50 jeux de langue pour l’école Henry Landroit Communauté française de Belgique

50 jeux de langue pour l’école Henry Landroit Communauté française de Belgique Service de la langue française "Les jeux des enfants ne sont pas des jeux, et il les faut juger en eux comme leurs plus sérieuses actions." Michel Eyquem de Montaigne, ESSAIS La réflexion de Montaigne qui figure en exergue nous introduit d'emblée au cœur du sujet abordé dans cette petite brochure. Ces cinquante jeux de langue pour l'école ont en effet l'ambition - et aussi, nous l'espérons, le mérite - de stimuler le potentiel de créativité formatrice que chaque enfant recèle en lui et révèle aux autres. Et peut-on imaginer une meilleure manière de valoriser ce potentiel que celle qui consiste à partager avec lui, sur un mode ludique, les mille et une richesses de la langue ? Cette langue, on la qualifie souvent de "maternelle" et cela suffit à faire percevoir l'importance fondamentale qu'elle revêt dans le développement d'un individu. Fondamentale, c'est-à-dire : qui sert de fondement, qui constitue une base. La langue que l'enfant acquiert progressivement est une part de lui-même. Elle l'accompagnera sa vie durant. Elle est certes son principal outil de socialisation et d'appropriation du monde. Mais à l'âge de tous les possibles, elle est en même temps une source intarissable de plaisir, d'émerveillement et de découverte. Ce livret s'adresse bien sûr aux enseignants, qui y puiseront autant d'idées originales à exploiter en classe sans aucun matériel particulier. Une courte notice pédagogique et didactique clôt d'ailleurs la description de chaque jeu proposé. Mais il s'adresse aussi à tous les adultes - parents ou non -, à tous ces vieux enfants qui ont perdu le contact intuitif et spontané avec l'univers fabuleux des mots, un univers en perpétuelle expansion. Bref, il s'adresse à tous ceux qui ont trop tôt oublié que jouer avec la langue, c'est du sérieux ! Jean-Marie KLINKENBERG Président du Conseil supérieur de la langue française Introduction Présentation “ 50 jeux de langue pour l’école ” rassemble des jeux de langue qui ne nécessitent pas de matériel particulier, excepté le crayon, le papier et un ou plusieurs dictionnaires. Ce matériel de base se trouve dans toutes les classes, même les plus défavorisées. Il existe une infinité de jeux de langue1. Les jeux les plus connus ont été volontairement éliminés du présent fascicule. Ainsi, vous n’y trouverez pas de charades, de rébus, de mots croisés, de mots fléchés, de mots cachés, etc. Non point que ces jeux n’aient aucune valeur, bien au contraire. Mais ils sont à ce point répandus dans les écoles et dans les revues destinées aux élèves qu’il a paru inutile d’y revenir encore. De même, beaucoup de jeux de société ont été construits à partir des jeux de langue et ont été diffusés sous forme de jeux matérialisés (souvent une boite en carton et quelques accessoires). Enfin, l’électronique et l’informatique sont arrivées et des jeux très sophistiqués nécessitant soit un appareil spécifique soit un micro-ordinateur familial ont envahi le marché des jeux et jouets. Un relevé exhaustif de tous ces jeux a été effectué et une exposition leur est consacrée tous les ans à Bruxelles2. De ces deux sortes de jeux, dont l’absence ne met nullement en cause les qualités, pas de trace non plus dans cette brochure. Les jeux présentés ici sont donc soit plus “ traditionnels ” (certains sont très anciens) soit résolument modernes, nouveaux parfois, mais ils ne font appel ni à un quelconque matériel ni aux technologies nouvelles. Plusieurs d’entre eux sont dus aux poètes, on ne s’en étonnera pas. Jouer avec la langue, c’est sérieux Jouer avec la langue n’est pas nouveau. De tout temps, les hommes ont créé des rébus, des charades, des langages codés, des jeux de mots, des calembours, des contrepèteries, etc. De nombreux écrivains et poètes y ont pris du plaisir. Ne citons pour mémoire que Victor Hugo, Alphonse Allais, Raymond Queneau, Robert Desnos, Georges Perec. Les grands écrivains ont éprouvé le besoin, à un moment ou l’autre de leur travail littéraire, d’introduire le jeu dans leur rapport avec la langue. Serait-ce pour mieux la dominer ? Le jeu et l’apprentissage Jouez, jouez, il en restera toujours quelque chose ! Le jeu et l’apprentissage ont toujours été liés. De nombreuses méthodes intègrent le jeu dans leur panoplie de moyens pédagogiques. Parfois même, pour tromper l’adversaire. On a ainsi vu naitre des manuels de “ Grammaire en jouant ” et autres attrape-nigauds. Mais ici, c’est le jeu qui est prioritaire. L’enseignant ne va pas proposer à ses élèves d’apprendre telle ou telle notion de grammaire ou d’enrichir son vocabulaire, il va proposer 1 Quelques-uns de ceux-ci sont parus sous une forme simplifiée dans la page “ enfants ” du journal Le Ligueur il y a quelques années. 2 Voir “ Jeux de langue ”, exposition annuelle de la Commission communautaire française - Service des ludothèques à la Maison de la Francité - rue Joseph II, 18 à 1000 Bruxelles. aux élèves de jouer. Ceux-ci vont se laisser prendre au jeu (c’est le cas de le dire) et à cette occasion, apprendre sans vraiment s’en apercevoir (parce que motivés par l’aspect ludique) une série de notions rébarbatives qui ont place dans les programmes scolaires. Jouez, jouez, le reste vous sera donné de surcroit. Les jeux de langue ont un autre avantage. Contrairement à de nombreux autres jeux, ils ne développent pas une réelle compétition entre les participants. Le plus souvent, il ne s’agit pas en effet de gagner, mais bien de trouver. Les diverses trouvailles individuelles de la classe vont être versées dans un creuset commun et rebondir en quelque sorte sur le groupe en enrichissant chacun au passage. Rassurons-nous : les élèves vont mordre très rapidement aux jeux de langue. Les enseignants et les parents devront peut-être d’abord se convaincre de leur bien-fondé. Un des meilleurs moyens est de s’y mettre soi-même. Pour bien mener ces séquences, il est nécessaire en effet d’avoir gouté à la joie d’un acrostiche réussi, d’une phrase abécédaire géniale. Les enseignants (et pourquoi pas les parents, lors d’une réunion spéciale) découvriront ainsi leur propre créativité dans ce domaine éternellement productif : leur propre langue. Henry LANDROIT Jeux de langue Les abréviations Les abréviations Les abréviations Les abréviations A 8 h du mat, je suis à l'école où je fais de la géo, des math, de la gym. L'aprèm, je fais de la photo (je ferai de la pub plus tard). Le soir, je vais au ciné à vélo ou en auto à moins que j'regarde un film à la télé. Bientôt, j'irai à l'unif. Qu'est-ce qu'il a d'extraordinaire, ce texte ? Il est bourré d'abrév. (Comprenez : d'abréviations.) Dans notre langue, elles ont tout envahi. Les pauvres frères Lumière, qui ont inventé le cinématographe, ne se doutaient pas qu'on allait bientôt estropier ce beau mot (qui voulait dire "écrire le mouvement" - du grec "kinèma") en cinéma puis en ciné. Au fait, pourquoi n'irions-nous pas au ci ? Qui se souvient encore que vélo vient de vélocipède ? (qui signifie littéralement "pieds rapides" en latin) et auto de automobile ? Recherchez-en d'autres. Notez-les. Certains en valent la peine. Notes : Beaucoup d’abréviations sont utilisées maintenant par les jeunes. De temps à autre, il est intéressant de se pencher avec eux sur ces mots réduits à leur plus simple expression. Certes, ils connaitront sans problème la signification des dernières abréviations à la mode, mais auront parfois des difficultés à découvrir les mots cachés derrière celles que nous employons quotidiennement... En les classant, des règles pourront être échafaudées : où les mots se “ coupent ”-t-ils le plus souvent ? Quelles sont les catégories de mots que l’on “ estropie ” le plus volontiers ? Jeux de langue Les a Les a Les a Les acrostiches crostiches crostiches crostiches Jeune Etourdissant Ambitieux Nerveux est un acrostiche3 de Jean. Son caractère est traduit en utilisant des mots dont les premières lettres reproduisent son prénom dans l'ordre vertical. Les acrostiches sont très anciens. On en trouve déjà dans la Bible. Ils permettent de "faire voir" un mot, une phrase, sans la dire vraiment. Les résistants les employaient durant la guerre pour faire passer des messages. S’il s’agit d’une petite histoire, elle va faire comprendre autre chose par la lecture verticale de la première lettre de chaque ligne. Ainsi ce chevalier amoureux, s'adressant à sa belle en ces termes, et qui ne se rend pas compte que la réponse de la dame se trouve en acrostiche : Voyez comme je vous aime! Et partager un peu Oh ! que Diable m'emporte Très peu, de vos moments Un jour, je viendrai même En regardant vos yeux Sonner à votre porte Si beaux et si brillants Forts de ce petit jeu, On ira promenant Un soir, sous le ciel bleu. Mais pour débuter, il suffira de vous exercer avec les prénoms de vos amis ! 3 1582 : du grec akrostikhis, de akros “ extrême ” et stikhos “ vers ” Notes : Au départ, la contrainte de l’acrostiche risque de ne pas uploads/s3/ 20-jeux-de-langue.pdf

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