FACULTE DE MUSIQUE ET MUSICOLOGIE L’occidentalisation de la musique arménienne
FACULTE DE MUSIQUE ET MUSICOLOGIE L’occidentalisation de la musique arménienne et son impact sur la musique de la diaspora : Le cas du Liban Mémoire de recherche en vue de l’obtention de la Maîtrise de Musique et Musicologie - Option Musicologie générale des traditions Préparé par Kevork KECHICHIAN Sous la direction du Professeur Nidaa ABOU MRAD HADATH/BAABDA – juillet 2017 2 L’occidentalisation de la musique arménienne et son impact sur la musique de la diaspora : Le cas du Liban 3 SOMMAIRE Introduction .......................................................................................................... 6 Chapitre I : Histoire de la musique arménienne de la diaspora et les tradtitions musicales .......................................................................................... 8 Chapitre II : L’histoire de la musique ecclésiastique arménienne ... 17 4 INTRODUCTION L’époque s’étalant entre 1890 et 1920 a inscrit une histoire noire pour le peuple arménien, qui a vécu des massacres successifs, des exodes et des déportations. Pour détruire une nation entière et de ruiner sa culture, un million et demi d’Arméniens ont été massacrés massivement par l’empire ottoman, reconnu dans l’histoire comme le premier génocide atroce du XXe siècle. Les déportations et les exodes ont poussé des centaines de milliers de survivants de trouver refuge dans plusieurs pays comme la Syrie, le Liban, la France, les Etats-Unis, l’Egypte etc. qui tous ont accueilli le peuple arménien et ont offert tous les moyens nécessaires pour leur intégration. Plus de 200000 Arméniens s’installent, à partir de cette époque, au Liban, où ils commencent une nouvelle vie et s’intègrent progressivement dans la société libanaise prouvant une appartenance forte pour leur nouvelle patrie d’adoption, le Liban. Perdre son identité dans la diaspora a constitué et constitue toujours un souci majeur inquiétant pour le peuple arménien qui a une histoire de 3000 ans1 et une culture spécifique qui l’a toujours différenciée des autres minorités de l’empire ottoman. Perdant tout ce qu’ils avaient au moment de leur exode, les Arméniens ont apporté avec eux dans les pays de la diaspora essentiellement leurs traditions musicales, notamment (les chants liturgiques et les chants traditionnels profanes), que les Turcs n’ont pas pu démolir, d’autant plus que leur foi chrétienne a joué un rôle majeur dans la conservation de l’identité de ce peuple persécuté. 1L'Urartu ou Ourartou, le premier royaume constitué vers le IXᵉ siècle av. J.-C. sur le haut-plateau arménien, autour du lac de Van. 5 Cependant, les traditions musicales arméniennes, originairement monodiques modales (d’échelles zalzaliennes, diatoniques et chromatiques, à l’instar des autres traditions de l’Orient musical) se trouvaient à cette époque dans une posture de mutation moderniste, qui a consisté surtout en l’implémentation en leurs seins du système harmonique tonal de la musique savante européenne. Le principal instigateur de cette réforme en fut le chantre, théoricien et compositeur Komitas/Gomidas2, qui, en introduisant la polyphonie, a exclu les modes d’ossature zalzalienne de la musique arménienne. L’héritage musical ainsi transformé, enrichi (entre 1899 et 1915 de nouvelles compositions de facture occidentale) et transmis par Gomidas a constitué le vecteur privilégié de conservation de la culture arménienne (sous une forme partiellement occidentalisée), en même temps que le moyen de se différentier des autres peuples orientaux, notamment, pour rompre avec la culture ottomane et éviter de se dissoudre complètement dans la culture des peuples des pays d’accueil en Orient. Avec le temps, la musique de Gomidas est devenue pour la majorité des musiciens arméniens un repère, mais aussi la norme à partir de laquelle devait s’envisager le devenir de toute musique arménienne. La communauté libano-arménienne, étant héritière de l’école de Gomidas, s’est trouvée assujettie aux normes de cette nouvelle musique arménienne, ce qui a joué un rôle important dans l’histoire de la culture des Arméniens libanais, qui , dans sa très grande majorité, a ainsi perdu son identité originale monodique modale et est devenue de facture harmonique 2 Originaire de la région de Constantinople, Soġomon Soġhomonian (1869-1935) a pris le prénom Komitas (prononcé Gomidas) au moment de son ordination sacerdotale. Il est considéré comme le fondateur de l'école nationale moderne de musique arménienne. 6 tonale/modale occidentale. Tandis qu’en République d’Arménie, la pratique musicale arménienne a hérité des deux configurations musicales, monodique modale traditionnelle orientale et polyphonique de facture occidentale, et a réalisé un certain équilibre entre elles, sachant que les traditions musicales anciennes y sont toujours vivantes (parfois sous une forme acculturée) et ont leur propre place dans la vie musicale : les instruments traditionnels comme doudouk, shvi (flute traditionnelle arménienne), bloul, tar, saz, oud, kamancheh, dhol etc. y sont joués en parallèle avec le piano, le violon, la flûte traversière etc.. Les ensembles traditionnels jusqu’aujourd’hui interprètent les chansons des troubadours comme Sayat-Nova 3 et d’autres genres de musique traditionnelle et folklorique, en parallèle avec l’orchestre philharmonique national d’Arménie. Après avoir décrit succinctement quelques faits de l’histoire du peuple arménien, nous souhaitons étudier et analyser la problématique suivante : Quelles sont les causes socio-historiques et culturelles qui ont amené la diaspora arménienne dans le monde et au Liban en particulier, à s’éloigner de leurs traditions monodiques arméniennes? CHAPITRE I : HISTOIRE DE LA MUSIQUE ARMENIENNE DE LA DIASPORA ET LES TRADITIONS MUSICALES Durant la première guerre mondiale, les minorités qui vivaient dans l’empire ottoman comme les Kurdes, les Arméniens, les Grecs, les Assyriens, les 3 Sayat-Nova (Haroutyoun Sayatyan 1712-1795) était un poète arménien, un troubadour et un prêtre dans l'église arménienne, qui avait des compositions dans de plusieurs langues. Ses chansons sont en arménien, géorgien et persan. 7 Chaldéens, les Libanais etc. étaient tous persécutés par une loi injuste, dirigée par les élites turques qui avaient promis l’égalité entre tous les citoyens ottomans. Leur but de destruction radicale a été clarifié, après les massacres commis contre les minorités qui ont perdu la terre qui leur appartenait et où ils étaient enracinés depuis des milliers d’années. Les Arméniens du Liban, sont les survivants de ce génocide qui étaient arrivés à Beyrouth en passant par la Syrie et le désert de Deir-es-Zor4. Durant les premières années au Liban, le but des réfugiés est limité à trouver des moyens de survie. Ils ont cherché les moyens pour survivre la famine, la pauvreté, les maladies comme la malaria et la peste attaquant presque toute l’humanité à cause de la première guerre mondiale. La plupart des Arméniens se sont installés dans des quartiers à Beyrouth, notamment dans divers camps de réfugiés (camp de Khalil Badaoui, Quarantaine, Nor Marach, Saint Michel, camp Sandjakh etc.). Les réfugiés vivaient dans des conditions difficiles dans des quartiers pauvres et surpeuplés. Plus tard, les associations du mandat français avec les nations unies ont trouvé des financements nécessaires pour financer l’achat de terrains. C’est ainsi que chaque famille arménienne a peu construire son modeste logement. La plupart des Arméniens étaient installé à Bourj Hammoud5 où plus tard, ils ont créé une nouvelle petite Arménie au Liban. Les deux premières décennies dans la diaspora étaient une période difficile pour s’occuper par la culture et la musique. Les Arméniens 4 Deir-es-Zor prononcé (Deir-ezzor) est une ville de Syrie située sur les rives de l'Euphrate ; elle est la capitale du gouvernorat du même nom, à 450 km de Damas. 5 Bourj Hammoud est un quartier de Beyrouth, considéré comme le fief de la communauté arménienne du Liban qui a été fondée par des survivants du génocide des Arméniens de 1915. Les Arméniens ayant survécu à la marche de la mort de Deir ez-Zor sont arrivés à Beyrouth après l'effondrement de l'Empire ottoman. En 1952, Bourj Hammoud est devenue une municipalité indépendante. 8 s’engageaient de leur survie, cherchant un abri convenable, le gagne-pain et la stabilisation au Liban. Avec le temps, la vie est devenue plus stable et le peuple anatolien s’est bien intégré dans la société libanaise, surtout aussi avec la démarche appliquée par le mandat français de naturaliser le peuple arménien. Peu à peu la culture et la musique ont commencé à se développer et les Arméniens ont commencé une nouvelle vie, dans une nouvelle patrie avec le peuple Libanais qui aussi était libéré de l’ascendance de l’empire ottoman. 1.1 LA PROSPERITE DU CULTURE DANS LA NOUVELLE PATRIE. 1.1.1 Beyrouth En 1924, le mandat français qui voulait gagner l’amitié des Arméniens, leur a donné la citoyenneté libanaise pour s’en profiter aux élections, et accroitre le nombre des chrétiens au Liban pour équilibrer la balance démographique religieuse. Etre un citoyen au Liban, était un grand avantage pour le développement de la vie culturelle et musicale chez les Arméniens Libanais. La stabilité de la vie à Beyrouth, a donné la possibilité de s’organiser ce qui a causé un grand progrès significatif de culture. Après l’indépendance du Liban de l’empire ottoman, les Arméniens se sont occupés par la construction de leur nouveau pays. Ils se sont regroupés dans les quartiers de Bourj Hammoud, entourés des églises et des écoles. L’église et l’école symbolisent les éléments essentiels dans la préservation de la culture arménienne et l’importance du côté religieux et éducationnel pour leur identité collective. Les parties politiques actives dans la diaspora (Tashnag, Huntchag et Ramgavar) ont amené leur siège général à Beyrouth, ce qui a fait du Liban le capital de la uploads/s3/ l-x27-occidentalisation-de-la-musique-armenienne-et-son-impact-sur-la-musique-de-la-diaspora 1 .pdf
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- Publié le Mar 10, 2022
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