEglise par les idées grec- ques et orientales ; toujours pratique et organisateur, il est appelé par la religion nouvelle à exercer sur les âmes l'empire que les armes et la politique lui avaient donné sur les peuples. En Orient, l'esprit gi'ec, unissant, sous l'inspiration féconde de la Bible, la contemplation et l'ac- tion, la foi et la réflexion, l'enthousiasme et la curiosité, l'autorité et l'indépendance, secoue plus que jamais le joug romain, se précipite dans l'anarchie religieuse, comme les anciens Grecs s'étaient jetés dans l'anarchie politique ; et, pendant que des cultes rivaux s'arrachent les âmes à force de talents et de vertus, trop souvent aussi à force dintrigues et de violences, on le voit produire des pro- diges de science et d'éloquence. L'Orient conservait l'organisation romaine ; il s'appelait 2 IJNTRODUGTION. encore empire romain ; mais, en réalité, il recouvrait son autonomie et, après avoir gardé la langue d'Alexandre, il voyait ses maîtres défaire l'œuvre de leurs ancêtres, réta- blir l'empire du conquérant grec et prendre, dans la nou- velle Rome, le titre de rois, si longtemps délesté dans l'ancienne. L'un d'eux même, Julien, poussait l'oubli de son origine jusqu'à se glorifier d'être enfant de la Grèce : « Par ma vie, par mes actions, disait-il, je suis Grec (1). » « Oui, tu es Grec, lui répondait son maître Libanius, et » tu commandes à des Grecs (2). » C'est surtout dans l'Église que se manifeste cet esprit d'indépendance. Pen- dant que la raison, voulant tout expliquer, enfante des hérésies , qui vont porler le trouble jusque dans l'Occi- dent, de puissants génies, alliant dans une sage mesure la foi et la réflexion, luttent contre ses excès avec ses propres armes. Les Lettres grecques renaissent ; l'élo- quence passionne ces débats, et fait entendre, dans les chaires chrétiennes , des accents dignes des Démosthène et des Platon. La Grèce, devenue chrétienne, accueille, en le transformant, tout ce qui est grand et beau. Loin de rejeter ses arts antiques , elle les revendique et s'en fait - une riche parure. L'éloquence est pour elle un héritage longtemps improductif qu'elle rend à son ancienne pros- périté. S'il est un homme dont le caractère, l'éloquence et la doctrine représentent cette alliance féconde de la Grèce et de l'Orient, c'est saint Basile. Né en 3'29, dans le Pont, au milieu de cette société nouvelle, sorti d'une famille cap- Ci) Julien, Paris, Cramoisy, d630, 2""^ part., p. 106. (2) Lib. Lutelia, 1627, t. ii, p. 156. INTRODUCTION. 3 padocienne, illustrée par le commandement des armées, le gouvernement des provinces, des charges à la cour, et plus encore par les confiscations, l'exil et le martyre pendant les persécutions (1), il se prépare dans les écoles et dans la solitude à ce grand rôle d'évéque, auquel doi- vent l'appeler ses talents et ses vertus. Il se crée une puissante et fidèle milice dans les moines et gagne le peuple par son éloquence et ses bienfaits. Avec le peuple et les moines, il triomphe des jalousies d'un épiscopal corrompu et du pouvoir civil , lutte sans relâche contre les hérésies et, après la mort d'Athanase, devient le chef des Orthodoxes en Orient. Homme d'action, grand orateur, philosophe autant que théologien, il nous apparaît comme un des plus beaux types de cette Grèce orientale qu'Ho- mère et l'Evangile préparaient de concert à la vie du quatrième siècle. Comment cet esprit, à la fois si grec et si oriental, s'est-il développé dans les écoles de la Grèce et dans l'école plus austère de la solitude ? Comment s'est-il ensuite manifesté dans sa vie et dans ses écrits, ou, si l'on veut, dans son action sur l'Église, dans ses luttes avec les empereurs, dans son éloquence et dans sa doctrine? Telles sont les questions que nous allons essayer de résoudre à l'aide de ses ouvrages et de ceux de son frère et de son ami , saint Grégoire de Nysse et saint Grégoire de Nazianze. Grâce à ces discours adressés à des générations depuis longtemps éteintes, à ces traités écrits sur des débats obscurs et souvent sans inlérét pour nous, à cette volumineuse cor- (1) Sancti Gregorii Nazianzeni or. xx. Ed,Bilii, t. i^ p. 318. 4 INTRODUCTION. respondance , l'œuvre vraiment personnelle de ces grands docteurs, nous tenterons, en pénétrant la vie publique et privée d'un des plus illustres représentants du quatrième siècle, de faire revivre devant nous, à tous les âges et dans toutes les conditions , au foyer domestique et jusque dans le palais impérial, dans les écoles et dans les églises, cette époque singulière qui se relevait de son abaissement moral par sa passion pour les lettres et son ardeur religieuse. Pour achever de faire connaître saint Basile et répondre au désir de ceux qui à des dissertations historiques ou littéraires préféreraient la lecture de quelques-unes de ces pages éloquentes cachées dans les in-folio de nos biblio- thèques, cette étude sera suivie de la traduction de l'Hexaméron , le chef-d'œuvre du savant orateur. Si nous ne pouvons, faibles traducteurs, lui conserver sa vive et forte originalité et rendre dans une langue étrangère l'énergie ou la grâce de ses images, nous espérons le pré- senter dans ces neuf homélies, sinon avec toute son élo- quence, du moins avec sa manière, sa science, et celle de ses contemporains. De tous les Pères, saint Basile est celui qui a lej)!us^emprunté aux auteurs païens, et qui, d'après le témoignage exprès de ses contemporains, sut le mieux allier les lettres profanes et l'Ecriture sainte pour la défense de la foi (1). De nombreuses notes le feront voir appelant à son aide, pour montrer l'accord de (l) « Maître delà sagesse divine et de la sagesse profane, combattant » ambidextre, revêtant une double armure pour lutter contre ses adversaires, » il renversait avec l'Écriture les objections que l'hérésie tirait de l'Ecriture, » et prenait les Hellènes dans les filets de leur propre érudition. » Sancti Gregorii Nyss. Laudalio in fratrem, t. ii, p. Gl'-i. Voyez aussi saint Gré- goire de Nazianze, t. i, p. 362 et Philostorgue dans Suidas, Basile. INTRODUCTION. 5 la science de son temps et de la cosmogonie mosaïque, et même pour expliquer les dogmes du christianisme, non- seulement les Origène et les Eusèbe, mais encore un Platon, un Aristote, un Plotin , un Plularque. D'autres citations le montreront inspirant à son tour saint Am- broise et nos grands écrivains du dix-septième siècle. Les hommes de génie ont leurs ancêtres et leur postérité, et, dans cette succession de lumières qui se perpétue de siècle en siècle, il n'est pas sans intérêt de savoir ce que chacun d'eux doit au passé et ce qu'il a donné aux temps postérieurs. Puisse ce travail contribuer pour sa faible part à la gloire du docteur que le Concile général de Chalcédoine a proclamé, au nom de 1 Kglise (1), le premier et le plus grand des Pères, du théologien auprès duquel l'Arien Philostorgue ne voyait qu'un enfant dans Athanase (2), de l'orateur que Pholius et Erasme mettaient au-dessus de Démosthène par une de ces hyperboles à l'aide desquelles la critique essaie d'apprécier le génie (3) ! Puisse-l-il, aussi me faire pardonner ce qu'il y avait de téméraire à tenter une étude sur un tel homme, surtout après les riants tableaux que M. Villemain, son révélateur en France, a tracés de sa studieuse jeunesse, de sa poétique solitude, de sa calme et forte éloquence ! (1) Concil., t. IV, p. 826. — (2) Suidas, Basile. (3) Pholius, Basile ; lîrasme, Sancti Basilii op. préface. ÉICDE HISTORIQDE ET LITTÉRAIRE SUR SAINT BASILE CHAPITRE I. ÉDUCATION DE SAINT BASILE. 1. La Cappadoce avant le quatrième siècle. — Caractère de la popula- tion. — Les lettres en Cappadoce. — Apollonius de Tyane et Pausanias de Césarée. H. Double éducation de saint Basile. — La famille et l'Eglise préparent l'évêque et le théologien; les écoles, Torateur et le penseur. — Education de la famille. III. Écoles des grammairiens. — Saint Basile à Néo-Césarée et à Césa- rée. — Langue grecque, historiens, poètes. — Absence d'études latines en Orient. — uploads/s1/ fialon-etude-historique-et-litteraire-sur-saint-basile-suivie-l-x27-hexameron-traduit-en-francais-1869.pdf
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- Publié le Jui 06, 2021
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