Université de Novi Sad, Faculté des Lettres Chaire de français L’année 2007⁄200

Université de Novi Sad, Faculté des Lettres Chaire de français L’année 2007⁄2008 LA LANGUE FAMILIÈRE Professeur : Dragana Drobnjak Étudiant : Tanja Balog À Novi Sad, octobre 2007 « On parle dans une langue, on écrit dans une autre langue » Jean-Paul Sartre 4 Introduction Une des définitions les plus fréquentes de la langue est que la langue est un système des signes (bien entendu, on y comprend le code oral et le code écrit), et un moyen de communication, le moyen le plus parfait. D’ailleurs, on pourra aussi ajouter que Ferdinand de Saussure, un des plus grands linguistes du XIXème siècle, considère ce phénomène appelé « la langue » sous trois aspects différents : le langage, la langue et la parole. Le langage est « l’aptitude observée chez les hommes à communiquer au moyen de langues »1 et la langue « tout système de signes vocaux doublement articulés, propre à une communauté humaine donnée »2 et ainsi, on arrive à la définition de la parole comme « l’usage concret qu’un individu fait de la langue »3. Mais, la langue, comme un système des signes, est loin d’être homogène. Au contraire, elle se présente sous de nombreuses variations. Ces variations sont résultent de la stratification da la langue qui se divise en quatre types : 1. La variation fonctionnelle – dont le résultat sont les styles fonctionnels ou les registres. Elle dépend du caractère du discours, par rapport à son rôle dans la communication et se divise, elle aussi, en trois sous-types différents : a) Disciplinaire ou professionnelle – qui dépend du domaine d’énonciation (technique, science, administration, etc.), b) Situationnelle – qui dépend de la situation (à la maison, à l’école, l’entretien etc.), c) Thématique – qui est directement liée à la thématique (présente surtout dans le domaine du journalisme). 1 Mounin, Georges, Dictionnaire de la linguistique, Paris, PUF, 2000, p. 196. 2 Ibid. p. 196. 3 Le Petit Larousse Illustré 2002. 5 2. La variation sociale – qui forme de nombreux sociolectes que l’on peut définir comme « variété de langue propre à un groupe social, à un certain milieu social »4 qui peut dénoter les différences dans l’éducation, l’âge, etc., 3. La variation individuelle – qui donne de différents idiolectes. « On désigne ainsi le langage d’une seule personne »5 , 4. La variation territoriale – qui crée de nombreux dialectes. Dialecte est « la variété régionale d’une langue possédant assez de caractères spécifiques pour être considérée comme un système linguistique en soi »6 comme le wallon est, par exemple, un des dialectes du français. Les registres de la langue française Il faut d’abord constater que le terme « la langue française » ne correspond pas à une langue strictement uniforme. On l’emploie pour marquer également le français parlé et le français écrit, mais c’est très important de souligner que ce sont deux entités très différentes. Le français parlé n’est pas une façon incorrecte de parler, mais il est « une langue en soi, avec son propre vocabulaire et sa propre grammaire. » 7 Si l’on regarde le français, on peut facilement conclure que le type de la variation le plus marquant est celui de la variation situationnelle. Tout simplement, un Français ne s’exprime pas de la même manière quand il écrit, quand il est chez soi, quand il est entre amis, etc. C’est pour cette raison que les étrangers qui ont une approche très scolaire de la langue, dans la plupart des cas, ont des difficultés de comprendre la langue parlée. 4 Mounin, Georges, Dictionnaire de la linguistique, Paris, PUF, 2000, p. 302. 5 Ibid. p. 166. 6 Le Robert Électronique. 7 Cortez, Yves, Le français que l’on parle, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 9. 6 Dans la langue française on distingue selon les uns, trois et selon les autres linguistes quatre registres (on peut également les appeler « les niveaux » ou « les styles fonctionnels ») différents : 1. Le registre courant (ou standard) - qui est le langage que l’on emploie tous les jours (à l’école, l’administration, les sciences, etc.) et c’est autour de lui que tendent à se définir les autres registres de langue. C’est le seul registre qui peut être employé à l’écrit comme à l’oral sans paraître ridicule ou impoli, 2. Le registre soutenu (ou soigné) – c’est celui qui est employé par le locuteur qui veut s’exprimer non seulement correctement mais aussi avec distinction. C’est le langage de la littérature et de la rhétorique, 3. Le registre familier – c’est le français plus ou moins correct, utilisé dans les situations qui marquent l’intimité. Il demeure admis seulement sous certaines conditions, 4. Les registres populaire, argotique et vulgaire – ce sont les registres utilisés dans un milieu très fermé et qui, comme par exemple le vulgaire, emploient les mots ou les expressions qui sont condamnés par la bienséance. Si l’on ouvrait un dictionnaire, on pourrait facilement trouver les mots qui, dépendant de la situation, appartiennent aux registres différent comme, par exemple : se piquer verbe pronominal 1. Se blesser légèrement. Se piquer avec une épine. 2. Fam. S'injecter de la drogue. 3. Litt. Se fâcher. Il se pique d'un rien. 4. Litt. a. Tirer vanité de quelque chose ou s'en vanter. Elle se pique d'être belle. b. Prétendre être connaisseur dans un certain domaine et en tirer vanité. Se piquer de musique, de théâtre. 5. Se piquer au jeu : prendre intérêt à quelque chose que l'on avait entrepris sans ardeur.8 8 Le Petit Larousse Illustré 2002. 7 On peut voir que les expressions familières et soutenues (littéraires) sont marquées, tandis que celles qui appartiennent au registre courant sont sous-entendues et l’on ne doit pas les signaler d’une manière spéciale. La langue familière C’est le registre utilisé entre les proches, entre les interlocuteurs appartenant à une même communauté sociale. On peut même considérer la langue familière comme la preuve de l’originalité d’un peule (en ce cas l’originalité des Français), de leur ingéniosité, de l’habileté de former une langue tout à fait nouvelle avec un nombre relativement restreint de mots. Il suffit de jeter un coup d’œil dans un dictionnaire français et l’on pourra trouver les expressions telles que : donner sa langue au chat, en pincer pour quelqu’un, être en pétard, etc. Comme on l’a déjà constaté, ce n’est pas la langue incorrecte, mais son usage n’est pas permis dans toutes les situations. Ce qui est important de souligner est que le locuteur ne se surveille pas et qu’il emploie les mots et les expressions qui seraient inadmissibles dans les occasions solennelles ou même usuelles. La spontanéité joue un rôle très important. C’est pour cette raison qu’il est impossible de parler de la langue familière écrite, parce que, lorsque l’écrivain fait attention à reproduire fidèlement la manière de parler d’un certain groupe, la spontanéité n’existe plus. On peut seulement parler des expressions et des mots familiers dans un énonce écrit, comme par exemple : « Allons bon, pensa Jérôme, faut-il en plus qu’un raseur* vienne me tenir la jambe* ? -Hm, hm, répondit-il, l’air de dire : « Fichez-moi la paix*. »9 *-fam. 9 Nothomb, Amélie, Cosmétique de l’ennemi, Paris, Livre de Poche, 2001, p. 8. 8 La langue familière, la langue populaire et l’argot Les différences les plus grandes entre ces registres sont : la compréhension et l’emploi. Tandis que la langue familière et la langue populaire sont généralement comprises par tous les groupes sociaux, l’argot ou plutôt les argots ne sont utilisés que dans les milieux restreints. Et la langue familière reste la seule qu’un locuteur, indépendant de son éducation, de sa position sociale, etc., n’hésite pas à employer dans les situations plus relâchées. Ce même locuteur pourrait refuser d’utiliser une expression appartenant au registre populaire, même s’il la comprend parfaitement. Mais, les limites entre ces trois registres ne sont pas tellement rigoureuses dans le pratique. Ainsi, les différents dictionnaires peuvent classer un mot dans les catégories différentes. Le Grand Robert classe le mot « rupin » signifiant « riche » dans la catégorie de « la langue familière » tandis que Le Petit Larousse 2002 le classe dans celle de « l’argot » et on pourrait trouver dans certains livres que ce mot appartient au registre populaire10. Genèse du vocabulaire de la langue familière Elle s’est développée et enrichie grâce aux divers procédés : o La transformation de certains mots o L’utilisation des procédés originaux, comme la métonymie o L’emprunt aux langues étrangères o Mais surtout, elle puise dans un vieux fond de vocabulaire essentiellement issu du bas latin et dont on ne trouve pas les traces dans la littérature.11 10 Cortez, Yves, Le français que l’on parle, Paris, L’Harmattan, 2002. 11 Ibid., p. 160. 9 Et comme on sait que le français est issu du latin vulgaire, on peut se demander quel sera l’avenir de la langue familière française, et si, un jour, elle fera partie du français standard. Les différences entre la langue familière et la langue courante La linguistique, comme l’étude des langues humaines, se divise uploads/s3/ la-langue-familiere-pdf.pdf

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