EUGÈNE IONESCO, DE L’ÉCRITURE À LA PEINTURE Histoires et Idées des Arts Collect
EUGÈNE IONESCO, DE L’ÉCRITURE À LA PEINTURE Histoires et Idées des Arts Collection dirigée par Giovanni Joppolo Cette collection accueille des essais chronologiques, des monographies et des traités d'historiens, critiques et artistes d'hier et d'aujourd'hui. À la croisée de l'histoire et de l'esthétique, elle se propose de répondre à l’attente d’un public qui veut en savoir plus sur les multiples courants, tendances, mouvements, groupes, sensibilités et personnalités qui construisent le grand récit de l'histoire de l'art, là où les moyens et les choix expressifs adoptés se conjuguent avec les concepts et les options philosophiques qui depuis toujours nourrissent l'art en profondeur. Déjà parus Océane DELLEAUX, Le multiple d'artiste. Histoire d'une mutation artistique. Europe-Amérique du Nord, de 1985 à nos jours, 2010. Olivier DESHAYES, Le désir féminin ou l’impensable de la création, 2009. Isabelle DOLEVICZENI-LE PAPE, L’esthétique du deuil dans l’art allemand contemporain. Du rite à l’épreuve, 2009. Dominique DEMARTINI, Le processus de création picturale. Analyse phénoménologique, 2009. Aline DALLIER-POPPER, Art, féminisme, post-féminisme. Un parcours de critique d’art, 2009. Nathalie PADILLA, L’esthétique du sublime dans les peintures shakespeariennes d’Henry Füssli (1741-1825), 2009. Jean-Claude CHIROLLET, Heinrich Wölfflin. Comment photographier les sculptures 1896, 1897, 1915, Présentation, traduction et notes suivies du fac-similé des textes en allemand de Heinrich Wölfflin, 2008. Mathilde ROMAN, Art vidéo et mise en scène de soi, 2008. Jean-Marc LEVY, Médecins et malades dans la peinture européenne du XVIIe siècle (Tomes I et II), 2007. Stéphane LAURENT, Le rayonnement de Gustave COURBET, 2007. Catherine GARCIA, Remedios Varo, peintre surréaliste, 2007. Frank POPPER, Écrire sur l’art : de l’art optique à l’art virtuel, 2007. Bruno EBLE, Gerhard Richter. La surface du regard, 2006. Achille Bonito OLIVA, L’idéologie du traître, 2006. Stéphane CIANCIO, Le corps dans la peinture espagnole des années 50 et 60, 2005. Anne BIRABEN, Les cimetières militaires en France, 2005. M. VERGNIOLLE-DELALLE, Peinture et opposition sous le franquisme, 2004. Sonia de Leusse-Le Guillou EUGÈNE IONESCO, DE L’ÉCRITURE À LA PEINTURE Préface de Robert Abirached « Un certain Van Gogh » Traduction inédite en français par Marie-France Ionesco L’Harmattan Du même auteur sur Eugène Ionesco « Eugène Ionesco et la peinture », Eugène Ionesco, catalogue de l’exposition à la Bibliothèque nationale de France, coédition BnF/Gallimard, 2009. « Plateau, plumes et pinceau d’Eugène Ionesco », Lire, jouer Ionesco, actes du colloque de Cerisy-La-Salle, Les Solitaires Intempestifs, coll. « Du désavantage du vent », 2010. « Biographie et autobiographie ionescienne », Lingua Romana, volume 3, issues 2 , printemps 2004 (http://linguaromana.byu.edu/DeLeusse3.html). Eugène Ionesco, quoi de neuf ?, coauteur du film avec Frédéric Ramade, réalisation : Frédéric Ramade, production : France Télévisions - Zadig Productions - INA, 52 mn , 2009. © L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-12947-4 EAN : 9782296129474 7 PREFACE DE ROBERT ABIRACHED Lorsque Sonia de Leusse-Le Guillou s’est lancée dans l’étude des rapports d’Eugène Ionesco avec la peinture, se doutait-elle qu’il surgirait de ses recherches une image fortement renouvelée de l’auteur des Chaises et une vision de son œuvre à ce point élargie qu’on y percevrait des résonances inattendues et qu’on y déchiffrerait en filigrane des postulations insuffisamment prises en compte jusqu’ici. Le théâtre de Ionesco a suscité autour de lui, dès son apparition, un tohu-bohu qui a mis beaucoup de temps à s’apaiser : commentaires, analyses, polémiques, querelles théoriques, affirmations aussi tranchées que contradictoires se sont ainsi accumulés d’année en année, les uns insistant sur l’absurde comme moteur essentiel de l’œuvre, d’autres s’esbaudissant des avanies faites au langage, d’autres encore, un peu plus tard, s’indignant de la conversion présumée du dramaturge à un humanisme passablement désuet et fortement obsédé par l’hydre totalitaire. A travers cette forêt où s’affrontent textes et contre-textes, Sonia de Leusse-Le Guillou a avancé calmement sans se laisser intimider par ses devanciers, armée d’une méthode rigoureuse dans la meilleure tradition de l’Université. Elle a fondé sa recherche sur l’examen des faits et sur la littéralité des textes, sans jamais perdre de vue le contexte artistique, social et politique où ils s’inscrivaient. Le premier résultat obtenu par cette recherche est d’une portée considérable : après en avoir pris connaissance, on ne peut plus réduire l’oeuvre d’Eugène Ionesco à son théâtre, qui ne forme qu’un volet (aussi ample et aussi important que l’on voudra, mais un volet seulement) d’un diptyque dont l’autre élément est constitué, à part presque égale, par sa pratique picturale et par ses réflexions sur la création. Les faits sont en effet troublants : Ionesco ne s’est pas simplement intéressé au travail artistique de ses contemporains, comme il l’a fait dès les années soixante, en donnant de nombreux textes à des catalogues d’exposition, puis en approfondissant sa pensée sur l’art dans des 8 monographies et des essais peu connus du grand public. Ses écrits sur Miró, Alechinsky, Brancusi, Brauner, Byzantios, Schneider et tant d’autres sont autant d’éléments de cette recherche inquiète, qui ne l’a jamais laissé en repos, sur la nature et le pouvoir de l’art. Mais ce qui occupe en un premier temps Sonia de Leusse-Le Guillou, c’est le relevé minutieux de la production de Ionesco, qui, à partir des années quatre-vingt, se voue presque exclusivement à la peinture. Elle dresse ainsi un bilan qui a de quoi surprendre à prime abord : Ionesco a peint plusieurs centaines de gouaches, accompagnées de nombreuses lithographies, non point pour sa seule satisfaction personnelle, mais pour les montrer au public à travers vingt-cinq expositions en France, mais surtout en Suisse et en Allemagne, qui sont ici recensées une à une et illustrées par les principaux écrits critiques qu’elles ont suscités. Pour donner un début d’explication à cet abandon de la scène au profit de l’usage direct par l’artiste des formes, des figures et des couleurs, sans passer par l’intercession des metteurs en scène, des décorateurs et des comédiens, Sonia de Leusse-Le Guillou fournit quelques déclarations d’Eugène Ionesco, plus parlantes que de longs discours. Et d’abord celle-ci : après avoir affirmé que sa haine des mots l’avait conduit à écrire et que théâtre n’était pas littérature, il déclare : « J’aime mieux mes gouaches que mes pièces de théâtre ». C’est qu’il avait épuisé le plaisir du jeu qui l’avait conduit vers la scène et qu’il se réjouissait de pouvoir désormais donner libre cours à son invention sur le papier ou sur la toile, ou bien, en d’autres mots « d’être le seul peintre qui peint sans savoir peindre ». Plus tard, dit-il avec goguenardise, « après la peinture, je me consacrerai à la danse, parce que je ne sais pas danser ». Mais, au-delà de la liberté revendiquée pour le pur exercice du jeu, Sonia de Leusse-Le Guillou relève des accents beaucoup plus graves chez son auteur. Passé son goût de la provocation, il sait que l’image, concise et directe par nature, est l’outil qui lui convient le mieux au soir de sa vie : le temps est passé où il s’amusait à défigurer et à disqualifier le langage articulé ; ce dont il s’agit désormais, c’est d’essayer de s’approprier un art où la main s’impose contre la voix, le geste contre la parole, la méditation au bord du silence contre l’agitation et le remue-ménage de la représentation scénique. Certes, relève Sonia de Leusse-Le Guillou, Ionesco a toujours conçu le plateau comme un espace dédié à un spectacle visuel, articulé en tableaux et peuplé de personnages semblables à des poupées ou à des mannequins, en naturelle cohabitation avec des objets animés, souvent envahissants dans un bourgeonnement mortifère. Son oeuvre plastique, c’est vrai, il l’a commencée sur la scène, de plus en plus frustré de la voir lui échapper parce qu’elle avait besoin d’intermédiaires pour s’accomplir physiquement. Mais il tient sa revanche à portée de main, une fois la 9 célébrité venue, en décidant de se consacrer en pleine autonomie à une recherche spirituelle, qui est peut-être l’autre nom, à ses yeux, de la création artistique. Chemin faisant, en effet, nous voici entraînés par notre guide vers les enjeux vitaux de la quête d’Eugène Ionesco. Cet écrivain, qui avait voulu dans sa jeunesse devenir moine et qui le rappelle assez volontiers à qui veut l’entendre, a toujours considéré que l’art, constitué de par lui-même en une pensée et en un langage autonomes, était l’un des seuls chemins possibles vers l’approche de la vérité du monde et vers l’ébauche d’une connaissance de soi. Sonia de Leusse-Le Guillou a eu l’excellente idée, pour éclairer cette perspective, de colliger les écrits de Ionesco sur l’art (ce qui n’avait jamais été fait jusqu’ici) et de donner une vue d’ensemble cohérente de textes au demeurant disparates par leur ton et le propos qui les inspire. On suit ainsi l’auteur dans son double retour aux sources, vers son enfance et vers l’enfance du monde, puis son passage d’une visée thérapeutique, en lecteur de Jung, à une dimension proprement mystique, voire religieuse, qui s’exprime dans sa peinture, dont l’une des figures centrales est le Christ, frère souffrant des hommes et intercesseur auprès du Dieu inconnaissable. Soit dit en passant, on trouve à travers cette quête un uploads/s3/ eugene-ionesco-extrait.pdf
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- Publié le Aoû 06, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
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