1 La reprise des cours à l’école nationale Charlotin Marcadieu suite au séisme

1 La reprise des cours à l’école nationale Charlotin Marcadieu suite au séisme du 12 janvier 2010 La Croix-des-Bouquets Haïti (Version basse qualité d’image) Benoît Goffin (ancien volontaire du Service Civique) 2 Ce rapport a été en très grande partie rédigé en Haïti à partir d’observations que j’ai pu faire lors de mon travail à l’école Charlotin-Marcadieu, en tant que volontaire du Service Civique français, dès la reprise des cours. J’ai achevé et mis en page ce texte en France, en octobre 2010, sans avoir vraiment eu le temps de prendre du recul. Il est largement illustré par des photos afin de rendre compte des réalités dans une petite école haïtienne. Il est dédié à tous les professeurs qui répondent présents face à la forte demande d’éducation des enfants haïtiens malgré des conditions très difficiles. Photo 1 I) Présentation de l’école 1) Localisation et plan de l’école 2) Organisation du système scolaire haïtien et de l’école avant le séisme  Une école publique  Le système haïtien et la répartition des classes  La question des examens  La gestion administrative et financière de l’école 3) L’école lors du séisme II) Les évolutions depuis le séisme 1) La reprise des cours 2) Les différences  Les horaires  Le nombre d’élèves  Les volontaires français 3) La question de la reprise de la cantine 4) La question de la reconstruction 5) Les autres ONG III) Professeurs et élèves 1) Témoignages de professeurs 2) Témoignages d’élèves IV) Difficultés que rencontre toujours l’école 1) La question des professeurs 2) Le manque de moyens 3) L’effet Haïti 4) Que faire ? Annexe : Chronologie de l’école depuis la réouverture 3 I) Présentation de l’école 1) Localisation et plan de l’école L’école Charlotin Marcadieu se trouve à la Croix-des-Bouquets, dans la banlieue nord de Port-au-Prince, à 12 kilomètres du centre de la ville, dans la plaine de Cul de sac (18°34'45.09"N ; 72°13'35.58"O). Cette commune, qui comptait près de 230 000 habitants en 2009 (on en compterait 300 000 depuis le séisme avec l’arrivée de réfugiés), fait partie de l’arrondissement qui porte le même nom, La Croix-des-Bouquets étant le chef-lieu. Elle se trouve dans le département de l’Ouest. Plus localement, l’école est à 10 minutes à pied du ranch qui abrite le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique. Elle est à l’angle des rues Saint-Dominique et Stenio-Vincent. Le nom de cette école vient du Colonel Charlotin Marcadieu qui est mort au côté de Jean-Jacques Dessalines à Pont Rouge, deux ans après la déclaration d’indépendance du pays. Document 1 : Localisation de l’école à l’échelle régionale 4 Document 2 : Localisation de l’école à l’échelle du quartier Comme on le voit sur la photo ci-dessus, l’école, qui accueillait environ 1200 élèves avant le séisme, dispose de peu de terrain et n’a pas de possibilités d’expansion. Elle était constituée d’un bâtiment administratif à étage (l’étage servant de logement de fonction au directeur) qu’on voit en haut à gauche du plan ci-dessous, et de salles de classe organisées autour d’une petite cour. Document 3 : Plan de l’école Charlotin 5 2) Organisation du système scolaire haïtien et de l’école avant le séisme  Une école publique L’école Charlotin Marcadieu est une école nationale. Ces écoles sont très minoritaires en Haïti où les écoles privées pullulent. Tout le monde peut en ouvrir une, de la même façon qu’on ouvre une épicerie, afin de gagner un peu d’argent. Les écoles publiques sont particulièrement attractives car les frais de scolarité (« frais d’écolage ») sont limités. L’Etat est censé les prendre en charge, mais n’en a pas toujours les moyens. Les professeurs reçoivent donc leur salaire directement du ministère. Les meilleures écoles sont celles, privées, qu’on trouve dans les quartiers les plus riches ; elles sont souvent tenues par des religieux.  Le système haïtien et la répartition des classes Le système scolaire accueille les élèves au « Kindergarten », vers l’âge de 3 ans. A l’âge de 6 ans, ils entrent à l’école fondamentale. Celle-ci compte neuf années, de la 1ère (où les élèves commencent à apprendre à lire) à la 9ème. Les classes allant de la 1ère à la 3ème forment le premier cycle, celles de la 4ème à la 6ème le second et celles de la 7ème à la 9ème le troisième. Les élèves peuvent ensuite rejoindre le secondaire. C’est une période de 4 ans (3ème, 2nde, « Rhéto », « Philo ») qui les conduit jusqu’au Baccalauréat. Les élèves, après cet examen, peuvent entrer dans la vie active ou continuer leur cursus à l’université. Cette organisation ressemble donc beaucoup à celle de France. Document 4 : Organisation du système scolaire haïtien 6 A l’école Charlotin Marcadieu, on trouve des classes allant de la 1ère à la 9ème année, avec en moyenne 54 élèves dans chacune d’elles. Certaines classes ont un doublon. Le fait d’accueillir des « 3ème cycle » dans les écoles est assez rare ; dans l’arrondissement de la Croix-des-Bouquets, on en trouve seulement deux ; ici, à Charlotin, depuis 2006 et à l’école nationale de Beudet. Il en existe d’autres mais qui n’ont pas d’autorisation ni de reconnaissance du ministère. L’école fonctionne sur deux sessions : une le matin (8h-13h) et une l’après- midi (13h-17h). La session de l’après-midi accueille des élèves souvent plus âgés, mais pas de troisième cycle. Les « Restavec » (enfants-domestiques à Haïti) étaient assez nombreux il y a quelques années dans cette session. On en compte de moins en moins, ce qui semble confirmer la baisse de cette pratique. Le matin (voir photo suivante : le cahier de présence), 12 classes se partagent l’école. Deux des trois premières années, puis une classe par niveau jusqu’à la 9ème. L’après-midi, on compte 10 classes. Elles ont toutes un doublon, sauf la 1ère et la 6ème. Le 3ème cycle (7ème–9ème) fonctionne de façon relativement autonome le matin. Neuf professeurs sous la direction d’un coordinateur donnent des cours, chacun ayant sa propre matière. On compte 7 matières différentes : Communication française (15h), Communication créole (6h), Mathématiques (15h), Science sociales (9h), Science expérimentale (7h), Anglais (6h) et Espagnol (6h). Le jour de l’examen, les élèves composent dans toutes les matières, sauf une ; ils ont en effet le choix entre l’examen d’anglais ou d’espagnol. On peut constater ici l’absence de sport et d’activités artistiques (chant, dessin…). L’école accueille aussi une formation professionnelle pour les filles (couture, cuisine et art floral) qui regroupait 49 étudiantes et 3 professeurs, dont une seule est vraiment titulaire. 7 Le weekend, des cours de langues sont donnés dans l’école. Les locaux de l’école sont prêtés au fils d’un des professeurs qui les dirige. Les cours ont lieu le samedi et le dimanche et ne regroupent que quelques personnes. Ainsi, le censeur de l’école prend des cours le samedi après midi, en compagnie de trois autres élèves. Cela lui coute 125 gourdes par mois (2,5 euros), les 100 premiers inscrits ayant droit à une « demi-bourse ». L’âge des élèves varie dans les classes : dans celle de 6ème , par exemple, des élèves de 13 ans côtoient des élèves de 17 ans. Certains arrêtent l’école pour toutes sortes de raisons avant de la reprendre. On a l’exemple de familles qui alternent les années scolaires entre les enfants pour limiter les frais. Ceux qui se distinguent par leur âge sont appelés des « surâgés ». Ces écarts d’âge sont très importants : il faut penser autrement, proposer des choses qui intéresseront tous les élèves malgré leurs âges très variés. Document 5 : Cahier de présence des élèves le 11 et 12 janvier 2010 8  La question des examens De la même façon qu’en France, des examens ponctuent la scolarité. On compte deux examens, les « examens d’Etat », organisés à l’échelle du pays à la fin de la 6ème et de la 9ème qui sont des « classes d’examens ». Ces examens correspondent ainsi plus ou moins au certificat et au brevet en France. L’an dernier l’école a obtenu 75% de réussite à l’examen de fin d’année pour les 9èmes. Les autres années, les élèves ont des contrôles, avec des notes sur 20 dont la moyenne finale, retranscrite sur un carnet (voir document 6), permet ou non le passage dans une classe supérieure. Pour rentrer en 3ème cycle, le nombre de places étant assez limité, l’école fait passer un petit concours. Tout redoublement est interdit dans le troisième cycle. Dans les autres classes, il reste possible. Les examens sont constitués la plupart du temps de QCM (voir l’exemple avec les documents suivants). Cela pousse les élèves à apprendre par cœur de nombreuses choses sans les maîtriser vraiment (« Quel est le fleuve le plus long du monde ? », « Où se trouve le Kremlin ? »). Document 6 : Carnet de notes d’élèves 9 Document 7 : Examen de sciences sociales, 5èm année, juin 2010 Document 8 : Examen de 2ème année, juin 2010 10  La gestion administrative et financière de l’école Pour uploads/s1/ecole-charlotin-marcadieu-haiti.pdf

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  • Publié le Apv 02, 2022
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