MON VIEUX PARIS Il a été tiré de cet ouvrage : 20 exemplaires sur papier de Chi

MON VIEUX PARIS Il a été tiré de cet ouvrage : 20 exemplaires sur papier de Chine, numérotés, de 1 à 20. 20 exemplaires sur papier du Japon, numérotés de 21 à 40. 20 exemplaires sur papier de Hollande, numérotés de 41 à 60. EDOUARD DRUMONT 100DESSINS DEGASTON COINDRE PARIS \^_iï ERNEST FLAMMARION, ÉDITEUR 26, RUERACINE,PRES L'ODÊOK Tousdroitsréserves. AVANT-PROPOS C'est une joie pour moi, je l'avoue, que de voir reparaître, commenté par un crayon pas- sionnément épris de Paris, ce volume qui eut quelque succès, il y a déjà plus de douze années. C'était mon premier livre, et j'y avais mis mon coeur'de Parisien amoureux de sa ville, curieux de tous les spectacles de la cité aux multiples aspects, évoquant, en cheminant le long des jeunes boulevards, le souvenir des vieilles rues cl la mémoire des ancêtres disparus. II AVANT-PROPOS Depuis, j'ai publié des livres qui ont eu un retentissement plus considérable dans le monde et qui sont d'un accent un peu différent; et les superficiels en conclucront peut-être que j'ai changé Au fond, je ne crois pas que cela soit exact. En me reportant vers l'époque où j'essayais de peindre ce mobile et captivant Paris, je fais mon examen de conscience: et je ne découvre absolu- ment rien à me reprocher dans la phase mili- tante qui a succédé à la phase artistique, contem- plative et rêveuse. En écrivant, je n'ai jamais obéi à aucune ambition personnelle et, dans une oeuvre qui, incontestablement, est, par moments, un peu passionnée et véhémente, je n'ai jamais été inspiré par aucune animosité privée. On a attaqué, sans générosité et sans justice, nos traditions, notre foi, notre héritage de croyances et d'idées : tout ce qui constitue l'âme même de la Patrie; j'ai défendu, sans feusse douceur, ce qu'on attaquait sans mesure. La face rouge de soufflets, la tête pliant sous les outrages imprimés à cent mille exemplaires, plus d'un de nos i?isolents adversaires a trouvé, je le sais, qu'il était plus facile d'insulter de vieux prêtres, qui se contentent de prier et de bénir, que de répondre à un écrivain tel que AVANT-PROPOS III moi qui, né de vraie souche française, n'a jamais eu sa langue dans la poche. Dans la mesure de mes forces j'ai fait, en un mot, ce qu'ont fait nos sublimes paysans de Vendée. C'étaient de braves gens fort paisibles; on n'avait jamais entendu parler d'eux : ils n'étaient pas bien exigeants, contents quand, le dimanche après Vêpres, ils pouvaient aller boire un pichet de vin et jouer aux boules sur la place du village. Les Jacobins ont eu, un beau jour, l'idée de venir démolir les clochers, et... dame! les Vendéens ont tiré sur les envahisseurs: et ils en ont tué le plus qu'ils ont pu Celte résistance à l'oppression a rendu ces humbles immortels, et l'histoire ne parle d'eux qu'avec respect. Aujourd'hui, on ne fait plus la guerre civile à coups de fusils : on la fait à coups de plume ; et il faut tâcher de se servir de cette plume avec toute l'énergie dont on est capable. L'homme, cependant, n'est pas fait pour tou- jours haïr. Ceux qui ont trouvé la France Juive un peu violente, ne pourront adresser ce reproche à MON VIEUX PARIS. A défaut du texte, que j'abandonne à la critique, j'espère que le publii prendra le même plaisir que moi à regarder ces dessins d'une variété si heureuse et d'un pitlo- IV AVANT-PROPOS resque si original, où se révèle un goût d'artiste et le sentiment d'un Paris inconnu du vulgaire, d'un Paris intime et charmant, qui ne se livre tout entier qu'à ceux qui l'aiment réellement. Soisy-sous-Éliolles, 31 août 1803. E. D. ....l'indéfini etllniéfinlssaM». MON VIEUX PARIS PRÉFACE DE LA PREMIERE ÉDITION Au moment où ce livre parait l'Exposition n'est plus qu'une ruine où se hâtent pôle-môle les démolis- seurs. Kiosques japonais, Palais d'Orient, Alhambras moresques, Hôtel de ville dos cités flamandes, manoirs anglais, chalets Scandinaves, toutes ces figurations éloquentes ou singulières des civilisations lointaines, toutes ces manifestations de la vie d'autrefois, tous ces décors pittoresques qu'on admirait au soleil do mai ne sont plus que débris à travers lesquels pleure lo Ycnt glacé de janvier. On a emballé depuis longtemps la Pallas Athena qui, une branche d'olivier à ses pieds, semblait personnifier la société antique prêtant VI MONVIEUXPARIS l'oreille au bruit des machines et regardant passer devant elle le vertigineux tourbillon du monde moderne. Que deviendront les merveilles innombrables accu- mulées dans ces galeries? Que deviendront beaucoup de leurs possesseurs? Quelle sera la destinée de ces envoyés de tous les peuples que le hasard a amenés des extrémités les plus reculées pour les rapprocher les uns des autres et les mêler à la collectivité bruyante qui emplissait à l'heure de la fermeture l'avenue Rapp pleine de tumulte? Nul n'en sait rien. La vraie statue qu'il eût fallu placer au seuil de ce rendez-vous des nations eût été une Isis voilée. Telles sont les réflexions qui vous venaient, en allant regarder une dernière l'ois au moment où on les met- tait en caisse, et les Pauvres affreux qu'a peints Fildes, et les présents qu'ont offerts à l'Impératrice des Indes les rajahs fidèles, et les étoffes orientales où sont brodés des versets du Coran, et les iltones russes qui n'ont pas oublié qu'elles viennent do Byzance et qui veulent y retourner, et le portrait de? lord Rcacons- field qu'a exposé l'Angcli et ce Wallenstein pensif qui s'arrête devant des fossoyeurs et qui fait songer à ce pourvoyeur de la mort qui est si souvent malade à Varzin... L'avenir du monde est dans toutes ces caisses où chaque objet représente une passion, une foi, un fanatisme, une ambition, un désir de conquête. Quelques voitures aujourd'hui suffisent à les traîner. MONVIEUXPARIS Vil Demain pcul-ôtre l'univers sera trop étroit pour con- tenir les maux que ces boites, plus funestes que celle de Pandore, verseront f&ï&fi sur des gens qui auraient revu de finir /-xwÉI leurs jours tranquilles dans , ''•'!'<'dÊÊÊ le jardin aux feuillages soin- '^^OEStf/ôt^W/siS lues où le Japonais donne à ffigl nXwffflttK manger à des poissons rou- uÉT^ûSlESS^KH ges ou rôve à la clarté dis- wT y&^igy^fcMl] Puis lassé de sonder ces ijaElffi^f*? '^—1BH problèmes et comme fatigué TW&' ^^i^^fy^i de cet agrandissement de- '.MttallÉS^^'Msra mesuré de la pensée, on V^^|8H s'éloigne de la contempla- ;?'^^v^m&WK^ tion de cet immense univers où s'agitent tant de points noirs et l'on revient vers ce Paris qui est aussi un monde à lui tout seul. On s'aventure dans ces rues où s'est inspiré tour à tour le roman de Balzac, des Concourt, de Daudet. Rues dormantes, rues trépidantes, rues calmantes, rues religieuses, rues laborieuses, rues paresseuses, rues fiévreuses, rues amoureuses, toutes vous rappellent une étape parcourue, toutes ont pour vous une allure bien distincte. Parfois, au fond de quelque village perdu, vous fer- mez les yeux et vous entrevoyez ces rues telles qu'elles sont avec la foule spéciale qui les traverse incessam- ment, vous franchissez en imagination la porto des VIII MONVIEUXPARIS maisons, vous montez les escaliers et vous trouvez chacun à sa place. Ici l'agitation règne toujours; là un apaisement immuable enveloppe les êtres et les choses. Voici le journal où chacun se presse, parle haut, écrit vite, et là-bas ces paisibles demeures de l'autre côté de l'eau où les années se succèdent monotones sans qu'on les entende s'enfuir. Kn ce café il vous sou- vient d'avoir ri de bon coeur, aux heures insou- ciantes de la jeunesse, alors que des mains maintenant glacées par la mort se renvoyaient de l'une à l'autre, comme un volant ailé sur une raquette d'or, quelque paradoxe sur l'Art. En ce couvent vous avez trouvé, en ces crises où le coeur brisé désespère, les paroles qui décident à vivre; et lorsque vous entendez tinter par-dessus les grands murs ces cloches qui rythment la vie monastique, vous songez aux hommes meil- leurs et plus forts que vous qui ont tout quitté pour l'humble cellule où l'on prie pour ceux qui ne prient point. Ainsi se dresse devant vous, à chaque pas que vous faites sur le pavé, ce Paris où chaque rue, chaque maison, chaque étage, a une signification pour vous. Est-il si différent de l'ancien Paris ce Paris moderne que vous aimez sans consentir à le subir entièrement? Cheminez quelque temps dans cette rue Saint-Antoine, houleuse, encombrée, murmurante, entrez dans ce qui lut la Culturc-Sainle-Catherine et, non loin des anciennes Tournclles, à deux pas de l'hôtel des Grands MONVIEUXPARIS IX csbaltcmcnls, vous voila chez Mme la marquise do Sévigné, dans cette Carnavalette qu'cllo affectionnait tant. C'est dire que vous êtes loin de Paris en plein Paris et que la journée passera rapide au milieu des fantômes du Passé qui, de toutes parts, accourent pour converser avec vous. En 1871, après la Commune et l'incendie, la Biblio- thèque delà Ville comptait cinq volumes, et la biblio- thèque de M. Jules Cousin, le bibliothécaire actuel, comptait quinze mille volumes, patiemment recueillis par quelqu'un, je vous le jure, qui connaît bien uploads/s3/ drumont-edouard-mon-vieux-paris.pdf

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