ISABELLE CLERMONT AMBULATOR NASCITUR NON FIT On naît marcheur, on ne le devient
ISABELLE CLERMONT AMBULATOR NASCITUR NON FIT On naît marcheur, on ne le devient pas Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en arts visuels avec mémoire pour l’obtention du grade de Maître ès arts, (M.A.) ÉCOLE DES ARTS VISUELS UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2009 © Isabelle Clermont, 2009 2 Résumé Mon projet de recherche s’est articulé autour de l’expérience de la marche comme état d’être et de la motricité du corps en lien avec l’activité physique. Je donne un caractère artistique à la marche par l’intermédiaire de la photographie, du dessin, de l’univers vidéographique et sonore. J’évoque les sensations que génère la relation entre la psyché et la corporalité dans l’acte de marcher par une poésie d’images en mouvements. Le mémoire est rédigé en trois chapitres chacun d’eux faisant référence à une étape accomplie : l’étape préparatoire, l’étape de réalisation et l’étape du retour au calme. Je suis partie le sac au dos, des ailes aux semelles, l’horizon au fond des yeux afin de marcher, dessiner et écrire pour visionner les différentes étapes d’un voyage rituel comme pourrait le faire un navigateur regardant par les hublots de son navire. 3 Remerciements À mon père Serge et mon mentor André pour leurs leçons de vie. À Carole, Ève et Françoise pour leur amitié. À mon cousin Éric pour ses bonnes paroles. À Mireille pour son respect et son appui inconditionnel. À ma directrice de recherche Suzanne pour m’avoir encourager à mettre de l’avant un projet de recherche innovateur. Grâce à vous, j’ai poursuivi mon chemin pas à pas- avec courage, foi et détermination. Grâce à vous, je me suis débarrassée des « pourquoi » et des « si seulement » pour éliminer toute confusion afin d’accomplir mon rêve. Grâce à vous, j’ai marché dans l’ici et le maintenant. Merci à vous mes chemins de vie. 4 Table des matières Résumé II Remerciements III Table des matières IV Liste des illustrations V Avant-propos VI Chapitre 1 : L’étape préparatoire : la mise en forme Le rythme 9 L’artiste comme athlète 10 Marcher et créer 12 Les rituels de l’exercice 16 Chapitre 2 : L’étape de réalisation : de l’athlétique à l’artistique La limite et l’effort 19 Le dessin, trace de la mémoire 22 Les carnets 25 Chapitre 3 : L’étape du retour au calme : l’exposition L’espace de présentation 30 Images de l’exposition 32 Conclusion : Au fil d’arrivée 36 Bibliographie 38 5 Liste des illustrations Photographie argentique, 5 x 7 pouces, 2007 11 Photographie argentique, 5 x 7 pouces, 2007 13 Dessins sur papier somerset exécutés dans l’étape préparatoire, 14 9 x 21 pouces, 2007 1 200 000 pas plus tard, dessins reliés, 5 x 60 pouces, 15 Mars de la Maîtrise, Galerie des arts visuels, Québec, 2008 Extraits des carnets no.1 et 2, dessins sur papier quadrillé et cartonné, 20 5 x 8 pouces, 2007 Extraits des carnets no.1 et 2, dessins sur papier cartonné, 21 5 x 8 pouces, 2007 Extraits des carnets no.1 et 2, dessins sur papier quadrillé et cartonné, 21 5 x 8 pouces, 2007 Extraits des carnets no.1 et 2, dessins sur papier cartonné, 22 5 x 8 pouces, 2007 Vue de l’exposition Poésie kinesthésique présentée à la Galerie r3 24 de l’UQTR du 15 janvier au 6 février 2009 Extraits du carnet no.1, dessins sur papier quadrillé, 5 x 8 pouces, 2007 26 Extraits du carnet no.2, dessins sur papier cartonné, 5 x 8 pouces, 2007 28 1a. Étape préparatoire : les dessins 32 Relevés poétiques de l’effort physique, 13 dessins sur papier somerset, 9 x 21 pouces, 2007 1b. Étape préparatoire : la projection photographique 33 Cadence, photographie argentique, 10 pieds x 15 pieds, 2008 2. Étape de réalisation : les carnets 34 3 carnets de voyage, 5 x 4 pouces, papier quadrillé et cartonné, 2007 3. Étape du retour au calme : la projection vidéographique 35 1 200 000 pas plus tard la suite, vidéographie avec son, 10 min en boucle, 2008 6 Avant-Propos L’œuvre dont traite le présent mémoire est issue d’une marche exécutée en trois étapes : l’étape préparatoire, l’étape de réalisation et l’étape du retour au calme. En tant qu’artiste-athlète de la marche, j’ai lié la marche sportive à la marche artistique par les médiums de la photographie, du dessin et de la vidéo. L’œuvre comporte trois parties, chacune d’elles faisant référence à une étape de l’aventure. Vingt-six os, seize articulations, cent sept ligaments et vingt muscles permettent au cerveau de commander leurs mouvements1, voilà le système extraordinaire enfermé dans mes espadrilles qui m’aura permis de réaliser l’étape préparatoire pour accomplir un long pèlerinage comptant plus de 1000 km lors de la session d’été 2007. À la manière d’un rituel, cette épreuve fut préparée par un entraînement quotidien trois mois avant mon départ. L’étape préparatoire est représentée par une projection photographique. Influencée par des conditions climatiques proposant des paysages sinueux, j’ai saisi mon corps à l’entraînement extérieur. L’image retravaillée en infographie montre deux silhouettes aux apparences fantomatiques en alternance entre mobilité et fixité dans une perspective qui semble sans fin. Cette étape préparatoire est également représentée par treize dessins évoquant les sensations émanées de l’entraînement. Dans un laps de temps limité, j’ai illustré l’étude artistique de l’effort moteur par quelques traits rouges, bleus et noirs. Les vertus de l’exercice régulier et de la progression appropriée ont poussé mon corps jusqu’à une limite organique, celle de la résistance et de l’endurance de ma structure corporelle à travers les répétitions successives. Comme le dit Bernard Andrieu dans son ouvrage intitulé La nouvelle philosophie du corps : « Sans cette répétition rituelle, l’habituation n’aboutirait pas à l’incorporation2. » 1 Élaine N. MARIEB & Guy LAURENDEAU. Anatomie et physiologie humaines, Saint-Laurent, Éditions du Renouveau Pédagogique, 1993, p.824 2 Bernard ANDRIEU. La nouvelle philosophie du corps, Ramonville, Éd. Éres, 2002, p.69 7 L’étape de réalisation découle d’une marche exécutée pendant quarante-trois jours consécutifs de St-Jean-Pied-de-Port situé en terre française jusqu’au Cap Finistère en Espagne. Les traces de mes marches spirituelles et sportives ont été recueillies dans de petits carnets, sous la forme analytique de mes schémas de fonctionnements semblables à des graphiques sismiques et sous la forme poétique rendue par une écriture en mouvement. Au nombre de trois, les carnets sont présentés sous verre sur trois socles blancs de façon à préserver un rapport d’intimité face à l’objet précieux. Finalement, l’étape du retour au calme rend compte du voyage en révélant le contenu des carnets. Cette étape est représentée par une projection vidéographique qui m’aura permis d’explorer l’image fixe et de la déplacer dans l’espace et dans le temps pour faire œuvre. Au moyen de ma voix, de mes respirations et de la sonorité de mes pas, une fluide chorégraphie évoque le long périple accompli. J’associe mon souffle à l’image afin de rendre compte de la force fragile de ma présence. Pour reprendre les propos de Gilles Deleuze cités par Nicole Gingras dans son livre Souffle/Breathing : « […] c’est aussi une façon de pointer la dimension paradoxale de [ma présence dans la salle d’exposition], toute apparition faisant corps avec sa disparition3. » Une mise en mouvements s’effectue, des esquisses et des écrits à vitesse variable se superposent et se répondent comme dans un espace propice à créer plusieurs rencontres. 3 Tiré de Nicole GINGRAS. Souffle/Breathing, Montréal, Optica, Centre d’art contemporain, 2003, p.7 8 Chapitre 1 L’étape préparatoire : la mise en forme 9 Le rythme Au départ il y a un pas, puis un autre, qui tels des battements sur la peau d’un tambour s’additionnent pour composer un rythme, le rythme de la marche4. Rebecca Solnit Ma marche commence au bas de l’escalier, au coin de la rue, ma marche et ce qu’elle induit, un tremblement, une faille dans l’univers immédiat, une autre façon d’envisager et de pratiquer cette activité. Au départ, il y a une tension musculaire, un appui sur le pilier d’une jambe, le corps qui se tient entre terre et ciel. L’autre jambe ? Un pendule dont le mouvement part de l’arrière : le talon se pose sur le sol, le poids du corps bascule vers l’avant du pied, le gros orteil se soulève, et à nouveau le subtil équilibre du mouvement s’inverse, les jambes échangent leurs positions. Le monde va vite. C’est l’ère de la vitesse et du temps motorisé. J’ai envie de parcourir le monde à pied afin de découvrir avec mon corps, mes yeux et ma voix la distance qui me sépare de moi-même. Si je marchais entre les maisons ? Si je longeais d’abord les chemins, traversais des marais, des forêts ? Un jour, j’arriverai bien quelque part. 4 Rebecca SOLNIT. L’art de marcher, Paris : Actes Sud, 2002, p.9 10 L’artiste et l’athlète Je n’écris pas qu’avec ma main ; mon pied veut toujours être aussi de la partie. Il tient son rôle bravement, libre et solide, tantôt à travers champs, tantôt sur le papier5. Nietzsche Je suis artiste et athlète, les deux s’entraînent et uploads/s3/ ambulator-nascitur-non-fit-on-nait-marcheur-on-ne-le-devient-pas.pdf
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- Publié le Apv 05, 2021
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