janvier-février-mars 2011 Dans les musées Les Musées de Poitiers 2 Le musée Sai

janvier-février-mars 2011 Dans les musées Les Musées de Poitiers 2 Le musée Sainte-Croix présente pour la première fois une exposition rassemblant dessins, estampes, maquettes sculptées, photographies anciennes... qui mettent à jour l’histoire de la construction de l’Hôtel de Ville, également conçu pour devenir le musée d’Archéologie et de Beaux-Arts de Poitiers, sur le modèle prestigieux du plus grand musée de France, le Louvre. Un accent particulier est porté sur la réalisation du décor peint de l’escalier d’honneur, confié à Pierre Puvis de Chavannes. Des décennies durant on attendit la reconstruction du vieil échevinage. En 1867, Gaëtan Guérinot, qui venait de bâtir la préfecture, rédigea un projet d’Hôtel de Ville et Musée de Poitiers. La révision des plans fut supervisée par Lefuel, l’architecte du Louvre de Napoléon III. Dans son dessin définitif, le pavillon central de l’Hôtel de Ville rappelle d’ailleurs de près les guichets du Louvre, qui passent pour le chef-d’œuvre de Lefuel. A l’instar du musée parisien, le bâtiment poitevin doit aussi abriter les collections municipales de peinture et de sculpture. Destiné à accueillir une partie des statues, le vestibule est en fait une reprise assez claire du passage Richelieu du Louvre. Et quand en 1870 le ministre des Beaux-Arts attribue les peintures de l’escalier d’honneur, il choisit Puvis de Chavannes, qui a décoré ainsi le vestibule du musée d’Amiens et l’escalier de celui de Marseille. A.B.P. Un Louvre pour Poitiers ; la construction du Musée-Hôtel de Ville (1867-1875) Musée Sainte-Croix jusqu’au 16 janvier 2011 Conférence Exposition Commissariat : Anne Benéteau Péan, Grégory Vouhé Catalogue : Anne Benéteau Péan, Grégory Vouhé ; préface d’Alain Claeys, Député-Maire de Poitiers ; 152 pages, ill. Couleur ; 25 euros. En couverture : Puvis de Chavannes, Etude pour la figure de Charles Martel Un Louvre pour Poitiers Un Louvre pour Poitiers Grégory Vouhé – Anne Benéteau Péan 9 782919 251001 25 e ISBN 2-919251-00-1 D es décennies durant on attendit la reconstruction du vieil échevinage. En 1867, Gaétan Guérinot, qui venait de bâtir la préfecture, rédigea un projet d’Hôtel de Ville et Musée de Poitiers. La révision des plans fut supervisée par Lefuel, l’architecte du Louvre de Napoléon III. Dans son dessin définitif, le pavillon central de l’Hôtel de Ville rappelle d’ailleurs de près les guichets du Louvre, qui passent pour le chef-d’œuvre de Lefuel. A l’instar du musée parisien, le bâtiment poitevin doit aussi abriter les collections municipales de peinture et de sculpture. Destiné à accueillir une partie des statues, le vestibule est en fait une reprise assez claire du passage Richelieu du Louvre. Et quand en 1870 le ministre des Beaux-Arts attribue les peintures de l’escalier d’honneur, il choisit Puvis de Chavannes, qui a décoré ainsi le vestibule du musée d’Amiens et l’escalier de celui de Marseille. Un Louvre pour Poitiers La construction du Musée – Hôtel de Ville 1867-1875 Musée Sainte-Croix, Poitiers ■  Mardi 4 janvier à 18h30, auditorium du musée Sainte-Croix – entrée libre « Puvis de Chavannes (1824-1898) et le décor peint de l’Hôtel de Ville de Poitiers » par Sophie Bozier, historienne de l’art. Souvent associé à Gustave Moreau comme précurseur du Symbolisme pictural, Puvis de Chavannes est avant tout un artiste des plus singuliers, créateur d’une œuvre au caractère intimiste, raffiné, aux lignes stylisées, aux tons assourdis. Puvis a également su renouveler l’art du grand décor monumental, comme en témoignent, entre beaucoup d’autres commandes publiques, les deux toiles marouflées dans l’escalier de l’Hôtel de Ville de Poitiers. Vue intérieure de l’exposition © Grégory Vouhé 3 Acquisitions Don du matériel archéologique de l’Essart Le site de l’Essart se trouve au nord de Poitiers entre la rive gauche du Clain et l’emplacement d’un ancien chenal, maintenant comblé. Il a été découvert lors de l’exploitation d’une gravière où sont apparus des vestiges du Mésolithique et du Néolithique récent. Les fouilles programmées dirigées par Grégor Marchand de 2003 à 2005 ont consisté en un décapage de 2000 m2 (fig.1) qui a permis de mettre au jour 53 structures de combustion mésolithiques (soles de pierre d’environ 1m de diamètre ayant probablement fonctionné comme grills) et des vidanges de foyer. Plus de 150 000 pièces lithiques ont été étudiées. La matière première est en majorité locale, provenant surtout du bajocien et de l’oxfordien (20 km au plus). Des niveaux du premier Mésolithique (8ème millénaire avant notre ère) et du second Mésolithique (environ 2ème moitié du 6ème millénaire) ont été mis en évidence. Ils ont livré essentiellement des « microlithes géométriques » (triangles, trapèzes) de différents types (fig.2). Ces éléments en silex ont surtout servi d’armatures destinées à être emmanchées. Il faut rappeler la nécessité d’adaptation à un nouvel environnement lié au réchauffement du climat (fin de la glaciation de « Würm »), avec la disparition des derniers groupes de chasseurs nomades. Les restes fauniques très mal conservés permettent néanmoins d’attester la présence d’aurochs, de chevreuil et de cerf. Deux parures aménagées sur des coquillages proviennent probablement de gisements fossiles. L’importance du site de l’Essart ne permet pas toutefois d’identifier précisément les activités y ayant eu lieu. La pratique probable de la pêche (et peut-être le fumage du poisson ?) ne sont qu’hypothétiques étant donné la rareté de la faune. On ne connaît pas non plus, ni la périodicité, ni la fonction exacte du site maintes fois occupé (passage, rassemblement ?). L’opération archéologique menée à l’Essart est exemplaire à plusieurs égards, d’abord par la bonne préservation des foyers et l’abondance de l’industrie lithique. L’excellente collaboration entre le propriétaire du terrain, l’association « La Brème poitevine » et son président M. Francis Bailly, l’entreprise Bellin exploitant la gravière, le Service Régional de l’Archéologie et l’équipe de fouilles a permis de prolonger au maximum le temps de travail sur le terrain. Les fouilles dans la moitié sud du site (2005). Photo Gregor Marchand. On distingue nettement les empierrements des foyers. « Des feux dans la vallée » Les habitats du Mésolithique et du Néolithique récent de L’Essart à Poitiers (Vienne). Sous la direction de Gregor MARCHAND. Edition : Presses Universitaires de Rennes, collection « Archéologie et Cultures », Rennes 2009, 248 pages. Carnet des musées 4 Les 25e Rencontres de l’Association Française pour l’Archéologie du Verre (A.F.A.V., Orléans- 2010) ont été, pour nous, l’occasion d’évoquer « Le vase de Saint-Savin et la production médiévale de verres bleus cobalt à filets blancs en Europe ». Ce beau vase bleu, entré dans les collections de la Ville de Poitiers par la Cession de la Société des Antiquaires de l’Ouest en 1947, était utilisé comme reliquaire dans l’abbaye de Saint-Savin-sur- Gartempe, jusqu’à ce qu’on le redécouvre en remplaçant le maître-autel de l’église en 1866. Publié par Fr. Fremersdorf, comme un verre rhénan du 4e siècle, il fut longtemps considéré comme une antiquité romaine. L’étude que nous lui avions consacré dans « La Revue du Louvre », il y a dix ans, avait permis de rectifier cette datation et proposer d’y voir, à la lumière de fouilles archéologiques faites en Europe, un verre de prestige du Moyen Age (11e siècle ?). Les analyses effectuées par le Centre Ernest Babelon d’Orléans avait par ailleurs mis en évidence une composition, à base sodique, caractéristique des verres antérieurs au 12e siècle. Il faut rendre hommage à Ingeborg Krueger et Erwin Baumgartner d’avoir révélé l’existence de cette production inconnue, dans la grande exposition sur le verre médiéval « Phoenix aus Sand und Asche. Glas des Mittelalters » qu’ils organisèrent aux musées de Bâle et Bonn. Ce sont de modestes, mais combien précieux, tessons qui nous permirent d’identifier le vase poitevin comme une pièce d’exception. Le vase-reliquaire de Saint-Savin, qui atteint douze centimètres de hauteur, a été soufflé dans un verre bleu-cobalt translucide, puis décoré de filets et pastilles blancs opaques rapportés à chaud. Sa composition à base sodique explique son excellent état de conservation. Carnet des musées Les études pluridisciplinaires et les travaux post-fouilles dirigés par Grégor Marchand ont abouti rapidement à plusieurs articles et à une monographie (fig.3) financée par l’Etat (Service Régional de l’Archéologie). La période mésolithique est très mal connue en Poitou- Charentes. L’abri de Bellefonds fouillé par Etienne Patte de 1952 à 1970 (dont le matériel est conservé aux Musées de Poiters) et par Roger Joussaume de 1992 à 1994 a livré plusieurs niveaux difficiles à dater. Le site de l’Essart offre donc un intérêt scientifique de premier plan. L’association « La Brème poitevine » fait don aux Musées de Poitiers de l’ensemble de la collection de l’Essart dont elle est entièrement propriétaire, considérant d’une part la cohérence scientifique de cette destination, d’autre part qu’elle représente le patrimoine et concerne les fondements de la Ville de Poitiers. Nous l’en remercions vivement. C.B. ■  Mardi 26 avril à 18h30, auditorium du musée Sainte-Croix – entrée libre « Derniers chasseurs, premiers agriculteurs en Poitou- Charentes », par Grégor Marchand, chercheur au CNRS, Université Rennes 1 Armatures en silex. Dessin François Blanchet. Conférence Programme de recherche Le vase de Saint-Savin et la production européenne de verres bleus à filets blancs au Moyen Âge. 5 Carnet des musées Le décor original uploads/s3/ actualites-des-musees-de-poitiers-1-2011 1 .pdf

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