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T H É Â T R E S & M U S I Q U E S N°6 I 11 T&M w w w . t h e a t r e - m u s i

T H É Â T R E S & M U S I Q U E S N°6 I 11 T&M w w w . t h e a t r e - m u s i q u e . c o m P A R I S q T H É Â T R E S & M U S I Q U E S théâtres & musiques / Revue n°6, janvier 2011 © T&M-Paris, janvier 2011 - ISSN 1965-2623 directeur de la publication : Antoine Gindt, rédaction : Antoine Gindt et Dominique Bouchot, conception graphique et direction artistique : Gérard Ségard - gerard@segard.pro réalisation : Pierre Kandel, impression : Groupe Burlat Crédits photos. Couverture : © A.G. P . 5 : exposition Murakami au Château de Versailles. P . 26 à 32 : © A.G. P . 45 : partition Récitations de Georges Aperghis. PP . 49 et 54 : Machinations © Nabil Boutros. PP . 50 et 53 : Les Boulingrin © Elisabeth Carecchio. P . 54 : Commentaires © Marthe Lemelle. P . 57 : Kafka-Fragmente. P . 61 : The Rake’s Progress © Volker-Parker. P . 62 : Kafka- Fragmente © Pascal Victor/ArtComArt. P . 63 : Consequenza © Philippe Stirnweiss. P . 67 : © Philippe Stirnweiss. P . 69 : Sleeping Beauties © Kurt Van der Elst. P . 70 : Al gran sole carico d’amore © Stephen Cummiskey. P . 71 : Richard III © 2004-2005 Vlaamse Opera. P . 71 : Massacre © João Messias/Casa da Música. P . 72 : Romeo & Juliette © Elisabeth Carecchio. P . 74 : La Confession impudique © Sophie Steinberger/Enguerand. P . 75 : Le Grand Macabre © Bernd Uhlig. P . 84 : Armide © Amitava Sarkar. P . 85 : © Nan Goldin, pour le Théâtre de Gennevilliers. P . 88 : Philomela © Pedro Magalhaes Casa da Música. P . 91 : Stifters Dinge © Mario Del Curto. P . 96 : Grâce à mes yeux © Fred Kihn. P . 104 : Wüstenbuch © Theater Basel. P . 105 : Fama © LIMIT Architects. P . 107 : Winch Only © Dorothea Wimmer. Autres photos : D.R. T&M-Paris. 22, rue de l’Échiquier - 75010 Paris. Tél. +33 1 47 70 95 38 - contact@theatre-musique.com SOMMAIRE 5 Antoine Gindt Sommes-nous contemporains d’aujourd’hui ? Ring Saga 11 Alexandre Barrière L’opéra, un creuset européen ? Rêverie d’après Wagner 26 Antoine Gindt Ring Saga (2010), un storyboard 33 Jacques Drillon Transcrire Théâtre musical et opéra contemporains 45 Evan Rothstein Georges Aperghis : « Tout mon travail de théâtre musical aboutit à ce que je considère comme l’opéra d’aujourd’hui » 57 David Sanson Antoine Gindt : « T&M a vocation à amener des idées » 67 Opéra ou théâtre musical, un art d’aujourd’hui ? Rencontre Musica / SACD, septembre 2009 avec Oscar Bianchi, Bernard Cavanna, Kris Defoort, Ludovic Lagarde, Marc Clémeur, animée par Antoine Gindt 84 David Verdier Pascal Rambert : « Ce lieu ressemble à une volonté de ne pas séparer les choses » 92 Dominique Bouchot Joël Pommerat : « Comme si l’écriture se prolongeait, pour aller plus loin ou ailleurs » 104 Stéphane Malfettes Helvètes Underground 108 Bibliographie / Discographie SOMMES-NOUS CONTEMPORAINS D’AUJOURD’HUI ? ANTOINE GINDT Il y a d’infinies possibilités d’inventer des histoires. Au- tant de moyens de les dire, de les montrer. Simplement, avec faste, en chantant ou en parlant. Avec ou sans mu- sique, avec ou sans mots, dans leurs versions d’origine, transcrites, transposées, adaptées, traduites… Le Ring de Richard Wag- ner est peut-être la plus grande de ces histoires racontées en musique. Un mythe européen créé à partir de my- thologies réorchestrées. Grâce à la version qu’en ont éta- blie Jonathan Dove et Graham Vick en 1990, nous pouvons raconter cette histoire d’un seul trait ou presque, tenter en pratique une synthèse des genres théâtre musical et opéra. Cette version, misant sur une originale dimension « chambriste », remet ce monument Éditorial l Antoine Gindt 5 « À une époque de régression, où la modernité peut tout aussi bien s’identi- fier à la servitude, le recours au passé peut redevenir subversif. » Guy Scarpetta, Pour le plaisir (Gallimard, 1998) 6 prémonitoire en jeu : des conditions de production jusqu’à l’itinérance d’un spectacle de près de dix heures, devenant festival. La pertinence d’un théâtre qui serait fondu avec la musique ou qui ne serait pas sans la mu- sique, est posée, sa circulation aussi, son partage enfin. Parallèlement, Oscar Bianchi et Joël Pommerat écri- vent Thanks to my eyes, leur premier opéra. Il s’appuie sur l’association étroite de leur double expérience, de musique et de théâtre, mise à l’épreuve d’un objet neuf. Un prolongement de l’écriture dramatique, dit Pommerat, dont le texte original a été repris, recom- posé, travaillé en atelier, traduit… avant d’être saisi par la musique de Bianchi. Avec elle, il doit conserver l’in- tégrité propre à l’œuvre nouvelle. Dans cette aventure, l’auteur est le metteur en scène, mais il n’est plus seul. Wagner était son propre auteur. Avec Aperghis par exemple, le compositeur est souvent, mais pas tou- jours, son propre metteur en scène. Théâtre musical et opéra contemporains : soit un cou- ple qui n’en est pas vraiment un, et qui débat, s’op- pose, se complète, se brouille… Depuis vingt ans, s’est produite une extraordinaire migration des terminolo- gies, des définitions, des ambitions artistiques… Ce qui semblait établi, associé à des répertoires, des au- teurs, des institutions ou des initiatives singulières s’est modifié au gré des porosités et des influences, s’est quelquefois dilué dans la banalisation des propo- sitions, des missions (ce terme affreux). Migration des artistes aussi : du théâtre ou de la danse vers l’opéra, de la compagnie vers la commande, de la galerie d’art ou Éditorial l Antoine Gindt 7 du concert à la scène… C’est, dit-on, la fin des avant- gardes et l’ouverture des répertoires qui ont inauguré l’ère actuelle. Doutons-en. Emergent, ici et là, de nou- velles tentatives pour définir les genres et les enjeux, dans des géographies souvent un peu trop étroites. Pour les créateurs, mais aussi pour le public, bien moins frileux qu’on ne le croit quand il peut s’appuyer sur quelques repères forts. La musique fut contempo- raine (en relation avec son temps), elle est maintenant un style (compositeur de musique contemporaine). On le regrette sûrement. Activité en mutation : de longue date, le spectacle vi- vant est un champ ouvert, désormais traversé par un désir compulsif d’associer des moyens, des expres- sions, des médias et des pratiques nouvelles. De fait, un double écueil surgit : celui de confondre toute créa- tion à une expérience où l’œuvre disparaît au profit de la performance, de l’instant, de l’éphémère, où la mé- moire collective s’estompe ; celui, contraire, de ne plus faire confiance qu’à un art de la reproduction où le pompiérisme (classicisant comme modernisant, or- thodoxe comme déviant) s’épuise dans un trop plein de mémoire. Le plaisir ou la nécessité de la formalisa- tion, de l’essai théorique se sont un peu perdus, ba- layés par la revendication permanente du sensible et de l’émotion. Les formes s’inventent en direct, tentant de lutter avec la vitesse de l’image et du multimédia. Temps réel, cette belle expression du présent, en est la nouvelle formule magique, un talisman qui ouvre les portes de toute modernité dans un espace paradoxa- lement virtuel et potentiellement amnésique. Dressons un très partiel état des lieux au moment où l’actualité, passé récent et proche avenir, est riche. Ce numéro 6 de théâtres & musiques réinterroge diffé- rents paradigmes. Et comme nous ne voulons disso- cier les paroles des actes et de leurs contextes, c’est majoritairement - cette fois-ci - par le biais d’entre- tiens, de débats, de commentaires sur quelques pro- jets en cours, que les choses se formulent. Il est utile de mettre en perspective les différents propos, re- cueillis indépendamment les uns des autres. Il faut les lire en correspondance avec les attentes diverses que cette activité protéiforme suscite et suggère. Qu’est- ce qui fonde aujourd’hui le vivant du théâtre lyrique et musical ? La composition, l’écriture, l’argument, la mise en scène, l’interprétation, la vocalité, les effectifs musicaux et théâtraux, les modes de production, l’en- gagement esthétique, politique ? Ou plus prosaïque- ment, une somme de propositions variées répondant à l’attrait du renouvellement ou à son envers, le plai- sir de la répétition. Où en est-on de ce fameux mythe de l’art total ? L’idée de fusion est au XXIe siècle toujours omniprésente et la tentation d’un exercice qui réunit sans hiérarchie différents arts reste bien réelle. Quel est le sens de cette ambition si typiquement européenne où, on doit l’es- pérer, le partage des disciplines invite de nouveaux spectateurs dans ses interstices. RING SAGA L’opéra, un creuset européen ? l Alexandre Barrière 11 L’OPÉRA, UN CREUSET EUROPÉEN ? RÊVERIE D’APRÈS WAGNER ALEXANDRE BARRIÈRE Le 21 mars 1933, Goebbels organise à Potsdam1, cœur de la Prusse historique, la première grande journée de propagande nazie, uploads/s3/ wagner.pdf