Dossier pédagogique LesChaises3©Mario_Del_Curto_Delcurtomario@gmail.com Les Cha
Dossier pédagogique LesChaises3©Mario_Del_Curto_Delcurtomario@gmail.com Les Chaises d’Eugène Ionesco mise en scène Luc Bondy Représentations du 3 au 6 mai 2011 Dossier pédagogique réalisé par Rénilde Gérardin, service éducatif de la Comédie de Reims : r.gerardin@lacomediedereims.fr Contacts relations publiques : Margot Linard : m.linard@lacomediedereims.fr Jérôme Pique : j.pique@lacomediedereims.fr Page 2 D’Eugène Ionesco Mise en scène Luc Bondy Décors et lumière Karl-Ernst Herrmann Costumes Eva Dessecker Conseiller artistique Botho Strauss Son, musique André Serré Maquillage, coiffures Cécile Kretschmar Collaborateur artistique Geoffrey Layton Création vidéo Thierry Aveline Assistant à la mise en scène Roch Leibovici Assistantes scénographie Claudia Jenatsch et Anette Hirsch Assistant lumière Jean-Luc Chanonat Assistant son Pierre Routin Assistante maquillage Karunayadhaj Noï Accessoires Laurent Boulanger Préparation physique Paillette Construction décors Ateliers du Théâtre Vidy-L et du Théâtre Nanterre-Amandiers Stagiaire à la mise en scène Pénélope Biessy Avec Dominique Reymond Micha Lescot Roch Leibovici Création le 29 septembre 2010 au Théâtre Nanterre-Amandiers Le texte est publié aux Editions Gallimard, collection Folio Production Théâtre Vidy-Lausanne Coproduction Equinoxe, scène nationale de Châteauroux / Wiener Festwochen Coréalisation Théâtre Nanterre-Amandiers Avec le soutien de La Fondation Leenards Page 3 Les Chaises dossier pédagogique sommaire Présentation de Les Chaises page 4 LE PROJET ARTISTIQUE Note d’intention page 5 Entretien avec Luc Bondy page 6 Trois questions au comédien Micha Lescot page 8 Trois questions à la maquilleuse Cécile Kretschmar page 9 Photographies du spectacle page 10 Eugène Ionesco, LES CHAISES Extraits de Les Chaises page 11 Auteur : biographie d’Eugène Ionesco page 15 L’œuvre dans son contexte page 16 ÉCHOS DANS LA PRESSE page 17 L’EQUIPE ARTISTIQUE page 21 Bibliographie, vidéographie page 23 Page 4 PRESENTATION1 Deux vieux, âgés de 94 et 95 ans, vivent isolés dans une maison située sur une île battue par les flots. Pour égayer leur solitude et leur amour désuet, ils remâchent inlassablement les mêmes histoires. Mais le vieil homme, auteur et penseur, détient un message universel qu’il souhaite révéler à l’humanité. Il a réuni pour ce grand jour d’éminentes personnalités du monde entier. Un orateur professionnel aura la charge de traduire ses pensées. Les invités, invisibles pour le spectateur, arrivent tels des fantômes et prennent place sur des chaises qui envahissent peu à peu l’espace jusqu’à le saturer. Le couple se retire et laisse soin à l’orateur d’éclairer l’humanité. Mais, comble de l’ironie, l’orateur est en fait sourd-muet. Comme souvent chez Ionesco, la pièce repose sur une ambivalence déroutante : elle oscille en permanence entre comique et tragique, le rêve et le cauchemar. Le maître du théâtre de l’absurde, pour qui «le comique est tragique et la tragédie de l’homme, dérisoire», voyait cette pièce comme une «farce tragique». Source : http://www.theatre-contemporain.net Le thème de la pièce, c’est l’irréalité du monde. C’est une pièce sur l’absence. Il n’y a personne autour de nous, personne dans le monde, dans un monde évanescent qui disparaît, qui doit disparaître. Où est passé le passé ? Plus rien n’est et, ce qui revient au même, plus rien ne sera. Les deux vieillards qui sont là sont presque inexistants eux-mêmes. Ils ne sont là que pour manier des chaises, des dizaines de chaises, et pas pour exprimer le vide ontologique, qui est le vrai sujet de la pièce. Ces deux vieillards sont des ratés sociaux et dérisoires mais entre eux, il y a l’amour. Et il n’y a en ce monde que deux essentialités : l’amour et la mort. C’est-à-dire que l’amour peut tuer la mort. Eugène Ionesco 1 Extrait de la pièce, mise en scène par Luc Bondy au Théâtre Nanterre-Amandiers à regarder à l’adresse suivante : http://www.youtube.com/watch?v=O3QJrvocmdk Page 5 NOTE D’INTENTION « « L La a d dé ér ri is si io on n d de e l l’ ’é éc cr ri it tu ur re e m me e p pa ar ra ai it t s so ou ud da ai in ne em me en nt t « « r ré éa al li is st te e » » par Luc Bondy Ionesco était très ami avec mon père. Il travaillait pour une revue que dirigeait ce dernier, qui s’appelait Preuves. À 17 ans, je savais déjà que je voulais faire du théâtre et de la mise en scène. Il s’avère que Ionesco mettait en scène pour la première fois une pièce intitulée Victime du devoir à Zürich. Il avait besoin d’un traducteur et c’est ainsi que j’ai pu l’accompagner dans son travail pendant plusieurs semaines. C’était je crois en 1968, car je me souviens qu’il était très « remonté » contre la révolte de 68. Je garde le souvenir d’un personnage très ludique, il était à la fois celui qui écrivait ses pièces mais était aussi en partie le personnage de ses pièces. C’était un homme qui avait un mélange d’intelligence, d’intuition et de grande naïveté, quelque chose de presque enfantin par moments, un grand créateur qui a inventé un monde, comme on peut le dire de Beckett. Même si ces deux mondes n’étaient pas proches, du moins d’après la définition qu’en donne Esslin dans Le Théâtre de l’absurde qui me semble aujourd’hui très approximatif. Ionesco affirmait d’ailleurs que « son théâtre est un théâtre de la dérision. Ce n’est pas une certaine société qui me parait dérisoire. C’est l’homme. » J’avais 17 ans mais je savais que je passais mes journées et mes nuits avec une personnalité hors du commun. On côtoie très rarement dans la vie quelqu’un avec une telle liberté de parole, sans aucun a priori. Il était narquois, se fichait des gens qui avaient des idées préconçues. La tradition dit que la plupart des auteurs comiques a une vision du monde pessimiste. Le comique et l’optimisme ne se marient guère, ils donnent du bonheur sans en avoir forcément. L’humour inclut souvent un don d’observation, d’invention et le « savoir » des systèmes qui se reproduisent, comme l’explique Henri Bergson dans Le Rire. Quand j’ai connu Ionesco, j’avais l’impression d’être comme avec un copain d’internat. Il aimait bien faire des blagues qu’il inventait avec génie, et en même temps sa vision eschatologique du monde le rendait triste et dépressif. Il était très pessimiste, se sentait en permanence menacé par le totalitarisme. À l’époque, le totalitarisme c’était les pays communistes. Donc il a été… mal perçu en France, parce qu’il était un anti communiste effréné. Cela a irrité beaucoup de gens, en particulier certains intellectuels et artistes français de l’époque. On ne disait rien de désagréable sur le communisme, comme Ionesco pouvait le faire ouvertement à cette époque là, avec une liberté absolue. Il était un artiste et il n’aimait pas les communistes. Voilà. Aujourd’hui c’est tout à fait courant de le dire. J’ai toujours aimé la pièce Les Chaises. À l’époque, elle s’inscrivait dans une forme de théâtre assez novatrice, même si elle a été écrite bien avant les années soixante-dix. Il s’agissait de s’interroger sur comment jouer et jusqu’où aller avec ce qu’on appelle l’imaginaire. Aujourd’hui c’est la solitude de ce Page 6 vieux couple qui m’intéresse (vu mon âge naturellement !). La dérision de l’écriture me parait soudainement « réaliste » : quoi de plus normal que d’imaginer une fête ? La dernière fête avant de se suicider ? Il est peut-être bien difficile d’exprimer l’Orateur aujourd’hui, car d’une certaine manière, nous avons surmonté (ou peut-être pas) l’idée didactique du message final. C’est bien sûr l’anti- brechtien Ionesco qui parle à ce moment-là. Il faut donc réfléchir à rendre « l’anti » de cette époque pas trop vieillot et satisfaisant. C’est mon désir de distribuer deux acteurs en France que j’aime beaucoup – Micha Lescot et Dominique Reymond – qui m’a poussé à mettre à nouveau en scène cette pièce. D’abord parce qu’ils correspondent à la didascalie de Ionesco, c’est-à-dire de choisir des acteurs jeunes pour jouer des vieux. Enfin, ce sont deux acteurs avec un humour incontestable et une intelligence de jeu nécessaire à faire vivre sur le plateau ceux qui n’existent pas. La proposition de Ionesco doit être complètement crédible dans sa folie : on devrait pouvoir deviner aussi tous les acteurs que j’aimerais distribuer mais qui ne sont ici que les invités imaginaires de la pièce. Ils doivent savoir jouer physiquement ces «autres» qui ne sont pas là. ENTRETIEN2 avec Luc BONDY Comment rendre visible une œuvre Rêve lumineux ou cauchemar sensible, comédie ou tragédie, comment danser avec Les Chaises de Ionesco ? Luc Bondy s’attache à travers cette pièce mythique à explorer la dérision et l’extravagance de l’imaginaire dans l’homme. « Je vois Les Chaises comme la plus belle pièce de Ionesco car elle évoque des obsessions universelles : la vieillesse, la décrépitude, et tous les fantasmes qui en découlent. » 2 Un entretien radiophonique avec Luc Bondy réalisé dans l’émission Fictions / Théâtre et Cie sur France Culture est disponible, avant la diffusion de l’enregistrement de la pièce, à l’adresse suivante : http://www.franceculture.com/player?p=reecoute-3076021#reecoute-3076021 Un entretien filmé avec Luc Bondy est disponible à l’adresse suivante : http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Les-Chaises-4307/entretiens/ Page 7 Que représente pour vous l’œuvre de Ionesco ? Luc Bondy : uploads/s3/ dossier-pedagogique-les-chaises.pdf
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- Publié le Mar 27, 2021
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