8 Adulte, nous avons pourtant un enfant qui vit en nous dans le présent. C’est
8 Adulte, nous avons pourtant un enfant qui vit en nous dans le présent. C’est la partie sensible, créative, et régénératrice de notre intériorité. Mais c’est aussi une partie blessée. Cet enfant qui continue à vivre en nous, quel que soit notre âge, est désigné, par le terme d’«enfant intérieur». Elle fait de plus en plus partie de notre culture psychologique contemporaine. Mais en quoi donc cette notion d’«enfant intérieur» est-elle si parlante ?… approche nouvelle © jeancliclac - Fotolia.com C ’est le psychologue Carl Gustav Jung qui remit au grand jour la no- tion du « puer aeternus », le nom latin donné à l’archétype de l’enfant intérieur. On retrouve des figures archétypales d’enfant à travers les grands mythes de l’humanité. Ainsi, l’enfant divin peut-il prendre les traits du Divin Enfant dans la crèche de Bethléem, mais tout aussi bien celui d’un enfant joueur, comme Krishna jouant de la flûte. Ou encore il peut s’exprimer dans des figures de héros littéraires promus au rang de my- thes comme le malicieux Thyl Uylens- piegel de la culture flamande. Quoiqu’il en soit, selon Jung, l’énergie archéty- pale de l’enfant intérieur est présente en chacun de nous, l’archétype étant un héritage psychique transmis par l’in- conscient collectif. Pour Jung, l’énergie archétypale de l’enfant intérieur génère une démarche apprivoiser son enfant intérieur 9 où la personne tend à être de plus en plus en accord avec elle-même. Ceci implique une intégration des différents éléments qui composent l’ensemble de sa propre personnalité. L’archétype de l’enfant unifie les éléments conscients et inconscients de la personne. Se prendre en charge soi-même Bien que l’on doive à Jung la notion d’enfant intérieur, c’est à partir des an- nées 60 dans les écrits de psychothéra- peutes fameux comme Winnicott, Alice Miller, Charles Whitfield, qu’elle fait fortune. Ce qui est à noter, c’est que la notion d’enfant intérieur est utilisée dans de nombreux ouvrages psycholo- giques destinés à un large public com- me les ouvrages de John Bradshaw, Hal et Sidra Stone, Eric Berne avec l’analyse transactionnelle, comme ceux faisant référence à la PNL, ou à l’hypnose, et plus généralement dans tous les grou- pes de self-help. Ces ouvrages se vendent très bien. Et pour cause. Se relier à son enfant inté- rieur est une façon de se guérir soi-mê- me en devenant son propre psychothé- rapeute. Or, dans la culture contempo- raine, se prendre en charge soi-même est une valeur forte. De plus, et c’est peut-être cela qui est le plus important, il semble que la grosse majorité des adultes soit concerné. L’enfant blessé En effet, qui n’a jamais réagi de façon démesurée à l’un ou l’autre petit évè- nement ? Qui n’a jamais réagi de façon disproportionnée à l’une ou l’autre pa- role? Ce sont parfois des pleurs, parfois des rages, parfois des cris. Et ces pleurs, ces rages, ces cris, sont le fait non d’un adulte équilibré et fort qui, par ailleurs, peut mener une vie active et responsa- ble, mais de l’enfant blessé qui continue à vivre intérieurement en lui. Cet enfant blessé n’a pas eu l’attention dont il avait besoin et devenu adulte, il continue à réclamer cette attention. Le problème est que ses demandes sont impérieuses et demandent satisfaction immédiate. D’où cris et grincements de dents. San- glots et pleurs. Ou alors abattement, re- trait, coupure avec autrui. Tous les cas de figures sont possibles. Notre personnalité est composée de multiples facettes. Il se peut même que nous ressentions la présence en nous de plusieurs personnages et point de vue. D’un instant à l’autre, les points de vues peuvent changer, ou pire, s’exprimer si- multanément. On est tiraillé entre plu- sieurs voix. La voix de la raison, la voix du cœur, la voix de l’intuition, celle du devoir. Et ainsi de suite. D’où l’utilité de se référer à la notion d’enfant intérieur. En effet, lorsque la rage, la honte, la culpabilité et autres émotions du même acabit prennent la direction de la situa- tion, la personne peut identifier que c’est l’enfant blessé et vulnérable qui est en train de pleurer, de crier, de tempêter. Il importe alors, l’ayant identifié, de s’en occuper. S’en occuper, c’est d’abord renouer avec lui. Un autre concept inté- ressant entre alors en ligne de compte, c’est la notion d’adulte intérieur. S’il y a un enfant blessé en chacun de nous, il ya aussi un adulte qui, tout au long de la vie, tire des leçons de l’expé- rience qu’il fait, réussit à accomplir cer- taines choses avec succès, trouve les res- sources pour faire face aux situations qui le mettent en péril. Bref, il y a un adulte intérieur qui est doté d’une force que l’enfant blessé n’a pas. Et cette force est une ressource… à partir du moment où c’est une force aimante. Autrement dit, il est possible de confier son enfant intérieur à l’adulte intérieur, pourvu que celui-ci le protège, l’aime et lui donne la permission de vivre tel qu’il est. Prendre 11 les renouvelle, dans une dérision et une autodérision relativement déstabilisante. Ce mythe du Farceur divin se retrouve évidemment dans toutes les cultures. Il s’agit d’un enfant intérieur indiscipliné, frondeur et moqueur, doué d’une éner- gie débordante. Un mélange Lorsque l’enfant intérieur s’exprime en nous et dans nos vies, il se peut que les différentes facettes de l’enfant blessé, l’enfant créatif et le farceur dionysia- que se mélangent de façon inégales, selon qui l’on est, ce que l’on a vécu et ce que l’on vit. Par ailleurs, qui dit croissance ne dit pas perfection. Certaines personnes pensent qu’en contactant leur enfant intérieur, et en le laissant s’exprimer, elles vont de- venir peu à peu fluides et créatives, ceci sans ombre. Elles aspirent à un enfant intérieur idéalisé… un enfant intérieur lumineux. Elles aspirent à une lumière sans ombre. Mais voilà, dans la réalité terrestre, il n’existe pas de lumière sans ombre. Même Jésus, même Bouddha, même Lao Tseu n’éliminent pas l’om- bre. Ils l’intègrent, ce qui est bien diffé- rent. Il n’y a donc pas d’enfant intérieur «parfait» ayant des qualités de fluidité, soin de son enfant intérieur, c’est tout simplement l’aimer. Bref, nous devenons ainsi notre propre parent intérieur. L’enfant intérieur, un élan vital Ceci dit, le concept d’enfant intérieur doit vraiment être bien intégré avant d’y avoir recours méthodologiquement. L’enfant intérieur, ce n’est évidemment pas que la partie blessée en nous. Il y a aussi un élan créatif et joyeux vers la vie en chacun de nous. L’enfant intérieur, il s’émerveille, il éprouve la faculté de s’étonner, de jouer dans l’instant présent, de se faire plaisir, de ressentir toutes les émotions. Et il est habité par un élan vital. Cet élan vital, c’est le besoin de se développer, de croître, de s’exprimer. Chacun a un élan vital, mais il s’exprime chaque fois à travers un corps et une nature singulière. Les forces ne sont pas distri- buées de la même façon en chacun de nous. Une personne ayant une ré- sistance à la fatigue rela- tivement limitée est bâtie tout autrement qu’une personne ayant une gran- de résistance à la fatigue. L’élan qui poussera chacune d’elles à se développer et à croître est une manifes- tation de l’enfant intérieur… mais celui- ci s’exprimera dans leur vie avec des qua- lités et une puissance différentes. Le Farceur Autre figure de l’enfant intérieur : le «farceur», que l’on traduit par «tricks- ter», notion mise en évidence par l’an- thropologue Paul Radin, dans son tra- vail avec Jung. Le farceur, c’est l’enfant dionysiaque, qui remet en cause les structures an- ciennes et s’en moque, qui les détruit et © D.R. pas à la dimension historique de sa souf- france d’enfant. Il ne reste pas rivé en elle. Il va au-delà, ce qui, notons-le, ne signifie pas qu’il ne la ressent pas. Il al- chimise sa souffrance d’enfant par l’art. Accepter sa présence Les souffrances intérieures graves et les traumas ont toujours une double poten- tialité. Soit, elles nous donnent accès à une renaissance de façon périodique, et à un surcroît important de vie et d’éner- gie. Soit, elles nous figent et nous font mourir à petit feu. Il arrive même que certaines personnes soient totalement brisées. Dans des peaux d’adultes par- fois très vieux, un bébé hurle encore. A peu près tous, nous sommes plus ou moins habités par des souffrances d’en- fant blessé. En cela, nous ne sommes pas seuls. Notre conjoint, notre ami, notre voisin, lui aussi, doit faire avec la partie blessée en lui. Mais il cependant possible d’écou- ter cet enfant intérieur qui souffre de n’avoir pas existé aux yeux de ses parents. Pour la plupart des person- de créativité, auxquelles ces person- nes pourraient avoir recours de façon omniprésente et omnipuissante, ceci, pensent-elles, après avoir guéri l’enfant blessé. La perfection n’est pas la pléni- tude. Et peut-être est-il bon de prendre conscience qu’un processus de déve- loppement est loin d’être linéaire. Tout ne va pas se dérouler sagement, étape après étape, tel qu’on le souhaiterait. Non, tout est bien plus uploads/s3/ apprivoiser-son-enfant-interieur-dossier-8-pages-315-ko.pdf
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- Publié le Jul 22, 2022
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