énoncé (occurrence particulière) structure linguistique (la phrase, entité abst
énoncé (occurrence particulière) structure linguistique (la phrase, entité abstraite de la langue) énonciation (« Événement historique que constitue l’apparition d’un énoncé » - Ducrot) UNIVERSITE ABESS LAGHROUR KHENCHELA FACULTE : LETTRES ET LANGUES DEPARTEMENT : littérature et langue françaises MATIERE : Linguistique NIVEAU: 3ème Année « Licence »/ Groupe 1 ENSEIGNANTE : Mme. Bouzaher Hanane COURS5 L’objet de la linguistique énonciative, à partir de l’opposition fondatrice discours (marques de la subjectivité de l’énonciateur) / récit (absence de marques subjectives dans l’énonciation historique) devient l’analyse de tous les éléments qui permettent de rattacher un énoncé à un locuteur et à un moment donnés mais aussi de comprendre la manière dont ce locuteur met en scène d’autres voix que la sienne (discours rapporté, notamment). Ainsi, des formes grammaticales, des mots du lexique, des tournurs, des constructions syntaxiques, autant d’éléments qui relèvent des faits de langue, contribuent à installer, par leur usage, des relations spécifiques entre interlocuteurs. Du coup, le code (la langue) n’est plus considéré comme le simple moyen de transcrire les contenus symboliques (les messages) mais avant tout comme un « répertoire de comportements sociaux » (Ducrot 1984). On peut proposer la schématisation suivante comme canevas de réponse à notre double « mystère » : Énonciation = Acte physique et mental de production du message linguistique l’énonciation repose sur les procédés linguistiques par lesquels un locuteur : imprime sa marque à l’énoncé, s’inscrit dans le message (implicitement ou explicitement), se situe par rapport à l’énoncé (« distance énonciative »). o Les marques de la présence du locuteur seront de la sorte préférentiellement recherchés dans : les embrayeurs (shifters) ; les modalisateurs ; les termes évaluatifs ; etc. Nous aurons ces trois catégories évidemment à définir mais on peut retenir pour l’instant qu’il s’agit d’un ensemble d’indices qui montrent comment s’inscrit le sujet d’énonciation dans son énoncé. Ces indices linguistiques constituent un sous-système que Benveniste appelle, comme on l’a vu, l’« appareil formel de l’énonciation ». Cadres définitoires L’approche de Benveniste, à son invitation à constituer une « linguistique de deuxième génération ». Il est temps de préciser, à ce stade de notre progression, ce que nous entendons par énonciation, non plus au sens commun mais dans une optique plus technique, celle que les travaux de recherche en linguistique ont affiné au fil de plusieurs décennies de réflexion. Il se trouve que les approches, même si elles finissent par se croiser, ont parfois développé des points de vue distincts, pour ne pas dire contradictoires, sur cette question difficile. Je prendrai désormais appui sur la définition suivante, empruntée à J.-M. Barbéris12 : L’énoncé sera donc envisagé comme le résultat de cette mise en œuvre qui fait intervenir à la fois une activité d’extériorisation (élocution / écriture) et des processus cognitifs reposant sur la faculté du cerveau à mémoriser et à anticiper Pour compléter, il faut associer au couplage énoncé / énonciation la distinction entre énoncé-type et énoncé-occurrence. En tant que type, un même énoncé peut se retrouver dans des situations variées mais en tant qu’occurrence il est assumé par une énonciation à chaque fois distincte. COURS 6/ Grammaire de l’énonciation : Le locuteur, l’interlocuteur, le lieu et le moment de l’échange caractérisent la situation d’énonciation. Ce que l’on appelé une« grammaire de l’énonciation » – à partir de la description fondatrice par Benveniste des marques formelles – étudie et répertorie les formes langagières qui marquent dans le discours ces quatre paramètres. Il faut donc décrire un ensemble de structures linguistiques, en particulier morphosyntaxiques, qui résultent dans l’énoncé d’un certain nombre d’opérations mentales. On s’attardera plus particulièrement sur celles d’entre elles qui renvoient plus précisément à la situation de communication, la référence, les plans d’énonciation et la modalisation. 1.La situation de communication : a) l’embrayage énonciatif L’ancrage de l’énoncé dans la situation d’énonciation (« moi /ici / maintenant » du locuteur en exercice) fait appel à un certain nombre de formes regroupées sous le nom générique de déictiques(de deixis, mot grec signifiant « fait de montrer », « acte de désignation ») ou encore, dans un sens plus large en fait, des embrayeurs14 : la notion souligne le rapport du langage au réel par la médiation de l’interface, elle-même concrète, que constituent ces signes linguistiques. Pour Jakobson, « la signification générale d’un embrayeur ne peut être définie en dehors d’une référence au message » (1963 : 178). Cela suppose donc une interprétation de ces indices variable selon l’événement énonciatif lui-même. Le pronom : Je, les adverbes ici et maintenant n’ont de signification que par rapport à la situation d’énonciation : si leur signification globale est bien enregistrée en langue (« je » = <celui qui parle>, « ici » = <lieu désigné par l’énonciateur>) il faut évidemment avoir connaissance du locuteur, du lieu et du moment de la profération pour comprendre à qui et à quoi ils se réfèrent en tant qu’énoncés- occurrences. Les embrayeurs sont donc des termes qui intègrent, en les reflétant, certaines caractéristiques de la situation d’énonciation. Le travail sur l’énonciation suppose donc, on vient de le voir, d’être capable d’identifier ces formes : - les indicateurs personnels (le système des pronoms et les procédés de substitution, de reprise anaphorique) locuteur et interlocuteur ; - les déictiques spatio-temporels (démonstratifs, présentatifs, adverbes, adjectifs qui désignent/renvoient à la situation par rapport au « sujet » de l’énonciation) lieu et moment de l’échange ; - les temps verbaux (ce sont des déictiques spatio-temporels parce qu’ils dépendent du moment où le locuteur parle). La co-énonciation : Si tout allocutaire peut assumer, par réversibilité, le rôle de locuteur – au sein d’une situation de communication qu’il partage avec lui, notamment dans le cadre du dialogue et de la conversation – ce dernier est en permanence amené à anticiper sur les réactions de son interlocuteur. Cela élargit le principe même d’une énonciation individuelle à un processus qui repose fondamentalement sur le couple Je / tu, c’est-à-dire à un principe de co-énonciation (Culioli). Allocutaire VS auditeur: La plupart des énonciateurs usent des marques d’allocution. L’allocutaire constitue selon Ducrot un rôle conféré par le discours. Connaître le contexte ne suffit pas. En revanche, l’auditeur est indépendant de la compréhension de l’énoncé. La connaissance de l’environnement est une condition suffisante. Notons que si l’on peut avoir le statut d’auditeur sans avoir été considéré comme allocutaire (« les murs ont des oreilles » !) on peut aussi, même si le cas est moins fréquent allocutaire sans être auditeur. Telle est la situation littéraire des prosopopées qui évoquent la figure d’un être fictif ou disparu : En voici un exemple fameux et très souvent cité par la plupart des manuels de rhétorique : « Ô Fabricius ! qu’eût pensé votre grande âme, si, pour votre malheur, vous eussiez vu la face pompeuse de cette Rome sauvée par votre bras, et que votre nom respectable avait plus illustrée que toutes vos conquêtes ? “ Dieux ! eussiez-vous dit, que sont devenus ces toits de chaumes et ces foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ? […] Insensés ! Qu’avez-vous fait ? Vous, les maîtres des nations, vous vous êtes rendus les esclaves des hommes frivoles que vous avez vaincus ! ” ». J.-J. Rousseau, Discours sur les sciences et les arts. Dans cette feinte du discours, le sujet parlant Rousseau – le locuteuren titre– régit sous le discours de l’orateur un énonciateur qui ne s’adresse plus directement à ses coénonciataires (ses lecteurs - destinataires) mais qui interpelle une figure célèbre du passé de Rome : un consul du IIIème s. passant pour un modèle de vertu, lequel ne saurait évidemment assumer le rôle d’auditeur. Les paroles supposées de l’apostrophé sont ensuite rapportées, comme en réponse à l’adresse qui l’a sollicité. On assiste ici à un cas de double énonciation, qui met en scène l’attribution d’un rôle allocutif et un enchaînement dialogique qui se rapproche par là du texte théâtral. Mais des figures du passé l’évocation peut être généralisée à celles tout simplement… « passées » : cf. par exemple l’apostrophe : « Ô toi que j’eusse aimé, ô toi qui le savais ! » dans le poème de Baudelaire, À une passantedont je vous propose, à titre d’exercice (sur la première fiche concernée), d’analyser les formes d’embrayage. Il va de soi que de multiples valeurs sont associées à l’ensemble des morphèmes considérés, qui ont fait l’objet d’une réflexion nourrie au cours des dernières décennies. COURS7/ Les plans d’énonciation Benveniste distingue deux systèmes d’énonciation : le discours (fondamentalement oral et dialogal) et l’histoire (ou récit), tendanciellement écrit et monologal. Discours et récit se distinguent par le choix des pronoms personnels, des marqueurs spatiaux-temporels et des temps verbaux. DISCOURS RÉCIT (HISTOIRE) je / tu (nous / vous) il(s), elle(s) ici ; maintenant là ; alors Passé composé Présent Futur (futur antérieur) Mode impératif Passé simple (passé antérieur) Imparfait (plus-que- parfait) Le travail sur les temps verbaux dans la perspective énonciative donne lieu à une distinction importante entre les plans de l’énonciation : - plan uploads/s3/ cours-56789-linguistique.pdf
Documents similaires










-
51
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 12, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 0.4803MB