SKDIR LETTRES MAGIQUES PARIS ÉDITION DE L'INITIATION SUCIÉTÉ D'ÉDITIONSLITTÉRAI

SKDIR LETTRES MAGIQUES PARIS ÉDITION DE L'INITIATION SUCIÉTÉ D'ÉDITIONSLITTÉRAIRES ET ARTISTIQUES Librairie Paul Ollendorff 5o, HUECHAUSSÉK-D'ANTIN, 5O 1903 l-oeètifeà Magiques OUVRAGES DU MÊME AUTEUR Le Messager céleste de la Paix universelle, traduit de l'anglais de Jeanne Leade, br. in-18. Lés Tempéraments et la Culture psychique, d'après Ja- cob Boehme,br. in-18. Le Gui et sa philosophie, traduit de l'anglais de P. David- son, br. in-i6 (épuisé). Les Miroirs magiques, br. in-18, 2eéd. Les Incantations, vol. in-18, avec schémas. La Création, théories ésotériques, br. in-S. Theosophia practica, trad. de l'allemarid de Gichtel, vol. in-8 carré, fig. en couleurs hors texte. L'Almanach du Magiste, années 1894 à 1899, br. in-18 (en collaboration avec Papus). L'Esprit de la Prière, trad. de l'anglais de William Law, br. in-8. Pensées de Gichtel, avec une notice biographique, trad. de l'allemand, br. in-8. LesPlantes magiques, vol. in-18. LaVie,les OEuvreset la Doctrine de Jacob Boehme,avec portrait, br. in-18, 2e éd. Éléments d'Hébreu, d'après Fabre d'Olivet, br. in-i 8. S^DIR LETTRES MAGIQUES PARIS ÉDITION DE L'INITIATION SOCIÉTÉ D'ÉDITIONSLITTÉRAIRESET ARTISTIQUES Librairie Paul Ollendorjf 5o, RUECHAUSSÉE-D'ANTIN, 5O 1903 ///',' ^PRÉFACE ' / /' .'£/; W- ,-'tV MONCHER SÉDIR, Suivant votre coutume, vous ouvres encore une nouvelle voie aux adaptations de l'occulte. Jusqu'à présent, nos traités indigestes et techniques ont rebuté beaucoup de lectrices, il/'allait donner à l'aridité des sujets mystiques l'adaptation littéraire que nul, mieux que vous, n'était capable de réaliser. Vous ave\ essayé, et du premier coup, vous avez réussi au delà de toute espérance dans les pages sui- vantes. Si vous ramènera l'idéalité quelques âmes de plus, vous savez que votre récompense sera assez grande pour qu'il me soit inutile de vous accabler d'éloges \uper/lus. Celui qui a fait son devoir a bien mérité du ciel et j'ai été toujours heureux de trouver en votre amitié l'appui dans les luttes et l'assistance dans l'effort commun. Il ne nous reste plus qu'à vous sou- haiter la seconde édition augmentée encore de ces « sé- duisanies lettres magiques » qui paraissent au/'our- d'hui. En attendant, croyez-moi toujours votre vieux camarade. PAPUS. PROLOGUE Mon ami Désidérius, mortily a de longues années, était un personnage fort bizarre, si l'on veut désigner de ce mot une originalité d'une logique implacable qui ne consulte qu'elle-même pour se conduire dans l'Univers. Il était né pauvre, mais son application précoce et son intelligence des affaires lui permirent de réparer assez vite cet oubli des bonnes fées ! Comme je le vis, au collège, désorienter la routine pédagogique, de même continua-t-il dans la vie à taillader les quinconces et à saccager les parterres de ce beau parc qu'est la bourgeoisie moderne. Lassant la rouerie comme le formalisme, il allait toujours au but par une combinaison d'aspect puéril, et personne ne voyait l'acuité de son regard, mais tout le monde s'exclamait : A-t-il de la chance 1 Autres inquiétudes pour les sympathies commer- ciales et les curiosités voisines : à quoi les bénéfices respectables de la maison Désidérius étaient-ils employés? On organisa des surveillances savantes pour découvrir celle d'entre les femmes de ses amis qu'il préférait ; de gais compagnons de brasserie, à qui _ 6 - la curiosité inspira des ruses de trappeur, le filèrent les soirs de pluie aux music-halls, ou les matins de ses fréquentes courses dans la banlieue : rien, pas le moindre trottin à l'horizon, point d'accorte soubrette dans son home, pas même le soupçon de ces vices esthétiques dont l'Allemagne, la France et l'Angleterre se renvoient le nom. Le hasard servit beaucoup la curiosité de nos enquê- teurs ; l'un deux menant sa famille au bassin du Luxembourg, tel, une mère cane ses petits, aperçut au coin du Pont-Neuf Désidérius les bras chargés de vieux livres, courber sa haute taille sur les boîtes des bouquinistes ; le mot de l'énigme était trouvé ; notre homme devait être quelque chercheur de chimères biscornues, collectionneur maniaque ou fantasque érudit. Sans lasser plus longtemps la patience du lecteur bénévole, je lui révélerai que Désidérius collectionnait de vieux bouquins. Quels étaient-ils? Jamais je n'ai pu le savoir. Quand les lisait-ils ? Mystère IDans quel but? Impénétrable comme une volonté providen- tielle. Les hasards du noctambulisme nous firent ren- contrer ; la première parole qu'il m'adressa fut pour rectifier une erreur de diagnostic que je venais de commettreendéchiffrantd'hypothétiques hiéroglyphes dans la main molle d'une fille; il sut piquer ma curiosité au premier mot ; son systèmedechiromancie n'était ni celui de Desbarroles ni celui de D'Arpen- tigny, et ne concordait avec les leçons d'aucun des vieux maîtres du seizième. Il avait une façon de lire — 7 — dans la main, en la regardant de haut, qui me rappe- lait celle des gypsies d'Angleterre, et je sus plus tard que son système était celui des Tantriks indous. Un curieux de choses rares, tel que moi, ne pouvait s'attacher à cette piste inexplorée; mais Désidérius, fort malin ne se laissa point prendre à la diplomatie de mes conversations ; il les ramenait toujours vers le terrain monotone des affaires, de la vie banale et des thèmes vulgaires d'où sa singulière perspicacité faisait jaillir des rapprochements inattendus et des analogies instructives. C'était là en effet le caractère de son esprit : il semblait posséder une circonvolution cérébrale nouvelle qui pénétrait le tréfonds des êtres- une loupe qui, faisant abstraction des différences, ne laissait apparaître aux yeux de l'observateur que les similitudes des objets les plus divers par l'extérieur. Il devait connaître la loi des choses, et savoir les grouper selon leur genèse intérieure ; on l'eût dit sem- blable au voyageur se reposant sur le faîte d'une montagne et prenant d'en haut une vue claire et réelle du pays dont, perdu dans la vallée, il n'avait aperçu que des aspects sans cohésion. Ce spectateur solitaire de la vie ressemblait à un lord : de haute taille, maigre, la figure rase, la peau brune et les cheveux châtains, toujours vêtu d'étoffes aux couleurs indécises, on l'eût dit descendu d'un cadre de Rembrandt. Il paraissait ensommeillé; par- lant sans éclat, riant peu, et sous son air spleenétique, cachant une endurance extraordinaire à la fatigue physique comme au travail de bureau. Je ne vis jamais chez Désidérius le signe d'une passion quelconque : — 8 — en face des maladresses ou de la mauvaise volonté, sa voix devenait plus caressante et son front plus serein : mais l'obstacle s'évanouissait toujours rapidement par une circonstance de hasard ; alors il en faisait le texte d'une petite leçon de psychologie des gens ou même des choses, car c'était là une de ses théories favorites que les événements vivent, qu'ils ont leur anatomie, leur physiologie et leur biologie, et qu'on peut lesgouvernercommeon arrive à bout d'un enfant indocile et capricieux. Vers cette époque, je m'épris d'un beau zèle pour les études historiques et archéologiques ; et je portai plus particulièrent mes recherches sur la corporation mystérieuse des Templiers. Tous les historiens s'ac- cordent à faire de cet ordre une société d'hommes d'affaires adroits, ambitieux et avides ; je fus bientôt convaincu de la fausseté de cette opinion. Grâce à d'anciennes amitiés, j'avais mes entrées libres dans les bibliothèques privées de certains érudits d'Allemagne et d'Angleterre ; et c'est là que d'heureuses décou- vertes me donnèrent l'orgueil d'étonner le monde savant par une thèse originale et neuve. Je pus recons- tituer leurs rites, dévoiler ce qu'était le trop fameux Baphomet dégénéré en le petit chien Mopse du XVIII 0 sècle, faire connaître les travaux effectués dans les commanderies et la raison des architectures impo- santes de ces primitifs maçons. Un soir, je racontais mes travaux à Désidérius, pensant en moi-même l'étonner et tout prêt à le complimenter, lorsqu'il répondit à l'une de mes périodes : — 9 — « C'est très bien d'avoir travaillé cette question : votre idée est ingénieuse, mais vous ne l'épuiserez jamais entièrement parce qu'il vous manque la thèse métaphysique de votre antithèse physique. » Je ne compris pas et j'interrogeai : — Une thèse métaphysique? — Oui, si la terre existe, c'est parce qu'il y a des deux, et si les cieux s'élèvent au-dessus de nos têtes, c'est parce que la terre est sous nos pieds, expliqua Désidérius avec un demi-sourire. — Je vous donne là des formules trop générales ; vous n'avez pas encore l'esprit habitué à saisir d'un coup les rayonnements d'une idée ; c'est cependant une chose nécessaire. Ainsi, pour la question qui nous occupe, vous n'avez pas fait cette simple remarque que, si les Templiers ont donné lieu à une légende, celte légende est leur fantôme réfléchi, leur contraire analogique. Si donc on les croit une association de changeurs et de ban- quiers, c'est que leurs richesses réelles venaient d'une tout autre source ; si l'on sait vaguement ce qu'ils faisaient dans les salles hautes de leurs forteresses, c'est que l'on ignore tout à fait l'usage de leurs caves et de leurs galeries souterraines où circulait, active et insaisissable, la véritable vie de l'Ordre. Voilà ce que vous auriez pu voir. — Votre idée est pour le moins originale, lui uploads/s3/ sedir-lettres-magiques.pdf

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