T^^^^X^ Sf'-'Nr-'W*^ .< .« '^t^ \fi \wy LES THÉORIES POLITIQUES DU MOYEN AGE PI
T^^^^X^ Sf'-'Nr-'W*^ .< .« '^t^ \fi \wy LES THÉORIES POLITIQUES DU MOYEN AGE PITHIVIERS. IMP. DOMANGÉ ET C". 6211 LES THÉORIES POLITIQUES DU MOYEN AGE Par OTTO VON GIERKE - PROFESSEUR DE DROIT A L'UNIVERSITÉ DE BERLIN PRÉCÉDÉES D'UNE INTRODUCTION PAR FREDERIC WILLIAM MAITLANO PROFESSEUR DE DROIT A L'UNIVERSITÉ DE CAMRRIDGE TRADUITES DE L'ALLEMAND ET DE L'ANGLAIS PAU JEAN DE RANGE ^s^^ LIBRAIRIE DE LA SOCIÉTÉ DU RECUEIL SIRE Y ^, Rue Soufflât. PARIS -5' Léon TENIN, Direeteur 1914 .V "Ç^iQ of Medjûe^ 3/ «^A APS 1 3 1987 PRÉFACE DU TRADUCTEUR FRANÇAIS Il est remarquable que l'étude des théories politiques du Moyen Age soit à peine commencée, et qu'elle ait été négligée jusqu'ici même par la plupart des spécialistes qui se sont consacrés à l'histoire de cette époque. On peut en effet se demander si cette histoire est pleinement intelligible à un esprit qui n'est pas initié aux doctrines fondamentales sur lesquelles reposait la société du Moyen Age. « Que dirait-on, écrit M. Bernheim (1), d'un histo- rien qui, étudiant l'histoire du dix-neuvième siècle, ne connaîtrait pas à fond les idées essentielles du libéralisme ou du parti conservateur, ne saurait rien des expressions que les différents partis emploient couramment, et ne soupçonnerait pas comment ces idées et ces. expres- sions sont étroitement liées aux différentes tendances religieuses et philosophiques de notre époque? Cepen- dant une ignorance aussi profonde continue à régner dans les études médiévales, sans qu'on fasse rien pour la dissiper». Il y a lieu d'ajouter qu'il est difficile de bien comprendre les idées modernes sans connaître celles du Moyen Age dont elles sont le prolongement. Mais ces théories médiévales elles-mêmes n'ont fait que dévelop- per les principes déjà implicitement contenus dans la (1) Ernest Hernheiin, Politische Ber/riffc des Miiielaliers im Lichte der Anschauungen Augusiins, in Deutsche Zeitschrift fur Geschichtswis' senschaft, Neue Folge, erster Jahrgang, 1896-1897. Freiburg u. Leipzig 1897. DE PANGE b Il l'ItêlACE pliiloso|)lii(^ antique, la morale chrétienne et l'esprit germanique. Comment s'est lorniée l'idée de la société religieuse? Quel est l'idéal moral que le CJiristianisme a proposé aux nouveaux États qui reconnaissaient sa loi? Dans quelle mesure les conceptions essentielles du droit germanique ont-elles pu se faire reconnaître et subsister? C'est ce qu'il ne paraîtra sans doute pas inutile de rappeler brièvement avant d'aborder l'étude du système politique du Moyen Age, I. — L'idée de l'É GLISE. On sait quelle était la théorie antique de la Société. Elle se résumait dans l'omnipotence de l'État, qu'exprime le célèbre principe d'Aristote d'après lequel l'existence du tout est antérieure et supérieure à celle de ses parties. L'individu n'avait aucun droit propre et restait toujours subordonné au groupe auquel il appartenait. La religion antique, n'étant rien de plus qu'une institution de. l'État, ne s'adressait pas à la conscience individuelle. Elle n'exigeait des citoyens que l'exercice du culte public; elle ne leur imposait aucun article de foi, aucune manière particulière de se représenter les dieux, de sorte que l'hérésie était impossible (1). Il n'y avait qu'un seul Imperiiim, et, suivant la définition classique, le Jus Sacrum était une partie du Jus Publicum. En ce qui concerne le droit corporatif, les Romains étaient arrivés à concevoir Vuniversiias, qui désigne l'unité organique de la corporation (2). Marcien déclare, (1) Cari Rieker, der Ursprung von Staal and Kirche, in « Foslschrift Emil Fricdbcrg», Leipzig 1908. (2) Saleilles, De la personnalité juridique [Paiis l'JlU), [). 47 : la societas était un grouponicnt personnel, une juxtaposition d'individualités con- tractantes. L'un des sociétaires disparaissant, la société était détruite. PREFACE IJI en parlant des biens des cités, qu'ils appartiennent à Vaniversitas, c'est-à-dire à la collectivité unifiée, et non aux msmbrcs de la cité considérés individuellement, {aniversitalis siini, non singulorum). Au-dessus des citoyens, du popidus Romaniis, l'État, la Respublica, apparaissait donc comme une unité tout à fait distincte du groupe qui la constituait. La notion civilisatrice par excellence, celle de la personne morale, se trouvait là en ébauche. Mais, réservée à l'État ou à ses créatures, elle n'était encore qu'une abstraction juridique, une sorte de cadre, préparé par la philosophie antique, et que l'Église était appelée à remplir. En effet, dès son apparition, le Christianisme manifesta hautement son indépendance de l'État, auquel il oppo- sait l'idée de l'Église, c'est-à-dire d'une communauté purement spirituelle et morale, beaucoup plus étendue que l'État puisqu'elle revendiquait la direction de toute l'humanité. L'Église enseignait d'ailleurs que les indi- vidus, loin d'être de simples parties de l'État, avaient une valeur absolue et un but transcendant. Elle-même fut, dès le début, considérée comme un tout autonome et homogène, comme un véritable organisme vivant qui, suivant sa définition essentielle, est le « Corps mystique du Christ». Dans ce profond symbole se trouve contenue en germe toute la doctrine postérieure sur le rôle et la Au contraire, dans l'association, que les Romains appellent, suivant les cas, du nom de collegium, de corpus ou de sodalilas, les individus passent et se succèdent, sans que l'existence du corps en soit affectée. Ces collegia sont des corps qui ont une existence juridique indépendante des indivi- dualités quiles composent. Et en cela ils res-emblent à l'État. Le collegium est comme une réduction de la cité... Puis une conception nouvelle se forme peu à peu, celle de Vuniversiias, qui, comme l'hérédité, est assimilée à une personne (Personae vice fungilur), tandis que la socielas ne l'est pa«. L'Eglise fut plus tard l'objet de la même assimilation : « Ecclesia vicem personae suslinel». L.ilj. 22, Dig. 46, 1. Cité par Mestre, Les person- nes morales, Paris 18 9, p. 66. IV PREIACli liât lire de l'Église; par là en sont ai'l'irniés les caractères d'unité vivante, de coordination des divers membres en vue d'un même but, et surtout de transcendance j)ar rapport à toutes les institutions humaines, puisque l'Ei^lise n'est f(ne la manifestation terrestre de l'Esprit de Dieu. Par ce mot enfin est consacrée la réalité de l'exis- tence collective de la communauté chrétienne (1). Cette définition de l'Église est donnée par Saint Paul, aux yeux duquel la communauté, Vecclesia, est [réelle- ment un organisme qu'anime l'Esprit de Dieu. « Il y a bien diversité de dons, écrit l'apôtre, mais il n'y a qu'un même Esprit; il y a aussi diversité de ministères, mais il n'y a qu'un même Seigneur; il y a aussi diversité d'opérations, mais il n'y a qu'un même Dieu, qui opère toutes choses en tous; et les dons de l'Esprit se mani- festent dans chaque homme pour l'utilité commune... En effet, comme notre corps n'est qu'un, quoiqu'il ait plusieurs membres, et que tous les membres de ce seul corps, quoiqu'ils soient plusieurs, ne forment qu'un corps, il en est de même du Christ. Car nous avons tous été baptisés dans le même Esprit, pour n'être tous ensem- ble qu'un même corps, soit .Juifs ou Gentils, soit esclaves ou libres, et nous avons tous été abreuvés d'un même Esprit... Aussi, lorsqu'un des membres souffre, tous les autres souffrent avec lui; ou si l'un des membres est honoré, tous les autres s'en réjouissent avec lui. Or, vous êtes le corps du Christ, et vous êtes ses membres, chacun eu particulier (2)». «Car comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres, et que tous ces membres n'ont pas la même fonction; ainsi, ({uoicjue nous soyons plu- (1) Mestrc, Les personnes morales, p. G3. i'Z) P 11!pi Ire de Saint Piid diix Curinlhicis vUa\>. Xll, v, 1-7, l,?K{, 26-27. PREFACE V sieurs, nous ne sommes tous néanmoins qu'un seul corps en Jésus-Christ, et nous sommes tous réciproquement membres les uns des autres (1).» Une ère nouvelle s'ouvrait pour l'humanité qui, pour la première fois, était conçue comme formant un seul organisme intel- lectuel et moral. Et la réalité de ce phénomène était exprimée par l'image du corps vivant, image si profonde et si juste qu'elle revient éternellement chaque fois qu'on fait appel à l'idée de société (2). L'Église s'identifie désormais avec le corps du Christ, et dans la doctrine de la Cène, telle qu'elle est formulée par Saint Paul, l'union des membres avec leur chef s'établit par l'intermédiaire du mystère dont l'Église est dépositaire (3), Ainsi constituée en Société des Fidèles, sorte d'État spirituel et universel, l'Église prend la première place. L'ancien État, laïcisé, n'ayant plus son culte propre, est relégué dans le domaine temporel. On déclare qu'il a été fondé sur l'injustice et sur la violence, par suite de (1) Epître de Sain' Paul aux Romains, chap. XII, v. 4-5. (2) Cette image du corps chrétien se trouve, par exemple, dans une constitution donnée par l'Empereur Maximilien en 1512 : « So haben UHF uns mil des Heil. Reichs Si nden und sie mit un; ais ein Christlich Corpus vere-nigl und vertragen». Cité dans la dissertation De aliénai one immediali jeudi imperii, par J. Ulricus Pauli, 1709. (3) 1« Ep. aux Cor., chap. X, v. 16-17 (voir la citation faite ci-dessous page 136, note 67). Cette idée est souvent reprise par Saint Augustin qui désigne la communauté chrétienne sous le nom de Corpus Christ i. En effet, dans plusieurs passages (entre autres dans uploads/s1/ gierke-maitland-pange-les-theories-politiques-du-moyen-age-1914.pdf
Documents similaires










-
37
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 28, 2022
- Catégorie Administration
- Langue French
- Taille du fichier 17.5724MB