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f HENRI A. COUDRE AU. LA FRANCE ÉQUINOXIALE. <;li VNDI-: HÉl>\iLLK DU LA SOCIÉTÉ DE CÉOCBAPHlK C.OMMIillCIVLE DE l'AHIS K\ 1886, MÉDAILLE V I.'EXPOSITION UNIVERSELLE D-«LSTEUDAIH. TOME PREMIER. ÉTUDES SI R LES GUYANES ET L'AMAZONIE. ETUDES •SUR LES GUYANES ET L'AMAZONIE Typographie Firmdi-Didut. - Mesnil (Eure). LA FRANCE ÉQUINOXIALE. É T U D E S SUR Y .NES ET L'AMAZONIE, l'AK [ENRI A. COUDREAU, Professeur de l'Université, ion scientifique dans les territoires contestés de Guyane : nité de la Société internationale d'études brésiliennes, té agricole et industrielle de la Guyane française, et de diverses sociétés savantes. PARIS, CHALLAMEL AÎNÉ, ÉDITEUR, LIBRAIRIE COLOXIALE, 5, RUE JACOB, ET RUE FURSTENBERG, 2. 1886. AU CHER ET V E N E R E DOYEN DE LA C O L O N I E F R A N Ç A I S E DE L ' A M A Z O N I E , M. DONATIEN BARRAI'. HEXKI A. COUDREAU. PREFACE. Le 11 mars de l'année dernière , je m'embarquais à Manaos, chef-lieu de la province brésilienne de l'Amazone. Je revenais à Paris, après une courte visite k mon pays. Les derniers accents de la musique du 3e bataillon d'artillerie, venue pour me saluer, venaient de se perdre dans le lointain; j'avais embrassé mes parents, mes amis, tous les camarades d'enfance que j'ai là-bas ; le Bahia levait l'ancre, et tous les passagers de première classe devisaient sur le pont, en contemplant les eaux noires et trans- parentes du Rio Negro. On causait des habitants primitifs du pays. L'un des passa- gers émit une opinion hardie au sujet de la filiation des tribus indiennes de la rive gauche de l'Amazone. Oq parlait portugais, et l'accent de mon interlocuteur dénotait un étranger. — Il n'y a qu'un homme dans ces parages pour soutenir pa- reille opinion, m'écriai-je : c'est la thèse de M. Coudreau que vous nous apportez... — Oui, Monsieur, me répondit le passager; je la soutiens d'autant plus volontiers que j'en suis l'auteur. — Comment! vous êtes le Coudreau du Territoire contesté, le Coudreau dont j'ai demandé la tète... ou à peu près? — C'est moi-même. La connaissance fut bien vite faite. Rien ne lie davantage deux chauvins que le souvenir des coups qu'ils ont échangés, chacun pour sa patrie. Nous fîmes ensemble le voyage de Manaos à Belem et de Belem à Paris. Pendant près d'un mois et demi, nous discutâmes tous X PREFACE. ces problèmes qui nous intéressent à un si ' i a u t t l ( ' o u étions rarement d'accord. Depuis, nous avons eu d'autres polémiques ensemble, et il est probable que nous en aurons encore de nouvelles. Lune des études de ce volume a même été longuement discutée par moi. Mais je n ai jamais cessé d'estimer chez M. Coudreau le courage, le patriotisme et le talent. Il ni attire par l'audace de ses aperçus, par la nouveauté de ses inductions, par la singularité de ses aventures, par l'énergie de son patriotisme. Toutes ces qualités, — et tous ces défauts, disons-le, — ressor- tent dans ce volume, qui sort de la banalité courante des récits de voyage, faits par les explorateurs académiques et compassés. Il a plus vu que ses devanciers; il a vu autrement, et il raconte avec plus de charme personnel. Dans la région qu'il a parcourue il a eu de nombreux prédé- cesseurs. Au seizième siècle, l'infortuné et élégant YValter Ra- leigh, qui explora la Guyane (1595), et Keymis, un autre Anglais, qui courut le pays depuis l'Araguari (1596). Au dix- septième siècle, trois autres Anglais, Harvey, Michael et Robert Harcourt ( 1008'), qui firent des excursions à travers les territoires de l'Araguari et du Maroni. Au dix-huitième siècle, Silva-Pontes (1781), Simon et Edme Mentelle (1782-83), Gama-Lobo (1787), Abreu (t 791-94), dont les uns explorèrent le bassin du Rio Branco, et les autres voyagèrent dans les alentours de l'Amazone. Au dix-neuvième siècle, enfin, Thiébault de la Monderie (1819- 47), Leprieur (1831-33), Adam de Bauve (1833-34), Carneiro de Campos, Pedro Taulois, Vellozo-Pederneiras (1843-44), et Peyron (1857). •le parle là des inconnus, dont quelques-uns sont, cependant, de premier ordre. Il y en a d'autres, dont tout le monde sait les travaux. Tous ces explorateurs de l'Amazonie et des Guyanes se divi- sent en deux catégories. Les uns ont visité ces régions à une époque de barbarie ou de demi-civilisation, et il a fallu toute leur perspicacité pour en PREFACE. XI prédire les hautes destinées. Tel est le cas de Charles-Marie de la Condaminè et d'Alexandre de Humboldt. Les autres les ont parcourues alors qu elles étaient en plein enfantement, comme Herndon, Gibbon et Louis Agassiz. Les uns et les autres se sont contentés, presque toujours, de relever des détails topographiques, de décrire par ouï-dire les moeurs des aborigènes, d'indiquer les curiosités hydrographi- ques, de signaler sommairement les matières premières exploi- tables, etc. M. Coudreau, lui, nous donne la note actuelle, la sensation du jour, le progrès de l'heure présente et le bulletin de victoire de demain. C'est là son premier mérite, alors surtout qu'il s'agit d'un pays qui, il y a moins de cent ans, effectuait encore ses paye- ments au moyen de pelotes de coton, et qui aujourd'hui enre- gistre une exportation annuelle de plus de 120 millions de francs. Pénétré du véritable rôle de l'explorateur contemporain, il aceorde une large place aux considérations économiques, au mode d'exploitation des produits forestiers, à la mise en valeur des ressources naturelles du sol. Par cette méthode, il répond aux préoccupations du temps présent, pratique avant tout, et ses chiffres sur le commerce du bassin de l'Amazone, ses don- nées sur les richesses des Guyanes, aideront puissamment à l'essor*des transactions entre la France et ces pays. C'est par ce côté qu'il se distingue peut-être davantage de tous ses devanciers, même des plus récents, et la Société de Géo- graphie commerciale, de Paris, en lui décernant sa grande mé- daille d'or, a voulu sans doute récompenser l'économiste qui a fourni une si belle contribution aux études dont elle s'est fait une spécialité. Ce qui frappe surtout dans ce livre, c'est la forme vivante, originale, primesautière que l'auteur sait donnera ses idées. On sent qu'on a affaire à un penseur et à un écrivain. Aucun lien apparent ne rattache les différentes parties de ce \ I I PREFACE. volume composé, à première vue, de fragments disparates, cousus ensemble Si l'on se donne la peine de l'examiner d un peu plus près, on s aperçoit aussitôt, tout au contraire, qu elles ont entre elles un lien matériel et un lien moral, qui en font un ensemble indivisible et leur donnent une puissante unité. Le lien matériel consiste dans la double préoccupation de peindre et de renseigner. Tantôt l'auteur, s'abandonnant au vagabondage d'une imagination singulièrement féconde , nous dévoile la nature tropicale, telle qu'elle est, avec ses charmes capiteux: et ses mystères séduisants. Tantôt, revenant à des pen- sées plus positives, il étale complaisamment devant nos yeux des tableaux statistiques, il classe les produits du sol comme dans un cadre de taxinomie, il interprète les phénomènes sociaux, et serre de près la vérité scientifique, tout en ayant l'air d'émettre un paradoxe. Le lien moral consiste dans l'amour raisonné de la patrie française, que respirent toutes les pages de ce livre. C'est pour elle, c est pour sa grandeur, c est pour son influence morale là- bas qu'il écrit et qu'il propage. Ce lettré est un patriote clair- voyant. Cet explorateur est un diligent commis-voyageur en idées françaises. M. Henri Coudreau n avait pas vingt-cinq ans quand il fut envoyé en mission dans les pays dont il nous entretient au- jourd'hui, il n en a pas encore vingt-huit, et il en parait qua- rante. Dans les pays du soleil, la neige a plu sur ses cheveux; mais, du moins, n a-t-elle pas éteint la flamme patriotique qui l'anime. Revenu des solitudes amazoniennes, il rêve d'y retourner. S'il était né Anglais, à cette heure on aurait déjà mis à profit ses renseignements; on aurait utilisé son indomptable activité. Mais il est Latin, et nous autres, Latins, nous aimons à recom- mencer de temps en temps l'histoire de Christophe Colomb, en petit. Je crains bien qu'il ne reste confondu dans les rangs des voyageurs à caps et à cités, et je lui souhaite de ne pas avoir le PREFACE. XIII sort d'Adam de Bauve, mort de misère pour avoir fait, quarante- cinq ans auparavant, les explorations qui ont valu une statue à l'un de ses successeurs. Pourquoi aussi M. Coudreau s'avise- t-il de signaler à la France un nouveau marché splendide, situé à quinze jours du Havre, alors que le Congo est à la mode? Je ne voudrais rien écrire de désagréable pour les géographes. La géographie physique est une belle chose. J'aime à savoir que Para est le nom d'une lie et d'une rivière. J'aime encpre mieux apprendre que l'exportation du port de Para en France s'est élevée, pendant la dernière période quinquennale, à plus de 40 millions de francs, tandis qu'elle uploads/s3/ coudreau 1 .pdf

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