1 CENTRE INTERNATIONAL D’ART ET DU PAYSAGE / DOSSIER ENSEIGNANTS LES TROIS MODU

1 CENTRE INTERNATIONAL D’ART ET DU PAYSAGE / DOSSIER ENSEIGNANTS LES TROIS MODULES GONFLABLES DE HANS-WALTER MÜLLER COMMANDE PUBLIQUE POUR LE CENTRE INTERNATIONAL D’ART ET DU PAYSAGE DE L’ILE DE VASSIVIERE La maison immatérielle Maintenant, je voudrais parler rapidement d’un grand projet architectural qui me tient à cœur depuis toujours, la réalisation de l’habitation réellement immatérielle, mais affectivement, techniquement et fonctionnellement pratique. Cette maison doit être construite à l’aide du nouveau matériau « air », soufflée en murs, parois, toit, meubles. Cet air doit être conditionnable, bien sûr, de manière que la matière elle-même de la construction soit le chauffage ou la réfrigération générale et ambiante de toute la maison. L’ensemble des fondations (sous-sol) de cette maison atteindra tout au plus le ras du sol. Ses fondations seront construites en « dur ». Toutes les remises, cuisine, WC, penderie, etc…, ce sera la partie de la maison qui pourra être fermée à clef, elle sera dans le sol. Pour le reste, il ne sera pas nécessaire de prévoir des fermetures, car il n’y aura rien de tangible à voler ou à prendre. Dans le jardin ou le parc, la fosse aux machines devra se trouver assez loin, entre 50 et 100 mètres, pour que le bruit mécanique ne parvienne pas à l’habitation, et en préserve ainsi l’intimité. Dans l’air, on construit avec de l’air : matériaux immatériels. Dans le sol avec du sol : matériaux matériels. Pour une ville entière, les possibilités sont plus vastes et intéressantes. Un seul et unique toit d’air avec soufflerie et aspiration à l’extrémité pour récupération et sections d’air pour limiter en espace sous ce toit immense. Yves Klein 2 HANS-WALTER MÜLLER A VASSIVIERE Hans-Walter Müller, né à Worms en Allemagne en 1935, est devenu prestidigitateur à l’âge de 14 ans, bien avant d’être architecte. Cette fantaisie lui est propre. Il considère d’ailleurs qu’aucune recherche n’est valable sans humour et rigueur. En 1961, il obtient son diplôme d’ingénieur et d’architecte de l’école polytechnique de Darmstadt en Allemagne. Il expose pour la première fois en 1963 avec sa Machine Cinétique et est le lauréat de la Biennale de Paris de 1965. En 1967, il est lauréat du pavillon allemand à l’exposition internationale de Montréal. Il présente ces oeuvres la même année au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris pour l’exposition Lumière et Mouvement et en 1968 et à la Fondation Maeght en 1970. Depuis les années 1970, il construit des gonflables qui se transforment en ateliers pour Jean Dubuffet, en décors pour Maurice Béjart, La Comédie Française, ou encore pour les Opéras de Paris, Munich et Vienne, en église itinérante ou stands publicitaires. En 2002, Hans-Walter Müller est invité à concevoir et à réaliser pour le Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière des modules gonflables itinérants, l’enjeu étant de pouvoir agrandir les espaces du Centre pour accueillir des ateliers pédagogiques et diffuser ses actions sur l’ensemble du territoire environnant. Ce projet conçu grâce à une commande publique du Ministère de la Culture et de la Communication, s’inscrit dans le cadre de la politique culturelle du centre d’art. L’idée est de créer un nouveau type d’équipement à la fois œuvre d’architecture et outil pédagogique mobile destiné à être transporté, installé et pratiqué comme espace ludique de découvertes et comme espace de rencontres, en rapport avec la notion de « pavillon jardin ». La conception d’une architecture d’air légère, nomade, sa capacité d’usage à vocation principalement pédagogique, son installation aisée et ludique sur une plate- forme aménagée pour être elle-même fonctionnelle et écologique, sont les bases de ce projet. Après une première exposition à La Force de l’art au Grand Palais à Paris en 2006, les trois structures ont été inaugurées pour la première fois le 14 juillet 2007 dans le parc du Centre d’art de Vassivière. Hans-Walter Müller dans le module gris, Centre international d’art et du paysage, 2007 3 Module gris Module jaune Module rouge 4 KINESIS Hans-Walter Müller est un artiste cinétique. L’art cinétique, apparu à la fin des années 1950, expérimente la notion de mouvement dans l’œuvre d’art. Il est principalement représenté en sculptures où des artistes comme Jesus Rafael Soto, Pol Bury, Agam, le groupe GRAV, ont recours à des éléments mobiles. Mais l’art cinétique est également fondé sur les illusions d’optique, la vibration rétinienne et sur l’impossibilité de notre œil à accommoder simultanément le regard à deux surfaces colorées, violemment contrastées. Dans ce cas de cinétisme virtuel, on parle d’Op’Art. Bridget Riley et Vasarely en sont les principaux protagonistes. L’expression art cinétique est adoptée vers 1954 pour désigner les œuvres mises en mouvement par le vent, les spectateurs et/ou un mécanisme motorisé. En 1955 a lieu l’exposition-manifeste Mouvement à la Galerie Denise René à Paris. Le mot Cinétisme vient du grec Kinésis, qui a également servi à désigner une forme d’expérience artistique au succès considérable : le cinématographe. L’air joyeux et optimiste des années 1960 encourage recherches et expériences sur une question qui passionnait déjà les avants-gardes historiques : comment rendre compte sur une surface plane un mouvement en trois dimensions ? Dès les années 1910, les artistes futuristes italiens Balla, Severini, Caro vont décomposer le mouvement en peinture en une série d’images simultanées. En sculpture, les Constructivistes russes tels que Naum Gabo, Pevsner, Moholo-Nagy, vont rendre mobiles leurs oeuvres, actionnées par mécanismes ou motorisation. Les mobiles de Calder s’inscrivent directement dans cet héritage. Marcel Duchamp, à l’instar de ses contemporaines futuristes et constructivistes, va lui aussi reprendre à son compte ces recherches. L’aboutissement de ses expérimentations se manifeste en 1912 par son Nu descendant l’escalier, peinture dite chronophotographique : toutes les étapes du mouvement sont représentées dans le même plan narratif. En sculpture, sa Roue de bicyclette réalisée en 1913, est par ailleurs considérée comme la première sculpture cinétique en France. La dimension ludique de cet art du mouvement est proclamée avec éclat et la complicité du spectateur requise comme nécessaire. Lors de la Troisième Biennale de Paris en 1963, les artistes du groupe GRAV – Joel Stein, Yvaral, François Morellet, Francisco Sobrino, Horacio Garcia Rossi, Julio Le Parc – publient leur manifeste Assez de mystifications. En voici un extrait sur la place du spectateur : « Nous voulons intéresser le spectateur, le sortir des inhibitions, le décontracter. Nous voulons le faire participer. Nous voulons le placer dans une situation qu’il déclenche et qu’il transforme. Nous voulons qu’il s’oriente vers une interaction avec d’autres spectateurs. Nous voulons développer chez le spectateur une forte capacité de perception et d’action. » Le cinétisme doit donc déboucher sur de grandes réalisations, de grandes fêtes, où les rapports entre œuvre et spectateur sont profondément modifiés. . 5 6 VERS UNE ARCHITECTURE EN MOUVEMENT La sculpture et la peinture sont les médias privilégiés du cinétisme. Mais qu’en est-il de l’architecture ? Comment la rendre mobile, mouvante, animée ? Le gonflable va présenter une réponse possible et simple à réaliser. Attentifs aux matériaux de leur temps, plastiques et synthétiques, et se libérant de la tradition, les architectes du gonflable vont essayer de synthétiser la lumière, le son, l’air et le corps humain. Frei Otto et Buckminster Fuller sont les pionniers de la réflexion autour des structures gonflables, dès les années 1950. On retrouve, dans les nombreux photomontages des anglais Archigram, des éléments directement empruntés à ces deux architectes. Ron Herron, membre du groupe, crée « Air hab » en 1967, évocation d’un nomadisme fin de siècle, par le biais d’une voiture contenant une maison gonflable ; regroupées, ces habitations forment le « Moment Village ». David Greene, membre d’Archigram, crée un « appartement de coquille », dont le plancher se gonfle et fait apparaître meubles et cloisons. Les Australiens Poll & Smith esquissent des immeubles gonflables. Jean-Paul Jungmann, du groupe français Aerolande, fondé en 1966, conçoit l’habitation pneumatique « Dyodon », structure externe et interne entièrement gonflable. En 1968, Bernard Quentin crée ses « structures moléculaires ». C’est à la même époque que Quasar travaille à la création de maisons individuelles gonflables, en parallèle à une ligne complète de mobilier. Les Canadiens d’Interdesign proposent une ville gonflable à bâtir en six mois, pour 100 000 habitants, avec des édifices de 17 étages ! Enfin Hans-Walter Müller, architecte spécialiste du gonflable, est l’auteur de nombreux projets : l’église gonflable de 200 places pour 39 kilos à Montigny-les-Cormeilles en 1969, l’atelier de Dubuffet en 1971, et les 35 abris pour sans-domicile qu’il distribue une nuit de février 1975. Les recherches et les avancées techniques n'ont cessé depuis de repousser les limites de l'utilisation toujours plus grande des structures gonflables ; mais le gonflable conserve aussi ses caractéristiques d'origine, à savoir son faible encombrement, son poids, son coût, sa facilité et sa rapidité de mise en place, ses différentes possibilités d'usage (sur l'eau, sous l'eau, sur terre, dans l'air, dans l'espace), son transport réduit, le nomadisme ludique... D'autre part, la structure gonflable a la capacité de réunir et d'attirer les projets de toutes les sphères de la société, autant des ingénieurs, scientifiques, industriels, que uploads/s3/ dossier-pedagogique-hans-walter-muller.pdf

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