3:: ~ o ..... z ..... o m « Le Monde» Lorsqu 'il trat;il un cercle a la surface
3:: ~ o ..... z ..... o m « Le Monde» Lorsqu 'il trat;il un cercle a la surface de l'abime ... J'étais a I'CEUvre aupres de Lui. Et je fai$Ois tous les jours ses délices, Jouant sans cesse en $O présence, Jouant sur le globe de la te"e, Et trouvant mon bonheur parmi les fils de l'homme. (Proverbes, VIII, 27-31). Die Lusr ist tiefer als clas Herzeleid, Weh spricht : vergeh, Doch alle Lust will Ewigkeit, Wil¡ tiefe, tiefe Ewigkeit. (Nietzsche). La joie est plus profonde que la souffrance; La souffrance dit : passe. Mais toute joie veut I'étemité, Veut la profonde, profonde étemité ! On ne vit véritablemellt que lorsqu'on clanse. (I$Odora Duncan). Cher Ami Inconnu, Les citations ci-dessus sont le prélude musical au XXUe Arcane 737 Majeur du Tarot, « Le Monde», dont la Lame représente une femme nue dansant a l'intérieur d 'une guirlande, tenant une baguette dans la main gauche et un philtre dans la main droite. Elle porte une écharpe, jetée négligemment sur son épaule. Dans les quatre angles de la Lame, on voit : l'Ange et l'Aigle en haut, le Taureau et le Líon en bas. Les quatre Animaux sacrés encadrent ainsi la guirlande dans laquelle danse la danseuse nue avec son écharpe flottante. Les premieres idées qui nous viennent donc a1 'esprit, en regardant la Lame, sont celles de la danse, de la floraison et des quatre éléments ce qui amene a considérer, de prime abord, des problemes tels que I'essence du mouvement, de la croissance et de la sagesse spontanée que nous appelons « instinct ». La premiere impression qui se dégage est que le dernier Arcane Majeur du Tarot suggere la conception du monde comme mouvement rythmique ou danse de la psychée fémi nine, soutenue par l'accompagnement de l'orchestre des quatre instincts primordiaux, ce qui fait apparaí'tre l'arc-en-ciel des couleurs et des formes, c'est-a-dire, en d'autres termes, I'idée que le monde est une ceuvre d 'art, idée mise en relief d 'une maniere impressionnante par . Edward CARPENTER dans son ouvrage The World as a Work of Art (Le monde comme ceuvre d'art). Cela qui équivaudrait a la these selon laquelle le monde n 'est au fond ni un mécanisme, ni un orga nisme, ni méme une communauté sociale ou une école de grande envergure ou une institution pédagogique pour les étres vivants, mais bien une ceuvre de l 'art divin : ceuvre chorégraphique, musicale, poé tique, dramatique, de peinture, de sculpture et d'architecture a la fois. Est-ce vraiment 1ft le dernier des vingt-deux Arcanes Majeurs du Tarot ? La série de vingt-deux exercices spirituels, chacun destiné a apprendre, a trouver et a employer une clef du mystere du monde, aboutit-elle vraiment ala méditation et a la compréhension du monde comme ceuvre d 'art ? La lame le suggere.Quant ala certitude,il n 'ya pas d'autre moyen d'y parvenir que la méditation profonde.Lacertitude ne dérive que d'elle. Méditons donc ce que suggere la contexture générale de la Lame. L'idée du monde comme ceuvre d'art est implicite dans toutes les cosmogonies qui expliquent I'origine du monde par l'acte créateur ou par une série d'actes créateurs, comme c'est le cas de la Genese de Moi'se. La création, quels qu'en soient les modes - y compris le réarrangement démiurgique d'une matiere préexistante, de I'état chaotique en I'état cosmique, ou la transformation du chaos primor· dial en cosmos -, n 'est intelligible que par analogie avec 1 'art magique ou avec la magie de l'art. « Au commencement, Dieu (Elohim) créa (acte magique) les cieux et la terre (= ceuvres d'art) »; ainsi commence le récit de la création du monde dans la Genese. Peut-on y percevoir une autre idée que celle de l'acte transformant I'idéal en réel, I'intel ligible en sensible? Et cette transformation de ce qui n'existait que dans la pensée et dans la volonté divine en réalité objective, est-elle analogue aussi bien a l 'acte magique qu 'a celui de la création artis tique? La magie et I'art divins, implicites dans le récit de la Création du monde d'apres Moi'se, sont-ils une seule et meme chose? La philosophie platonicienne con (foit, elle aussi, le monde visible comme la réalisation du monde invisible des archétypes ou des idées. Ainsi le néoplatonicien PLOTIN dit que: «,l'idée Homme préexiste; et en se réalisánt dans tel homme, elle produit tel homme qui est en méme temps Homme. L 'homme qui est ainsi dans la motiere est donc issu de I'Homme idéal qui a produit la multitude des hommes et cet homme idéal est un et il est le méme dans la multitude des hommes, comme un ca. chet reproduit une multitude d'empreintes. :; (PLOTIN, Les Ennéades, traduites par l'Abbé ALTA, tome IlI, page 327). Edgar DACQUE (Leben als Symbol, La vie comme symbole; München et Berlin, 1928) dévoile, au moyen des connaissances biologiques disponibles au xxe siecle, la nature du «cachet qui reproduit une multi tude d 'empreintes» de PLOTIN . En voici deux citations pertinentes: « SCHOPENHA UER dit que les choses paraissent ti l'enfant baignées de splendeur et la nature paradi siaque parce qu 'il éprouve nafvement dans chaque chose particuliere l'idée de l'espece. Cette splendeur de la réalité intérieure se perd entierement chez I'homme parvenu ti la maturité de la pensée rationnelle, lorsqu'il sort de 1'« état enfantin .l> de la perception animée et vive et s'adonne ti I'abstraction pureo Chaque fois que nous sommes en état d'éprouver l'idée dan s la forme, nous sommes, comme l'enfant, ti l'intérieur de la na ture. GOETHE était un tel ~ enfant .l>. (page 114). « Si donc, comme Fai essayé de le démontrer, l'homme est I'archétype de l'histoire de I'évolution des especes et le centre de la nature vivante; si le regne animal, comme les anciens le savaient déji1, est l'homme 738 739 désintégré - ce que nous pouvons maintenant prendre dans le sens réaliste - nous avons a10rs un fondement solide du totétisme et du culte des animaux sur la science naturelle. » (page 191). En d 'autres termes, Edgar DACQUE - tout cornme Pierre Teilhard de CHARDlN - voit le monde, avec ses regnes animal, végétal et minéral comrne des variations sur un m~me theme : l'Homme, qui est l'archétype de la nature en évolution. L'Homrne est donc « le cachet» de PLOTIN et les etres de la nature en sont des empreintes partielles. Le monde en évolution, n 'est-i! pas, d 'apres DACQUE, une reuvre d 'art en création Ol! I'idée - Homrne - devient réalité ? Quant a GOETIlE, que DACQUE cite comrne exemple de percep tion du monde archétypique dans les phénomenes particuliers, i1 concevait l'acte createur artistique cornme partie intégrante, et conti nuation dans l 'homrne, de l'activité créatrice qui reuvre dans la nature . Pour lui, une fleur qui pousse du sol et un poeme qui « pousse » du sol de I'ame du poete ne sont que deux manifestations particulieres de la meme force créatrice magico-artistique. Cette force, ill'appelait « la métamorphose »_C'est pourquoi GOETIlE, durant toute sa vie, se consacra aussi bien a l'observation de la métarnorphose en reuvre qu'a la composition des reuvres scientifiques et artistiques sur la méta morphose_ Son ouvrage sur les couleurs n'est rien d'autre que la description et I'analyse de la métamorphose de la lumiere; son ouvrage La métamorphose des plantes est ce que dit son titre; son poeme La métamorphose des animaux est encore ce que dit son titre, et son reuvre magistrale Faust n'est rien d'autre que la métamorphose ,Il' I'ame humaine depuis l'époque de la Renaissance._. En résumé, il faut admettre que celui qui croit que l'invisil>lf devient visible dans la création et dans l'évolution du monde, crolt aussi que I'acte créateur, Ol! l'idée se transforme en réalité objcctiv, de l'art (et de la magie), est analogue a ce qui se passe dan s le mOlulr en formation et en transformation . Il ne peut pas penser autrenlont a moins d'etre matérialiste, et d'arreter la pensée dans le vcstihul de I'édifice de I'intelligible. Car le matérialisme procede comnll' h' lecteur d'un manuscrit qui, au lieu de le lire et de comprenUJll l. pensée de I'auteur, s'occuperait des lettres et des syllabes, toul f' lI croyant que les lettres s'écrivent et se combinent d 'elles-1Il01H en sylIabes, étant mues par I'attraction mutuelle qui est l'crrct ¡l., qualités chimiques ou moléculaires de I'encre comme «/Ilat hll,· It comrnune a toutes les lettres et don t les lettres et les syll:lh('s III 1111 740 des épiphénomenes. Je ne pense pas ici a la méthodc mutciriall.vll', mais ti la foí matérialiste. Sur le rapport entre l'art et la magie, Joséphin PELADAN, artiste et magiste lui-meme, écrit : e Quant aux génies, ce sont des intuitifs qui expriment les lois surnaturelles avec des images; ils attirent l'influx de l'au-deliJ et ils sont en rapport direct avec l'occulte. Ni DANTE, ni SHAKESPEARE, ni COETHE ne faisaient d'évocations, et tous trois savaient I'Occulte; ils se sont sagement con ten tés de créer des images étemelles; uploads/s3/ 22-le-monde.pdf
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