Book Reference L'Europe du 3e millénaire avant notre ère. Les céramiques commun

Book Reference L'Europe du 3e millénaire avant notre ère. Les céramiques communes au Campaniforme BESSE, Marie Abstract Marquant la transition entre le Néolithique et l’âge du Bronze au cours du 3e millénaire avant J.-C., la civilisation campaniforme est généralement définie par différents types de céramique décorée, par le gobelet campaniforme non décoré et par un ensemble d’artefacts comme les brassards d’archer, les pointes de Palmela, les poignards à soie et les pendeloques arciformes. Un autre ensemble céramique lui est associé, il s’agit de la Begleitkeramik ou de la céramique dite commune ou d’accompagnement. Bien que de nombreuses études aient été menées sur cette période, elle reste encore mal définie lorsqu’on tente de l’aborder dans son ensemble. S’agit-il d’une idéologie ? de populations ? de migrations d’un ou de plusieurs groupes humains ? en une ou plusieurs vagues ? venant d’où et allant où ? Cette recherche tente de répondre à ces questions d’une manière nouvelle. Elle se base en effet sur la céramique commune campaniforme en dépit de l’hétérogénéité de la documentation archéologique, alors que les recherches précédentes se sont principalement focalisées sur [...] BESSE, Marie. L’Europe du 3e millénaire avant notre ère. Les céramiques communes au Campaniforme. Lausanne : Cahiers d'archéologie romande, 2003 Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:17695 Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. à Adrien, à Luca, à Raffaella, à Valentina L’Europe du 3e millénaire avant notre ère les céramiques communes au Campaniforme © 2003 Cahiers d’archéologie romande ISBN 2-88028--094-x Commandes d’ouvrages Cahiers d’archéologie romande Case postale 210 CH-1000 Lausanne 17 Composition: Impression: Tous droits de traduction et d’adaptation réservés pour tous les pays Remerciements à : Société académique de Genève Maurice et Noémie de Rothschild, Fondation pour l’Art Musée cantonal d’archéologie à Sion Département d’anthropologie et d’écologie de l’Université de Genève Section d’archéologie du Canton du Jura Citation: Besse M., 2003. L’Europe du 3e millénaire avant notre ère: les céramiques communes au Campaniforme. Lausanne. (Cahiers d’archéologie romande 94) Un remerciement particulier à: Marie-Claude Maître-Farine, Line Petignat Häni, Laurence-Isaline Stahl Gretsch SRO-Kundig SA, 1219 Châtelaine/Genève L’Europe du 3e millénaire avant notre ère les céramiques communes au Campaniforme Etudes des ensembles céramiques de l’habitat de «Derrière-le-Château» à Géovreissiat et Montréal-la-Cluse (Ain, France), de la région Rhin-Rhône et de l’Europe continentale Marie Besse Cahiers d’archéologie romande no 94 Lausanne 2003 7 interprétation du phénomène campani- forme nous apparaît aujourd’hui encore comme un défi lancé aux archéologues. Aucune des réponses apportées à cette ques- tion n’est en effet satisfaisante, situation d’autant plus irritante que nous rencontrons à cette occasion tous les grands problèmes liés à l’interprétation des vestiges matériels et à la reconstitution du passé, quels que soient les partis pris dit «scien- tifiques» dont nous nous réclamons. Miroir de tous nos phantasmes, nous découvrons au sein de la littérature consacrée à ce sujet, plus que partout ailleurs, les ravages des romans an- thropologiques de l’archéologie anglophone auxquels s’opposent les tristes et interminables descriptions continentales. Car le jour où l’on pourra enfin associer véritable prise en charge des faits matériels et reconstitutions pertinen- tes de certains aspects des sociétés disparues est encore bien lointain. Et l’on comprend par- fois les sérieuses réserves avec lesquelles certains de nos collègues des sciences dites dures traitent nos réflexions en ces domaines et les difficultés que nous rencontrons lorsque nous tentons, bien en vain, de faire entrer notre discipline dans le cercle très fermé des discipli- nes qui peuvent s’enorgueillir de générer des savoirs cumulatifs. Les issues ne sont pourtant pas toutes barrées. Depuis longtemps, nous pensons que la ques- tion qui nous occupe ici ne pourra trouver solution que si nous abandonnons l’espoir d’en proposer une réponse unique. Les mécanismes qui génè- rent les répartitions spatiales et temporelles des vestiges que nous découvrons sont en effet mul- tiples. Il convient donc de les analyser en tenant compte d’hypothèses diverses, complémentaires et non point contradictoires. Des changements radicaux dans l’économie ou la démographie des populations de l’époque ne permettent pas de rejeter l’existence de déplacements plus ou moins importants de populations ou la diffusion de traits stylistiques répondant à des effets de mode. Le développement de certaines pratiques ostenta- toires liées à des développements sociaux complexes n’exclut pas l’apparition de rituels à Préface valeur religieuse. La causalité historique n’a rien à voir avec la causalité scientifique. Elle est faite de multiples facteurs indépendants renvoyant à des domaines variés de la culture et de l’éco- système naturel, dont les combinaisons et les effets sont souvent inattendus. Vouloir décou- vrir le mécanisme unique permettant d’expliquer le phénomène campaniforme relève de l’utopie scientiste. On ne peut confondre causalité scien- tifique et explication historique. Un second point mérite également réflexion. A problème se posant à l’échelle de l’Europe en- tière, nous devons apporter des solutions continentales, c’est-à-dire développer des appro- ches prenant en compte certains phénomènes jugés pertinents (dans l’optique précédente) de l’Atlantique à l’Oural et de la Baltique à la Médi- terranée. Nous avons encouragé de telles études qui, croyons-nous, ont déjà porté leurs fruits. Nous pensons notamment au travail de Karoline Mazurié de Kéroualin sur la datation des premiè- res cultures néolithiques de l’Europe. Marie Besse nous propose aujourd’hui un second travail de ce type, bien que plus limité géographiquement. Saluons ici tout d’abord l’effort consenti dans la collecte et l’évaluation de données souvent hé- térogènes à si grande échelle. Plus concrètement, voyons ce qu’on nous pro- pose en la matière. Christian Strahm s’est récemment attelé au ca- ractère idéologique du phénomène en décrivant un «set» composé de certains objets – gobelets décorés, équipement d’archer, poignards de cui- vre, ornements spécifiques – set présent dans les tombes. Une définition relativement large de cet équipement essentiellement funéraire permet de circonscrire un phénomène d’extension euro- péenne ne répondant pas à ce que l‘on pourrait attendre, pour l’époque, de caractéristiques di- tes, en première approximation, «culturelles» (au sens des cultures archéologiques), ou même «ethniques». Lors des discussions qui ont clôturé le colloque de Riva del Garda en 1998, certains néolithi- ciens, dont Jean Guilaine, ont évoqué une origine Alain Gallay Professeur à l’Université de Genève Préface L ’ 8 L’Europe du 3e millénaire avant notre ère: les céramiques communes au Campaniforme globalement méditerranéenne pour ces caracté- ristiques qui renvoient incontestablement à une mode, et notamment pour la céramique. A l’opposé, Marie Besse nous présente ici une étude européenne de la céramique dite d’accom- pagnement ou commune. Le test proposé repose sur une seconde hypothèse forte (donc suscep- tible de contestation) qui pourrait se résumer ainsi: céramique d’accompagnement = cérami- que domestique = céramique culturellement significative. Certaines observations effectuées dans des si- tes légèrement plus anciens appartenant à la culture d’Auvernier montrent en effet que la céramique «commune» est produite et consom- mée dans le cadre de la maisonnée et qu’elle n’est pas, dans ce type de société, diffusée à large échelle. On peut donc admettre que ses caractéristiques stylistiques appartiennent en pro- pre au groupe culturel et à la population qui la produit et la consomme localement. On retrouve ici certaines prémisses d’une «archéologie des peuples» tant décriée, mais dont l’actualité reste, pensons nous, intacte. Il convient en effet de manier ce type d’approche avec prudence et dis- cernement, ce qui veut dire expliciter clairement les observations mobilisées et les arguments avancés et éviter les dérives trop strictement «eth- niques», présentes à l’esprit de tous. Nous pouvons nous engager ici sur cette voie dans la mesure où nous disposons d’une hypothèse so- lidement étayée quant au mécanisme permettant d’expliquer la nature des vestiges découverts. Attribuer à la céramique commune une valeur «locale» ne revient naturellement pas à nier l’exis- tence, à la même époque, d’échanges à longue distance portant sur d’autres types de bien, échanges dont nous avons maintes preuves pour l’époque. Dans ce cadre, Marie Besse, tout en restant pro- che des faits, apporte une série de données nouvelles de la plus grande importance permet- tant de nuancer les premières approches effectuées dans cette direction. Sa remise en question du concept de complexe Rhin-Rhône illustre à ce titre parfaitement combien des étu- des menées à large échelle peuvent enrichir et modifier les résultats d’analyses trop limitées dans l’espace. Nous avions évoqué la nécessité de promouvoir des savoirs croisés. La thèse récente de Maxence Bailly apporte aujourd’hui un éclairage nouveau sur les résultats obtenus par Marie Besse. Elle confirme l’ambiguïté fondamentale des faits ma- tériels et la nécessité de les faire parler en les étudiant de façon complémentaire. Les cartes des pointes de flèche campaniformes que ce cher- cheur a dressées à l’échelle européenne permet, semble-t-il, de retrouver les principaux groupe- ments obtenus par Marie Besse sur la base de la céramique. De façon plus spécifique, nous dé- couvrons en effet une certaine concordance entre la distribution géographique des types de la cé- ramique d’accompagnement et celle des types de pointes de flèche (auquel on peut ajouter quelques autres objets). Ce recouvrement, qui devra faire l’ob- jet d’analyses plus approfondies et qui demande confirmation, va dans le sens des résultats obte- nus par Marie Besse, celui de uploads/s3/ l-x27-europe-du-3e-millenaire-avant-notre-ere-les-ceramiques-communes-au-campaniforme-by-marie-besse.pdf

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