DE MANUSCRITS ÉTHIOPIENS. CATALOGUE RAISONNE DE MANUSCRITS ÉTHIOPIENS APPAHTE\A
DE MANUSCRITS ÉTHIOPIENS. CATALOGUE RAISONNE DE MANUSCRITS ÉTHIOPIENS APPAHTE\A~T A ANTOINE D'ABBADtE, CORffESPONDANT DE L'tNSTtTLT DE ~RA~CK (ACADÉM)E DES SCIENCES), MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADEMIE DE TOULOUSE ET DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR t/AVAUCEMENT DES .SOENCES. CATALOGUE ItAtSO~E PARtS. IMPRIME PAR AUTORtSATIO'S DH L'HMPERËUH A LIMPRiMEHiË IMPÉRIALE. M DCCCiJX. Cet ouvrage étant le premier où l'on ait fait usage du nouveau type éthiopien de l'Imprimerie impériale, il est bon de dire comment on a procédé à la gravure des poinçons de ce nouveau caractère. Comme je pouvais espérer d'achever le Catalogue de mes manuscrits avant les autres travaux destinés à faire connaître, en partie du moins, l'état physique et moral de l'Éthiopie, je consacrai à ce travail l'hiver de 1849 à i85o, et je rapportai à Paris, en avril de cette dernière an- née, mon Catalogue à peu près terminé pour l'impression. J'avais la tête alors pleine des belles formes des lettres éthiopiennes, belles du moins selon le sentiment des indigènes éthiopiens, et je ne pouvais con- sentir à laisser imprimer ce Catalogue avec le type un peu difforme provenant des clichés de l'ancien caractère de la Propagande, qui l'avait fait graver à une époque déjà fort reculée et dans un temps où le goût éthiopien était à cet égard aussi différent de ses préférences actuelles que le type des Aide s'éloigna de celui des Didot et des Bodoni. M. Burnouf, qui comprenait si bien toute l'importance de la beauté des formes dans les caractères orientaux, voulut bien appuyer mon dé- sir de voir graver les nouveaux poinçons éthiopiens, et M. le directeur de l'Imprimerie nationale ne tarda pas à décider que ce bel établisse- ment ferait les frais de ce travail. A cette première faveur il en ajouta une autre bien plus grande, en décidant que la gravure du nouveau type se ferait sous ma direction exclusive. PRÉFACE. PRÉFACE. H il n'existait, je crois, que cinq corps de types éthiopiens. Le premier est celui de la Propagande, et doit dater de l'année i5i3 environ; car il a été employé dans le Psalterium publié, en cette année-là, par Potken. C'est le premier ouvrage gi'iz qui soit sorti de la presse. Ce caractère est élancé et fort grêle. Il a été copié pour l'impression du psautier publié à Londres en i8i5. Ludolf, qui était naguère encore la grande autorité pour la langue gt'iz, sentit le besoin d'un nouveau caractère pour imprimer ses beaux travaux, et son type est encore employé par les orientalistes allemands. 11est plus gras que le précédent, mais les appendices des lettres, dits en Ethiopie ~nA c'est-à-dire feuilles, sont informes et souvent trop grêles, ainsi qu'on le voit, surtout dans les lettres ~y~t de la cin- quième forme. Quelques lettres, comme et s'éloignent aussi beau- coup des idées éthiopiennes. Néanmoins le type que Ludolf a mis au jour est un véritable progrès sur celui que l'Europe savante devait à la sollicitude si active de la Congrégation de la Propagande. Le type de la Polyglotte de Walton est un terme moyen entre le corps gras de celui de Ludolf et les formes maigres du caractère gravé à Rome. Ce type a été aussi employé dans les livres d'Esdras impri- més à Oxford; mais il le ',ède à celui de Ludolf. Quand la Société biblique résolut de publier les saintes Écritures en amannna, elle employa un caractère très-analogue à celui de Lu- doit, dont les formes anguleuses ont été trop souvent reproduites. C'est ce qu'on peut voir dans les Évangiles imprimés à Londres en i8~4. Plus tard, vers i83o, on grava à Londres les poinçons d'un type nou- veau d'après des alphabets manuscrits apportés, dit-on, de l'Éthiopie. Ce type renferme moins de défauts que celui de Ludolf, et son apparition fut un véritable progrès, bien qu'il présente encore des détails que les scribes éthiopiens m'ont fait remarquer souvent, et qui n'existent chez eux dans l'écriture d'aucune époque. Je ne m'arrête pas à faire ressortir PRÉFACE. )U ces taches; elles n'échapperont pas aux amateurs de la littérature éthio- pienne, et l'examen du type de notre Imprimerie impériale montrera bientôt si je les ai fait disparaître. On connaît le nouveau type de l'imprimerie impériale de Vienne. C'est celui qui s'éloigne le plus des formes préférées en Ethiopie. M. Mohi, membre de l'Institut, m'avait engagé, dès i83(), à faire tra- cer plusieurs alphabets, en Éthiopie même, et par les meilleurs calli- graphes de ce pays. Malheureusement le siècle des Quaranna, ce bel âge des manuscrits éthiopiens, était passé, et il n'existait plus d'écrivains habitués à reproduire cette écriture'7~ guilh ou grosse, qui fait l'ad- miration des ~oy~h~ savants éthiopiens. Tous les écrivains préfé- rant aujourd'hui la fine, dite ~4~ ~qiq, le corps de mon plus gros alphabet manuscrit n'a pas plus de six millimètres. Dabtara Hadgu, qui passait encore, en 18~7, pour le premier calligraphe de l'Ethio- pie, me conseilla vivement de n'employer mes sept alphabets que pour les caractères les moins usités, et m'assura que je serais exempt de tout reproche de la part de ses compatriotes, si je faisais reproduire les formes de la magnifique écriture guilh de mon manuscrit n° 83, écrit sous les Quaranna pour un Wayzaro, ou membre de la famille impériale d'Éthiopie. Voici comment j'ai tâché d'exécuter ce conseil. L'administration de l'Imprimerie impériale avait mis a ma disposi- tion un de ses artistes distingués. M. Schmidt, qui a dessiné presque toujours et plus rarement calqué les lettres que je lui désignais dans cette écriture, dont la hauteur moyenneest d'environ douze millimètres au-dessus de la ligne inférieure qui, à peu d'exceptions près, sert de base commune aux caractères éthiopiens. Mon premier travail fut de noter les pages, colonnes et lignes qui contenaient les plus belles formes de chaque caractère dans ce manuscrit de cinq cent vingt pages. Pour les lettres difficiles, comme etc. j'ai souvent marqué plus de deux cents exemples. Un tiers environ des caractères notés était rejeté IV PRÉFACE. dans une deuxième lecture, et les autres étaient ensuite élagués, en les comparant deux à deux, jusqu'à ce qu'il restât douze à vingt des plus belles lettres. Celles-ci étaient soigneusement mesurées en fractions de millimètres, afin d'en conclure les moyennes qui établissaient à peu près la hauteur et la largeur, relativement au corps du caractère. En- suite ces douze ou vingt lettres choisies étaient encore examinées deux à deux, et le lieu de la plus belle étaitinscrit, avecles dimensions moyennes, sur un registre. Je joignais à côté les indications des lettres qui l'em- portaient par tels détails de forme que l'artiste reproduisait d'abord dans un croquis soigné, fait au double trait, et corrigé pièce à pièce à plu- sieurs reprises. Je puis donc affirmer que tout ce qu'on trouvera de neuf dans les variations des formes existe bien réellement dans mon manus- crit-modèle. Sans parler de la recherche fastidieuse des lettres, la repro- duction des formes était assez pénible pour que l'artiste n'ait jamais pu compléter plus de dix caractères dans une journée bien remplie. Les lettres ainsi dessinées dans des dimensions telles, que la plus haute avait quinze millimètres, étaient d'abord passées à l'encre de Chine le même artiste les réduisait ensuite sur la pierre lithographique, dans la grandeur exacte des poinçons, et des épreuves tirées sur papier transpa- rent étaient remises au graveur, qui ne s'en servait d'ailleurs que pour les dimensions extrêmes et pour la force des pleins; car il s'était astreint à copier les détails de formes sur les grands modèles tracés à l'encre de Chine. Un premier essai lithographique et la comparaison de mes ma- nuscrits les plus modernes me confirmèrent dans la persuasion que le caractère éthiopien doit être relativement plus gras qu'aucun autre type oriental. Tous dailleurs le soin d'envoyer au Père Juste d'Urbin une de ces épreuves IIthographiées. Ce zélé missionnaire fit examiner mes lettres par les professeurs et les écrivains du Bagemdir et de Gondar, et m'envoya l'assurance de leur pleine approbation. Ces travaux pré- liminaires ayant été exécutés, la gravure des poinçons et leur correc- PRÉFACE, v tion réitérée d'après les impressions en fumés procédaient comme à l'or- dinaire. Seize bons caractères manquent dans mes manuscrits n°' 83 et 41 ce sont -p, f, ~Eb., g, F, 9 S et ? j'ai du les tirer de mes alphabets écrits à Gondar, en m'aidant de mes sou- venirs et des analogies inhérentes aux formes des lettres, pour les faire dessiner sur la grande échelle que j'avais choisie. Quelques caractères se sont modifiés depuis l'âge des Quaranna, dont j'ai préféré les formes, quoique déjà un peu surannées, parce qu'elles sont toujours admirées en Ethiopie, dont les calligraphes contemporains me conseillaient de les reproduire, et parce qu'elles sont plus familières à tous ceux qui se livrent, en Europe, à l'étude de la langue gFiz. Pour les caractères arri- vés à l'état de transition à l'époque des Quaranna, et qui sont tantôt d'une manière et tantôt de l'autre, j'ai préféré la forme consacrée par le goût moderne. C'est ce qui est arrivé pour les lettres ? Je ne me suis départi de ces uploads/s3/ abbadie-catalogue.pdf
Documents similaires










-
30
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 21, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 17.0843MB