1 Compte-rendu de l’action à l’exposition Robert Combas Projet avec les classes

1 Compte-rendu de l’action à l’exposition Robert Combas Projet avec les classes CIP et Sérigraphie du CFARen84 Rédigé par Serge Renoud le 23 mai 2017, version 1.1 Destinataire de ce document : les apprentis du cours de sérigraphie et CIP , le personnel du CFARen84, le Proviseur des Lycées Victor Hugo et du CFARen84. J’espère que vous prendrez le temps de lire ce compte- rendu et je vous en remercie par avance. Le projet. Visiter une exposition du peintre Robert Combas avec les apprenti(e)(s) des classes susmentionnées. Argumentaire qui a été proposé à la Direction du CFAen84 : Cette exposition en une rétrospective de l’artiste contemporain Robert Combas, qui est un artiste souvent reproduit en sérigraphie. Comme beaucoup d’artistes de cette génération son graphisme tend à se construire en vue d’une reproduction en sérigraphie facile et d’un très bon rendu (c’est un avis tout personnel que je vous livre là). Arguments : La reproduction d’œuvres d’art en sérigraphie reste une niche de notre métier très active et génératrice d’emplois, salariés et aussi entrepreneurs. De plus c’est une niche qui n’est pas soumis à la délocalisation, et même au contraire, elle attire des clients artistes étrangers dans les ateliers de l’hexagone. Objectifs : Cette visite a donc un quadruple objectif, sensibiliser les apprentis à l’art contemporain, leur faire connaître une niche active de leur métier, leur faire connaître des gra- phismes particulièrement adaptés au métier, et de faire quelque chose ensemble en dehors des murs de l’école. Je pense aussi qu’il est de notre mission, chaque fois que c’est possible, d’inciter les apprentis à regarder des images réelles, eux qui ont trop l’habitude de se focaliser sur des images virtuelles à travers des écrans. Je pense qu’ils vont découvrir le sens véritable de l’expression « en prendre plein les yeux ». Ce qui sera demandé : À l’issue et pendant cette visite il sera demandé aux apprentis d’exercer leur analyse pour une reproduction éventuelle de ses œuvres (nombre de couleur, ordre des couleurs, moyens de production nécessaires, etc.). Au préalable : Avant cette action, nous donnerons aux apprentis une information sur l’art contemporain, pour qu’ils puissent aborder cet événement sans à priori ni fausses idées Avant l’action La visite est préparée par Mme Françoise Reynier, qui s’occupe de contacter les organisateurs de l’exposition et du moyen de transport et par M. Hervé Cailloux qui explique en amont, notam- ment à la guide de l’ex- position le type de public qu’elle va devoir gérer. Pour ma part, la prépara- tion des apprenti(e)(s) se fait de la manière suivante. J’écoute les premières réac- tions, je les laisse s’épuiser, puis je me sers d’elles pour donner mon avis et provo- quer des réflexions. Le regard des apprentis sur ces peintures correspond à la réaction habituelle face à des œuvres qui ne relève pas de l’académisme. Les phrases que j’entends sont : « je peux le faire » , « un enfant peut peindre ça », « gagner de l’argent comme ça » (suit une moue dubitative), il « doit fumer », etc. Je donne quelques explications, en feuilletant avec eux le site de l’artiste. J’explique que peu d’artistes vivent de leur travail de peinture, ce n’est pas exactement le cas de Robert Combas, mais il n’est pas milliardaire malgré tout. J’explique : un enfant ne peut pas faire cela, un dessin d’enfant restera un dessin d’enfant. Tout le monde com- prend. Nous pourrions aussi peut-être faire cela, mais il faudrait y engager notre vie, notre corps, notre temps. Il faudrait affronter de grands risques. Et ça, nous ne le faisons pas. Un artiste c’est bien quelqu’un à part. Ce Images qui figure sur l’affiche de l’exposition « les Combas de Lambert ». 2 En savoir plus sur l’exposition : http://culturebox.francetvinfo.fr/arts/peinture/robert- combas-l-impressionnante-retrospective-d-avignon- 250205 http://www.combas.com/œuvres/techniques/serigraphie/ n’est pas quelqu’un qui se moque des autres en faisant n’importe quoi et en le vendant cher. Nous voyons, toujours sur le site web, que Robert Combas peint depuis quarante ans déjà. Il y a donc autre chose, les esprits s’apaisent, s’éclaircissent. Les heures passent, on parle d’autres choses, je donne quelques pistes pour guider les regards, les apprentis me font confiance en général, est-ce que cela va marcher cette fois encore ? Une acceptation est de mise, on regarde différemment la visite qui va se faire. On n’est plus au-dessus de l’artiste (dans le mépris, le doute, la moquerie, le soupçon de fumisterie), on n’est pas non plus d’égal à égal, on est face à quelque chose de nouveau, d’actuel, de présent qui va se passer là, dans le groupe d’apprentis de sérigra- phie. Déroulement de l’action Trajet en train de Carpentras à Avignon Centre, l’espace Lambert se trouve près de la gare dans l’Hôtel de Cau- mont sur le boulevard Raspail, l’entrée se fait par la rue Violette. Nous sommes deux à accompagner le groupe, M. Hervé Cailloux et moi-même. La visite Nous avons choisi l’option de profiter d’une visite guidée, plutôt que libre. Ce choix fut excellent. Cela a duré une heure et demie. Une heure et demie d’atten- tion des apprentis. S’ils ne suivaient en permanence la guide dans ses propos, leurs regards se portaient sur les murs remplis des œuvres de Robert Combas. Impossible d’échapper à l’objectif que nous nous sommes fixé. La personne qui nous guide est probablement une étu- diante en histoire de l’art. Bien jeune elle aussi. À peine plus âgée que les apprentis. Je ne peux pas m ‘empêcher de mettre en parallèle ces deux chemins d’entrée dans la vie, l’apprentissage et l’université. Je pense en sourdine à la démonstration du film d’Étienne Chatiliez « la vie est un long fleuve tranquille ». En écoutant et découvrant moi aussi le cheminement de Robert Combas je perçois une solution et comprends que rien n’est écrit et que l’on est prisonnier de rien et même pas de son milieu social. Cette jeune fille pendant toute la visite va mettre en avant différents points de l’œuvre de Robert Combas. Elle a bien pré- paré son sujet et cherche à le rendre vivant à travers un questionnement aux apprentis, qui se prêtent volontiers à ce jeu de questions, de demandes d’avis, de confidences. On sent déjà dans son intervention un intérêt pour les techniques de communication pour rendre captivant ses propos et susciter de l’intérêt. Le chemin de Robert Combas commence plutôt comme celui des apprentis. Son CV commence comme le vôtre (je m’adresse aux apprenti(e)(s). Il n’aimait pas l’école, il dessinait tout le temps, n’importe où et sur tout. Il rejette les valeurs de la société, il refuse de s’intégrer dans l’ordre établi. Il reste ferme sur tout, il va jusqu’au bout, il ne se décourage pas, il n’écoute sans doute pas les conseils de ses enseignants. Notre guide revient souvent sur ce parcours anti scolaire, dont les thèmes se retrou- vent en quelque sorte dans ses peintures. Cet engagement ferme à faire ce qui lui plaît, lui a réussi, on peut dire cela. Il a très vite de la notoriété et un moyen de vivre et peut continuer à être ce qu’il veut être. Ce qu’il faut retenir surtout de son parcours, c’est que bien qu’il ne rentrait pas dans les cadres de ce qu’attend un enseignant, il a réussi à s’épanouir dans ce qui lui plaisait. Réussir sa vie dépend de soi et des rencontres que l’on est capable de recevoir comme des cadeaux. Les œuvres de Robert Combas font partie de l’école du « figuratif libre ». Nous est donné à voir la collection Lambert, qui est un fond d’environ 250 toiles de la période des débuts jusqu’au années 1990. Les dessins sont très caricaturaux, souvent dans l’outrance et tou- jours très « explicites ». Robert Combas ne laisse aucun vide sur ses toiles, les moindres espaces entre ses person- nages principaux sont bouchés par de petits graphismes, qui font parfois penser à des smiley et qui d’un tableau à l’autre forment un véritable langage. Les formats sont très grands et agressent presque les visiteurs. De grands traits noirs cheminent autour de chaque zone de couleur. Les « premières fois » On se rappelle des premières fois, s’il n’y a pas de deuxième fois on s’en rappelle toujours, pas forcément des gens qui nous accompagnaient ce jour-là, pas for- cément des sujets ou de l’objet de la rencontre, mais de l’ambiance qui entoure tout ça et qui est complètement nouvelle. On est dans un lieu et une situation totale- ment nouvelle qui nous laisse sans repère. On est un autre. Cette visite d’une exposition dans un musée est une « première fois » pour ces jeunes gens. Robert Combas dans sa rétrospective d’Avignon © France 3 / Culturebox 3 Ils ont déambulé dans les salles. Ils étaient chacun « un autre » juste parce qu’ils ont changé de lieu. Ce change- ment s’opère dans la seconde, si bien qu’il n’y a besoin d’aucune consigne ni explication pour être un visiteur d’une exposition et plus un(e) apprenti(e) en classe fai- sant face à uploads/s3/ cr-combas.pdf

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