Deleuze et Collection « Expériences philosophiques» dirigée par Denis Guénoun a
Deleuze et Collection « Expériences philosophiques» dirigée par Denis Guénoun avec la collaboration de Nicolas Doutey E. LACLAU ET C. MOUFFE Hégémonie et stratégie socialiste (traduit par J. Abriel) J. BUTLER, M. DEGUY, T. DOMMANGE, D. GUÉNOUN, S. KAY, B. STIEGLER, M. VITALI ROSATI Pourquoi des théories? F.-D. SEBBAH Lévinas et le contemporain T. DOMMANGE L'Homme musical M. DEGUY, T. DOMMANGE, N. DOUTEY, D. GUÉNOUN, E. Km.KKOPELTO, S. NOWROUSIAN Philosophie de la scène S. CRITCHLEY, J. DERRIDA, E. LACLAU, C. MOUFFE, R. RORTY Décollstruction et pragmatisme (traduit par J. Abriel, N. Doutey et Y. Kreplak) S. BECKETT, A. GEULINCX Notes de beckett sur Geulinc:r (ouvrage établi par N. Doutey avec la participation d'E. Miyawaki) JEAN-FRÉDÉRIC CHEVALLIER Rompre avec la représentation Ouvrage publié avec le concours du Centre régional du livre de Franche-Comté et de la Région Franche-Comté BM0696323 JEAN-FRÉDÉRIC CHEVALLIER est metteur en scène et philosophe. Il a été chargé de cours à l'Institut d'études théâtrales de l'Université Paris-III, professeur à l'Université nationale du Mexique, coordonnateur du Centre de recherche sur le geste théâtral contemporain de l'Université d'Hidalgo. Il a publié notamment Essai d'approche et de définition d'ill/ tragique du xx" siècle (ANRT, Lille, 2002) et E/ Teatro hoy " 1Il/a tip%g/a posib/e [Le Théâtre aujourd'hui,' une typologie possible] (Paso de Gato, Mexico, prix interna- tional de l'essai théâtral 20 Il). En parallèle à ses nombreuses mises en scène pour le plateau (France, Espagne, Salvador, Uruguay, Équateur, Mexique, Colombie, Cuba, Inde), il a réalisé quelques films-essais dont Drowning Prin cess (DVD L'Harmattan, Paris, 2011). Il vit maintenant à Calcutta et travaille à la mise en place d'une plateforme de rencontres et de créations artistiques, Trimukhi Platform, dans un village tribal du Bengale. © 2015, LES SOLITAIRES INTEMPESTIFS, ÉDITIONS 1, rue Gay-Lussac - 25000 BESANÇON TéL' 33 [01381810022 Fax: 33 [0]3818332 [5 www.soHtairesintempestifs.com ISBN 978-2-84681-428-7 Avertissement Jean-Frédéric Chevallier chemine sur une voie, personnelle et de travail, extrêmement singulière, et y trace un parcours qui semble à pel! près unique. Comme plusieurs hommes etfemmes de théâtre d'al~iourd'hlli, il conjugue une recherche théorique, philosophique, et une activité théâtrale pratique intense. Mais sa particularité est qu'il œllvre, en compagnie de son épouse Su/da Bal~ dans un village tribal (très loin de nos repères urbains J du Bengale. Précédemment, il a déployé son activité de théâtre au Mexique, après avoir animé quelques années une compagnie à Paris. Dans les deux plus récents contextes (Mexique et Inde J, il invente, avec les personnes vivant surplace (dans une mégalopole latino-américaine, Ol! dans une campagne asiatique reculée J, des formes de création théâtrale d'une originalité aiguë. Certaines de ses initiatives dessinent llne surprenante continuité,' par exemple, la réalisation de ces « Nuits du théâtre », aux deux bouts de la planète, dont la numérotation poursuivie assume le fil tendu qui les lie. Ou la construction d'un centre culturel pour, et surtout avec, les habitants du village indien. Ou encore la formulation, en espagnol, en anglais, en bengali et en français, de thèses sur les arts vivants par lesquelles se poursuit inlassablement la caractérisation neuve d'un « théâtre du présenter 1 ». 1 Sur tout ceci, on pourra trouver des infolmations à l'adresse http://www, trimukhiplatform .com. 5 Cette originalité se manifeste, au cours du présent Ollvrage, dans une position d'écriture par moments dérozl- tante. Évidemment, Jean-Frédéric Chevallier cOllnaÎt bien Deleuze, et sait de quoi il parle. Ill7laÎtrise concepts et liaisons. Mais il éclaire sa lecture de Deleuze (en même temps que celle-ci l'éclaire en retour) par des r~férellces théâtrales souvent peu habituelles, et par des échos prati- ques incessants. Sa manière est celle d'ull homme qui lit Deleuze pour y trouver des outils de maniement d'ull théâtre à l'épreuve du monde. Il peut être lltile al/lecteur de le savoir. Car cette attitllde, et ce qui s'en exprime dans les pages qui viennent, ne sont pas pour rien dans l' étollnant plaisir, et l'impression d'étrange déplacement, qu'on peut éprouver à les lire. Denis GUéllOllll L'exercice philosophique, tel qu'il peut se lire dans les textes [ ... 1 les plus vivants d'aujourd'hui, se produirait comme théorisation cl 'une pratique toujours externe au champ philosophique, pratique que le discours philosophique ne vient pas examiner du dehors, surplomber au moyen de notions acquises, mais dont l'accueil le constitue lui-même, lui donne à se produire comme devenir- philosophique. DENIS GUENOUN, Relatioll (elltre théâtre et ph ilo.lOphie J. Comprendre un penseur, ce n'est pas venir coïncider avec son centre. C'est, au contraire, le déporter, l'emporter sur une trajec- toire où ses articulations se desserrent et laissent un jeu. Il est alors possible de dé-figurer cette pensée pour la refigurer autrement, de sortir de la contrainte cie ses mots pour l'énoncer dans cette langue étrangère [ ... ] dont Deleuze fait la tâche de l'écrivain. JACQUES RANCltRE. Existe-t-ilune esthétique delell::iclllle ? Merde à tout votre théâtre mortifère, [ ... ] ça sent mauvais chez vous. Ça sent la grande mort et le petit moi. GiLLES DELEUZE, Ff:I.IX GU .. UT .. \RI. L'Ami-Œdipe. Le problème ne concerne plus la distinction Essence-Apparence, ou Modèle-copie. Cette distinction tout entière opère dans le monde de la représentation; il s'agit de mettre la subversion dans ce monde,« crépuscule des idoles ». GILLES DELEUZE. Logique dll SCII.\. Introduction LE THÉÂTRE, GILLES DELEUZE ET LA PHILOSOPHIE Deleuze et le théâtre ... le lien pourra paraître surprenant, voire incongru : Gilles Deleuze est un philosophe et non pas un homme du plateau. Certes il a abondamment pensé le cinéma, la littérature -la peinture parfois, la lTIusique par endroits -, mais il ne semble pas avoir fait de ITlême avec le théâtre. Néanmoins cette mise en relation (Deleuze et le théâtre ... ) est bien moins absurde qu'elle n'y paraît. Elle comporte des motifs consistants. Tout d'abord, à trois reprises pour le moins l, la réflexion de Deleuze s'est portée spécifiquement sur les arts scéni- ques : dans l'introduction à Différence et répétition À trois reprises pour le II/oins caron aurait pu aussi considérer la communication intitulée « La méthode de dramatisation» (in Bulletin de la Sociétéjiançaisl: de philosophil:. LXIe année, nO 3.1967, p. 89-118 : republiée. in Gilles Deleuze. L'Île déserte et autres textes, Textes et entretiens 1953-1974. Paris. Minuit. 2002, p, 131-162) où Deleuze envisage pour la première fois la possibilité d'un del'eni/'- théâtre pour la philosophie. Je ne l'ai cependant pas retenue car Deleuze y reprend des problématiques (à commencer parcelle d'un dn'enir-théâtre de la philosophie) qui seront davantage développées dans D(f/érencc et répétition- texte sur lequel il travaillait alors et qui sera publié en 1969, J'y reviendrai malgré tout une fois au cours de la première partie .. De même on pourrait envisager d'inclure le chapitre « La nouvelle harmonie» dans Le Pli. bien qu'il n'y soit question de théâtre que de manière intermittente. Cf. Gilles Deleuze, Le Pli. Lei/mi;:, et le /!aroque. Paris. Minuit, 1988. p. 164-189. Je l'évoquerai en conclusion. 9 (notamment la section « Le vrai mouvement, le théâtre et la représentation»), dans un essai qui accompagne un texte de théâtre du metteur en scène italien Carmelo Bene (<< Un manifeste de moins», in Superpositions) et un autre qui fait suite à une série de pièces brèves de Samuel Beckett (<< L'Épuisé », in Quad). Ensuite, les notions proposées là par Deleuze ( « mouvement», « différence», « répétition», « rela- tion », « minoration », « variation », « devenir », « conjonction », « disjonction », « épuisement», « inclusion ») invitent la réflexion sur le théâtre contemporain à un vivifiant déplacement: une sorte d'appel à penser celui-ci de manière plus inventive. Le propos de l'activité théorique est de conceptua- liser l'existant. En grec ancien, theorein signifie « contempler» - la racine thea/theo désignant à la fois l'acte de regarder et le spectacle offert à la vue. Si l'existant change, il importe que change aussi le regard pour le voir et le mot pour le nommer. C'est une transformation de cet ordre que nous invitent à réaliser les trois textes brefs de Deleuze dont nous allons entreprendre l'analyse. Voilà pour le premier et le deuxième motif. Et il en existe un troisième qui, celui-là, tient au fait qu'aujourd'hui il ne s'agit plus tant de mettre en crise la conceptualisation du théâtre que de jouer libre- nIent de son ouverture 2. Ici, l'intéressant consistera plutôt à approfondir, depuis le théâtre, le dialogue avec la pensée deleuzienne. En s'inscrivant dans une pratique concrète (le théâtre donc), ces trois essais 2. rai insisté sur ce point dans un bref texte. Cf. Jean-Frédéric Chevallier. « La crise est finie ». in Registres. n° 14. Paris. Presses clc la Sorbonne-Nouvelle. 2010. p .. 38-41. 10 peuvent réellement être discutés et prolongés à la 1 umière de la réa li té de l' acti vité théâtrale actuelle et de la liberté d'action qui se fait jour en elle. Il y va d'un jeu entre le mot pour nommer le faire et le faire pour penser le mot. Le dialogue s'établit à double sens. D'une part, la réflexion philosophique, parce que plus uploads/s3/ deleuze-et-le-theatre-rompre-avec-la-representation-by-jean-frederic-chevallier-pdf.pdf
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- Publié le Jan 14, 2021
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